Les Grandes Chroniques de France/IX/Philippe VI de Valois

Texte établi par Jules ViardHonoré Champion, libraire de la Société de l’histoire de France (tome 9p. 66-341).


PHILIPPE VI DE VALOIS


Le premier chapitre, comment Phelippe conte de Valois ot le gouvernement du royaume, et de son coronnement.

Le secont, comment Loys de Baviere fu coronné à emperere ; et comment les Rommains firent i antipape.

Le iii, du coronnement du roy Phelippe et comment il mut pour aler sur les Flamens.

Le iv, de l’ordenance des batailles du roy de France.

Le v, comment les Flamens descendirent estoutement et cuidierent seurprendre le roy ; et comment Flamens furent desconfiz, et occis environ xix mille et viiic personnes.

Le vi, comment le roy d’Angleterre fist hommage au roy de France en la cité d’Amiens, de la duchiée d’Aquitaine et de la contée de Pontieu.

Le vii, comment monseigneur Robert d’Artois voult posseder la conté d’Artois par fausses lettres que la damoiselle de Dyvion avoit faites escrire et sceeller.

Le viii, comment l’enfant de Pomponne guerissoit plusseurs malades.

Le ix, comment l’antipape vint à merci au pape, lequel le reçut benignement.

Le x, comment sentence fu gettée contre messire Robert d’Artois de la conté d’Artois ; et comment la damoiselle de Dyvion fu arse ; et comment ledit Robert fu appellé à droit pour soy espurgier des crimes dessus dis.

Le xi, comment messire Robert d’Artois fu bani ; et comment le roy fist preschier pour prendre la croiz.

Le xii, comment les messages au roy d’Angleterre vindrent à Paris, au roy de France, pour traitier d’aucun accort de pais ; mais il ne firent riens.

Le xiii, comment messire Jehan duc de Normendie fu si malade que touz les medecins se desesperoient de sa santé.

Le xiv, comment le roy visita les lointaines parties de son royaume ; et comment grant tempeste de tonnoirre chei au Bois de Vincennes quant messire Phelippe, le duc d’Orliens fu né.

Le xv, comment les Flamens se tournerent de la partie au roy d’Angleterre par Jaques Hartevelt et de plusseurs incidences.

Le xvi, comment le roy d’Angleterre passa la mer et fist aliances aus Alemens ; et comment le roy de France assambla grant ost pour aler à l’encontre de lui.

Le xvii, comment le roy de France Phelippe fu defraudé par mauvais conseil ; comment il attendist jusques à l’endemain à combattre au roy d’Angleterre ; et comment en celle meismes nuit, le roy d’Angleterre s’enfui.

Le xviii, comment le roy Phelippe esmut grant ost contre les Flamens, les Brebançons et les Hainoiers ; et comment il envoia son ainsné filz, monseigneur Jehan de France, duc de Normendie, pour gaster la terre de Hainaut.

Le xix, de la grant desconfiture qui fu en mer, entre le navire du roy de France et du roy d’Angleterre ; et comment Buchet fu pris et pendu au mat d’une nef.

Le xx, du grant appareil et conroy que le roy de France et le roy d’Angleterre firent l’un contre l’autre ; et comment furent Flamens desconfist.

Le xxi, de la teneur des lettres que le roy d’Angleterre envoia au roy de France.

Le xxii, de la response des lettres que le roy Phelippe envoia au roy d’Angleterre.

Le xxiii, des haux princes qui estoient en l’ost du roy de France.

Le xxiv chapitre, comment la contesse de Hainaut pourchaça tant envers le roy de France et envers le roy d’Angleterre, que parlement se fist entre eulz et division de pays et deliberacion de treves.

Le xxv, comment le roy Garbus vint a grant force de Sarrazins en la terre de Garnate ; et comment le roy d’Espaigne vint contre li et le roy de Portigal, et orent victoire sus Sarrazins. Et en la dite bataille furent occis ccm Sarrazins ; et fu occis Picazo filz au roy de Bellemarine qui estoit vaillant chevalier sarrazin.

Le xxvi, de la teneur d’unes lettres qui furent trouvées en un coffre, que le grant Caliphes avoient envoiées au roy Garbus.

Le xxvii, comment le roy de Bellemarine et le roy de Marroc assemblerent grant ost de Sarrazins et vindrent en Espaigne ; et comment le roy Alphons d’Espaigne les desconfist derechief ; et ot des Sarrazins mors, xxxm hommes à cheval et l mile à pié.

Le xxviii, comment le duc Jehan de Bretaigne mourut sanz hoir de son corps ; pourquoy mut grant discort entre Charles de Blois et le conte de Monfort pour avoir la devant dite duchiée de Bretaigne.

Le xxix, comment les treves furent alongiées entre le roy de France et le roy d’Angleterre et les Flamens ; et comment le pape Benedic mourut, et après lui fu fait pape Clement le VIe ; et comment les cardinaulx vindrent en France pour traictier de la paix des ii roys.

Le xxx chapitre fait memoire de la fourme des trêves et du traictié fait entre les ii roys par les cardinaulx.

Le xxxi, comment dissencion se mut entre les barons de Normandie, et coment ceulz d’Orliens pristrent blez qui estoient en nefz sur la riviere de Loire ; et comment le roy de France envoia à Orliens le sire de Ham pour faire pendre ceuls qui ce firent.

Le xxxii, comment les faux seelleurs orent les poins copez ; et comment monseigneur Olivier de Clichon ot la teste coppée és halles de Paris et pluseurs autres chevaliers et escuiers de Bretaigne et de Normandie ; et comment il fu grande chierté de toutes manieres de vivres pour la mutacion des monnoies.

Le xxxiii, comment Henry de Malestroit, clerc du roy de France, fu mis en l’eschielle ou parvys devant Nostre Dame de Paris, et puis fu mis en une des prisons de la court à l’evesque, laquelle est appellée oubliete, et leenz mourut.

xxxiv, comment les Gascoins et les Bourdelois briserent les treves entre les deux roys ; et comment toute la baronnie de Haynau fu desconfite en Frise.

Le xxxv, comment le conte de Norenthon principal capitaine des Anglois en Bretaingne vint a grant force de gens d’armes d’Angleterre et prist la Roche-Derian en l’eveschié de Triguier en Bretaigne.

Le xxxvi, comment Lannion fu tray et rendu aus Anglois de la Roche Derian par deux traistres escuiers du pays, dont ce fu grant douleur.

Le xxxvii, comment le roy d’Angleterre vint en Normandie et prist Caan, et vint par Lisieux, par Torigny, à Vernon et à Poissy ; et comment le roy de France le poursivoit tousjours de l’autre part de la riviere de Saine, et vint à Paris logier à Saint Germain des Prez ; et comment les Anglois passerent le pont de Poissy.

Le xxxviii, comment le roy d’Angleterre se parti de Poissy et mist le feu en tous les manoirs royaux, et s’enfuy vers Picardie ; et comment le roy de France s’en retourna de Antoigny et passa par Paris disant a grans souspirs qu’il estoit trahi ; et comment il poursivi tousjours son ennemi.

Le xxxixe chapitre parle de la bataille de Crécy.

Le xl, comment le roy de France se ordena à poursivir son ennemi le roy d’Angleterre jusques à la ville de Hedin ; et comment un advocat de la ville de Laon appellé Gauvain, voult trayr la dite cité de Laon.

Le xli, comment messire Charles de Blois duc de Bretaigne fist siege sus les Anglois de la Roche Derian, et comment il fu pris d’un chevalier d’Angleterre appellé messire Thomas Dagorn ; et comment auques tous les barons de Bretaigne furent en celle heure presque tous mors ou pris.

Le xlii, comment tous les nobles et non nobles du pays d’entour la Roche Derian et mesmement de l’eveschié de Triguier, vindrent assaillir les Anglois de la dite Roche, et fu capitaine le sire de Craon que le roy de France y avoit envoié en secours ; et comment les Anglois furent pris et la ville et le chastel recouvrez.

Le xliii, de la grant mortalité qui dura environ i an et demy ou royaume de France, pou plus pu moins, en tele maniere que à Paris mouroit bien jour par autre viii cens personnes. Et commença la dite mortalité en une ville champestre appellée Roissy emprès Gonnesse. Et en l’espace de celi an et demy, selon ce que aucuns disoient, le nombre des trespassez à Paris monta de l mile à lii mile, et en la ville de Saint-Denis, le nombre se monta à xvi mile ou environ.

Le xlive chapitre et derrenier fait memoire du grant pardon de Romme que pape Clement octroia l’an mil CCCL, et du trespassement du roy Phelippe.

Ci finent les chapitres du livres des faiz et du temps du roy Phelippe de Valois, et après commence le livre…


I.
Comment Phelippe comte de Valois ot le gouvernement du royaume, et de son coronnement[1].

Après la mort du roy Karle le Bel qui avoit laissiée la royne Jehanne sa femme grosse, furent assemblez les barons et les nobles à traictier du gouvernement du royaume[2], car comme la royne fust grosse, et l’en ne sceust quel enfant elle devoit avoir, si n’i avoit celi qui osast à soy appliquier le non de roy ; mais seulement estoit question auquel, tant comme plus prochain, devroit estre commis le gouvernement du royaume[3]. Si fu deliberé que audit Phelippe appartenoit ledit gouvernement, lequel estoit cousin germain du roy Karle et filz de monseigneur Charle de France, jadis conte de Valois, secont frere germain de pere et de mere du roy Phelippe le Bel. Lequel Phelippe ot le gouvernement du royaume depuis la mort dudit roy Karle, jusques au venredy aouré[4] que la dite royne Jehanne enfanta une fille. Et pour ce que fille ne herite pas au royaume, li vint le dit royaume et en fu coronné par raison, combien que le roy d’Angleterre, et autres ennemis du royaume, tenissent contre raisonnable oppinion, que le royaume appartenist miex audit Anglois comme neveu du roy Karle, filz de sa suer que audit roy Phelippe qui ne li estoit que cousin germain[5].

Environ ce temps, Pierre Remy principal tresorier du roy Charles[6] derrenier mort, fu accusé qu’il n’avoit pas bien loialment dispensé ne administré les biens du royaume, si comme pluseurs nobles et non nobles l’affermoient, et disoient que la valeur de ses biens montoit à plus de ccm livres. Si fu ledit Pierre requis de rendre conte ; lequel ne sceut pas bien rendre conte de ce que l’en li demandoit ; si fu jugié à estre pendu. Lequel Pierre, quant il fu emprès le gibet, il confessa qu’il estoit traitre en Gascoigne encontre le roy. Pour laquelle cause il fu trainé et puis pendu au gibet qu’il avoit fait faire, tout le premier, le jour de la Saint Marc evangeliste[7] l’an mil CCC XXVIII, ja soit ce qu’il eust esté pris l’an mil CCC XXVII[8].

Item. Le premier jour d’avril, qui fu le vendredi aoré, la royne Jehanne d’Evreux ot une fille au Bois de Vincennes[9] appellée Blanche[10]. Depuis, Phelippe conte de Valoys, appellé regent, fu nommé roy, dont il appert clerement que la droite ligne des roys de France fu translatée en ligne transversale ; c’est à savoir de germain en germain.


II.
Comment Loys de Baviere fu coronné à emperere, et comment les Romains firent I antipape à Rome[11].

L’an mil CCC XXVIII, Loys de Baviere qui avoit esté coronné à Milan de coronne de fer, prist son chemin à Rome. Quant les Romains oïrent nouvelles de sa venue, il orent très grant joie et alerent à l’encontre de lui et le coronnerent en l’eglise Saint Pere[12]. Et après ce que il fu coronné, il le menerent au palais royal. Et après ce qu’il ot demouré en la cité de Rome par i moys ou environ, aucuns s’apparurent, lesquiex estoient filz du deable et d’iniquité, et distrent ces paroles. « Puisque Dieu nous a donné empereour, ce seroit bon que nous eussons i pere esperituel, lequel nous administrast les choses espirituelles, ainsi comme ont fait les peres precedens » ; laquelle chose plut moult au peuple. Et ainsi s’assamblerent à faire i pape et non pas vraiement pape, mais antipape, contre Dieu et contre sainte Eglise ; et eslurent i Frere Meneur, lequel estoit appellé Pierre Ranuche, et le consacrerent en la maniere de la consecracion du pape. Et après ce que ledit Pierre fu ainsi consacré, et en la cité mené, il eslurent cardinaux, presque touz de l’ordre des mendians, jasoit ce que aucuns disoient que ceste ordenance ne venoit pas de la conscience du dit Loys duc de Baviere nouvellement fait emperere. Et fu nommé ledit frere Pierre de Ranuche[13], Nicholas le quint. Si avint que ledit antipape commença à estre aveques ledit Loys en la cité de Rome ; et là estoient à très grans frès et despens pris sus le peuple ; les quiex le peuple ne pot ou ne voult plus soustenir ; si furent contrains à issir hors de la cité, et commencierent à aler vagant par le roiaume d’Ytalie et par diverses autres citez.

Après ces choses, avint que le pape Jehan appella frere Michiel, general de toute l’ordre des Freres Meneurs, lequel frere Michiel estoit à Avignon pour le temps, et commanda audit frere Michiel, en vertu de sainte obedience, que les choses qui sont à la declaracion de la rieule, et meismement de la povreté de l’évangile, qu’il gardast fermement, et aussi à touz ses sougiez la commandast estre gardée sanz nul deffaut. Lequel frere Michiel respondi au pape Jehan moult arrogaument[14], si comme l’en dit, et li demanda viii jours de espace, afin que miex en respondist ; si li fu ottroié. Lesquiex viii jours durans, ledit frere Michiel, avec un autre frere appellé Bonne Grâce[15] et i docteur en theologie appellé François[16], s’enfui par nuit en Massille et entra en la mer et s’en ala jusques à Jannes et de Jannes s’en ala vers l’antipape et Baviere et se mist en leur compaignie. Quant le pape sceut ces choses, il proceda contre eulz tant comme herites et les condampna, et ledit frere Michiel de toute administracion priva et commanda aus Freres Meneurs que il se pourveussent d’un autre general. Mais sus touz les procès fais par le pape contre ledit frere Michiel, l’en dit que ledit frere Michiel dot appeller du pape mal conseillié au pape bien conseillié.

Item, le roy de France Phelippe, en aprouvant le bon conseil des barons et des anciens sur l’ordenance du roiaume de Navarre et de la conté de Champaigne, il restitua ledit royaume de Navarre à Loys[17] conte d’Evreux pour la cause de sa femme fille du roy Loys Hutin. Et pour la cause de la conté de Champaigne, il li assigna autres rentes en la conté de la Marche, emprès Engolesme[18].

Item, environ ce temps, le conte de Flandres[19], Loys, fist hommage au roy de France ; et après il li dit et exposa les rebellions et fès importables de ses subjez ; c’est à savoir de Bruges, d’Ypre et meismement de Cassel, et qu’il ne pooit obvier à leurs malices, ne extirper la matiere de leur rebellion. Et lors pria au roy très humblement, que il li vousist à son besoing aidier. A laquelle supplicacion, le roy enclina très benignement ; mais en quel temps et quant ce feroit, il le feroit par le bon conseil de ses barons. Endementres, faisoit-on à Reins très grant appareil pour le coronnement du roy et de la roine, et tant qu’il n’estoit memoire de homme que onques tel eust veu. Adonques quant les choses furent prestes, se partirent le roy et la royne pour aler à Rains et là furent coronnéz touz ii ensemble par la main de Guillaume de Trie arcevesque de Rains, le jour de la Trinité[20], et dura la dicte feste v jours continuez.


III.
Comment le roy Phelippe mut pour aler sus les Flamens tantost après son coronnement[21].

Après le coronnement et la dicte feste passée, le roy s’en retourna à Saint Denis[22] son patron, et là fu honnorablement receu. Et après, ala à Nostre Dame de Paris et depuis s’en retorna au palais où le disner fu appareillié très sollempnelment ; et là disna le roy et aveques li plusseurs barons de son royaume.

Après ce que il fu à Paris retourné, il ot deliberacion aveques ses barons sus la besoigne des Flamens, dont pluseurs distrent au roy bonne chose seroit qu’il demourast en France jusques à i an. La quelle parole desplut moult au roy, et meismement qu’il disoient que le temps n’estoit pas convenable pour bataillier. Dont aucuns distrent que le roy dut dire à messire Gauchier de Creci[23] son connestable : « Et vous, Gauchier, qu’en dites ? » Et ja soit ce qu’il fust i pou refusant, si respondi-il en tel maniere : « Qui bon cuer a à bataille, touz jours treuve-il temps convenable. » Quant le roy ot oye ceste parole, il ot très grant joie et se leva et l’acola en disant : « Qui m’amera si me suive. » Et adonques fu crié que chascun selon estat fust appareillié à Arras à la feste de la Magdalene[24]. Toute voies les bourgois des bonnes villes ne s’armerent pas ; mais lesdiz bourgois et les bonnes villes aiderent au roy d’argent, et demourerent pour garder leurs citez et leurs bonnes villes de par le roy.

Après ce, le roy si prist aucuns de ses familiers et s’en ala par la ville de Paris à pié, et visita une grant partie des eglises de ladicte ville ; et depuis il visita les maisons Dieu, et là fist-il moult de euvres de misericorde, comme de baisier les mains des povres, de leur administrer viandes et de leur donner grans aumosnes. Toutes lesquelles choses faites moult devotement, assés tost après il se parti de Paris et s’en ala à Saint Denis. Là fu en très grant devocion, et fist ouvrir le lieu où les corps de monseigneur saint Denis et de ses compaignons reposent. Et quant ledit lieu fu ouvert, ledit roy Phelippe, meu de grant devocion, osta son chaperon et sa coiffe et ala querre les dis corps sains de monseigneur saint Denis et de ses compaignons et les aporta l’un après l’autre sur leur autel ; et samblablement fist-il du corps monseigneur saint Loys et le mist emprès les corps sains devant. Depuis, fist chanter la messe devant lesdiz corps sains par l’abbé de la dicte eglise, Guy[25] ; laquelle chantée, le roy fist beneistre l’oriflambe au dit abbé Guy et la reçut ledit roy de la main dudit abbé en la presence des barons et des prelaz. Laquelle oriflambe fu bailliée à messire Mile de Noyers[26] à porter, par la main dudit roy, et à garder. Après ces choses ledit roy Phelippe prist lesdiz corps sains de monseigneur saint Denis et de ses compaignons et les raporta en leur lieu ; laquelle chose l’en ne treuve pas avoir esté communement faite par la personne du roy quant au remporter. Et après, il se departi et s’en ala à Arras[27], et passa legerement oultre et prist son chemin vers Cassel, et ileques fist fichier ses tentes[28], et fu le pays d’entour moult gastez.

Adonques, quant les Flamens virent l’ost du roy, si firent faire i grant coq de toile tainte, et en ce coq avoit escript :

« Quant ce coq ci chanté ara,
Le roy trouvé ça enterra[29]. »

et le mistrent en haut lieu ; et ainsi se moquoient du roy et de sa gent, et l’appelloient le roy trouvé. Laquelle parole et moquerie leur torna à la parfin à grant meschief.

[30]Lors le roy manda monseigneur Robert de Flandres[31], et le fist sermenter aveques lui et puis li commanda qu’il preist cc hommes d’armes et alast à Saint Omer, et yleques tenist la frontiere contre les Flamens. Et commanda au conte[32] qu’il alast vers Lille et tenist la frontiere entre le Lys et l’Eschaut.

Quant les Flamens virent que le roy avoit fait si grant semonse, si s’assamblerent et virent qu’il n’avoient point de seigneur de qui il peussent faire chevetaine, car touz les gentilz hommes du pays leur estoient failliz, et ne savoient de quel part le roy les devoit assaillir, ne de quel part il devoit à eulz venir. Et pour ce, ordenerent ceulz de Bruges et d’Ypre que touz ceulz du terrouer de Furnes et de Diquenme[33], de Bergnles[34], de Cassel et de Poperinges, se traisissent touz sus le mont de Cassel, et ceulz de Bruges et du Franc tendroient le pays devers Tournoy ; et ceulz d’Ypre et de Courtrai à l’encontre de Lille. Et le roy de France estoit entré à un samedi bien matin, li et son ost en la terre de Flandres, entre Blaringuehem[35] et le pont Hasequin[36], parmi le Nuef fossé, et s’en alerent logier dessouz une forest[37] le conte d’Artois et sa compaignie, que on appelle Ruhout[38], sus i vivier que on appelle Scoudebrouc[39], et est de l’abbaïe de Clermarès[40].


IV.
De l’ordenance des batailles du roy de France[41].

Ci orrois comment les batailles passerent.

La premiere bataille menerent les ii mareschaus et le maistre des arbalestiers[42], et avoient en leur route vi banieres, et touz les gens de pié suivirent celle bataille et touz les charroiz. Quant les mareschaux vindrent eu champ, si baillierent places aus fourriers pour leurs maistres. Après passa la bataille du conte d’Alençon[43] où il avoit xxi baniere. Celle bataille prist son tour jusques emprès le mont de Cassel[44], et ileques s’arresta jusques atant que les tentes furent dresciées.

Après, passa la tierce bataille où il avoit treze banieres, et la conduisoit le maistre de l’Ospital[45] d’outre-mer et le sire de Biaugeu[46] et touz ceulz de la langue d’oc.

La quarte bataille mena le connestable de France, Gauchier de Chastillon ; et avoit viii banieres.

La quinte fu du roy qui contenoit xxxix banieres ; et estoit le roy armé de ses plaines armes ; et estoit en sa bataille le roy de Navarre[47], le duc de Lorrayne[48] et le conte de Bar[49] ; et avoit une ele de vi banieres que messire Mille de Noiers conduisoit, qui portoit l’oriflambe.

