Les Jeux rustiques et divins/Après la Forêt et la Mer

Mercure de France (p. 95).
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APRÈS LA FORÊT ET LA MER


Ma tranquille maison est la même aujourd’hui
Qu’aux jours de ma jeunesse où mon Désir a fui
Son seuil, et mon retour s’accoude, vers le soir,
Sur la table où ma lampe brûle, et je peux voir,
À sa flamme qui se projette droite et haute,
Mon ombre auprès de moi qui songe côte à côte,
Assis à l’âtre en cendre et sans bénir les Dieux,
Car mon foyer n’a pas d’autels et mal pieux
Nous n’invoquerons pas de lares, et, Déesses,
Votre sourire est mort au soir de nos sagesses !
Ayant vu la forêt et la plaine et la mer,
Je sais que toute Nymphe est femme par sa chair ;
Les Faunes sont des masques où un nain ricane,
Bestial avec des sabots de bouc ou d’âne,
Et lorsque je ramais dans ma barque marine,
Entre elles, vers leur voix, venue à moi divine.
J’ai vu, que je pensais être à jamais sereines,
Après avoir chanté se mordre les Sirènes !