Librairie Antisémite (p. 101-106).


IX


L’AFFAIRE ET LES ANARCHISTES


Quel bon sourire éclairait le visage des conservateurs, lorsque je leur disais que les Rothschild étaient les bailleurs de fonds de l’Anarchie, qu’ils tenaient les Anarchistes dans leur main et que la fameuse hydre de l’Anarchie était une hydre qui jouait du Tambour !

« Rothschild d’accord avec les Anarchistes ! Mon pauvre ami, vous ne nous ferez jamais croire cela ! C’est l’eau et le feu. Tambour, nous le connaissons ; c’était l’alter ego de Ferdinand Duval. C’est l’Orléanisme fait homme. Lorsqu’il a quitté ses fonctions de secrétaire général de la Préfecture de la Seine, c’est le comte de Paris lui-même qui l’a fait entrer chez Rothschild aux appointements de cinquante mille francs par an. »

Voilà encore une des affirmations les plus discutées de mon œuvre qui se trouve justifiée par les événements et sur laquelle il n’y a plus de doute possible.

Il est bien évident que les Anarchistes, en tant qu’ennemis irréconciliables et farouches de la société actuelle, auraient dû logiquement s’en prendre tout d’abord au Roi de l’Or, à la clef de voûte du régime capitaliste.

Tout en restant aussi criminel, un attentat contre l’hôtel de Rothschild aurait été plus rationnel, plus explicable et, en tout cas, moins bête qu’un attentat sur le café Terminus où quelques braves gens du quartier, après avoir achevé leur journée de travail, étaient en train de prendre un bock quand on leur a jeté des bombes.

Il est bien évident que les Anarchistes qui ne votent pas, les Anarchistes, en faveur desquels j’avais réclamé le droit sacré de la défense au moment où ils étaient traitée comme des fauves, se moquaient absolument de la question de savoir si je serais élu député d’Amiens ou d’Alger. Qu’est-ce que cela pouvait leur faire ?

Si ces gens, qui n’avaient pas le sou, puisque nous avons tous dû, à l’occasion, en aider quelques-uns à ne pas mourir de faim, se sont transportés à Amiens, et si, aux élections dernières, ils ont franchi la Méditerranée, c’est qu’on leur a procuré les moyens de la franchir.

Or, qui est-ce qui avait intérêt à leur procurer les moyens de la franchir, si ce n’est les Juifs ?

Il est bien évident encore que les Anarchistes, qui prêchent la grève des conscrits, n’avaient aucun motif pour s’intéresser passionnément au sort d’un officier juif qui avait été très justement condamné par des officiers comme lui. S’ils ont embrassé la cause de Dreyfus avec un zèle véritablement délirant, c’est que les Juifs les avaient embauchés pour cette besogne.


Quelque indignation qu’éprouvent les Français de toutes les opinions devant la mise à sac de l’église Saint-Joseph, ce n’est donc pas aux Anarchistes eux-mêmes qu’ils s’en prendront, c’est à ceux qui se servent de l’argent qu’ils nous ont volé pour, organiser ce que Reinach appelle « Le chambardement général ».

Cette invasion d’une église, dans laquelle un vieux prêtre est en train de donner le baptême à un petit enfant, ne présente aucun de ces caractères qui excusent, s’ils ne les justifient pas, certaines violences populaires. Elle apparaît bien basse et bien vile quand on la compare à l’acte de Guérin.

Qu’ont fait Guérin et ses courageux compagnons, en s’obstinant si longtemps dans une résistance que nous avons tous cherché à faire cesser, dans une pensée de conciliation et d’humanité, à la condition que l’honneur des assiégés fût sauf ?

Ils défendaient un grand principe qui finira par triompher comme le principe de la publicité de l’instruction. Ils revendiquaient le droit à la liberté provisoire pour des délits politiques. Ils affirmaient, de l’énergique façon que l’on connaît, que des hommes sur lesquels pèse une accusation qui n’a rien de déshonorant ne peuvent être traités plus rigoureusement que Maret et autres Panamistes qui n’ont pas fait un jour de prison préventive.

Qu’ont fait les Anarchistes qui ont opéré le 20 août dernier ? Ces prétendus libertaires ne réclamaient pas une extension du droit des citoyens ; ils attentaient, au contraire, au droit des autres, à la liberté des autres, à l’exercice du culte des autres. Ils se chargeaient, en réalité, de satisfaire la haine inextinguible que les Juifs éprouvent pour la religion des autres, tout en réclamant sans cesse, à grand renfort de tirades déclamatoires, le respect absolu pour la leur.


Quant à moi, j’avoue qu’en lisant le récit des scènes sans nom qui se sont passées à l’église Saint-Joseph, avec la bienveillante complicité, ou, du moins, la tardive intervention d’une police qui assomme les bons Français coupables d’avoir crié : « Vive l’armée ! » j’ai regretté amèrement les scrupules tout à fait ridicules que j’avais conservés jusqu’ici pour tout ce qui touchait les croyances des Juifs…

Après la tentative d’assassinat dont avait été victime notre ami Paul Irr, les Antisémites d’Oran, on le sait, démolirent, en moins de trois quarts d’heure, la synagogue de Mostaganem qui contenait des objets du culte d’une certaine antiquité.

Quelques-uns de nos camarades de là-bas se firent faire des caleçons, des bretelles et des blagues à tabac avec les rouleaux de la Thora.

Avec une obligeance dont je fus touché, on m’offrit de me faire confectionner une paire de babouches dans les mêmes conditions.

Je refusai en disant :

« Que voulez-vous ? J’ai encore des préjugés ; si je combats les Juifs dans leurs déprédations, leurs trahisons, leur malfaisance de tous les instants, il me répugnerait de mettre mes pieds dans des textes qui inspirent à d’autres hommes des sentiments de vénération. »

Maintenant que les millionnaires Juifs payent de pauvres diables, dont la misère a fait leurs esclaves, pour aller saccager nos églises, j’accepterais volontiers la paire de babouches…

Croyez bien, d’ailleurs, que ce qui s’est passé hier n’empêchera pas les élèves de nos religieux et les jeunes filles sorties de couvents chic, qui appartiennent à l’aristocratie, de faire des politesses aux princes d’Israël qui, pour venger Dreyfus dont la culpabilité est démontrée d’une si éclatante façon, que l’acquittement paraît complètement chimérique, font souiller et profaner nos temples et jeter sur le pavé les hosties du tabernacle.