La vie conduisoit le duc de Bourgoigne[50], où il avoit xviii banieres.

La vii mena le Dauphin de Vienne[51], où il ot xii banieres.

La viii, le conte de Hainau[52] aveques xvii banieres, et avoit une ele de messire Jehan[53] son frere qui menoit les gens du roy de Behaigne[54].

La ix mena le duc de Bretaigne[55], et avoit xv banieres. Touz ceulz, si s’alerent logier es places que les mareschaux leur avoient bailliées à ii lieues du mont de Cassel. Quant touz furent logiez, si vint l’arriere garde qui estoit la diziesme bataille, et la conduisoit monseigneur Robert d’Artois, et là avoit xxii banieres, et se traist devers le mont de Cassel, et avironna tout l’ost, et passa par devant la tente du roy, et ala à une abbaïe assez près que l’en appelle la Vastine[56] et s’i loga.

L’endemain vint le duc de Bourbon[57] en l’ost et toute sa bataille a quatorze banieres.

Les Flamens, qui sus le mont de Cassel estoient, virent le roy atout le pooir de son royaume qui estoit logiez à ii lieues d’eulz, mais onques pour ce ne se effroierent, ains mistrent leurs tentes hors de la ville et s’alerent logier sur le mont pour ce que les François les peussent veoir. Et ainsi furent trois jours les uns contre les autres, sanz riens faire. Et au quart jour se desloga le roy et s’ala logier demie lieue plus près sus une petite riviere que on appelle la Pierre[58]. Adonc vint monseigneur Robert de Flandres a toute sa bataille où il ot v banieres.

Lors le roy de France prist conseil a ses barons comment il les pourroit avoir au bas du mont, car sur le mont il n’avoit mie geu parti. Et pour ce, envoia par i mardi, veille saint Berthelemi[59], au point du jour, les deus mareschaux et messire Robert de Flandres par devers le terrouer de Bergues, et bouterent le feu, et pour ce les cuidirent traire jus hors du mont ; mais onques n’en firent conte, ains vindrent toute jour au pié du mont paleter aus gens du roy ; et les chevaliers monterent sus leurs roncins en leurs purs auquetons pour veoir le paleteis ; et quant il veoient aucun blescié qui bien avoit fait la besoigne, si en rioient et moquoient.

Quant les mareschaux furent venuz de fourrer, si s’alerent aisier, car il avoient grant paine soufferte, ne onques en l’ost du roy on ne fist guet, et les grans seigneurs alerent d’une tente en l’autre pour eulz deduire en leurs belles robes.

Or vous dirons des Flamens qui estoient sus le mont de Cassel, qui s’aviserent que les mareschaux estoient moult lassez et les autres chevaliers s’esbatoient à jouer aus dés et en autres deduiz, et le roy estoit en sa tente aveques son conseil pour ordener des besoignes de sa guerre.


V.
Comment les Flamens descendirent estoutement et cuidierent seurprendre le roy, et comment les Flamens furent desconfiz, et occis environ XIXm et VIIIc personnes[60].

Les Flamens firent trois grosses batailles et vindrent avalant le mont a grans pas devers l’ost du roy, et passerent tout outre sanz faire cri ni noise ; et fu à l’eure de vespres sonnans. Tantost que on les apperçut, si pot l’en veoir toutes manieres de gens fuir de l’ost du roy vers la ville de Saint Omer. Et les Flamens ne s’atargerent mie, ains vindrent le grant pas pour seurprendre le roy en sa tente. Mais aussi comme Dieu voult, les mareschaux et leurs gens qui n’estoient mie encore touz desarmez, tantost que il oïrent le cri, monterent sus leurs chevaux et vindrent, ferant des esperons vers les anemis.

Quant les Flamens les virent aprochier, i pou s’arresterent ; mais quant il virent que si pou de gens estoient, si murent pour aler avant. Et tantost vint messire Robert de Flandres au secours des mareschaus. Tantost qu’il le virent, si s’arresterent et se mistrent en conroy[61] ; et avoient ja tant esploitié qu’il estoient ja à trois arbalestes près du roy de France. Mais pour l’arrest qu’il firent, furent touz les haux hommes armez, et alerent aveques toutes leurs batailles vers leurs anemis et leur coururent sus, et à grant paine les entamerent ; mais il navrerent moult de haus hommes avant que l’en les peust conquerre.

Or vous dirons du roy qui s’armoit en sa tente et n’avoit entour li que ii Jacobins[62] et ses chambellans ; et vindrent ceulz qui estoient pour son corps et le monterent sus i destrier couvert de ses armes ; et avoit une tunique des armes de France, et un bacinet couvert de blanc cuir. Et à sa destre estoit messire Flastres de Ligni, messire Gui de Biausay et messire Jehan de Cepoy[63]. Et à senestre estoit messire Troularz d’Usages, et messire Sansses de Baussay. Et par derrieres estoit le Borgne de Sery[64] qui portoit son hyaume atout une couronne et la fleur de liz dessus. Et par devant estoit messire Jehan de Biaumont[65] qui portoit son escu et sa lance, et messire Mile de Noiers monté sus i grant destrier couvert de haubergerie, et tenoit en sa main une lance en laquelle l’oriflame estoit atachié, qui estoit d’un vermeil samit a guise de gonfanon à ii queues, et avoit entour houpes de soye vert. Et ainsi ala vers la bataille.

Quant les Flamens virent tant de gens venir sus eulz, il ne porent plus soustenir le fès ; si se desconfirent. Là pot-on veoir maint homme trebuschier et mettre à mort, et les nobles de France crier à haute voiz : « Mon joie Saint Denis ! » Et le conte de Hainaut, qui s’estoit trait vers le mont de Cassel, trouva une bataille de Flamens qui s’estoient trais en i clos. Tantost courut à eulz, mais tant estoient entrelaciez que dessevrer ne les pooit ; si descendi à pié et sa chevalerie, puis prist l’escu et la lance ou poingn et leur courut sus, criant à haute voiz : « Haynaut ! » et les Flamens se deffendirent viguereusement, mais en la parfin, la force ne dura guères, si se desconfirent et furent ileques touz tuez. Puis monta le conte de Hainau et se trait sus le mont de Cassel, et touz ceulz qu’il y pot trouver ou encontrer, il les fist mettre à mort. En celle bataille fu tué Colin Zanequin qui estoit capitaine des Flamens. Les gens du roy qui chaçoient les anemis vindrent en la ville du mont de Cassel et bouterent le feu partout, de quoy tout le pays fu resjoiz quant il virent le feu. Et puis retorna le roy en ses tentes, loant Dieu de sa victoire. Mès aucuns qui s’en estoient fuiz, quant il virent les Flamens venir comme dessus est dit, retornerent et firent les bons varlez, et faisoient entendant qu’il avoient tout vaincu.

Or vous dirai des haus hommes qui furent mors et navrez en celle bataille. Il y ot mort i chevalier de Champaigne qui estoit à baniere, que on appelloit monseigneur Regnaut de Lor[66], et fut enterré à Saint-Bertin. Et si y mourut un banneret de Berri, li sisiesme de chevaliers, qui fu appellé le visconte de Bresse[67], et furent touz enterrés aus Cordeliers.

Des navrez qui vindrent à Saint Omer, il y fu le duc de Bretaingne, le conte de Bar et le conte de Bouloigne[68] qui furent malades de fievres et d’autres maladies. Messire Loys de Savoie[69] fu navré en la main ; messire Bouchard de Monmorenci[70] fu navré ou pié ; messire Henri de Bourgoigne[71] ot l’ueil crevé et tout plain d’autres haus hommes, des quiex je ne scai les noms.

Ceste bataille fu faite la veille de monseigneur saint Berthelemi l’an de grâce M CCC XXVIII[72] ; en laquelle y ot mors des Flamens, si come en aucunes croniques est contenu, xixm et viiic personnes de la partie des Flamens[73]. Et après que ceste bataille fu finée, le roy de France fu par quatre jours ou champ où la bataille avoit esté faite, et atendi la garison de ses gens qui estoient malades et navrez, et puis s’en parti et passa Cassel à la main destre, et toute la basse Flandre s’en vint rendre à lui. Puis se traist vers Ypre et s’ala logier près de la ville[74], et tantost se rendirent à lui par condicion et li baillierent des malfaiteurs, lesquiex le roy fist tantost pendre. Et puis envoia en la ville le conte de Savoie et le connestable de France, atout iim hommes d’armes, et commanderent que tous leur aportassent leurs armeures, et il le firent, puis abatirent leur cloche qui pendoit au beffroy ; et laissierent capitaine en la ville i chevalier de Flandres que on appelloit messire Jehan de Bailleul.

Adonc vint le conte de Flandres devers le roy et amena aveques lui ceulz de Bruge et du Franc qui avoient entendu la desconfiture de Cassel ; et pour ce, s’estoient-il renduz au conte. Si considera le roy que le temps commençoit à refroidir, si les reçut à merci et à sa volenté ; lesquiex il condampna, les uns par banissement, les autres par mort, les autres à estre iii ans oultre Somme. Et restabli le conte en sa conté en lui disant ces paroles. « Conte gardez vouz, dès ore en avant, que par deffaute de justice, ne nous faille plus par deça retourner. » Et puis vint le roy à Lille, et departi son ost, et s’en revint en France[75].

[76]Le pape Jehan qui avoit donné au roy Charles, li vivant ii diziesmes, li mort, ledit pape, de nouvel les donna et ottroia au roy Phelippe[77].

Item, les Anglois et les Escoz, qui par lonctemps estoient à descort, furent ensemble racordés, si comme l’en dit, sus ceste forme. C’est à savoir que le filz au roy d’Escoce[78] prendroit à femme la fille[79] du nouviau roy d’Angleterre, et que ledit roy d’Escoce seroit tenu perpetuelment au roy d’Angleterre aidier en toutes ses guerres et contre touz, le roy de France excepté.

Item, en ce temps mourut Jehan[80] duc de Calabre, chevalier très puissant, filz seul du roy Robert de Sezille, lequel Jehan avoit esté capitaine principal des Guelphes.

Item, en cest an meismes, ou moys d’octembre[81] l’an M CCC XXVIII, trambla la terre moult forment, et meismement en Ytalie, environ la cité du Perru[82], dont aucunes villes fondirent en abisme et aucuns chastiaux furent tresbuschiez. Et en France, la veille de la feste monseigneur saint Denis ensivant, les vens furent si grans qu’il abatirent entre les autres choses le clochier de l’eglise saint Pere de Chaumont en Veuquessin[83].

Item, cel an et de nuit, lettres furent attachiées aus portes de Nostre Dame de Paris, aus portes des Freres Prescheurs et aus portes des Freres Meneurs de Paris, de par les trois ; c’est assavoir : l’antipape, Baviere et frere Michiel dessus nommez. Esquelles lettres, entre les autres choses, estoit contenu que les trois dessus nommez, aveques leurs complices tenoient le pape Jehan pour herite et de sainte Eglise prescis[84] ; meismement qu’il s’efforçoit de destruire la povreté de l’euvangile. Et pour ceste cause, il appelloient de par l’antipape au concile general en la cité de Milan.

Item, encore unes autres lettres closes furent envoiées à l’evesque de Paris et à l’Université ; lesquelles lettres il envoierent au pape toutes closes pour savoir que desdittes lettres il vouldroit ordener.

[85]En ce temps vint le roy Phelippe à Saint Denis en très grant devocion, visiter monseigneur saint Denis son patron et le mercier de la glorieuse victoire que Dieu li avoit donnée par les prieres de Nostre Dame et de monseigneur saint Denis et des autres sains de Paradis, et li rendi sur son autel l’oriflambe qu’il avoit prise quant il s’estoit parti à aler contre les Flamens. Et puis s’en ala à Nostre Dame de Chartres[86], et quant il fu là, il se fist armer des armes qu’il avoit portées en la bataille des Flamens, et puis monta sus i destrier, et ainsi entra en l’eglise de Nostre Dame de Chartres, et très devotement la mercia et li presenta ledit cheval où il estoit montez et toutes ses armeures.

[87]Item, en l’an dessus dit ; c’est à savoir le treziesme jour d’octembre, la royne Climence, femme jadis au roy Loys Hutin, trespassa, et en l’eglise des Freres Prescheurs de Paris fu enterrée.

[88]Item, en ce temps, Loys le conte de Flandres, à la requeste duquel, en partie, le roy Phelippe avoit entrepris la guerre des Flamens derrenierement finée, n’oblia pas les paroles que le roy Phelippe li avoit dites quant il parti de Flandres, si comme dessus sont escriptes ; c’est à savoir qu’il gardast justice, et si fist-il. Car dedenz trois moys ou environ, il extirpa de ceulz qui avoient esté conspirateurs et detracteurs contre le roy et contre li, et en mist et fist metre à mort jusques au nombre de xm ou environ, si comme l’en maintenoit communement.[89]Mais le principal capitaine des Flamens qui estoit appellé Guillaume de Cany de Bruges[90], quant il vit que le conte de Flandres faisoit justice, si ot paour et s’enfui au duc de Brebant, et li requist aide contre le conte de Flandres, lequel avoit fait mettre à mort plusseurs preudeshommes, si comme il disoit, ne encore ne desistoit-il point de jour en jour. Et promist ledit Guillaume de Cany audit duc de Breban, chevaux, armeures et très grant somme d’argent. Auquel ledit duc respondi que ceste chose ne feroit-il pas sanz le conseil du roy de France ne sanz son assentement ; mais ledit Guillaume yroit par devers le roy et de sa gent avec lui, et ce que le roy ordeneroit à la requeste dudit Guillaume, ledit duc le feroit à son pooir. Lequel chut ou las qu’il avoit tendu, car il fu admené à Paris au roy, et fu faite enqueste sus lui, par laquelle il fu trouvé moult coupable, et pour ce fu tourné ou pilori, puis li furent les ii poings emprès li ; mais quant l’en vit qu’il s’enclinoit à mourir, l’en l’osta de la dicte roe, et fu lié à la queue d’une charete, et fu trainé, et depuis après il fu pendu et ses poings emprès lui.

[91]Item ou temps ensuivant et en ceste presente année, messire Jehan de Cherchemont[92], chancelier du roy de France, très sage es choses seculieres et très convenable es cours du pape et du roy, en vivres très delicieux, en port, en maniere au jugement de pluseurs très orgueilleux, avint qu’il volt partir pour aler veoir une chapelle de chanoines, laquelle il avoit faite edefier, là où il avoit esté nez : c’est assavoir en la dyocèse de Poitiers. Et aloit là plus pour son nom magnifier que pour le nom de Dieu honnorer, si comme plusseurs disoient et le creoient. Mais Dieu juge des cuers des hommes et à lui seul apartient et non à autre. Si avint de par la permission de Dieu que ledit messire Jehan de Cherchemont, très ce qu’il fu entré ou dyocèse de Poitiers, ouquel il avoit esperance d’avoir très grans honneurs, sanz parler à aucune personne, il mourut soudainement[93]. Le scel du roy fu porté au roy, et le corps fu enterré par la main de l’evesque de Poitiers en la chapelle que ledit messire Jehan avoit fondée.

Item, en ce meismes an le roy de France Phelippe envoia par devers le roy d’Angleterre certains messages, entre lesquiex fu maistre Pierre Rogier abbé de Fescan[94], docteur en theologie, afin qu’il adjournassent le roy d’Angleterre pour faire hommage audit roy de France de la duchiée d’Aquitaine. Lesquiex messages demourerent longuement en Angleterre, et attendoient pour parler au roy. Mais il ne porent onques parler à lui ; si parlerent à sa mere, laquelle leur donnoit responses non convenables, en maniere de femme ; et quant il virent que autre chose ne pooient faire, si retornerent en France, et distrent au roy tout ce qu’il avoient fait et oy.

Item, en ceste meismes année, le pape Jehan fist publier à Paris aucuns procès fait contre Pierre Ranuche, lequel se faisoit appeller Nicolas le Quint ; esquiex procès il estoit contenu ledit Pierre avoir esté marié[95] avant qu’il eust esté religieux. Et depuis qu’il fut entré en religion, sa femme l’avoit fait semondre par pluseurs foiz ; et avoit à nom sadite femme Jehanne Mathie. Lequel Pierre, en desobeissant as commandemens de sainte Eglise, ne voult onques retourner avecques sa dicte femme. Et pour ceste cause, ledit pape, comme contumaux le denonça pour escommenié par la vertu desdiz procès faiz encontre li à la requeste de sa dite femme.

Item, en ce temps ot le roy de France deliberacion avecques son conseil, à savoir mon se pour le deffaut du roy d’Angleterre qui estoit son homme de la duché d’Aquitaine, et lequel estoit refusant de en faire hommage audit roy de France, se ledit roy de France la devroit appliquier à sa seigneurie. Si li fu respondi que non ; mais seulement durant le temps que l’ommage n’a pas esté fait, supposé que la citacion ait esté faite deuement, le seigneur puet faire endementres les fruis de la terre de son vassal siens jusques atant que son dit vassal retourne à l’ommage de son seigneur. Et pour ceste cause furent envoiez en Gascoigne l’evesque d’Arraz[96] et le seigneur de Craon[97], afin qu’ilz meissent tous les emolumens et revenues de la duché d’Aquitaine en la main du roy de France, jusques atant que le roy d’Angleterre li eust fait hommage deu[98].

Item, derechief et d’abondant, le roy de France envoia autres messages en Angleterre audit roy d’Angleterre, afin qu’il fust cité une foiz pour toutes pour ledit hommage faire, et par tele maniere que s’il estoit negligent de faire ledit hommage, l’en procederoit contre lui par la forme et par la maniere que droit le donroit.

Item, en celui temps, la royne de France enfanta i filz[99], mais il mourut assez tost après, et fu enterré en l’eglise des Freres Meneurs à Paris.


VI.
Comment le roy d’Angleterre se mist en mer pour venir en la cité d’Amiens faire hommage au roy de France de la duchié d’Aquitaine et de la conté de Pontieu comme homme du roy de France[100].

L’an de grâce mil CCC XXIX, le roy d’Angleterre entra en mer le dymenche après la Trinité[101] et passa à Bouloigne. Quant le roy de France sot la venue dudit roy d’Angleterre, si vint a grant foison de ses barons, prelas et autres à Amiens, et envoia à l’encontre dudit roy d’Angleterre des plus grans de son lignage, qui moult noblement et honnorablement l’admenerent en la cité d’Amiens, en laquele le roy de France attendoit ledit roy d’Angleterre qui li venoit faire hommage de la duchié d’Aquitaine et de Pontieu, si comme dessus est dit.

Quant les deux roy s’entrevirent, si firent moult grant feste l’un à l’autre ; et après ce commencierent à parler, eulz et leur conseil, de moult de choses, et par especial sur la matiere pour quoy ilz estoient assemblez, et li fist requerir le roy de France qu’il feist son devoir par devers luy de la dite duchié d’Aquitaine et de la conté de Pontieu. Lors fu respondu de par le roy d’Angleterre et en sa presence, et fu dit que messire Charles de Valois, pere du dit roy Phelippe, avoit despoillié le roy d’Angleterre, en grant prejudice de li et de son royaume, d’une grant partie de la terre de la duchié d’Aquitaine, et l’avoit appliquée au royaume de France moins justement qu’il ne deust. Pour laquelle cause ledit roy d’Angleterre n’estoit tenu audit hommage faire, se ce qui li avoit esté osté, comme dit est, ne li estoit du tout restitué. Si fu respondu pour le roy de France, que Edouart roy d’Angleterre, pere dudit roy avoit forfaite celle partie et plus, et que ledit messire Charles bien et justement l’avoit acquise au royaume de France par droit de bataille, et que en aucune restitucion il n’estoit tenu. Neantmoins il fu finablement acordé d’une partie et d’autre par tele maniere, que le roy d’Angleterre feroit hommage au roy de France de la duchié d’Aquitaine poour la porcion qu’il en tenoit, et la partie par messire Charles acquise demourroit au roy de France. Et encore, de par le roy de France dit fu que se le roy d’Angleterre se sentoit en aucune maniere blecié, venist au palais du roy à Paris ; et sur ce, par le jugement des pers de France, tout acomplissement de justice li seroit fait.


[102]Comment le roy d’Angleterre fist hommage au roy de France à Amiens de la duchié d’Aquitaine et de la conté de Pontieu si come faire devoit.

[103]Adonc fist le roy d’Angleterre hommage au roy de France, en la forme et maniere que contenu est en la chartre seellée du seel du roy d’Angleterre dont la teneur s’ensuit.


Ci après s’ensuit la teneur de la chartre seellée que le roy d’Angleterre donna, laquelle contient la maniere de l’ommage que le roy d’Angleterre fist à Amiens au roy de France des terres dessus nommées.

[104]Edduard, par la grâce de Dieu roy d’Angleterre, seigneur d’Islande et duc d’Aquitaine, à tous ceuls qui ces presentes lettres verront et orront, salut. Savoir faisons que comme nous feissions à Amiens hommage à excellent prince, nostre chier seigneur et cousin, Phelippe roy de France, lors nous fut dit et requis de par lui que nous recognoississions ledit hommage estre lige, et que nous, en faisant ledit hommage, li promeissions expressement foy et loyauté porter, laquelle chose nous ne feismes pas lors, pour ce que nous n’estions enfourmez ne certains que ainsi le deussions faire, feismes audit roy de France hommage par paroles generales, en disant que nous entrions en son hommage, par ainsi comme nous et noz predecesseurs dux de Guyenne estoient jadis entrez en l’omage des roys de France qui avoient esté pour le temps. Et depuis encea, nous soions bien enfourmez et acertainnez de la verité, recognoissons par ces presentes lettres, que ledit hommage que nous feismes à Amiens au roy de France, combein que nous le feismes par paroles generales, fu, est, et doit estre entenduz lige ; et que nous li devons foy et loyauté porter comme duc d’Aquitaine et per de France, et comme conte de Pontif et de Monsteroille, et li promettons desore en avant foy et loyauté porter.

