Les Heures claires, 1896/4

chez l’Éditeur Edm. Deman (p. 13-14).


Le ciel en nuit s’est déplié

Et la lune semble veiller
Sur le silence endormi.

Tout est si pur et clair,
Tout est si pur et si pâle dans l’air
Et sur les lacs du paysage ami,
Qu’elle angoisse, la goutte d’eau
Qui tombe d’un roseau

Et tinte et puis se tait dans l’eau.
Mais j’ai tes mains entre les miennes

Et tes yeux sûrs, qui me retiennent,
De leurs ferveurs, si doucement ;
Et je te sens si bien en paix de toute chose,
Que rien, pas même un fugitif soupçon de crainte,
Ne troublera, fût-ce un moment,
La confiance sainte

Qui dort en nous comme un enfant repose.