Éditions Édouard Garand (p. 160).

REGRETS AU VIEUX MOULIN


Du plus loin que j’évoque en songe mes regards,
Je le revois, joyeux parmi les neiges blanches
Des farines dans l’air s’élevant jusqu’aux branches
D’un verger lourd de fruits et de nids babillards.

Près du seuil, la meunière au milieu des pervenches,
Jardinait tout le jour en souliers campagnards.
C’était le rendez-vous des jeunes, des vieillards,
Où régnaient du plaisir les heures les plus franches.

Oh ! si le vieux moulin pouvait soudain parler… !
Que de rêves, d’espoirs conçus sous son égide,
Son cœur aimant d’aïeul pourrait nous révéler… !

Hélas ! cher vieil ami, l’oubli triste et rigide,
N’aura pas même un jour pour toi quelques regrets,
Et tu mourras, fidèle à nos tendres secrets !