Et pour ce que, en temps avenir, de ce ne soit jamais descort ne content à faire ledit hommage, nous promettons, en bonne foy, pour nous et nos successeurs ducs [de Guyenne[105]], qui seront pour le temps, que toutesfoiz que nous et noz successeurs ducs de Guyenne entrerons et entreront en l’ommage du roy de France et de ses successeurs qui seront pour le temps[106], l’ommage se fera par ceste maniere. Le roy d’Angleterre, duc de Guyenne, tendra ses mains entre les mains du roy de France, et cil qui parlera pour le roy de France, adrescera ses paroles au roy d’Angleterre duc de Guyenne et dira ainsy. « Vous devenez home lige du roy de France mon seigneur qui ci est, comme duc de Guyenne et per de France, et li promettez foy et loyauté porter. Dites voire. » Et ledit roy et duc et ses successeurs ducs de Guyenne diront « Voire ». Et lors, le roy de France recevra ledit roy d’Angleterre et duc audit hommage lige à la foy et à la bouche, sauf son droit et l’autruy. Derechief, quant ledit roy et duc entrera en l’ommage du roy de France et de ses successeurs roys de France pour la conté de Pontif et de Monstroille, il mettra ses mains entre les mains du roy de France, et cil qui parlera pour le roy de France adrescera ses paroles audit roy et duc, et dira ainsi : « Vous devenez homme lige du roy de France mon seigneur, qui ci est, comme conte de Pontif et de Monstroille, et li promettez foy et loyauté porter. Dites voire. » Et ledit roy et duc, comme conte de Pontif et de Monsteroille dira « Voire ». Et lors, le roy de France recevra ledit roy et conte audit hommage lige, à la foy et à la bouche, sauf son droit et l’autruy.

Et aussi sera fait et renouvellé toutes les foiz que l’ommage se fera. Et de ce baillerons-nous et nos successeurs ducs de Guyenne, faiz lesdiz hommages, lettres patentes seellées de noz grans seaulz, se le roy de France le requiert. Et aveques ce, nous promettons en bonne foy, tenir et garder effectuelment les paix et accors faiz entre les roys de France et les roys d’Angleterre dux de Guyenne et leurs predecesseurs roys d’Angleterre et ducs de Guyenne. Et en ceste maniere sera fait et seront renouvellées les dites lettres par lesdiz roys et ducs et leurs successeurs ducs de Guyenne et conte de Pontif et de Monstroille, toutes les foiz que le roy d’Angleterre duc de Guyenne et ses successeurs ducs de Guyenne et conte de Pontif et de Monstroille qui seront pour le temps, entreront en l’ommage du roy de France et de ses successeurs roys de France.

En tesmoignance desquelles choses, à cestes noz lettres ouvertes, avons fait mettre nostre grant seel. Donné à Eltham le trentiesme jour de mars l’an de grâce mil trois cenz et trentisme premier, et de nostre regne quint.

Quant le roy de France ot receu du roy d’Angleterre ledit hommage en la maniere que dessus est contenu, lors furent les joustes commenciées moult belles et moult grans, et ilecques le roy d’Angleterre moult grandement honnoré. Et après ce que ces choses furent ainsi faites et acomplies, les ii roys pristrent congié l’un à l’autre, et s’en retourna le roy de France à Biauvais[107], et le roy d’Angleterre s’en retourna tantost en Angleterre.

[108]En ce temps, envoia le roy de Chipre[109] solempniex messages à messire Loys conte de Clermont, en li requerant qu’il li pleust à li envoier sa fille[110] pour donner en mariage à son ainsné filz, car ledit roy avoit grant desir que le royaume de Chipre fust ennoblis de la semence de France.

En celi temps, frere Pierre de la Palu[111], de l’ordre des Freres Prescheurs, et docteur en theologie, lequel estoit à Avignon, fu fait par le pape patriarche de Jherusalem.

Item, ce meismes an, le roy de France Phelippe envoia en Flandres messire Jehan de Vienne evesque d’Avranches[112] avecques pluseurs personnes[113], et firent abatre, de par le roy, les portes de Bruges, d’Ypre et de Courtray, et les firent toutes destruire et mettre au bas avecques pluseurs de leurs autres forteresses ; laquelle chose nous ne trouvons pas que le roy de France eust fait ou temps passé. Laquelle chose fu ainsi faite par le bon conseil du roy en pourvoiant de remede convenable tant pour soy comme pour ses successeurs contre l’orgueil des Flamens.

Item, le roy d’Escoce, Robert dit de Brux, depuis qu’il ot fait paix et accort aus Anglois, il mourut assez tost après[114]. Et après li, fu fait David son filz roy d’Escoce.

Item, le secont dimenche de juing[115], fu l’evesque de Paris revestus de aournemens pontificalx ou parvis de Nostre Dame et avecques li autres evesques coassistens ; lesquiex evesques, de l’auctorité du pape ausdiz evesques commise, ilz escommenierent publiquement et escommeniez denoncierent frere Pierre Ranuche antipape, Loys de Baviere, frere Michiel jadis general des Freres Meneurs. Et aveques ce, aucunes lettres qui avoient esté clouées par avant à pluseurs portes à Paris[116], le pape le condempnoit, et en ycelle place furent mises en i grant feu, par la main dudit évesque de Paris.

Item, environ le commencement de juillet l’an M CCC XXIX, le patriarche de Jherusalem et un autre evesque[117] avecques pluseurs messages du roy de Chipre, menerent la fille du devant dit conte, monseigneur Loys de Clermont, pour estre espousée au filz du roy de Chipre, et pristrent congié au pape. Et ainsi se partirent avecques pluseurs pelerins par le port de Marseille[118], si alerent à l’ille de Chypre ; lesquelz pelerins, a l’aide de Dieu, tendoient à aler en Jherusalem.

Item, en ce meismes temps, le duc de Bretaigne espousa la suer[119] au conte de Savoie en l’eglise Nostre Dame de Chartres, le roy de France Phelippe present. Et fu la messe celebrée par Phelippe[120] evesque de ladite eglise de Nostre Dame.

Item, le mois de septembre ensuivant, Milan et pluseurs autres citez d’Italie[121], lesquelles estoient entredites de par le pape, retournerent humblement à l’obedience de sainte Eglise, en promettant convenable satiffaction. Et se aucuns estoient escommeniez, le pape les absoloit et ostoit tout l’entredit de la dicte terre.

Item, environ la feste saint Clement[122], Mahaut contesse d’Artoys retourna de Saint Germain en Laye à Paris[123]. Et puis que elle ot parlé au roy de certaines besoignes touchans la conté d’Artoys, procurant ce messire Robert d’Artois son neveu, filz de son frere Phelippe d’Artois, affermant ledit conté d’Artois, par la succession de son pere à li appartenir et par cause de certainnes lettres, lesquelles il avoit de nouvel trouvées, ja soit ce que en la presence du roy de France Phelippe le Bel et en la presence dudit Robert d’Artois, en plain parlement à Paris, eust esté le contraire jugié ; c’est assavoir que la dicte conté ne li appartenoit pas. Adonc prist une maladie à la dicte Mahaut dont elle mourut dedens viii jours[124], et fu enterrée en l’eglise des Freres Meneurs à Paris[125]. Aprés la mort de la dicte Mahaut vint la conté d’Artois à la royne Jehanne de Bourgoigne, jadiz femme de Phelippe le Lonc roy de France et fille de la dite Mahaut.


VII.
Comment messire Robert d’Artois voult posséder la conté d’Artois par fausses lettres que la damoiselle de Dijon avoit fait escrire et seeller[126].

L’an mil CCC XXIX, commença messire Robert d’Artois le plait[127] contre la devant dite Mahaut contesse d’Artois pour la conté d’Artois, si comme il avoit fait l’an XVII[128], de quoy procès avoit esté fait autrefoiz. Mais ledit messire Robert maintenoit que les lettres de mariage entre messire Phelippe d’Artois[129] son pere, et madame Blanche de Bretaigne sa mere, par lesquelles ledit conté li apartenoit, si comme il disoit, avoient esté par fraude muciées et repostes[130], si les avoit trouvées. Et assez tost après, assambla ledit messire Robert d’Artois, le conte d’Alençon[131], le duc de Bretaigne[132] et tout plain d’autres haus hommes de son linage ; et vint au roy Phelippe et li requist que droit li fust fait de la conté d’Artois. Tantost le roy fist adjourner[133] la contesse à jour nommé contre ledit messire Robert, à laquelle journée elle vint et admena avec li, Edon[134] le duc de Bourgoigne et Loys le conte de Flandres. Là monstra messire Robert unes lettres seellées du sel au conte Robert d’Artois contenans que quant le mariage fu fait de monseigneur Phelippe d’Artois, pere de monseigneur Robert, et de madame Blanche, fille le conte Pierre[135] de Bretaigne, le conte les mist en la vesteure de la conté d’Artois, si comme il estoit contenu es dictes lettres. Quant la contesse vit les lettres, si requist au roy que, pour Dieu, il en vousist estre saisi, car elle entendoit à proposer à l’encontre. Tantost fu dit par arrest que les lettres demourroient devers le roy, et fu remise une autre journée à laquelle la contesse devoit respondre.

Or vous dirai comment ces lettres vindrent à messire Robert d’Artois. Il avoit une damoiselle, gentil-femme qui fu fille le seigneur de Dyvion, de la chastellerie de Bethune[136]. Celle damoiselle s’entremetoit des choses à venir et jugoit à regarder la phisonomie des gens, et à la foiz disoit voir et à la foiz mentoit. Elle avoit tant fait par aucuns des familiers messire Robert d’Artois, que elle emprist une fort chose à faire, si comme vous orrois. Il avoit i bourgois à Arras qui avoit rente à vie sur le conte d’Artois, et en avoit lettres seelées du seel le conte d’Artois. Quant il fu trespassé, la damoiselle fist tant par devers les hoirs dudit bourgois, que eust celle lettre ; et puis fist escrire une lettres de l’envesteure monseigneur Robert, si comme vous avez oy ; puis prist le seel de la vielle lettre et le dessevra du parchemin à i chaut fer qui tout propre avoit esté fait ; si que l’emprainte du seel demoura toute entiere, puis la mist à la lettre nouvelle ; et avoit une maniere de ciment qui atacha le seel à la lettre aussi comme devant. Et puis vint à messire Robert d’Artois, et li dit que une telle lettre avoit trouvée en sa maison à Arras, en une vielle aumoire. Quant messire Robert vit les lettres, si en fu moult joians et li dist que jamais ne li faudroit, et l’envoia demourer à Paris.


VIII.
Comment l’enfant de Pomponne guerissoit plusseurs malades[137].

En ce meismes an, en la dyocese de Paris, en la ville de Ponponne[138], avoit i enfant de l’aage de viii ans ou environ, lequel se disoit garir les malades par sa parole simplement, dont il avint que de diverses parties les malades venoient à lui. Si avenoit aucunes foiz que les uns estoient garis et les autres non, ja soit ce que en ses fais et en ses dis, mist aucune apparance de verité. Mais quant aucun qui avoit fievre ou autre maladie venoit à lui, il li commandoit qu’il mangast viandes contraires à sa santé. Si avint que les sages qui virent sa maniere d’aler avant n’en tindrent conte, et leur sambla que ce n’estoit que vanité et erreur. Si avint après que l’evesque de Paris qui vit bien que ce n’estoit que erreur, manda le pere et la mere dudit enfant et leur commanda qu’il ne souffrissent plus qu’il feist telles chsoes ; et si deffendi ledit evesques à touz ses sougiez, sus paine d’escommeniement, que nul n’alast plus à li.

Item, en ce temps, messire Guillaume de Meleun, arcevesque de Sens, home humble et à Dieu devot, mourut[139], et en une eglise que on appelle le Jars[140] emprès Meleun fu enterré très honnorablement. Et fu après li, maistre Pierre Rogier arcevesque de Sens, qui par avant estoit evesque d’Arras.

Item, en cel an, Loys de Baviere oy dire que Federic, le duc d’Austrie, estoit mort[141]. Si se translata ledit Loys d’Ytalie en Alemaigne, et dist l’en que en yce temps il empetra par devers les nobles de la dicte Alemaigne moult grant aide à procurer les drois de l’Empire. Mais endementres que ledit Loys de Baviere fu resident en Alemaigne, ledit antipape ne se osoit pas bien monstrer manifestement, mais s’en aloit en tapinage et ses cardinaux et ledit frere Michiel qui avoit esté general des Freres Meneurs, par çà et par là en divers lieux.

En ce meismes temps du admené à Avignon i Frere Meneur qui avoit à non Veran, de Prouvence nez, pour ce que ledit frere Veran devoit avoir publiquement preschié, si comme l’en disoit, contre la personne du pape. Lequel frere fu admené devant le pape, mais il ne li fist onques reverence, ainçois li dist qu’il estoit vray herite et non pas pape ; et pour ceste verité il desiroit mourir. Lors li fu demandé quelle cause le movoit de dire telles paroles au pape ? Lequel respondi et s’adresca à la personne du pape et li dist : « Car tu destruis la povreté de l’Euvangile, laquelle Jhesu-Crist enseigna par parole et par exemple. » Pour laquelle response il fu mis en prison, et aveques li xv autres Freres Meneurs.

En ce temps, appella le roy Phelippe en la ville de Paris touz les prelas du royaume sus les excès de eulz et de leurs officiaux corrigier[142]. Adonques furent produis moult de cas devant touz contre les prelaz, de par le roy et des seigneurs temporex, lesquiex sembloient moult de près touchier la jurisdiction des prelaz. Et y ot grant doubte de plusseurs que le roy ne vousist mettre son entente à oster la jurisdiction temporelle des eglises. Mais si tost que le roy sceust que l’en parloit de ceste chose et que l’en en murmuroit, il leur fist respondre que les droiz et les libertés que ses predecesseurs avoient données aus eglises, il n’entendoit pas en riens oster ne amenuisier, ains estoit son entente de les avant acroistre. Mais il avoit fait ce conseil assambler pour cause que les excés tant des officiers du roy comme des prelaz fussent amendez et corrigez.

Item, en celle meismes année, ottroia le roy duchié de Bourbon à messire Loys conte de Clermont[143], et fu depuis appellé duc, qui par avant estoit nommé seulement le seigneur de Bourbon.

Edmont[144], oncle du roy d’Angleterre Edouart, duquel nous avons avant parlé, si afferma que Edouart le viel, son frere, vivoit encore ; c’est assavoir le pere dudit Edouart le jeune roy. Et pour ceste cause ne vouloit ledit Edmont obeir audit Edouart le jeune roy. Et aveques ce, fu ledit Edmont accusé de traïson, et pour ce, fu-il commandé, de par son neveu, le jeune roy Edouart, qu’il eust la teste copée.

Item, en celle meismes année, le conte Guillaume de Haynau[145], lequel estoit à Clermont en Auvergne, envoia embassateurs devers le pape. Mais quant le pape sceut leur venue elle ne li plut pas. Si fu rapportée par lesdiz ambassateurs audit Guillaume la volenté du pape. Si en ot moult grant despit et s’en retourna arrieres.


IX.
Comment l’antipape vint à merci au pape, lequel le reçut benignement[146].

L’an mil CCC XXX, Phelippe[147] filz du roy de Maillogres, enfant de très noble ligniée et meismement comme cousin germain du roy de France Phelippe le Bel de par sa mere, lequel estoit moult puissant en richesces mondaines, et avecques ce, avoit-il très grant quantité de benefices en sainte Eglise, et des plus nobles et des meilleurs qu’il fussent ou royaume de France ; lequel Phelippe fu par telle maniere inspiré, que pour l’amour de Jhesu-Crist il renonça à toutes ses richesces et à touz ses benefices et s’en ala en diverses contrées et en divers pays comme povre et en habit de beguin, et demandoit aumosnes pour l’amour de Dieu, et ne vivoit d’autre chose. Et si ne vouloit recevoir chose quelle que elle fust de personne vivant, et meismement ne de son frere ne de sa suer, se ce n’estoit en regart de pitié et par titre d’aumosne.

Item, en Lombardie, les gens du cardinal Poullet[148], lequel estoit legat, se combatirent contre les Guibelins ; et furent les gens dudit cardinal tuez en partie, et partie pris ; et fu la dicte bataille faite ou mois de juing l’an mil CCC XXX.

Item, environ le mi juing[149], la royne de France, suer au duc de Bourgoigne et femme du roy Phelippe, si ot i enfant, lequel ot à non Loys. Et pour ceste cause l’en disoit que ledit roy Phelippe se parti[150] et ala à saint Loys de Marseille, son oncle de par sa mere. Mais non obstant ledit voiage, l’enfant, au xve jour de sa nativité, trespassa[151] et fu enterré en l’eglise des Freres Meneurs à Paris. Mais au retour que le roy fist de Marseille, il s’en retorna par Avignon, et là visita le pape moult humblement et devotement ; lequel roy fu receu du pape honnestement, et le fist disner aveques lui[152], et furent moult familierement ensemble ; et puis prist le roy congié et s’en retourna en France.

Item, le secont dimenche d’aoust[153], l’an desus dit, les procès fais encontre Baviere et l’antipape et leurs complices, lesquieus procès avoient esté autre foiz publiez à Paris ; derechief, de l’auctorité du pape, il furent repetiez.

Item, en ce meismes moys, c’est à savoir le xxiiii jour[154], l’antipape entra en Avignon, en habit seculier pour la paour du peuple, car il ne se osoit pas bonement manifester ne soy monstrer en son habit. Mais le jour ensuivant il monta sus i letrin afin qu’il peust estre veuz de tous clerement, et estoit vestuz en habit de Frere Meneur. Lequel fu pris premierement et puis presenté au pape et aus cardinalz en consistoire ; lequel, derechief, monta sus i lettrin et prist i theume et dist : « Pere, j’ay pechié ou ciel et devant toy. » Et puis dist-il encore : « J’ay erré si comme une beste esgarée. Pere, requier ton serjant. » Et disoit moult de belles paroles de l’escripture, et se jugoit qu’il n’estoit pas digne de pardon avoir ; mais il venoit au geron de sainte Eglise très humblement, et requeroit de ses pechiez pardon. Quant il ot dit touz ce qu’il voult, il descendi du letrin ; et lors le Saint Pere si prist partie de son protheume, c’est assavoir : « Requier ton sergent ; » et prescha le pape des erreurs et vanitez où il avoit esté, et puis le pape si dit ces paroles. « L’ouaille esgarée ne doit pas aus loups estre livrée, mais diligeaument estre requise, et elle requise et retrouvée, sus ses espaules estre mise et aveques les autres ouailles estre remise. » Quant le pape ot ces paroles finies, l’antipape s’ala geter aus piez du pape i lien ou col. Lors le pape li osta le lien du col et le reçut à trois baisiers ; c’est assavoir au baisier du pié, de la main et de la bouche, dont pluseurs furent moutl esbahis. Et après ce, le pape commença : Te Deum laudamus, et rendirent grâces à Dieu le pape et les cardinaux et tout le peuple qui là estoit ; et y ot grant sollempnité de messes celebrées ; laquelle sollempnité de messes, le pape commanda par toute sainte Eglise estre faites. Adonc le pape commanda que l’antipape fust mis en une chambre emprés la maison de son chemabellenc, jusques à tant qu’il eust eu plus plainement deliberacion qu’il pourroit faire de lui[155].

Item, environ le xve jour de septembre, le roy d’Espaigne[156] et le roy d’Arragon[157] se combatirent contre les Sarrazins[158]. Mès, par la grâce de Dieu, les crestiens orent victoire et y ot plusseurs des Sarrazins pris, et si ot de mors vim de cheval et environ xm à pié.

Item, le premier jour de novembre, en tout le royaume, à une heure ; c’est à savoir à heure de tierce, touz les freres de l’ospital de Haut pas et touz leurs biens furent pris du mandement du Saint Pere, car il abusoient des pardons que l’en leur avoit donnez, et mettoient plus à leurs bulles qui n’estoit contenu es bulles que l’en leur avoit données par les papes. Et pour ce, furent-ils mis en diverses prisons souz les evesques esquelles dyoceses il habitoient.

Item, en celle meismes année, environ la feste de monseigneur saint Denis, y vint une très fort gelée, laquelle engela de telle maniere les vingnes par tout le royaume de France que elles ne porent onques venir à meurté. Et furent celle année les vins très mauvais et si en fu pou.

Item, le moys de novembre et au commencement du mois de decembre, furent aussi comme continuelment très grans vens, et les yaues des fleuves furent très grans pour l’inundacion des yaues des pluies.

Item, la veille de monseigneur saint Andri apostre, à Londres en Angleterre, monseigneur Rogier de Mortemer[159], chevalier, duquel et pour lequel Ysabel royne d’Angleterre avoit esté moult grandement diffamée de plusseurs ; et la cause fu car elle monstroit audit chevalier, messire Rogier, devant touz trop grant familiarité. Et aveques ce, ledit chevalier fu convaincu de conspiracion par lui faite contre le royaume d’Angleterre et contre le roy, et du consentement la royne d’Angleterre, si comme plusseurs le disoient. Lequel chevalier, pour les causes dessus dites, fu detrait à queues de chevaux, et confessa qu’il avoit procuré la mort de Edouart ; c’est à savoir du pere dudit Edouart jeune roy d’Angleterre, et pour ce, fu-il pendu. Et le filz dudit chevalier, messire Rogier, demoura en prison jusques atant que le roy et les barons eussent plus plainement ordené qu’il feroient dudit filz. Et la royne, du mandement de son filz le jeune roy d’Angleterre et des barons fu mise souz certaine garde en i chastel[160].

