Éditions Édouard Garand (p. 83-84).

RENAISSANCE


Hosanna ! sur les monts, dans la plaine, aux vallons !
Un bel enfant est né de la Nature immense.
Au front, du doigt marqué de la jeune innocence,
Il sourit plein d’espoir aux ferments des sillons.

Et le soleil, qui monte au loin chassant l’aurore,
Ensanglante le ciel de son disque amoureux,
Content de réchauffer aux mains de mars heureux,
Du bambin rose et frais la chair tremblante encore.

C’est le printemps. L’oiseau bécote ses petits.
La sève coule aux flancs déchirés des érables.
Les grands troupeaux, quittant le toit bas des étables,
Beuglent d’aise et de joie en songeant aux pâtis.

Les bourgeons aux rameaux éclosent sans mystère.
Le ruisseau babillard entonne son refrain.
À travers champs, un homme épand au loin le grain,
Satisfait de jeter son trésor à la terre.


Et tout ce qui s’avive au germe fécondant
Se propage, s’agite et croît en multitude.
Tout cela derechef reprend son habitude,
Ses besoins d’existence et de travail ardent.

Oh ! le farouche éveil des bourgeons et des sèves !
Substantiel ferment, mystérieux levain.
Soumis à ton pouvoir magique, c’est en vain
Que le Sol se refuse aux désirs de tes rêves !

Salut et gloire à toi ! De l’hiver triomphant,
Sème sur nos matins le trop de ton délire,
Et, reçois en retour de mon cœur, — triste lyre —
L’hommage de ces vers comme un cadeau d’enfant !