Les Historiettes/Tome 2/41

Texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, 
A. Levavasseur
(Tome 2p. 315).


ARNAULD (HENRI),
ÉVÊQUE D’ANGERS.


M. d’Angers[1], son frère, autrefois M. l’abbé de Saint-Nicolas, est un homme aussi froid que M. d’Andilly est bouillant. Il n’y a rien de plus composé : il a de l’esprit et du sens, et est fort propre aux négociations[2]. Dans un procès qu’il eut contre son chapitre pour obliger quelques-uns des chanoines à quitter les cures qu’ils tenoient, parce qu’ils ne pouvoient résider, il ne voulut pas venir à Paris pour solliciter, afin de faire voir à ses parties que rien ne dispensoit de la résidence. Je ne trouve pas trop bien pourtant qu’il tienne table à Angers, et je me trompe, ou cet homme a plus d’ambition que toute la maison d’Autriche ensemble. Son nom l’oblige à aller bride en main, et ne se point faire soupçonner de jansénisme. Il ne s’y conduit pas mal, et n’a point donné prise sur lui. On n’en parle ni en bien ni en mal.

  1. Né à Paris le 30 octobre 1597, mort à Angers le 8 juin 1692.
  2. Ses négociations ont été publiées en 1748, en 5 volumes in-12, par les soins de l’abbé de Pomponne, son petit-neveu.