Item, le iiii jour de jenvier l’an dessus dit[161], le pape oy dire que Loys de Baviere avoit faite une grant convocacion en Alemaigne d’aucuns nobles barons ; et encore avoit-il propos de en faire une autre après la Chandeleur ensuivant. Pour ce, l’ammonnesta le pape de non faire la dicte convocacion et touz autres de non estre ; et se il faisoient le contraire, il encourroient la sentence d’escommeniement de par le pape donnée.

Item, environ ce temps mourut l’arcevesque de Rouen[162], auquel succeda Pierre Rogier[163] arcevesque de Sens.

En ce temps envoia le pape Jehan la dignité de l’eveschié de Noion adonques vacant[164] à messire Guillaume de Sainte Maure, de la dyocese de Tours, chancelier du roy, lequel ne la voult accepter. Et adonques la donna-il au frere messire Guillaume Bertran[165] nez de Normendie.

Item, en ce temps, comme les Anglois fussent assamblés ou chastel de Xaintes en Poitou, et sambloit qu’il s’appareillassent à bataillier ; et par semblant apparut entre le roy de France et le roy d’Angleterre matiere notable de dissencion et de bataille, lors le roy de France envoia son frere Charles conte d’Alençon aveques très grant ost, lequel quant il vint par delà, près du chastiau devant nommé très fort, ouquel les Anglois avoient leur deffense et leur seurté, ledit messire Charles le destruit et l’arrasa tout par terre, jasoit que aucuns dient qu’il n’avoit pas commandement du roy de abatre ledit chastel. Et assez tost après, ledit roy d’Angleterre entra en France[166] et fu pais accordée entre les ii roys, et furent amis ensemble.

Item, depuis environ le commencement de decembre qu’il avoit faite si grant inundacion de pluies jusques au commencement de mars, si avint que depuis ledit moys de mars jusques à grant piece de temps après, il fist si grant secheresce que l’en ne pooit labourer les terres, et en demoura grant quantité sanz estre labourées.

Item, en ce meismes an, le roy de Boesme entra en Ytalie[167]. Et quant les Ytaliens Guibelins le virent et il sceurent qu’il estoit filz de Henri l’empereour derrenierement mort, il le reçurent a très grant joie et a très grant honneur, et se commencierent à soustraire du devant dit Baviere et de sa seignourie, et se sousmistrent lesdiz Ytaliens de touz poins aveques plusseurs de leurs citez audit roy de Boesme. Et depuis lors commença moult la fortune dudit Baviere à decroistre, et ne parloit-on mais pou ou noient de lui.

Item, en ce temps, moult de nobles princes, barons et autres chevaliers s’appareilloient pour aler en Garnate[168], en l’aide des crestiens. Et toute voies, ja soit ce qu’il fussent meuz de grant devocion et de l’amour de la foy, furent-il defraudez, car le roy d’Espaigne avoit donné trives aus Sarrazins, dont plusseurs disoient que ledit roy d’Espaigne avoit esté corrompu par argent, et pour ce avoit-il donné lesdittes trives aus Sarrazins.


X
Comment sentence fu donnée contre messire Robert d’Artois, de la conté d’Artois, et comment la damoiselle de Divion fu arse, et comment ledit Robert fu appellé à droit pour soy espurgier des crimes devant diz[169].

L’an mil CCC XXXI, fu sentence donnée en parlement à Paris pour le duc de Bourgoigne, pour la conté d’Artois contre messire Robert d’Artois conte de Biaumont en Normandie. Car la contesse d’Artois devant ditte, qui estoit moult sage, fist tant que elle ot le clerc qui avoit escript les lettres[170] et le mena par devers le roy, et cognut que la damoiselle de Dyvion li avoit fait escrire unes lettres environ avoit i an ; puis li furent monstrées et recognut que il les avoit escrites de sa main. Puis manda le roy messire Robert d’Artois et li dist que il estoit enformé que la lettre n’estoit pas vraie, et qu’il se deportast de la demande qu’il faisoit de la conté d’Artois. Et il respondi que se aucuns vouloit dire que elle ne fust bonne, il s’en vouldroit combatre, et que ja ne se deporteroit de la demande. Pourquoy le roy se courrouça si à lui que à la journée il fist porter les lettres en presence du parlement et les fist descirer, et fist prendre la damoiselle de Dyvion[171] et mettre en prison en Chastellet à Paris. Et fu messire Robert d’Artois debouté de la conté d’Artois comme devant est dit. Dont il dist si grosses paroles du roy et de la royne, que le roy le fist appeller à ses drois ; mais il ne daigna onques aler ne li excuser. Lors fist le roy metre laditte damoiselle de Dyvion, laquelle estoit en Chastellet, en gehine ; laquelle confessa tout le fait tel comme devant est escript, et si dist plusseurs autres choses. Assez tost après fu pris i autre qui estoit confesseur dudit messire Robert d’Artois[172] ; et en après envoia le roy certains messages pour querir l’abbé de Verseilles[173], lequel estoit souppeçonné de celle mauvaistié et de plusseurs autres mauvaistiez. Mais quant il sot que l’en le fesoit querir il se departi et s’enfui, et ainsi se sauva. Quant Robert d’Artois vit comment les choses aloient, si se departi moult confusement.

Item, les Bourgoignons d’outre Sonne, c’est à savoir de la conté de Bourgoigne, se rebellerent contre le duc de Bourgoigne et ne li vouldrent faire homage, non obstant que ladicte conté li fust deue à cause de sa femme. Si avint que d’une part et d’autre l’en se ordena à bataille, et y ot moult grant convocacion de nobles hommes et puissans. Si avint, quant le roy sot ceste chose, il la fist metre à rayson tant d’une part comme d’autre[174], et vindrent les nobles et les autres amiablement, et firent hommage audit duc, et le menerent li et sa femme par les citez et chastiaux, et leur tindrent compaignie comme à leur seigneur.

Item, assez tost après, le conte de Foiz[175] prist sa mere[176], laquelle estoit suer de Robert d’Artois, et la fist metre en i sien chastiau en prison pour la cause que elle vivoit trop jolivement de son corps à sa grant confusion et vilanie de son linage.

Item, ou moys de septembre, il fu si grans inundacions de pluies en Ytalie, en Arragon et en Prouvence, que par leur force il abatirent moult de villes et de chastiaux. Et toutes voies en France il n’avint riens de ces inundacions ; mais l’yver ensuivant fu moult pluieux en France.

Item, environ le mi moys de septembre l’an mil CCC XXXI, la damoiselle dessus dicte qui avoit plaquié le seel es lettres de messire Robert d’Artois en faisant fausseté, fu arse en la place aus pourciaux à Paris[177], et recognut moult d’autres mauvaistiez. Quant messire Robert d’Artois vit par quelle maniere les choses aloient, si se doubta et fu moult corroucié de ce que le roy procedoit par celle maniere contre lui. Si dust dire ces paroles : « Par moy a esté roy, et par moy en sera demis, se je puis. » Et lors fist mener touz ses destriers qu’il avoit biaux et nobles, et son tresor qu’il avoit moult grant, à Bordiaux sus Gironde, et là fist tout metre en mer et mener en Angleterre[178], et depuis se retray ledit messire Robert vers son cousin le duc de Breban[179] qui le reçut en son pays et le tint une piece de temps aveques li. Tantost que le roy ot oy ces novelles, il fist mettre en sa main la terre dudit messire Robert, et li manda par certaines messages qu’il comparut devant li et devant les pers personnelment à certain jour pour soy deffendre des crismes qui li estoient mis sus.

Or vous dirai comment il se parti de la compaignie au duc de Brebant[180]. Il avint que le conte de Haynaut[181] qui avoit ses filles mariées, l’une au roy d’Alemaigne[182], l’autre au roy d’Angleterre[183], l’autre au conte de Juilliers[184] ; et la quarte[185] qui estoit la plus jeune, estoit creantée à l’ainsné filz du duc de Brebant. Quant le roy de France vit que le conte de Haynau estoit si fort de touz costez, que il avoit Alemaigne toute à sa partie et que le roy d’Angleterre se vouloit mouvoir contre la coronne de France ; trop seroit fort par ses aliances, car ledit roy d’Angleterre avoit espousée la fille dudit conte de Hainaut. Et pour ce, manda le roy de Behaigne, le conte de Guerle[186], le duc de Brebant, l’evesque du Liege[187] et messire Jehan de Hainau, que touz fussent à lui à Compiegne[188]. Ileques s’alia aveques eulz, et pristrent grant foison de gens d’armes, et puis se departirent touz, fors le duc de Breban, auquel l’en monstra que trop seroit son filz bas marié à la fille le conte de Haynau, et trop plus grant honneur seroit que il preist la fille au roy de France. Tantost le duc s’i acorda, et fu depecié le mariage de la fille au conte de Haynaut et du filz au duc de Brebant. Et assez tost après fu ordenée une moult grant feste à Paris, à laquelle le duc de Breban envoia son filz, et espousa la fille du roy[189]. Et fu yleques le duc de Normandie, filz du roy de France, fait chevalier. Pour quoy le conte de Haynau fu si corroucié, que onques puis il ne fina de contrarier à la coronne de France. Et fist tant le roy de France au duc de Breban, qu’il li enconvenança qu’il feroit vuidier messire Robert d’Artois hors de sa terre et de son pays. Adonques ala messire Robert d’Artois ou chastiau de Namur, et adonc prist le comte de Guerle la suer au roy d’Angleterre[190].

Item, le premier dimenche de l’Advent[191], le pape dut preeschier publiquement en Avignon que les ames de ceulz qui trespassent en grâce ne voient pas la divine essence, ne ne sont parfaitement beneurées jusques à la resurrection des corps ; dont plusseurs qui oïrent ces paroles et celle opinion furent moult escandaliziez. Toutes voies l’en doit croire que le pape disoit ces paroles selon son opinion, et non mie fermement, car ce seroit heresie ; et quiconques vouldroit telle chose affermer, l’en le devroit jugier pour mescreant et pour herite.

[192]Item, en ce meismes temps, le confesseur de messire Robert d’Artois qui estoit prisonier, fu appellé en la présence d’aucuns du conseil du roy, et li fu demandé quelle chose et quoy il pooit savoir des fausses lettres devant dictes, lequel respondoit et disoit qu’il n’en savoit riens, fors en confession, ne il ne le pooit bonnement révéler sanz péril de conscience. Mais à l’enortement de maistre Pierre de la Palu patriarche de Jherusalem, aveques autres maistres en théologie, et aucuns secrétaires du roy, lesquiex se consentoient et disoient qu’il le pooit bien révéler, selon ce que l’en dit, mais c’est doubte grant, et le révéla. Lequel confesseur fu arrière mis en prison ; mais qu’il devint en la fin ? le comun ne le scet.

Item, en ce meismes an, le xve jour de décembre, il fu éclipse de lune très grant i pou après mienuit, et dura par trois heures et plus. Mais pour ce que elle fu à celle heure, plusseurs ne la virent pas.

Item, en ce meismes an, l’an mil CCC XXXI, ou moys de février, le roy tenant le siège de juge au Louvre, et aveques li plusseurs barons et prelas, messire Robert d’Artois devant dit, lequel avoit esté la tierce foiz appellé à certain jour à respondre aus articles que l’en avoit proposées contre li ; lequel ne s’i comparut point si comme il devoit, mais envoia i abbé de l’ordre de saint Benoit et aveques lui plusseurs chevaliers, lesquiex n’avoient point de procuracion, mais estoient venuz pour prier au roy et aus barons du royaume que l’en li vousist ottroier jusques à la quarte dilacion, en promettant que à ycelle il vendroit personnelment, et de tout ce que l’en li avoit mis sus, il se purgeroit bonnement. Et après ce qu’il orent ainsi fait leur message, le roy de Boesme et Jehan l’ainsné filz du roy de France et duc de Normandie, aveques moult d’autres barons, s’agenoillierent devant le roy et li demanderent qu’il li pleust à ottroier audit messire Robert jusques à la quarte dilacion[193] et que ses biens ne fussent pas confisquiez durant le dit terme. Laquelle requeste le roy ottroia de grâce especial jusques au moys de may. Et lors vint une damoiselle, laquelle dit en la presence du roy, que la femme messire Robert d’Artois, laquelle estoit suer du roy de France, estoit plus coupable que son mari.

Item, en ce meismes an, frere Pierre de la Palu patriarche de Jherusalem, si retourna au soudan[194] auquel il avoit esté envoié, et commença à conter l’obstinacion du soudant contre les crestiens, et esmut par tel manière le cuer et la volenté du roy et des barons, qu’il furent touz d’un acort d’aler oultre mer pour recouvrer la Sainte Terre. Quant le pape sot ces choses, à la requeste du roy il manda et commist au patriarche et à touz prelaz, que en leurs lieux il prechassent la croiz et feissent preschier, et qu’il amonnestassent ceulz qui estoient croisiez qu’il s’appareillassent le plus tost qu’il pourroient bonnement pour passer[195].

Item, en ce meismes an, le roy Phelippe mist sa monnoie qui avoit esté moult muable en meilleur estat[196], et ordena que le petit flourin ne vauldroit que x sols parisis et les autres monnoies d’or selon leur pris ; le gros tournois d’argent ix deniers parisis, et le petit denier qui valoit ii deniers, ne valust que i denier. Et ainsi marcheandise de toutes choses qui estoit moult chiere revint à rayson.


XI.
Comment messire Robert d’Artois fu bani ; et du mariage Jehan ainsné filz du roy de France duc de Normendie[197].

L’an de grâce mil CCC XXXII, Robert d’Artois fu bani du royaume de France par les barons, et furent touz ses biens confisqués au roy. Mais encore d’abondant, et aus prieres d’aucuns grans seigneurs, voult le roy que les sollempnés bannies fuissent differées jusques au moys d’après Pasques. Et ainsi, se il venoit dedenz le terme et qu’il se meist en la volenté du roy, du tout le roy li feroit telle grâce qui li sembleroit à estre convenable ; et s’il ne venoit, le banissement seroit executé tout entierement. Quant le roy vit que le terme qu’il avoit donné gracieusement au devant dit Robert d’Artois fu passé, et il n’ot envoié ne contremandé, si comme l’en l’avoit promis au roy en la presence des barons, si commanda qu’il fust bani à trompes par touz les principaux quarrefours de Paris. Et aveques ce, avoit certaines personnes qui crioient en audience toutes les causes pour lesquelles ledit messire Robert estoit bani. Et fu fait ledit banissement le xix jour de may l’an dessus dit[198].

Item, en ce meismes temps, le roy Phelippe fist les noces à Meleun[199] de Jehan son ainsné filz, nouvel duc de Normendie, et de madame Bonne fille de Jehan roy de Boesme[200], lequel roy avoit esté filz de l’empereour Henri. Et depuis fist le roy son dist filz chevalier en la ville de Paris[201], en la feste de saint Michiel l’archange[202], presens le roy de Boesme, le roy de Navarre[203], le duc de Bourgoigne[204], le duc de Bretaigne[205], le duc de Lorraine[206], le duc de Breban[207], aveques moult d’autres barons, et tant que l’en ne savoit pas bien le nombre. Ce meismes jour, touz presens et en celle meisme feste fu fait le mariage de l’ainsné filz au duc de Brebant[208] à madame Marie fille du roy de France, et l’espousa celle meismes journée.

Item, le vendredi après la dicte feste de saint Michiel[209], en la presence des princes devant nommez et aucuns prelaz, aveques moult d’autres nobles en la chapelle du roy à Paris assamblez, le roy fist proposer en appert qu’il entendoit à passer la mer pour porter aide à la Sainte Terre conquerre[210]. Et estoit son entente de laissier Jehan, son ainsné filz, garde du royaume, lequel avoit environ xiiii ans. Et lors pria à touz ceulz qui là estoient, et especiaument as nobles et aus prelaz, qu’il jurassent aus saintes reliques qui estoient en la chapelle du palais là où il estoient assamblez, qu’il porteroient obedience à son dit filz, aussi comme à leur seigneur et hoir ; et s’il avenoit que ledit roy trespassast ou voiage, il le coronneroient au plus tost qu’il pourroient en roy de France.

L’an de grâce mil CCC XXXIII, après la feste de saint Michiel, fist le roy à Paris, ou Pré aus Clers, au peuple, par l’arcevesque de Rouen[211], sermon pour prendre la crois, et la prist ledit roy le premier et grant quantité de nobles et d’autres aveques lui. Et fu ordené que la croiz fust preschiée par tout son royaume, et que touz ceulz qui avoient prise la croiz fussent tous prèz, du moys d’aoust passé en trois ans pour passer.[212]Et puis envoia par les bonnes villes de son royaume amonnester de prendre la croiz ; mais pou se croisierent au regart que l’en cuidoit, car il doubtoient ce dont autrefoiz avoient esté eschaudez, c’est à savoir que les sermons qui estoient faiz ou nom de la croiz ne fussent faiz pour avoir argent. Et envoia le roy de France en Angleterre le conte Raoul d’Eu[213] qui estoit connestable de France, et l’evesque de Biauvez[214]. Quant il vindrent en Angleterre, si vindrent devant le roy, et li requistrent de par le roy de France, qu’il vousit emprendre à faire le saint voiage aveques lui, et il lui prometoit de faire loyal compaignie[215]. Quant le roy d’Angleterre oy ceste chose, si respondi que moult sambloit grant merveille de faire le saint voiage s’il ne li tenoit les convenances qui furent acordées à Amiens, en quoy il estoit deffaillant par devers lui. « Si diroiz à vostre seigneur, que quant il m’ara fait mes convenances, je seray plus prest d’aler ou saint voiage qu’il ne sera. » Tantost pristrent congié et vindrent en France, et distrent au roy leur response.

Item, en ce meismes an, l’endemain de l’Ascension Nostre Seigneur[216], il fu une grant eclipse de souleil après midi, et dura par l’espace de deus heures.

Item, en ce meismes temps, comme la predicacion que le pape Jehan avoit faite à Avignon de la vision benoite, comme dessus est divisié, fust aussi comme mise au noient par samblant ; et la tenoient aucuns, par la faveur du pape, estre vraie, et plusseurs par paour ; si avint que i Frere Prescheur[217] prescha contre l’oppinion du pape, en tenant vérité. Mais quant le pape le sceut, il fist mettre ledit frère en prison[218]. Adonques furent envoiez de par le pape à Paris, ii freres, l’un Meneur[219] et l’autre Prescheur[220]. Si vint le Mineur en plaines escoles, et commença à preschier determinéement que les âmes beneurées, devant ne après le jour du jugement ne voient pas Dieu face à face ; dont très grant murmure sourdi entre les escoliers qui là estoient. Lors, tous les maistres en theologie qui estoient à Paris, jugierent celle opinion estre fausse et plaine de heresie. Quant le Frere Prescheur ot oy que pour la cause que ledit Frere Mineur avoit determinéement preschié de la benoite vision, grant esclandre estoit meu entre les escoliers de Paris, tantost il s’ordena pour aler à Avignon parler au pape. Mais avant qu’il partist, il dist en plain sermon, en excusant le pape, que il n’avoit pas dit tout pour verité, mais selonc son cuidier. Si vindrent ces nouvelles aus oreilles du roy, et ledit Frere Mineur qui avoit preschié comme devant est dit, sceut que le roy estoit mal content de lui. Lors ledit frere ala par devers le roy, et desiroit moult de soy excuser ; mais le roy voult qu’il parlast devant les clers. Adonques manda le roy que l’en li feist venir x maistres en theologie, entre lesquielz il y ot iiii Mineurs, et lors leur demanda le roy, en la présence dudit Frere Meneur, qu’il leur sambloit de sa doctrine laquelle il avoit semée de nouvel à Paris ? Lesquiex maistres respondirent touz ensemble que elle estoit fausse et mauvaise, et toute plaine de heresie ; mais pour chose que l’en dist ou monstrast au dit Frere Mineur, il ne voult onques muer de son propos ne de son opinion. Mais assez tost après, fist le roy assambler au Bois de Vincennes[221] touz les maistres en theologie, tous prelas et touz abbés qui porent estre à Paris trouvez ; et lors fu appellé le devant dit Frere Mineur, et li fist le roy ii demandes en françois. La premiere demande fu à savoir mon se les âmes des sains voient presentement la face de Dieu. Et l’autre demande fu à savoir mon se celle vision qu’il voient maintenant faudra au jour du jugement. Lors fu respondu par les maistres et affermerent la premiere estre vraie, et quant à la seconde doublement, car elle demourra perpetuelment et si sera plus parfaite. Adonques le devant dit Frere Mineur, aussi come par contrainte s’i consenti. Après ce, le roy requist que de ces choses l’en feist lettres. Lors furent faites trois paires de lettres contenans une meismes forme, et furent sceellées chascune par soy de xxix seelz des maistres qui adonques estoient presens[222]. Desquelles l’une fu envoiée de par le roy au pape, et li mandoit qu’il aprouvoit plus la sentence des theologiens de la benoite vision et à bonne cause, qu’il ne faisoit celle des juristes et qu’il corrigast ceulz qui soustenoient le contraire, et ainsi il feroit ce qu’il devroit.

