Les Lèvres roses
Le Nouveau Parnasse satyrique du dix-neuvième siècleEleutheropolis (p. 146).


LES LEVRES ROSES


Une négresse, par le démon secouée,
Veut goûter une triste enfant aux fruits nouveaux,
Criminelle innocente en sa robe trouée,
Et la goinfre s’apprête à de rusés travaux.

Sur son ventre elle allonge en bête ses tétines,
Heureuse d’être nue, et s’acharne à saisir
Ses deux pieds écartés en l’air dans ses bottines,
Dont l’indécente vue augmente son plaisir ;

Puis, près de la chair blanche aux maigreurs de gazelle,
Qui tremble, sur le dos, comme un fol éléphant,
Renversée, elle attend et s’admire avec zèle,
En riant de ses dents naïves à l’enfant ;

Et, dans ses jambes quand la victime se couche,
Levant une peau noire ouverte sous le crin,
Avance le palais de cette infâme bouche
Pâle et rose comme un coquillage marin.

S. Mallarmé.




L’AMOUREUSE DE MALLARMÉ


L’amoureuse de Mallarmé
Est une fille aux belles hanches ;
Elle a besoin d’un mâle armé,
L’amoureuse de Mallarmé.
En vain pour lui je m’alarmai :
Elle n’avait pas de fleurs blanches.
L’amoureuse de Mallarmé
Est une fille aux belles hanches.

A. Glatigny.