Les Instruments à vent (Koechlin)/Avant-propos

Presses Universitaires de France (267p. 5-7).

AVANT-PROPOS

Les Instruments à Vent occupent, dans la musique, une plus grande place qu’on ne le croit en général. Trop volontiers, c’est au Piano que l’on songe, ou bien aux Violons, Altos, Violoncelles, et surtout à la Voix humaine. Or, dans l’histoire de l’art musical, aussi bien pour le passé le plus ancien que pour le présent le plus actuel, de tous temps, en tous lieux, les Trompettes, les Flûtes, les Hautbois, les Cors, les Trombones ont fait et font retentir les airs à la gloire d’Euterpe et d’Apollon. Ajoutez qu’en ces derniers siècles sont apparus de nouveaux instruments, non inférieurs à leurs aînés : le Basson, puis la Clarinette, le Saxophone, et les Saxhorns. En outre, des progrès incessants et considérables furent apportés à la construction de tous ces instruments, comme d’autre part les musiciens eux-mêmes sont parvenus à une virtuosité merveilleuse. En sorte que dans l’orchestre le groupe des Bois et celui des Cuivres ont pris une importance de plus en plus grande. Et sans doute, s’ils n’existaient point, la Musique n’en existerait pas moins puisque l’homme aurait le Piano, l’Orgue, les Cordes, et surtout les Voix. Mais ils apportent de précieuses richesses à la palette orchestrale du compositeur ; et tandis que les Bois et les Cors augmentent la plénitude de l’ensemble sonore, les Trompettes et Trombones viennent sonner d’éclatantes fanfares, que rien ne saurait remplacer.

Il y a, d’autre part, quantité d’ouvres plus intimes, pour quelques solistes seulement, — elles sont du domaine de la Musique de chambre, et tel ou tel de ces instruments à vent y participe. On en verra l’extrême importance, rien qu’à parcourir les listes d’ouvrages que nous donnons plus loin.

Enfin, il existe — comme chacun sait — des orchestres destinés au plein air : or, ces orchestres, presque en entier, sont composés d’instruments à vent. Car le plein air exige impérieusement les Bois et les Cuivres parce que les Violons, Altos et Violoncelles ne portent, à l’air libre, que s’ils sont en nombre très considérable : ce qui, pratiquement, est d’une réalisation difficile et coûteuse. Au contraire, avec quinze à vingt Clarinettes, quelques Saxophones, des Saxhorns, des Cors et des « Cuivres clairs » (Trompettes, Trombones) on réalise un orchestre très sonore, d’une admirable plénitude et qui sonne merveilleusement en plein air, — cela, sans qu’il faille plus de cinquante à soixante exécutants.

On voit donc, qu’il s’agisse de l’Orchestre Symphonique, de la Musique de chambre, des « Harmonies », ou des « Fanfares », l’importance extrême qu’il faut attribuer aux Instruments à Vent.

C’est pourquoi il a semblé logique et souhaitable de joindre aux volumes traitant du Piano, de l’Orgue, du Violon, cet ouvrage où seront étudiés l’un après l’autre les divers Instruments à Vent, puis leur rôle dans la Musique de chambre, dans l’Orchestre Symphonique, et dans les divers Orchestres d’Harmonie.

Puissions-nous convaincre le lecteur de l’intérêt que, pour tout ami véritable de la Musique, présentent ces groupes de Bois et de Cuivres…

Quelques termes techniques (théorie des Harmoniques, théorie des Instruments transpositeurs), accessibles d’ailleurs à tout le monde, nous ont paru nécessaires dans le premier chapitre de cet ouvrage. Nous espérons y avoir évité l’aride et l’obscur : ces termes techniques étaient nécessaires, car ils précisent des notions sans lesquelles on ne pourrait comprendre les ressources des Cors, des Clarinettes, des Trombones, des Saxhorns, etc. Il ne faudra qu’un petit effort, de la part du lecteur, pour en saisir la signification.