Item, depuis avint que Robert de Bruz qui avoit esté roy d’Escoce, très excellent chevalier, si comme nous avons dit par avant, lequel estoit n’avoit gueres trespassé[223], et estoit son jeune filz David[224] succédé ou royaume d’Escoce. Si avint Edouart de Bailleul[225] qui voult oster le royaume au jeune David, venir au roy d’Angleterre tant comme au souverain, si comme il disoit, et meismement en ce cas, en disant que à lui appartenoit le royaume d’Escoce et non mie à David, enfant de xii ans, car il estoit du roy Alixandre[226] d’Escoce, et David estoit de Robert de Bruz roy d’Escoce derrenier trespassé ; pourquoi il requeroit au roy d’Angleterre qu’il le vousist recevoir à son hommage, lequel le reçut en enfreignant les aliances et convenances qu’il avoit faites aveques Robert de Bruz, tant comme il vivoit. Et assez tost après il s’arma contre les Escoz, afin de metre ledit Edouart de Bailleul en saisine du royaume d’Escoce[227]. Adonques les Escos, qui moult convoitoient à eulz deffendre contre les Anglois, issirent à bataille contre eulz, mès finablement les Escoz furent desconfiz[228] ; les uns furent pris et les autres furent mors. Et si fu prise la cité de Bervit par trayson, si comme plusseurs le raconterent après. Quant le roy de France Phelippe sceut que le roy d’Angleterre aloit sus les Escos, si fist tantost chargier x nefs de gens d’armes et de vivres bien garnies pour envoier en l’ayde des Escos[229]. Mais le vent leur vint si au contraire qu’il ne porent onques arriver à port convenable, ains les arriva le vent au port de l’Escluse en Flandres. Ileques furent les choses honteusement et confusement vendues et despensées, et ne vindrent aussi comme à nul profit.

Item, en ce meismes an fu si très grant plenté de vin, que l’en avoit i sextier de bon vin, cler et sain et ver, pour v ou pour vi deniers.

Item, en ce meismes temps, le dauphin de Vienne qui avoit assegié i chastel[230], lequel estoit au conte de Savoie, et avoit laissié son ost pour aler explorer yce chastel ; lequel dauphin fu aperceu et fu feru d’un arbalestier par telle maniere qu’il ne vesqui puis le cop que par l’espace de demi jour[231], et laissa à son frere[232] la Dauphiné, car il n’avoit point de hoir masle de son propre corps.

Incidences. — L’an mil CCC XXXIIII, ceulz de Bouloingne se rebellerent contre i legat envoié de par le pape[233] pour sousmettre les Guibelins, et firent tant qu’il chacierent ledit legat, et s’enfui hors du pays, et tuerent plusseurs de ses gens. Et avoit fait faire ledit legat i fort chastel dehors les murs, lequel il trebuchierent et abatirent jusques à terre.

Item, en ce meismes temps, mut une grant matiere de guerre entre le duc de Brebant et le conte de Flandres[234], pour aucunes redevances, lesquelles l’evesque du Liege se disoit avoir en la ville de Maalines en Brebant, lesquelles redevances ledit conte de Flandres avoit frauduleusement achetées dudit evesque, afin qu’il peust avoir dissencion entre eulz, selonc ce que plusseurs le disoient et affermoient. Si avint que les ii parties commencierent à faire moult grans semonses l’un contre l’autre. C’est à savoir le roy de Boème, l’evesque du Liege, le conte de Haynau et Jehan de Haynau frere dudit conte, le conte de Guerles et plusseurs grans personnes d’Alemaigne, touz lesquiex estoient de la partie au conte de Flandres ; et pour l’autre partie estoient le roy de Navarre, le conte d’Alençon frere du roi de France, le conte de Bar, le conte d’Estampes, lesquiex estoient pour le duc de Brebant. Et le roy de France estoit mediateur tant d’une partie comme d’autre ; lequel, par la grâce de Dieu et par la grant diligence qu’il y mist et par le conseil des preudeshommes, il les mist à acort[235].

Item, en cel an avoit envoié le roy de France par devers le roy d’Angleterre, en message, messire Raymon Saquet[236] evesque de Therouene et messire Ferri de Piquegni[237] ; mais onques ne porent besoignier au roy d’Angleterre, ains s’en partirent sanz riens faire.

Item, en cel an meismes, avoit i baron en Escoce que on appelloit Marcueil le Flamenc, qui gardoit i chastel en Escoce lequel estoit le plus fort de toute la terre, et gardoit ilec le jeune roy David et madame sa femme. Quant il vit que la terre d’Escoce estoit destruite pour la greigneur partie par les barons qui mors estoient, si fist appareillier une belle nef et la fist garnir de tout ce que mestier fu, et puis y entra le jeune roy et la royne, et aveques eulz aucuns nobles hommes d’Escoce qui leur tenoient compaignie ; entre lesquiex il y ot i escuier de noble afaire, lequel avoit à nom Aufroy de Kyrepatric[238], lequel depuis se rendi à Saint Denis en France aveques touz ses biens, et gist ou parlouer de ladicte église, dessouz le tresor, bien et honnestement. Et quant la nef fu toute preste, si regardèrent que le vent leur estoit propice ; si commencierent à nagier, et tant nagierent qu’il arriverent en Normendie, et puis alerent au roy de France Phelippe qui moult debonnairement les reçut, et puis leur fist delivrer Chastiau-Gaillart, et ylec demourerent, et leur fist livrer le roi quanque mestier leur fu de bon cuer.

Item, en ce meismes an, le roy de France Phelippe ordena une maison de religion, laquelle est appellée le Moncel emprès le Pont Sainte Messance[239]. Et estoit escheue ladicte maison au roy par forfaiture, en laquelle il ordena femmes à Dieu servir perpetuelment selon la rieule saint François.

Item, en ce temps, la femme messire Robert d’Artois, suer du roy de France, fu souppeçonnée et ses filz aussi, d’aucuns voulz qui avoient esté faiz, si comme l’en disoit. Et pour ceste cause, elle fu mise en prison ou chastel de Chynon en Poitou, et ses enfanz furent menez à Ennemours en Gastinois et là furent en prison[240].

Item, en cel an il fu grant habondance de vins ; mès il ne furent pas si fors ne si meurs comme il avoient esté en l’an devant.


XII.
Comment les messages au roy d’Angleterre vindrent à Paris au roy de France, pour traitier d’aucun acort de paiz ; mais il ne firent riens.

[241]En ce meismes temps ou environ, le roy d’Angleterre ot conseil avesques ses barons et par l’ennortement du conte de Haynau et de messire Robert d’Artois, qu’il envoieroit devers le roy de France pour savoir s’il vouldroit entendre à aucun acort. Si envoia l’evesque de Cantorbiere[242], monseigneur Phelippe de Montagu et messire Geffroi Scorp. Quant il vindrent à Paris si trouverent la cour moult estrange ; mais en la fin, leur fu livré le conte d’Eu, maistre Pierre Rogier arcevesque de Rouen, et le mareschal de Trie pour traitier à eulz. Tant fu la chose demenée qu’il vindrent devers le roy, et fu yleques la pais confermée entre les ii roys et fianciée des ii parties. Quant la chose fu faite, les Anglois vindrent hors de la chambre du roy et furent convoiez de touz les maistres conseilliers du royaume, et crioit-on la pais par toute la ville. Mais il ne demoura mie longuement que la chose ala autrement, car il ne furent mie en leurs hostieux que le roy les remanda et leur dist que s’entencion estoit que le roy David d’Escoce et touz les Escos fussent compris en ycelle pais. Quant les Anglois l’entendirent, moult furent esbahiz et distrent que onques des Escos n’avoit esté mencion faite, et que en nulle maniere ceste chose n’oseroient-il faire ne acorder. Quant il virent que autrement ne pooit estre, si se departirent et s’en alerent en Angleterre, et conterent au roy et à son conseil comment la chose estoit alée, dont jura le roy d’Angleterre que jamais ne fineroit jusques atant que Escoce fust mis au dessouz. Devant ce que ceste chose avenist, il estoit mort i haut baron d’Escoce que on appelloit le conte de Morrienne[243], et ne pensoient les Escos à avoir nulle guerre au roy d’Angleterre pour les aliances qui estoient faites. Si eslurent les Escos, de commun assentement, messire Jehan de Douglas[244] pour porter le cuer de monseigneur Robert de Bruz, roy d’Escoce, oultre mer, et baillierent grant partie du tresor ; et fist son appareil, et arriva à l’Escluse, et d’ilec se tray vers la court de Romme, et là oy nouvelles que le roy Alphons d’Espaigne estoit en guerre contre le roy de Marroc, et vous diray la cause.

Le roy d’Espaigne[245], qui jeunes estoit, avoit pris à femme la fille à un haut baron d’Espaigne que on appelloit dan Jehan Manuel ; mais il ne li tint foy ne loyauté, car il tenoit une damoiselle en privé, qui estoit fille[246] à i chevalier que on appelloit dan Jehan Pierre Gosman. Et si tenoit une juisse qui moult estoit belle, et avoit sa femme la royne du tout deboutée. De quoy le père de la royne avoit si grant duel, qu’il donna congié aus Sarrazins de passer parmi sa terre. Quant messire Jehan de Douglas qui estoit parti d’Escoce vint en Espaigne, si trouva la guerre toute ouverte entre le roy et les Sarrazins, et là fu moult noblement receu du roy, et fu mis jour de bataille. Et au jour nommé alerent les batailles l’une contre l’autre ; et commença la bataille moult crueuse, et se prouva le roy d’Espaigne de si grant vertu qu’il eust en ce jour coppé i des dois de la main. Et messire Jehan de Douglas fu feru d’une archegaie parmi le corps ; et quant il se senti navré à mort, si n’ot cure de plus vivre, et se feri en la presse des Sarrazins et ylec fu tué comme bon chevalier et bon crestien. Puis fist pais le roy d’Espaigne à dan Jehan Manuel qu’il reprist sa fille par l’acort du pape ; et puis prist à femme le roy d’Espaigne la fille au roy de Portigal[247], et fu departi de sa première femme.

[248]Item, depuis que le roy d’Angleterre et Edouart de Bailleul orent eu victoire des Escoz, et ledit roy d’Angleterre se fu parti d’Escoce et institué le devant dit Edouart en roy d’Escoce et plusseurs autres personnes à garder les forteresces qu’il avoit conquises en Escoce, comme devant est dit ; ceulz d’Escoce qui demourez estoient, firent leurs aliances tout priveement et pristrent en eulz force et vertu, et s’en alerent combatre le devant dit Edouart et les Anglois que le roy d’Angleterre avoit laissiez[249] pour garder les forteresces, comme devant est dit, et se combatirent viguereusement et par telle maniere qu’il bouterent hors du roiaume d’Escoce ledit Edouart de Bailleul et recouvrerent tout ce que le roy d’Angleterre leur avoit tollu, excepté Beroyc.

[250]Item, en ce meismes an, le iiii jour de decembre, le pape Jehan trespassa[251], le xix an de sa papalité ; et l’erreur de la benoite vision que longuement avoit tenue, il rapella au lit de la mort, si comme l’en dit. Et après li, fu esleu i cardinal qui avoit à non, par son titre, Jaques, prestre cardinal de Sainte Prisce, et estoit de l’ordre de Cistiaux ; et fu faite la dicte election le xix jour de decembre[252] et fu consacré le viii jour de jenvier, et fu appellé Benedic le xii, et le cce et i pape.

Item, en ce meismes temps, le roy Phelippe se mist à chemin pour aler visiter le pape nouvel[253] ; mais ainsi comme il fu ou milieu du chemin, une grant maladie le prist, si s’en retourna par le conseil des phisiciens. Mais il y envoia sollempnelz messages sus certaines petitions et requestes touchans le passage de la Terre Sainte ; sus lesquelles requestes le pape se ot très gracieusement, et réserva aucunes choses pour en avoir deliberacion aveques son conseil[254].

Item, en la veille de la feste saint Nicholas d’yver, furent oys en la ville de Paris aussi grans tonnerres et foudres comme l’en pourroit oyr environ la Magdalene et à la saint Marc l’euvangeliste. Et le xix jour de jenvier, tonnerres par semblable maniere furent, ja soit ce que l’yver fust froit.

Item, en ce meismes temps, Jehan le duc de Bretaigne, considerans le bien du royaume et le peril qui à celui royaume pourroit venir se la duchié de Bretaigne escheoit en main de femme, si voult ledit Jehan laissier ledit duchié au roy de France après son decès ; en telle maniere et par telle condicion que se aucun s’apparoit qui fust vray hoir, le roy li asserroit certaine terre et souffisant. Et encore fu-il ordené à greigneur confirmacion, que se certain hoir s’apparoit qui fust droit hoir, le roy li donroit la duchié d’Orliens. Mais il y ot aucuns de Bretaigne qui contredirent à ces choses, et ainsi demoura la chose imparfaite. Et depuis fu journée assignée à traitier de ceste besoigne aus octaves de la Magdalene, et après au dimenche ensuivant. Et en ycelui dimenche, se porta la chose par telle maniere que tout fu delaissié et finablement mis au noient[255].


XIII.
Comment messire Jehan duc de Normendie fu si malade que touz les medecins se desesperoient de sa santé[256].

En l’an de grâce mil CCC XXXV, messire Jehan de Sepoy[257] qui avoit esté envoié en la terre de Turquie pour tempter les pors et les passages pour le passage de la Terre Sainte, et l’evesque de Biauvez[258] qui par avant avoit esté en pelerinage encontre les Turs, s’en retourna en France.

Item, en ce meismes an, environ mi juign, il vint une très grant maladie à messire Jehan duc de Normendie, ainsné filz du roy de France. Et crut la dicte maladie par telle maniere que touz les médecins se desesperoient de li[259]. Adonques le roy et la royne si mistrent leur esperance en Nostre Seigneur, et firent faire prieres tant par les religieux comme par autres gens de l’Eglise, et furent faites processions par diverses eglises, et meismement entre les autres qui en l’eglise de monseigneur saint Denis furent faites, tout le couvent ala par trois jours nuz piez à procession. Et après les trois devant diz jours, furent portées à Taverni, où ledit monseigneur Jehan estoit gisant malade, les saintes reliques du clou et de la coronne, et le doit de monseigneur saint Loys ; lesquelles furent emprès lui jusques environ xii jours[260]. Et dist l’en que le roy dut dire ces paroles comme bon et vray crestien : « J’ay si grant fiance en la misericorde de Dieu et es merites des sains et prieres du peuple, que s’il mouroit si seroit-il resuscité par les prieres qui en sont à Dieu faites ; et pour ce, s’il muert, si ne l’ensevelissiez pas trop tost, car j’ay grant fiance en la misericorde de Dieu. » Mais assez tost après, par les merites des sains et par les prieres du peuple, il fu assez tost en bonne convalescence et fu gueri. Si avint que le roy Phelippe et son dit filz, messire Jehan, se partirent de Taverni le vii jour de juillet[261] et vindrent tout à pié jusques à l’eglise de monseigneur saint Denis, et là rendirent grâces à monseigneur saint Denis leur patron, et veillierent ii nuiz en ladicte eglise, et aveques eulz aucuns des religieux de laienz. Lesquiex religieux, à la requeste du roy, firent de nuit le service de monseigneur saint Denis, et l’endemain, l’abbé de ladicte eglise, chanta la messe devant les martirs, en la presence du roy et de son dit filz, et puis alerent disner ; et après disner, il se partirent et alerent en moult d’autres sainz lieux où leur devocion estoit.

Item, environ la Magdalene, le roy d’Angleterre acompaignié de gens à cheval et de gens à pié, le conte de Namur[262] cousin de sa femme, le conte de Guerles qui sa suer avoit espousée[263], aveques autres nobles d’Alemaigne, touz lesquiex tenoient compaignie audit roy d’Angleterre ; lesquiex se mistrent en la mer d’Escoce aveques ledit roy, lequel entra en Escoce[264] sanz aucun empeschement, et puis vint en la ville de Saint Jehan et ycelle garni. Et ylec laissa son frere Jehan d’Eltan conte de Cornubie[265] et Edouart de Bailleul devant nommé, et s’en vint ledit roy à Saint Andrieu, et là reçut les hommages d’aucuns d’Escoce, mais ce ne fu pas des greigneurs. Et adonques conferma-il ledit Edouart en roy d’Escoce, et ordena que li et ses successeurs facent hommage aus roys d’Angleterre, en eulz portant aide contre touz. Et à supploier l’ost d’Angleterre, les roys d’Escoce seront tenuz chascun an de delivrer aus roys d’Angleterre ccc hommes d’armes et mil de pié à leurs despens par l’espace d’un an, et l’an passé, le roy ou les roys d’Angleterre qui après lui seront, ne les pourront retenir fors à leur despens. Or avint que les Escos sceurent la venue du conte de Namur, lequel s’estoit mis en la mer d’Escoce, et venoit une grant piece après le roy d’Angleterre pour li aidier contre les Escos. Si firent les Escos ii embusches, dont l’une des embusches fu devant ledit conte et l’autre par derriere. Quant ledit conte de Namur et toutes ses gens furent passez, si issirent ceulz de devant et puis ceulz de derriere ; si fu ledit conte enclos, et là fu pris, et plusseurs de ses gens mors. Adonques le conte de Moret qui pour l’amour du roy de France le vouloit delivrer et le convoioit aveques iiiixx hommes armez, si fu pris des Anglois quant il retournoit, et furent ses gens aussi comme touz mors, et ledit conte de Moret fu mené en une des prisons au roy d’Angleterre.

Item, en ce meismes an, les vins furent si vers et si crus que à paine les pooit-on boire sanz aucune indignacion.


XIV.
Comment le roy visita les lointaines parties de son royaume, et comment grant tempeste de tonnoirre chei au Boys de Vincennes quant messire Phelippe duc d’Orliens fu né[266].

L’an mil CCC XXXVI, le roy de France Phelippe visita les lointaines parties de son royaume[267], et en toutes les cités ou bonnes villes, là où il venoit, très honnorablement receu estoit. Et en faisant la visitacion dessus dicte, il ala jusques à Avignon, et Jehan son ainsné filz duc de Normendie aveques lui, et visiterent le pape, lequel les reçut a grant honneur ; et entre les autres choses, il y ot moult grant parlement entre le pape et le roy du passage de la Terre Sainte. Et après, demanda à savoir mon, considerées les aliances lesquelles estoient faites entre les roys de France et les roys d’Escoce, et especiaurnent depuis le temps de Phelippe le Bel oncle dudit roy de France, s’il estoit tenu de porter aide aus Escos contre le roy d’Angleterre. Et après toutes ces choses, le roy ala visiter saint Loys de Marseille et ala visiter son navire, lequel il avoit fait appareillier pour le passage de la Terre Sainte. Et quant il fu là, il fu receu des Marseillois, ja soit ce qu’il ne fussent pas souz sa seigneurie, en si très grant reverence et honneur, que en la mer estoient les nefs ordenées par maniere de bataille, et en la presence du roy, il s’entrebatoient par grant leesce de pommes d’orenge.

Item, en ce meismes an, le iii jour de mars, il fu eclipse de souleil, laquelle fu bien près du centre du souleil. Et avoient Saturne et Mars leur regart au souleil, et commençoient lesdictes planetes Saturne et Mars, à estre retrogrades. Et dura ladicte eclipse par ii heures aveques aucunes minutes.

Item, en ce meismes an, le roy Phelippe, depuis qu’il ot visité le pape Benedic, si prist son chemin en retournant par Bourgoigne[268], et là fu receu du duc et conte à très grant honneur. Mais quant le roy fu par delà, il trouva très grant matiere de dissencion entre le duc et le conte et messire Jehan de Chalon[269] et aucuns autres nobles d’Alemaigne, lesquiex estoient adherens aveques ledit messire Jehan de Chalon pour cause d’aucunes redevances, lesquelles estoient deues audit messire Jehan en la duchiée de Bourgoigne, si comme il disoit, et meismement sur la ville et le puis de Salines[270]. Lesquelles redevances, ledit duc et conte s’efforçoit de li tollir et sanz cause. Mais le duc et le conte, en la presence du roy le contredisoit et que à lui apartenoit. Le roy ne les pot onques mettre à acort, et adonques, en la presence du roy, ledit duc et conte fu de par ledit messire Jehan deffié et touz ses adherens[271]. Et l’endemain, ledit messire Jehan et sa compaigniee entra en la conté de Bourgoigne et en gasta une grant partie, tant par l’espée comme par feu et par roberies. Et après, il se retrait en aucuns chastiaux aveques ses complices ; lesquiex chastiaux il avoit fait par avant garnir. Adonques le duc et conte de Bourgoigne, lequel avoit aveques soy en son aide le roy de Navarre, le duc de Normendie, le conte de Flandres, le conte d’Estampes, si assambla un grant ost et s’en ala tenir siege devant le chastel messire Girart de Monfaucon[272] que on appelloit Chaussi[273], et tint ilec son siege par l’espace de vi sepmaines et le prist ; et puis se retrait vers la cité de Bisançun, laquelle cité estoit du costé de la partie messire Jelian de Chalon. Et quant il ot esté une pièce devant ladicte cité[274], il pristrent trives d’une partie et d’autre jusques au nouvel temps[275], car l’ost n’avoit pas vivres à volenté, et ainsi demoura la chose imparfaite.

Item, en ce meismes an, le xiiii jour de juign, il ot si grant feu au Lendit de Saint Denis[276], tant en draps comme en autres denrées qui toutes furent arses, que c’estoit grant pitié à veoir ; et s’en departirent plusseurs povres qui estoient venuz riches.

Item, le secont jour de juillet, le roy Phelippe ot i enfant né de sa femme au Bois de Vincennes, lequel fu appelle Phelippe[277] en baptesme.

Item, la veille de la Magdalene ensuivant qui fu au dimenche, Hugues de Crusi[278], chevalier né de Bourgoigne, lequel avoit esté n’avoit gueres prevost de Paris et après seigneur de parlement, fu accusé de divers crimes et convaincu tant comme très faux juges, lequel fu jugié à estre pendu au gibet de Paris.

Item, le iiii jour d’Aoust[279], il fu si grant tempeste de tonnoirre environ Paris et especiaument environ le Bois de Vincennes, et par telle maniere que les tentes et les courtines, lesquelles avoient esté faites pour le regart de la royne de France, laquelle avoit eu i filz, c’est assavoir monseigneur Phelippe qui fu duc d’Orliens, furent à terre trebuchiées ; les murs et les maisons cheoient ; le pignon de la chambre à la royne fu abatu ; les gros arbres furent esrachiés de terre, et si y ot des gens mors si comme l’en disoit. Et briefment il n’i avoit personne au dit Bois qui n’eust très grant paour au cuer.

Item, en ce temps il sourdi une très grant dissencion entre le roy de France Phelippe et le roy d’Angleterre Edouart pour la destruction du chastel de Xaintes en Poitou[280], laquelle avoit esté faite par messire Charles conte d’Alençon frère du roy, et entre le conte d’Agyen[281], pour aucunes villes et forteresces, lesquelles messire Charles de Valois, pere du roy Phelippe, lequel avoit esté envoié en Gascoigne de par le roy Charles contre le roy d’Angleterre Edouart qui à present regne, par contumaces, si avoit pris et destruit ledit chastel et autres villes et forteresces par force d’armes ; lesquelles choses, Edouart roy d’Angleterre requeroit que elles li fussent restituées et rendues. Pour lesquelles demandes et responses, plusseurs messages eussent esté envoiez en Angleterre, et d’Angleterre en France. Mais, finablement, nul acort n’i pot estre mis, car messire Robert d’Artois empeeschoit moult la chose, si comme l’en disoit communément.

Item, en ce meismes an, mut une très grant guerre entre le roy d’Espaigne et le roy de Navarre[282] pour la garde d’une abbaïe assise entre les ii royaumes. Mais à la parfin, à la requeste du pape et du roy de France, messire Jehan de Vienne, arcevesque de Reins, procureur d’une partie et d’autre, c’est à savoir du pape et du roy, il furent mis à bon acort.

Item, en ce meismes an, très grans et sollempnelles aliances furent confermées entre le roy de France et le roy d’Espaigne[283].

Item, en ce temps, quant Edouart vit que le roy de France Phelippe vouloit soustenir la partie des Escos, pour les aliances que Phelippe le Bel son oncle avoit faites aveques lesdis Escoz, il fist i grant appareil de nés en la mer[284], et puis fist unes grans aliances à Loys de Baviere qui estoit escommeniez et de l’Empire privez, lequel li promist aide. Adonques furent très grans commocions de bataille entre les ii roys. Si furent fais et ordenez admiraux tant en terre comme en mer.


XV.
Comment les Flamens se tournerent de la partie au roy d’Angleterre par Jaques Hartevelt, et de pluseurs incidences[285].

L’an mil CCC XXXVII, la guerre qui estoit entre messire Jehan de Chalon et le duc et conte de Bourgoigne, comme devant est dit, fu par le roy de France pacifiée et mise en bonne pais[286].

Item, environ la feste de monseigneur saint Jehan Baptiste, il apparut une comete, laquelle fu née ou signe des Gemmiaux, par la rayson de l’eclipse de l’an precedent qui avoit esté le iii jour de mars, par Marce et par Saturne, si comme les astronomiens disoient. Et encore disoient que pour la cause du signe ouquel elle avoit esté engendrée, et des Jumiaux, que elle signifioit habondance de sanc corrompu, dont il se devoit ensuivre maladies. Et pour la rayson de Mars qui estoit ou signe du Scorpion, il signifioit faussetez, fraudes, mençonges, larrecins, guerres. Et pour la raison de Saturne, convoitises, extorsions, rancunes, haines, machinacions, inobediences, miseres de cuer, mort, rumeurs espoentables et paour et plusseurs autres choses, tant en princes, en barons, en gens d’eglise comme en autres choses de terre ; c’est à savoir en bestes à iiii piez, en poissons, et es yaues doivent estre moult d’inconveniens.

Item, environ la feste de Touz Sains, les gens au roy d’Angleterre pristrent i chastel du roy de France que on appelle Paracol en Xanctonnois[287], et ardirent les villes qui estoient prochaines audit chastel, et si tuerent plusseurs personnes ou pays.

Item, en ce temps, l’en disoit communement que le roy d’Angleterre ne vouloit pas seulement envahir le royaume de France, mais il y vouloit entrer[288]. Si ne savoit le roy de France par quelle part il y vouloit entrer. Adonques li convint faire garder toutes les entrées de son royaume, et les faire garder viguereusement et deffendre. Toutes lesquelles choses estoient conseilliées et ordenées par le conseil de messire Robert d’Artois, si comme l’en disoit communement.

Item, depuis que le devant dit chastel de Paracol fu pris, un noble homme de la langue d’oc, lequel avoit nom Ernaut de Myrande[289], si fu pris pour ce que par li avoit esté traitreusement ledit chastel pris des Anglois ; pour laquelle cause, il ot la teste copée à la place aux Pourciaux à Paris[290], et puis fu mené au gibet et pendu.

Item, en ce meismes an, plusseurs villes et chastiaux furent pris en Gascoigne par le connestable du roy de France, le conte d’Eu[291], le conte de Fois, le conte d’Armignac et plusseurs autres nobles de la langue d’oc, ou dit pays.

Et en ce meismes an, Nicholas Buchet né du Maine et tresorier du roy de France, ardi i port ou ville en Angleterre qui estoit appelle Portemue[292] aveques plusseurs autres villes. Et si ardi toutes les villes de Gernesi excepté i chastel, si comme l’en disoit[293].

Et en ce temps, orent les Escos moult à souffrir par les Anglois ; mais le roy de France ne leur ayda point, si comme tenuz y estoit. Et assez tost après, nouvelles vindrent que le roy d’Angleterre devoit descendre ou royaume de France et apliquier à Bouloigne[294]. Adonques le roy de Navarre, le conte d’Alençon frere du roy de France, aveques aucuns autres grans du royaume, se partirent pour aler encontre le roy d’Angleterre aveques leur ost[295]. Mais le roy anglois ne vint ne contremanda ; si s’en retornerent noz gens sanz riens faire.

Item, en ce meismes temps, il avoit gens en la court du roy, en habit de religion, je ne sai dont il estoient venuz ; mais il avoient entencion de empoisonner le roy et touz ceulz de sa court. Lesquiex furent pris et emprisonnez ; mais je ne peu savoir la fin de eulz quelle elle fu.

[296]Item, environ ce temps, il avint que le roy d’Angleterre qui avoit envoié en Gascoigne monseigneur Berart d’Elebret pour commencier la guerre[297], et si avoit envoié en Flandres pour faire amis et aliances, car il veoit bien qu’il ne pooit bonnement venir à sa volenté s’il n’avoit Flandres de sa partie. Quant le conte sceut ce, si fist faire i parlement à Bruges ; et quant le parlement fu fait, il fist prendre i chevalier de Flandres que on appelloit Courtrisien[298] ; pour quoy ceulz de Gant se courroucierent, si que il distrent que jamais n’enterroient à parlement s’il ne leur estoit rendu. Mais le conte qui ceste chose avoit faite par le commandement du roy de France li fist coper la teste, pour ce que l’en li metoit sus qu’il avoit receu les deniers du roy d’Angleterre contre le roy de France. Quant ceulz de Gant sorent que l’en li avoit copée la teste, si envoierent à ceulz de Bruges qu’il leur vousissent aidier contre le conte, dont les uns s’i accorderent et les autres non. Quant le conte sceut qu’il y avoit de ceulz de Bruges aliez aveques ceulz de Gant, il ala à Bruges, et ceulz de Bruges s’armerent et vindrent contre li ou marchié. Et le conte et messire Moriau de Fiennes vindrent à baniere desploiée contre eulz. Ilec commença la bataille moult fiere[299] ; mais en la parfin convint le conte reculer en son hostel, et d’ilec s’en ala à Male. Et après ce, le roy d’Angleterre envoia en Flandres monseigneur Gautier de Mauni, en la fiance d’aucuns amis qu’il avoit en Flandres, et envoia aveques lui grant foison d’archiers, et arriverent en une ille que on appelle Cachant[300], qui est au conte de Flandres. Quant le conte le sceut, si assambla des gentilzhommes pour aler encontre ; mais les Anglois pristrent port et entrerent en l’ille et bouterent le feu partout. Si avint que ceulz qui en ladicte ille estoient, vindrent à l’encontre des Anglois et se combatirent à eulz ; mais en la fin il furent desconfiz, et fu mort messire Jehan de Rodes et tout plain de gentilzhommes de Flandres. Et y fu le bastart de Flandres, Guy, frère au conte de Flandres pris, et le menèrent en Hollande[301], et puis se retrairent les Anglois qui estoient demourez, car il en y avoit eu plusseurs mors, et alerent en leurs pays. Quant le roy de France entendi que les Flamens estoient esmeu sus les Anglois pour la cause devant dite, si leur fist requerre qu’il se vousissent alier à lui, et il leur quiteroit touz les liens en quoi il estoient liez à lui et à ses successeurs, excepté la sentence. Après, envoia le roy d’Angleterre en la ville de Gant, de Bruges et de Ypre et fist traittier aus maistres des gardes, tant que par dons et par promesses il les acorda aveques lui. Et pour ce que ceste cause ne pooit mie estre demenée par touz ceulz qui de la partie au roy d’Angleterre estoient, si firent eslever i homme en la ville de Gant de moult cler engin que on appelloit Jaques de Harthevelt[302]. Il avoit esté aveques le conte de Valoys oultre les mons et en l’ille de Rodes, et puis fu vallet de la fruiterie monseigneur Loys de France. Et après il vint à Gant dont il fu nez et prist à femme une brasserresse de miel. Quant il fu ainsi eslevé, si fist assambler la commune de Gant, et leur monstra que sanz le roy d’Angleterre il ne pooient vivre, car toute Flandres est fondée sus draperie, et sanz laines on ne puet draper ; et pour ce, il looit que l’en tenist le roy d’Angleterre à ami. Lors respondirent qu’il le vouloient bien. Quant Jaques de Harthevelt vit qu’il avoit l’acort de ceulz de Gant, il assambla ses gens et vint à Bruges, et ceulz de la ville le reçurent a grant joie. Puis vint à Ypre, à Bergues à Cassel et à Furnes, et touz li firent obédience. Quant les messages au roy d’Angleterre virent ce, si firent assambler les trois villes à Gant. Yleques monstrerent que le roy d’Angleterre estoit le plus puissant des crestiens, et que se les iii villes ne s’alioient ensemble et qu’il en preissent la cure et le gouvernement du pays par leur force, le conte de Flandres qui devers le roy estoit, ne leur laisoit mie faire leur volenté. Tantost firent ylec leur aliance si fort par foy et par serement, present le conte de Guerle[303], que les gens au conte de Flandres n’i avoient pooir. Puis vindrent vers le conte et li requistrent que ceus qui estoient banis par conspiracion ou par autre mauvaistiez, fussent rappeliez. Et le conte l’ottroia aus trois villes. Puis envoierent par toutes les villes et chastelleries de Flandres, capitaines de par eulz qui le païs gouvernoient aveques les banis qui entrez y estoient. Mais pour ce qu’il se doubtoient des gentilzhommes qu’il ne leur peussent contraitier à leurs rebellions faire, si les pristrent en hostage et les manderent par toutes les chasteleries, que sur leurs vies venissent tenir prison à Gant. Tantost il vindrent quar il n’oserent desobeir. Quant les gens au roy d’Angleterre virent qu’il estoient asseurez du pays de Flandres, si s’en alerent et le distrent au roy d’Angleterre, et tantost leur envoia des laynes a grant foison. Quant le conte de Flandres vit que la chose aloit par tel maniere, si vint à Gant pour savoir se il les pourroit retraire hors de leur erreur. Mais quant il fu aveques eulz, il le tindrent bien fort. Et quant le conte vit qu’il ne pourroit eschaper, si se faint qu’il vouloit estre de leur partie, et le vestirent de leurs paremens, et il les porta. Un jour pria les dames de Gant de disner avec li, et avoit appareillié i moult riche disner. Et quant il ot oy sa messe, si dist qu’il vouloit aler voler[304], puis monta et s’en ala sanz revenir, et ainsi failli la feste. Quant le roy de France sceut ces nouvelles que le conte de Flandres s’en estoit venuz par devers lui, si fist le roy escommenier aucuns de Flandres, de par le pape, et especiaument ceus de Gant. Et y furent envoiez de par le roy, l’evesque de Senliz[305] et l’abbé de Saint Denis, Guy de Chastres[306] ; si en furent i pou plus refroidiez.


XVI.
Comment le roy d’Angleterre passa mer et fist aliances ans Alemans ; et comment le roy de France Phelippe assambla grant ost pour aler à l’encontre de li[307].

L’an de grâce mil CCC XXXVIII, le roy d’Angleterre Edouart passa mer a grant ost[308], et admena sa femme avec soy, laquelle estoit suer au conte de Haynaut et niece au roy de France ; et s’en alerent es parties de Brebant, Et depuis, se transporta ledit roy d’Angleterre en Alemaigne, et ileques fist moult grans aliances ; et premierement aveques Loys duc de Baviere qui se tenoit pour emperere, ja soit ce que ledit Loys duc de Baviere fust notoirement escommenié de par le pape, et aveques plusseurs autres nobles, lesquiex il prist come soudoiers par certaine somme d’argent à rendre à chascun selon son estat. Et se la somme d’argent n’estoit paiée à certains termes ordennez entre le roy d’Angleterre et les soudoiers, les dictes alliances seroient reputées pour nulles.

Et en ce meismes an, ledit roy d’Angleterre fu ordené et institué, de par ledit duc de Baviere Loys, en vicaire de l’emperere[309] ; lequel faisoit ses vocacions et ses citacions tant comme vicaire de l’emperere, afin que l’en peust envayr très asprement le royaume de France. Mais pou lui obeirent en ce mandement.

Item, en ce meismes an, le xv jour d’avril, il apparut une autre comete assez près de la Petite Ource, et estoit pou clere et ronde sanz cheveux. Et ainsi furent en i an ii cometes.

Item, en ce meismes temps, le roy de France Phelippe oy dire que le roy d’Angleterre estoit alié aveques les Alemans et que son entente estoit d’envaïr le royaume de France. Adonques ledit roy Phelippe assambla i si grant ost[310] que l’en lit pou le roy de France avoir si grant ost assamblé ou temps passé. Et s’en ala à Amiens[311] atout ledit ost à l’encontre dudit roy d’Angleterre. Si s’apperçut qu’il n’aloit ne venoit, ainz estoit aveques les Alemans là où il s’esbatoit, et ne s’esmouvoit en aucune maniere pour venir en France. Si fist le roy ledit ost departir, les frontieres garnies.

Item, en ce meismes an, les gens du roy de France pristrent en mer ii nefs moult notables chargiées de grant quantité de biens, lesquelles estoient au roy d’Angleterre ; et là ot moult grant assaut et fort, tant d’une partie comme d’autre[312]. Et dura ledit assaut près d’un jour entier, et y ot des Anglois mors près de mil et des noz plusseurs, mais non pas tant. Et estoit l’une des ii nefs appellée Edouarde et l’autre Christofe. Et en ycelle journée, gaaignierent ceulz de par le roy de France moult de biens.

En ce meismes temps, les Escos pristrent trives as Anglois, de la volenté au roy de France, et ne coururent point les uns sus les autres cel an.

Item, en ce meismes an, come les Flamens, et meismement ceulz de Gant, souffrissent moult de injures et de griefs du conte de Flandres, si comme il disoient, si se commencierent à rebeller contre ledit conte, et firent tant qu’il faillut[313] que ledit conte se partist de Flandres ; et firent lesdis Flamens grans aliances aus autres villes de Flandres[314], et se commencierent à rebeller contre les gros des bonnes villes, et ordenerent l’un de eulz pour estre leur capitaine, lequel avoit à non Jaques d’Artevelle, et firent moult de griefs et de maux aus bourgois des bonnes villes qui portoient la partie au conte de Flandres, et les blasmoient de ce qu’il faisoient contre leur seigneur. Et non obstant tout ce qu’il faisoient au conte et aus gros des bonnes villes, si disoient-il touz jours qu’il n’entendoient à faire aucune chose contre le roy ne contre le royaume, mais il le faisoient pour les desmerites du conte et des gros qui aveques lui estoient.

Item, en ycestui an, fu pris par les gens au roy de France i chastel très garni, lequel estoit appellé la Penne en Aginais[315], en Gascoigne. Et si en ot d’autres qui furent pris oudit pays, mais non pas de si grant renom.

Item, en ce meismes an, une bonne ville d’Angleterre, laquelle est appellée Hantonne[316], fu prinse et aussi comme toute arse par les gens au roy de France et degastée.

Item, en ce meismes an, le roy de France Phelippe conferma aucuns privileges de Normendie et renouvella[317], et pour ceste cause, il s’appareillierent d’aler en Angleterre a très grant effort. Mais toutes voies riens n’en fu mené à effect.

Et en ce temps, le seigneur de Harrecourt, lequel pieça avoit esté nommé conte, de l’auctorité royal, fu par tiltre dores en avant appellé conte de Harrecourt[318].

[319]Item, en ce meismes an, Pierre Rogier, de arcevesque de Roen, fu fait cardinal.


XVII.
Comment le roy de France Phelippe fu defraudé par mauvais conseil, comment il attendist jusques à l’endemain à combatre au roy d’Angleterre, et comment en celle meisme nuit le roy d’Angleterre s’enfui[320].

L’an de grâce mil CCC XXXIX, ii chastiaux très fors furent pris en Gascoigne par les gens du roy de France ; c’est à savoir, le Bourc[321] et Blaive. Et audit chastel de Blaive furent pris le sire de Caumont et le frère au sire de Labret et aucuns autres nobles.

Item, ce meismes an, une ville qui est en la conté d’Eu, laquelle est appellée Trepport[322], fu arse aveques une abbaïe qui estoit en ladite ville par les gens au roy d’Angleterre.

En ce meismes an, les soudoiers de Jannes qui avoient gardée la mer tout l’esté aveques les Normens, les Piquars et les Bretons mariniers, lesquiex avoient moult dommagié le royaume d’Angleterre, environ la saint Michiel[323] s’en retornerent en leurs pays.

Item, environ ladicte feste de saint Michiel[324], le roy d’Angleterre Edouart assembla i grant ost d’Anglois, de Brebançons, d’Alemens soudoiers et d’autres pillars pour le royaume de France envaïr. Auquel roy d’Angleterre le roy de France désirant moult de obvier, assembla i très grant ost fort et hardi à Saint Quentin en Vermandois. Et comme il ne vousist pas entrer es termes de l’Empire, mais dissimulast la bataille par i pou de temps en attendant son ost, ledit roy d’Angleterre endementres entra ou royaume de France très cruellement et ardi une partie de Teresche, pilla et gasta le pays. Et comme le roy de France, qui par delà estoit alé pour lui obvier, et de ce il n’en fist samblant, l’en ne savoit par quel conseil ; adonques commença i grant esclandre, non pas seulement en l’ost mais par tout le royaume contre le roy. Quant le roy oy ces nouvelles, il se parti pour aler à l’encontre de li et s’en ala à une ville qui est appellée Buirenfosse[325] à i jour de vendredi. Lors le roy qui plus ne voult la guerre dissimuler, si s’arma et commença à amonnester les autres à eulz combatre vertueusement et hardiement. Adonques vindrent aucuns grans qui estoient en l’ost et distrent au roy que ce n’estoit pas chose convenable de soy combatre pour iiii choses : la première si estoit car il estoit vendredi ; la seconde cause quar li ne ses chevaux n’avoient beu ne mengié ; la tierce cause car li et son ost avoient chevauchié v lieues grans sanz boire et sans mengier ; la iiii cause, pour la grant difficulté d’un pas qui estoit entre li et ses anemis. Ces choses dites, il conseilloient au roy que il atendist jusques à l’endemain pour soy combatre ; et jasoit ce que le roy ne s’i voulsist accorder, toutes voies fu-il tant mené qu’il s’i accorda aussi comme maugré li ; et lors commanda à touz que l’endemain chascun s’appareillast à la bataille ; laquelle dilacion et lequel conseil tourna à très grant domage et déshonneur au roy et à tout le royaume. Car quant le roy d’Angleterre sceut la puissance du roy de France, il se départi environ mienuit et se retrai en l’Empire[326] ; et ainsi fu le roy de France Phelippe defraudé, dont il fu moult corroucié et s’en retourna en France sanz rien faire[327].

Et assez tost après se commencierent les Flamens à rebeller, et par especial ceus de Gant. Et à l’enortement de Jaque d’Artevelle, il firent hommage au roy d’Angleterre comme roy de France[328], et laissierent leur droit seigneur, comme faux et traistres qu’il estoient. Quant le roy d’Angleterre qui nouvellement, n’avoit guéres, estoit venu à l’Escluse en Flandres, sceut l’entencion et la volenté que les Flamens avoient à lui, si s’ordena de passer en Angleterre pour avoir or et argent de ses sougiez, afin qu’il peust assambler i grant ost pour estre en l’aide des Flamens contre le roy de France[329].

Item, ce meismes an, plusseurs de l’eveschié de Cambray et de Theresche si ardirent plusseurs villes en la terre monseigneur Jehan de Haynau. Lors manda ledit monseigneur Jehan de Haynau à monseigneur Jehan de Vervin[330] qui là estoit capitaine de par le roy de France, qu’il se vouloit combatre à lui ; si le reçut ledit monseigneur Jehan de Vervin très volontiers, et y fu certaine journée assignée pour eulz combatre ; c’est assavoir le jour du juesdi absolu en l’an dessus dit[331]. A laquelle journée ledit messire Jehan de Haynau ne manda ne contremanda ; mais malicieusement d’autre partie se tourna et s’en ala vers une ville que l’en appelle Aubenton[332], de laquelle ville les gens, pour partie s’en estoient alez aveques monseigneur Jehan de Vervin à la dicte journée pour eulz combatre contre ledit messire Jehan de Haynaut ; et ycelle ville il pilla et ardi.

Item, en ce meismes an[333], les fourbours de Bouloigne sus la mer, aveques aucuns vaissiaux qui estoient ou rivage de la mer, furent ars par les Anglois.


XVIII.
Comment le roy Phelippe esmut grant ost contre Flamens, Brebançons et Hanoiers, et comment il envoia son aisné filz, messire Jehan de France, duc de Normendie pour gaster et destruire la terre de Haynau[334].

L’an de grâce mil CCC XL, lequel an fu de misere et de confusion, car entre les II roys chose ne fu faite qui soit digne de loenge. Mais comme es deus ou es trois années devant passées, moult de griefs eussent esté fais aus eglises de Dieu et aus povres, et moult de exactions très grevables à tout le commun pueple, et meismement en cest an ont encore plus efforciement couru, non obstant que ce n’ait pas esté au profit ne à l’utilité de la chose publique des II royaumes, dont grant doleur a esté, mais à la deshonneur et confusion de toute crestienté et de sainte universal mere Eglise, de laquelle, les II devant diz princes meismement et principaument deussent estre deffendeurs et sousteneurs.

Item, en ce meismes an, le roy d’Angleterre qui estoit alié aveques les Flamens, et meismement aveques ceulz de Gant, si se departi de Flandres et passa en Angleterre, si comme l’en disoit, pour assembler deniers et aides, et ledit roy eust laissié en son lieu le conte de Salbiere et le conte de Auxoine[335] es parties de Flandres ; si orent les II contes conseil et deliberacion ensemble de assegier Lille en Flandres.

[336]En ce temps gisoit la royne d’Angleterre, d’enfant[337], à Saint Bavon à Gant, et estoient demourez aveques li l’evesque Nichole[338] et monseigneur Guillaume de Montagu[339]. Quant la royne fu relevée, si vint monseigneur Guillaume de Montagu à Ypre, et tantost li requistrent ceulz d’Ypre que pour Dieu il leur vousist aidier à oster une compaignie de Genevois qui estoient près de eulz, à une ville que on appelle Armentieres[340]. Et il leur respondi que volentiers il le feroit et que il iroit aveques eulz, mais il n’avoit mie moult de gent. Si li respondirent ceulz d’Ypre que assez de gent li liverroient. Lors assamblerent grant quantité d’Anglois et de Flamens, et ordenerent leurs batailles et passerent oultre le Lys et vindrent à Armentieres et gaaignierent la ville sus les Gennevois, et bouterent le feu partout ; et puis orent conseil aveques le conte de Salbiere et le conte d’Auxoine d’assegier Lille en Flandres, et se mistrent au chemin, et s’en alerent en une abbaïe que on appelle Marquetes[341]. Là ordenerent leurs batailles et les firent ileques attendres ; et lors se departirent aveques le conte de Salbiere et aveques ledit messire Guillaume environ iic personnes pour aler veoir de quelle part il pourroient plus ladite ville de Lille grever. Et endementres qu’il estoient ilec, ceulz de la ville issirent hors par derriere, et aveques eulz I chevalier que on appelloit le seigneur de Rebays qui les conduisoit, lequel enclost le conte de Salbiere et ledit messire Guillaume, et ceulz qui aveques eulz estoient entre soy et ladite ville de Lille. Et lors ledit seigneur de Rebays leur courut sus aveques ceulz qui estoient issus de la ville, et là fu getté jus de son cheval, de cop de lance, le conte de Salbiere et fu malement navrez. Et ledit messire Guillaume fu pris[342], et les autres Anglois et Flamens desconfiz, et s’enfuirent pour partie. Là fu mort I moult riches hons d’Angleterre et moult preuz qui avoit à nom monseigneur Guillaume d’Aquilain[343]. Quant ceste chose fu finée, si se parti le sire de Rebays, et mena le conte de Salbiere au roy à Paris[344], et le fist metre en Chastellet à Paris souz certaine garde.

Item, en ce meismes an, les Flamens, les Brebançons et les Hanoiers offrirent pais au roy de France souz certaines condicions, lesquelles le roy ne leur voult pas passer ne octroier, et ainsi se partirent leurs messages sanz riens faire.

Item, en ce meismes an, le roy de France esmut I grant ost contre les Flamens, les Brebançons et les Hanoyers, et s’en ala à Arras. Là attendi que son ost fust assamblé, mais endementres qu’il assambloit son ost, il envoia son ainsné filz messire Jehan de France, duc de Normendie, pour gaster la terre au conte de Haynau,[345]lequel assembla I grant ost à Saint Quentin en Vermendois et s’en ala à Cambray. Et quant il fu à Cambrai, il manda assez tost après toutes les connestablies qui estoient sus les frontieres, qu’il venissent à lui[346]. Et quant elles furent toutes venues, si s’en ala assegier I chastel que on appelle Escaudeuvre[347], et fit drescier les engins et gitter dedenz jour et nuit. Si n’avoit encore pas sis ledit monseigneur Jehan de France XV jour devant ledit chastel, quant le roy de France vint au siege, et si tost comme le roy fu là venu, touz les haux hommes du royaume le suivirent, et assambla ylec I si grant ost que ce fu merveille. Et au chief de III sepmaines se rendirent ceulz du chastel, sauves leurs vies et tout leur avoir que il emporterent, et livrerent le chastel[348]. Quant les gens du roy furent dedenz, si commanda le roy que tout fust mis par terre. Après, ala assegier I autre chastel qui estoit à l’evesque de Cambray, que on appelloit Tun l’Evesque[349], lequel seoit sus la riviere de l’Escaut, et y fist gitter des pierres et des mangonniaus. Mais ceulz dedenz se deffendirent si bien que on ne gaaigna riens sus eulz. Il avoit I chastel assez près de eulz qui estoit au conte de Haynau, que on appelloit Bouchain[350], duquel la garnison qui estoit dedens faisoit mainte course sur l’ost au roy de France. Et ne demoura mie moult que le duc de Brebant et le conte de Guerle, et grant partie du pays de Flandres vindrent pour lever le siege de devant Tun l’Evesque ; et estoient à l’un des costez de la riviere et le roy à l’autre. Mais à la foiz venoient courre les uns sus les autres parmi pons qu’il avoient faiz, et y ot moult de bons poigneis. Et y fu fait chevalier à l’un des poigneis monseigneur Phelippe, filz au duc de Bourgoigne[351]. Quant le chastelain du chastel[352] vit que le chastel estoit si froissié que à paine avoit-il lieu oudit chastel là où bonnement se peust retraire sanz peril, si fist mettre touz ses biens en nefs et les fist mettre oultre, puis fist bouter le feu oudit chastel, et se mist en une nef et sa gent aveques lui, et s’en alerent en l’ost des Alemens. Quant le roy de France vit le chastel ardoir, si fist tantost ses gens entrer ens par eschielles ; et l’endemain, une heure[353] devant le jour, se parti l’ost des Alemans et des Flamens, et s’en alerent en leur pays. Et tantost après renvoia le roy de France monseigneur le duc de Normendie son filz et le duc de Bourgoigne pour essillier la terre de Haynau, et s’en alerent au Quesnoy[354] et ardirent touz les forbours de la ville, puis mistrent tout le pays par lequel il passerent en feu et en flambe, et passerent à une ville près de Valenciennes, et là firent courir leurs coureurs devant la ville. Et quant il orent arse toute celle partie de la terre de Haynau, si s’en retournerent en l’ost du roy[355]. Adonc prist le roy conseil de assegier le chastel de Bochain ou de partir son ost ; mais son conseil li loua, pour ce qu’il avoit oy nouvelles que le roy d’Angleterre devoit arriver à l’Escluse, qu’il feist son retrait sus les frontieres es bonnes villes, et après qu’il s’en alast I tour en France pour faire haster sa navire, que elle fust preste au devant du roy anglois. Et ainsi le fist le roy et s’en vint en France[356].


XIX.
De la grant desconfiture qui fu en mer entre le navire du roy de France et du roy d’Angleterre, et comment Buchet fu pris et pendu au mat d’une nef[357].

En ce meismes an, l’en aporta nouvelles au roy de France que le roy d’Angleterre, qui longuement s’estoit absenté, appareilloit très grant navire et vouloit venir en l’ayde des Flamens[358]. Quant le roy ot oy ces nouvelles, (car autre foiz en avoit oy parler) si fist tantost assambler toute la navire qu’il pot avoir, tant en Normendie comme en Piquardie, et institua II souverains admiraux, lesquiex ordeneroient et conduiroient ledit navire, afin que le roy anglois et messire Robert d’Artois qui estoit avec lui fussent empeeschiez de prendre port.[359]Et lors furent instituez souverains de tout le navire, messire Hue Quieret[360], messire Nichole Beuchet[361] et Barbevaire, lesquiex assamblerent bien iiiic nefs de par le roy de France, et entrerent dedenz, eulz et leurs gens aveques leurs garnisons. Si avint que Beuchet, qui estoit I des souverains, ne voult recevoir gentil gent aveques soy, pour ce qu’il vouloient avoir trop grans gages, mais reçut povres poissoniers et mariniers, pour ce qu’il en avoit grant marchié, et de tieux gens fist-il s’armée ; puis murent et passerent par devant Caloys et se traistrent vers l’Escluse[362] tant qu’il furent devant, et ylec se tindrent touz quoiz et par telle maniere que nul n’i pooit entrer ne issir. Si avint que le roy d’Angleterre qui avoit ses espies, sceut que le navire au roy de France estoit passé vers Flandres ; tantost se mist en mer et messire Robert d’Artois aveques lui, et moult grant foison de gentilz hommes d’Angleterre, et grant planté d’archiers. Quant ledit roy anglois et toute sa gent furent près, si tendirent leurs voiles en haut, et siglerent grant aleure vers l’Escluse et ne targerent gueres, par le bon vent que il orent, qu’il aprochierent de la navire au roy de France, et se mistrent tantost en conroy. Quant Barbevaire les apperçut, qui estoit en ses galies, si dit à l’amiraut et à Nichole Beuchet : « Seigneurs, vez ci le roy d’Angleterre a toute sa navie qui vient sur nous. Si vous voulez croire mon conseil, vous vous trairez en haute mer, car se vous demourez ci parmi ce qu’il ont le vent et le souleil et le flot de l’yaue davantage, il vous tendront si court que vous ne vous pourrois aidier. » Adonc respondi Nichole Beuchet que miex se saroit meller d’un compte faire que de guerroier en mer. « Honnis soit qui se partira de ci, car yci les atendrons et prendrons nostre aventure. » Tantost leur dist Barbevaire : « Seigneurs, puisque vous ne voulez croire mon conseil, je ne me veul mie perdre, je me mettrai aveques mes IIII galies hors de ce trou. » Et tantost se mist hors du hale a toutes ses galies, et virent venir la grant flote du roy d’Angleterre. Et vint une nef devant qui estoit garnie d’escuiers qui devoient estre chevaliers, et ala assambler à une nef que on appelloit la Riche de Leure ; mais les Anglois n’orent durée à celle grant nef, si furent tantost desconfiz et leur nef acravantée, et touz ceulz qui dedenz estoient mis à mort, et orent noz gens belle victoire. Mais tantost après vint le roy d’Angleterre asambler aus gens de France a toute sa navie, et commença ilec la bataille moult crueuse ; mès quant il se furent combatuz depuis prime jusques à haute nonne, si ne pot plus la navire du roy de France endurer ne porter le fès de la bataille, car il estoient si entassez l’un en l’autre qu’il ne se pooient aidier ; et si n’osoient venir vers terre pour les Flamens qui sur terre les espioient. Et aveques ce, les gens que l’en avoit mis es nefs du roy de France n’estoient pas si duiz d’armes[363] comme les Anglois estoient, qui estoient presque touz gentilz hommes. Ilec ot tant de gens mors que ce fust grant pitié à veoir ; et estimoit-on bien le nombre des mors jusques près de xxxm hommes, tant d’une part que d’autre. Là fu mort messire Hue Quieret, si comme l’en dit, non obstant qu’il fust pris tout vif, si comme aucuns dient, et messire Nichole Beuchet, lequel fu pendu au mat de sa nef, en despit du roy de France. Et quant Barbevaire vit que la chose aloit à desconfiture, si se retrait à garant, et furent les nefs au roy de France perdues. Et aveques ce, les II grans nefs au roy d’Angleterre, Christofe et Edouarde, que le roy anglois avoit par avant perdues, li furent restituées. Et ainsi furent noz genz desconfiz par le roy d’Angleterre et par les Flamens, et noz nefs perdues, exceptées aucunes petites nefs qui s’en eschaperent. Et avint ceste desconfiture par l’orgueil des II admiraux, car l’un ne pooit souffrir de l’autre, et tout par envie ; et si ne vouldrent croire le conseil de Barbevaire comme devant est dit, si leur en vint mal, si comme pluseurs le tesmoignent.

Quant la chose fu finée et le roy d’Angleterre ot eue celle grant victoire, lequel roy fu navré en la cuisse, mais onques n’en voult issir de sa nef pour celle navreure. Mais toutes voies, messire Robert d’Artois et les autres barons d’Angleterre pristrent terre à l’Escluse et se reposerent ileques. Ceste bataille fu faite la veille de la Nativité monseigneur saint Jehan Baptiste, l’an de grâce M CCCXL[364].

Quant la royne d’Angleterre qui estoit à Gant sceut que le roy son mari estoit arrivé, tantost se mist à la voie vers l’Escluse. Et le roy se gisoit en sa nef, car il avoit esté blescié en la cuisse, et tenoit son parlement aveques ses barons sus le fait de sa guerre. Quant le conseil fu departi, si se mist la royne en un batel et vint à la nef du roy[365], et Jaques de Harthevelt aveques li. Quant la royne ot veu le roy et qu’il orent parlé ensemble, si se departi la royne et s’en ala vers Gant. Assez tost après que le roy fu amendé de la blesceure qu’il avoit eue, il se mist à terre et s’en ala en pelerinage tout à pié à Nostre Dame d’Ardenbourc[366], et envoia ses gens d’armes et son harnais et ses chevaux et ses archiers vers Gant. Quant il ot fait son pelerinage, si s’en vint à Bruges et puis prist avec lui les mestiers de la ville et s’en ala à Gant[367] où il fu receu a moult grant joie, puis fist mander tous les Alemens qui estoient de s’aliance, qu’il venissent à lui pour avoir conseil aveques eulz sur ce qu’il avoit à faire.

Ilec fu ordené que le roy d’Angleterre feroit II oz[368], desquiex il en aroit I aveques ceulz de Gant et de la terre d’Alos et les princes d’Alemaigne, et s’en iroient devant Tournoy. Et l’autre mevroit messire Robert d’Artois qui avoit aveques lui grant quantité d’archiers d’Angleterre ; et si avoit aveques lui ceulz de la ville de Bruges et du Franc et de Diquenme[369], d’Ypre, de la chastelerie de Poperingues[370], de Cassel[371], de Bailleul[372] et ceulz du terrouer de Furnes[373], de Bergues[374] et de Bourbourc[375]. Touz ceulz si vindrent ensamble aveques monseigneur Robert d’Artois vers la ville de Saint Omer et s’arresterent à Cassel, et ileques assamblerent leurs gens. Le roy d’Angleterre se parti de Gant, et s’en ala logier au pont d’Espire[376], à II lieues de Tournoy, mais le corps du roy estoit à Eslin[377], une maison qui est à l’evesque de Tournoy.


XX.
Du grant appareil et conroy que le roy de France et le roy d’Angleterre firent l’un contre l’autre de guerre, et comment furent Flamens desconfis[378].

Quant le roy de France entendi que le roy d’Angleterre avoit ainsi son ost ordené comme de venir assegier les II clés de son royaume à I cop, si assambla son ost en grant quantité et en grant haste, et envoia le connestable de France, le conte de Foiz et le mareschal Bertran en la ville de Tornoi a iiim hommes d’armes. Et si envoia à Saint Omer le duc de Bourgoigne et le conte d’Armignac[379] a XLII banieres, lesquiex nous nommerons pour la rayson de la bataille. Et y fu le duc de Bourgoigne, messire Phelippe son filz[380], le sire de Vergi[381], monseigneur Guillaume son oncle[382], messire Jehan de Ferlay[383], le sire de Pennes[384] et son oncle le conte de Monmeliart[385], le sire de Rey[386] son compaignon, messire Jehan de Chalon[387], messire Guy Vilpins son compaignon. De Flandres y fu le sire de Guistele[388], le sire de Saint Venant[389], le chastelain de Bergues, le chastelain de Diquenme ; le conte d’Artoys y fu, monseigneur Jehan de Chastillon, messire Moriau de Fiennes[390], le sire de Wavrin[391], le sire de Hamelicourt[392], le sire de Querqui[393], le sire de Fosseus[394], le sire de Guillerval. Le conte d’Armignac avoit XVI banieres en sa bataille. Et le roy de France assambla son ost qui estoit moult grant entre Lens et Arras[395], mais encore il n’estoit pas avisié de quel part il vouldroit tourner.

Or vous dirai de monseigneur Robert d’Artois qui estoit à Cassel, et ylec assembla son ost pour venir à Saint Omer. Mais ceulz de Furnes et de Bergues qui estoient moult grant gent et bons combateurs estoient issuz de leurs pays et estoient venuz à une liue près de Cassel, à une ville que l’en appelle Bambeque[396], et là distrent qu’il n’iroient plus avant ; car autrefoiz on les avoit menez jusques à Saint Omer, mais onques bien ne leur avint. Quant monseigneur Robert d’Artois ot ce oy, si prist coseil à ses chevaliers et à ceulz de Bruges, et puis s’en ala à eulz à Bambeque et parla à ceulz de Furnes et de Bergues, et leur dist que hardiement il venissent avant, car il estoit tout asseur de la ville de Saint Omer, et avoit jà receues II paires de lettres que si tost comme il venroient devant la porte, ceulz de la ville les lairoient entrer et li liverroient le duc de Bourgoigne, et de ce estoit-il tout asseuré. La meschant gent le crurent ; si firent que foulz et alerent avant. Mais il distrent qu’il ne passeroient ja le Neuf-Fossé[397] se il n’estoient mieux asseurez. Quant messire Robert d’Artois vit qu’il les metroit avant par telle voie, si en ot grant joie et fist tantost ses archiers courre par la terre d’Artois et bouter le feu. Quant le duc vit le feu en sa terre, tantost fist sonner sa trompete et issi ses batailles toutes ordenées hors de la ville. Et quant les archiers sceurent qu’il venoient, si s’en cuidierent raler, mais les gens du duc les retindrent et en tuerent[398] bien LX, droitement à un pas que on appelle le pont Hasequin[399]. Le duc se tint as chams une piece, et quant il vit que nul ne venoit, si s’en retourna à la ville. Lors fist messire Robert d’Artois deslogier son ost et trousser ses tentes et s’en vint vers Saint Omer. Ceulz de Bruges qui avoient la premiere bataille et conduisoient le charroy, s’en vindrent à une ville près de Saint Omer que on appelle Arques[400]. Mais ceulz de Furnes ne vouloient passer le Neuf-Fossé, si comme il avoient par avant dit. Quant messire Robert d’Artois vit qu’il ne vouloient aler avant, si fist courre unes nouvelles par devers eulz, que ceulz de Bruges se combatoient et que, pour Dieu il les vousissent secourre. Quant il oïrent ces nouvelles, si laissierent leur propos et s’en vindrent grant aleure vers la ville, et quant il vindrent à Arques, il trouverent ceulz de Bruges qui se logoient. Endementres qu’il se logoient, vindrent les archiers courre jusques à la porte, et porterent une baniere des armes messire Robert d’Artois, et traioient si dru vers la porte que c’estoit merveille. Quant ceulz qui à la porte estoient les virent ainsi traire, si issirent hors tout à I cop et coururent à eulz ; mais il ne les atendirent mie, ainz s’enfuirent, et ceulz de Saint Omer les chacierent jusques à la maladrerie, et ainsi paletoit-on moult souvent ; mais onques le duc ne hommes d’armes ne s’en murent. Et tant paleterent que les Flamens furent touz logiez, et quant il furent tous logiez, il bouterent le feu en la ville d’Arques et l’ardirent toute. Celle meismes journée vint le conte d’Armignac atout son ost en la ville[401]. Le roy de France qui avoit son ost assemblé pour aler vers Tournay, s’appensa que miex li vaudroit de soy combatre à messire Robert d’Artois que d’aler vers Tournoy ; si fist mouvoir son ost pour aler vers Saint Omer en grant haste. Les Flamens qui estoient dessus Arques aloient presque touz les jours paleter jusques aus forbours de Saint Omer, et faisoient par nuit si grant lumiere en leur ost que la lumiere resplendissoit jusques à la ville ; et si faisoient chascun jour moult grans assauls à un petit chatellet qui estoit au duc de Bourgoigne, que on appelle Ruhout[402] ; mais onques pour assaut qu’il feissent ne le porent gaaignier.

Quant messire Robert d’Artois sot que le roy de France venoit vers lui et qu’il avoit laissié Tournai, si hasta moult sa besoigne. Par I mercredi matin[403] manda touz les capitaines de son ost, et leur dist : « Seigneurs j’ay oy nouvelles que je voise vers la ville et que tantost me sera rendue. » Tantost se coururent armer et disoient l’un à l’autre. « Or tost, compains, nous bevrons encore à nuit de ces vins de Saint Omer. » Quant les batailles furent ordenées, si se avalerent de leurs tentes et vindrent le grand chemin parmi Arques vers la ville de Saint Omer. Et ou premier front devant vint messire Robert d’Artois, et avoit aveques lui II banieres d’Angleterre et touz ceulz de Bruges et les archiers, et ne s’arresterent onques jusques atant qu’il vindrent à une arbalestrée près de la maladrerie, et ylec s’arresterent, et avoient fossés devant eulz, si que on ne pooit venir à eulz, et avoient par devant eulz mis bretesches qui avoient grans broches de fer et estoient couvertes de toile afin que on ne les peust apercevoir. Et en l’autre bataille après, qui moult estoit grant, furent ceulz du Franc. A l’autre costé sus le mont dalés, à la costiere d’Arques[404], furent arrengiez ceulz d’Ypre qui estoient grant quantité ; et entre ces II batailles estoient arrengiez ceulz de Furnes et Bergues et leurs chasteleries. Et pour garder les tentes estoient demourez ceulz de Poperingues et toute la chastellerie de Cassel et de Bailleul. Ore y avoit I fossé traversant qui s’estendoit de la bataille d’Ypre qui estoit sur le mont, jusques à la bataille monseigneur Robert d’Artoys.

Quand les chevaliers qui estoient à Saint Omer virent les Flamens rengiez au bout des forbours de la ville, si issirent hors par routes sanz conroy, et furent ja issuz touz les banerois excepté le duc de Bourgoigne et le conte d’Armignac avec toutes leurs batailles. Et la cause pourquoy le duc ne issi, si fu telle, car le roy li avoit mandé qu’il ne se combatist pas à Robert d’Artoys ne à son effort sanz lui. Quant les chevaliers furent venuz en plain pays où les Flamens estoient arrengiez, moult firent de courses sus eulz, mais onques ne les porent entamer, et durerent ces courses de midi jusques à complie ou environ. Quant le duc de Bourgoigne vit que ses anemis estoient si près de lui, si appella le conte d’Armignac et ses conseilleurs et leur dist : « Seigneurs que me louez vous ? Je ne puis veoir voie que je ne soie aujourd’ui deshonnorez ou que je ne desobeisse au roy. » Adonc dist le conte d’Armignac : « Sire, à l’aide de Dieu et de voz bons amis, à la pais du roy vendroiz-vous bien. » Tantost dist le duc : « Or nous alons armer de par Dieu et de par monseigneur saint George. » Quant il fu armé, si issi de la ville, et n’avoit pas plus haut de L hommes d’armes aveques lui, et s’en ala droit à la maladerie sanz arrester ; et là trouva à l’encontre de lui la bataille messire Robert d’Artoys. Après, issi le conte d’Armignac qui avoit bien viiic hommes d’armes, desquiex il en y avoit bien iiic armez parfaitement, et celle bataille se trait vers ceulz d’Ypre qui estoient à destre. Quant les Bourgoignons virent le duc aus champs, si se trairent vers li ; mais les Artisiens et les Flamens qui de la partie au roy estoient, se tindrent touz quoiz en la champaigne où il estoient. Adonques vindrent les grans batailles de Bergues et de Furnes et du Franc à travers les champs et leur coururent sus ; et les Artisiens et les Flamens se deffendirent contre eulz. Mais quant il vindrent au fossé qui traversoit, si ne porent aler oultre ; tantost retournerent les banieres, et en retournant ot maint haut homme desconfit ; et s’enfuioient de touz costez, et laissierent leur seigneur enmi les champs es mains de leurs anemis, se la grâce de Dieu ne l’eust sauvé. Tantost que les Flamens virent les banieres retraire, si saillirent oultre le fossé a grans routes, et coururent après eulz et les cuidoient avoir desconfis. Mais quant les Artisiens les virent oultre, si tournerent leurs banieres et leur coururent sus par très grant courage ; et commença ilec la bataille par telle maniere que en la fin les Flamens furent desconfiz. Et le conte d’Armignac s’en ala vers ceulz d’Ypre, et tantost qu’il le virent venir vers eulz, si s’enfuirent, si que on ne sceust onques bonnement quel chemin il tindrent. Et lors le conte se retrait vers ceulz qui chaçoient les fuianz ; et en celle fuite y ot moult grant quantité des Flamens et de ceulz de la partie Robert d’Artois mors. Endementres que les Artisiens et le conte d’Armignac se combatoient et chaçoient les Flamens vers Arques, messire Robert d’Artois aveques toute sa bataille vit le duc de Bourgoigne ester devant la maladerie. Si fist mettre ses engins arrieres, et vint atout i grant hui[405] vers la ville de Saint Omer. Quant les gens au duc le virent venir, si se trairent hors du chemin par devers les champs ; et monseigneur Robert d’Artois les cuida avoir seurpris enmi la rue des forbours, car les gens d’armes ne se peussent là avoir ayde contre les gens de pié, mais il failli à s’entente. Tantost il se retrait a toute sa bataille vers la porte de la ville de Saint Omer, et derechief cuida encore ledit messire Robert d’Artois avoir seurpris ledit duc de Bourgoigne. Mès ainsi comme Dieu le voult, ceulz qui estoient en la porte recognurent leurs banieres, tantost commencierent à traire et à getter vers eulz ; mais l’entrée de la ville fu si apressiée de genl que nul n’i pot entrer ne issir de ceulz qui s’enfuioient vers la ville.

Quant monseigneur Robert d’Artois et ses gens virent qu’il avoient failli à leur entente, si aconsurent[406] aucun chevaliers qui s’en venoient vers la ville à recours et là les tuerent I pou devant la porte. Et y fu tué le sire de Hamelicourt, monseigneur Froissars de Biaufort et I autre chevalier d’Espaigne[407] que on appelloit le seigneur de Saint Vrain, et un chevalier de Bourgoigne que on appelle le seigneur de Branges. Et là fu tué I chevalier d’Angleterre qui portoit eschequeté d’argent et de gueules, et fu trait tout parmi la cervelle. Et puis ordenerent leurs batailles et se retraistrent vers Arques. Mais quant il furent issuz des forbours, le duc qui ralioit sa gent et les attendoit leur vouloit courre sus. Mais pour ce qu’il estoit nuit[408], ne le vouldrent ses gens souffrir. Puis passa la bataille messire Robert d’Artoys oultre le chemin, toute ordenée, criant à haute voiz : Saint George. Le conte d’Armignac et les Artisiens qui avoient chacié les desconfiz et ne savoient riens de ce qui avoit esté fait devant la ville, encontrerent monseigneur Robert d’Artois et toute sa bataille ; mais il ne le cognurent mie, pour ce qu’il estoit trop tart, et en y ot aucuns seurpris en eulz qui furent tuez. Là fu pris I chevalier de Bourgoigne que on appelloit monseigneur Guillaume de July. A ce jour, leva baniere le conte de Molisson[409] qui fu au conte d’Armignac et fu nouvel chevalier, et si leva baniere le sire de Sainte Croiz[410] et I autre chevalier d’Artois que on appelloit le seigneur de Rely[411]. Ylec ot maint chevalier fait.

Le duc de Bourgoigne, quant il ot ralié ses gens s’en vint vers la ville a grant joie, et ceulz de la ville issirent contre li a torches et le menerent en la ville. Là peust-on oïr maint cri de chevaliers, et entrerent a si grant joie en la ville que à paine y eust-on oy Dieu tonnant. Puis fist-on aporter les chevaliers qui gisoient mors dehors la ville, et furent l’endemain enterrez a grans pleurs. Ceste bataille fu l’endemain du jour de la feste monseigneur saint Jaque, ou moys de juillet[412] l’an de grâce mil CCC XL.

Quant messire Robert d’Artoys fu revenu à ses tentes, la lumiere estoit ja toute alumée, mais il n’i trouva nullui, car touz s’en estoient fuiz et avoient laissié tentes et harnois et tout quanqu’il avoient pour la greigneur partie derriere eulz, et estoient si desconfiz que ja ne cuidierent venir à Cassel, et en mourut grant foyson en la voie qui estoient tous traiz et navrez. L’ost qui estoit aveques monseigneur Robert d’Artois de la partie des Flamens fu esmé par connestablies à lvm, sanz leur charroy ; et les mors furent nombrés à iiim.

Quant messire Robert vit que ses gens estoient ainsi fuiz, si monta tantost et ne tarda onques jusques atant que il fu à Cassel sus le mont, et là cuida bien estre tuez de ses gens, ne onques n’i fu à sauveté jusques atant qu’il fu à Ypre. Puis vous dirai du duc de Bourgoigne qui estoit entré en la ville de Saint-Omer ; et là se reposoient toutes ses gens d’armes. Toute la nuit coururent destriers par les champs et les gens ne savoient où aler. Mais II chevaliers qui estoient à l’evesque de Terouane, qui faisoient le guet et ne savoient riens de la bataille, vindrent courant jusques bien près des tentes, si ne virent âme. Et quant vint en l’aube du jour, si virent que touz s’en estoient alez[413]. Tantost entrerent es tentes et pristrent du plus bel et du meilleur qu’il trouverent, tant qu’il furent touz chargiez. Et l’endemain, quant on le sceut en la ville, là peust-on veoir maint homme à pié et à cheval courre au gaaing ; et ne fina onques toute jour de y mener chars et charetes chargiez de tentes et d’autres estophes de guerres, et gaaignierent si grant avoir que ce fu grant merveille. Et mourut bien ylec xiic chevaux que on fist touz ardoir pour la punaisie, et fist-on getter les mors en grans charniers. Et messire Robert d’Artoys qui estoit à Ypre n’i osa plus demourer, ainz s’en retourna en l’ost du roy d’Angleterre qui estoit devant Tournay[414]. Et fu le païs de Flandres si desconfist, que mil hommes de armes eussent bien desconfit tout le pays jusques à Bruges. Quant le roy d’Angleterre sceut la desconfiture qui avoit esté faite devant Saint Omer, si fist toute sa gent passer l’Escaut et assegier la ville de Tournai tout entour.

Le roy de France qui avoit assamblé I si grant ost, que onques greigneur à pou près ne fu veu ou royaume de France, s’estoit venuz logier à Ayre[415], l’endemain de la bataille, à une prioré que on appelle Saint Andrieu[416] ; et l’endemain sceut la nouvelle comment la chose estoit alée ; et là li aporta-on unes lettres, desquelles la teneur fu telle.


XXI.
De la teneur des lettres que le roy d’Angleterre envoia au roy de France[417].

De par Edouart roy de France et d’Angleterre, seigneur d’Irlande. Sire Phelipe de Valoys, par lonc temps nous avons poursuivi par messages et en plusseurs autres manieres, afin que faciez rayson à nous et que vous nous rendissiez nostre droit heritage du royaume de France, lequel vous nous avez lonc temps occupé en grant tort. Et pour ce que nous voions bien que vous entendez de perseverer en vostre injurieuse detenue et sanz nous faire rayson de nostre droituriere demande, sommes nous entrez en la terre de Flandres comme seigneur souverain d’icelle et passé parmi le pays, et vous signifions que pris avons[418] l’ayde de Nostre Seigneur Jhesu Crist et [nostre] droit avec le pooir dudit pays et avec noz gens [et] aliez. Regardanz le droit que nous avons à l’eritage que vous nous detenez à grant tort, nous nous traions vers vous pour mettre brief fin sur nostre droituriere demande et chalenge, si vous voulons[419] aprochier. Et pour ce que si grant pooir de gens d’armes qui viennent[420] de par vous ne se pourroient mie tenir longuement ensemble sanz faire grant destruction au peuple et au pays, laquelle chose chascun bon crestien doit eschiver, et especiaument prince, et autre qui se tient pour gouverneur de gent ; si desirons moult que en briez jours se preissent[421] et pour eschever mortalité de peuple, ainsi que la querelle est apparissant à nous et à vous, et la destruction de nostre chalenge se feist entre nous deus ; laquelle chose vous offrons par les choses dessus dittes, comment que nous pensions bien la grant noblesce de vostre corps et vostre sens et avisement. Et ou cas que vous ne voudriez celle voie, que adonc fust mise nostre chalenge pour affermer bataille de vous meismes avec C personnes des plus souffisanz de vostre part, et nous meismes a autretant. Et se vous ne voulez ou l’une voie ou l’autre, que vous nous assignez certain jour devant la cité de Tornoy pour combatre pooir contre pooir dedenz X jours après la date de ces lettres. Et les choses dessus dittes voulons estre cogneues par tout le monde ; et que en ce est nostre desir non mie par orgueil ne par outrecuidance, mais afin que Nostre Seigneur mette repos de plus en plus entre crestiens, et pour ce que le pooir des anemis Dieu fust resistez et crestienté essauciée. Et la voie que sur ce vouldrez eslire des offres dessus dittes, escrisiez-nous par le porteur de ces lettres en li faisant hastive delivrance. Donné souz nostre grant seel à Elchin[422] sus l’Escaut, delez Tournoy, en l’an de grâce M CCCXL, le XXVII jour de juillet[423].


XXII.
De la response des lettres que le roy Phelippe envoia au roy d’Angleterre.

Quant le roy de France et son conseil orent veues ces lettres, tantost envoia response au roy d’Angleterre sus ceste forme :

« Phelippe, par la grâce de Dieu, roy de France, à Edouart, roy d’Angleterre. Nous avons veues unes lettres aportées en nostre court, envoiées[424] à Phelippe de Valois, esquelles lettres estoient aucunes requestes[425]. Et pour ce que lesdittes lettres ne venoient pas à nous, [et que] lesdittes requestes n’estoient pas à nous faites, ainsi comme il appert par la teneur des dittes lettres, nous ne vous en faisons nulle response. Toutes voies, pour ce que nous avons entendu par lesdittes lettres et autrement, que vous estes embatu en nostre royaume de France, en portant grant domage à nous et à nostre dit roiaume et au peuple, meu de volenté sanz point deraison, en non regardant ce que homme lige doit garder à son droit seigneur, car vous estes entrés en nostre hommage, en nous recognoissant, si comme raison est, roy de France, et promis obeissance telle comme on la doit promettre à son seigneur lige, si comme il appert par voz lettres patentes scellées de vostre grant seel, lesquelles nous avons par devers nous, et en devez autant avoir par devers vous. Nostre entente est, quant bon nous semblera, de vous chacier hors de nostre roiaume, à l’onneur de nous et de nostre majesté royal, et au profit de nostre peuple. Et en ce faisant, avons nous ferme esperance en Jhesu Crist dont touz biens nous viennent. Car par vostre emprise qui est de volenté non raysonnable, a esté empeeschié le saint voiage d’outre mer, et grant quantité de crestiens mis à mort, et le service de Dieu apeticié, et sainte Eglise aornée de moins de reverence. Et de ce que vous cuidiez avoir les Flamens en ayde, nous cuidons estre certains que les bonnes gens et les communes du pays se porteront par telle maniere envers nostre cousin le conte de Flandres leur seigneur, qu’il garderont leur honneur et leur loyauté. Et ce qu’il ont mespris jusques à ore, a esté par mal conseil de gens qui ne gardoient pas au profit commun, mais au profit de eulz tant seulement. Donné sus les champs, à la prioré Saint Andrieu delez Ayre, souz le seel de nostre secré, en l’absence de nostre grant seel, le XXX jour de juillet, l’an de grâce mil CCC et XL.

[426]Endementres que le roy de France fu à Saint Andrieu et qu’il ot receues les lettres du roy anglois, ainsi comme vous l’avez oy par avant, envoierent ceulz de Tournay à lui, que pour Dieu il les vousist secourre, car leurs anemis les avoient si environnez que nul vivre ne pooit à eulz entrer. Et tantost y envoia le roy le duc d’Athènes[427], le visconte de Touart[428], le visconte d’Aunoy[429], le seigneur Pierre de Fauquegny, le conte d’Aucuerre[430], le seigneur de Craon[431] et son frere, monseigneur Guy Tulepin[432], le seigneur de Chasteillon en Touraine, le filz au conte de Roussi[433], le dalphin d’Auvergne[434], [le seigneur de Cliçon][435], le seigneur de Laillac, le seigneur de Biaugieu[436], le seigneur de Saint Venant[437], le frere à l’evesque de Mes[438] et Ourri Thibaut. Touz ceulz-ci estoient à baniere et avoient bien aveques eulz iim hommes, et s’en alerent droit à Cassel. Mais les Flamens avoient pris le mont tout environ et estoient au devant. Quant il virent ce, si bouterent le feu partout, et cuida l’en que par le feu et les fumées faire, l’en feist lever le siege de Tournay, puis vindrent à Saint-Omer. L’endemain murent à heure de prime et s’en alerent par toute la terre au conte de Bar[439] ardant et essillant, et ainsi s’en retornerent en l’ost.

Lors assembla le roy de France grant conseil, à savoir mon se il enterroit en la terre de Flandres atout son ost ou se il iroit vers Tournoy. Mais à ce conseil avoit le conte de Flandres amis qui virent bien que se le roy fust entrez en Flandres, que tout le pays eust esté essilliez, et pour ce li louerent d’aler vers Tournoy.

Quant le roy ot ilec sejourné VIII jours, si fist mouvoir son ost et chevaucha continuelment[440] jusques atant qu’il vint à trois lieues de Tournoy, à une ville que on appelle Bouvines[441], et là se loga asses près de ses anemis.


XXIII.
Ci parle des haux princes qui estoient en l’ost du roy de France.

[442]Or vous diray les haux princes qui estoient en l’ost du roy de France. Premierement, le roy de Behaigne[443], le roy de Navarre[444], le duc de Normendie[445], le duc de Bourbon[446], le duc de Bretaigne[447], le duc de Bourgoigne[448], le duc de Lorraine[449], le duc d’Athènes[450], le conte d’Alençon[451], le conte de Flandres[452], le conte de Savoie[453], le conte d’Armignac[454], le conte de Bouloigne[455], le conte de Bar[456], l’evesque du Liege[457], le conte de Dreux[458], le conte d’Aubemalle[459], le conte de Bloys[460], le conte de Sancuerre[461], le conte de July[462], le conte de Roussy[463], et maint autre haut homme, desquiex longue chose seroit de raconter les noms.

Or vous diray après d’aucuns haus barons qui furent de la partie au roy d’Angleterre. Premierement ledit roy en sa personne, messire Robert d’Artois, le conte de Harefort[464], le conte de Noyrantonne[465], le conte Derby[466], le conte de Hantonne[467], le conte d’Arondel[468], le baron d’Estanfort[469], le duc de Breban[470], le duc de Guerle[471], le conte de Haynaut[472], monseigneur Jehan son oncle[473], le marquis de Juliers[474], le conte des Mons, le conte de Chigni[475], le sire de Fauquemont[476], Jaques de Hartevelt a toute la commune de Flandres. Touz ceulz-ci avoient assis Tournoy, mais il n’i firent onques assaut fors de gitter pierres, excepté un jour que je ne scai quans serjans d’armes du roy issirent de la ville aveques le connestable, et vindrent en la rue des forbours et encontrerent une route d’Alemans et d’Anglois, et ferirent ylec ensemble ; mais tant crut la force des Anglois qu’il convint les François retraire ; ce fu tout le fait d’armes qui fu fait à ce siege[477].


XXIIII.
Coment la contesse de Haynau pourchaça tant envers le roy de France et envers le roy d’Angleterre que parlement fu fait entre eulz et division de pais et deliberacion de trives.

Puis vous diray de la contesse de Haynau[478] qui tant pourchaça devers le roy de France son frere et vers le roy d’Angleterre qui avoit sa fille espousée, aveques le roy de Bahaigne, que I jour de parlement fu pris entre les II roys. Mais Jaques de Hartevelt vint devant le roy d’Angleterre et devant les barons de l’ost et leur dist : « Seigneurs, prenez garde quelle pais vous faites, car se nous n’i sommes compris et touz noz articles pardonnez, ja ne nous departirons de ci ne ne vous quiterons du serement que vous avez devers nous. » Dont dit la contesse de Hainaut. « Ha sire Dieu en ait pitié, quant pour le dit d’un vilain tout le noble sanc de la crestienté sera espandu. » Tant fu la chose esmeue que Jaques de Hartevelt s’acorda au traitié, ainsi comme vous orroiz.

Les barons qui tindrent le parlement de par le roy de France furent : le roy de Bahaigne, le conte d’Armignac, le conte de Savoie, messire Loys de Savoie[479] et le sire de Noyers[480].

Et de par le roy anglois y fu messire Guillaume de Clitonne[481], l’evesque de Nichole[482], messire Gieffroy Scorp[483], messire Jehan de Haynau[484], le sire de Cut[485] et messire Henri d’Anthoing[486], et fu le parlement sus ceste forme : Premierement que le roy de France rende au roy d’Angleterre, par mariage de leurs enfans, toute la terre de Gascoigne, d’Aquitaine et la conté de Pontieu, aussi avant comme le roy Edouart son tayon la tint, par ainsi que nul serjant du roy ne peust sergenter au pays. Après, de tant qu’il touche au pays de Flandres, que gens moiens et petiz soient menez aus loys qu’il tindrent du temps le conte Guy.

Item, toutes obligacions où il sont obligiez devers le roy en quelconques maniere et de quelconques temps que ce soit, tout soit quittié, tant de voiages que de sommes d’argent ou des paines esquelles il sont escheus.

Item, que tout escommeniement et entredit où il pevent estre encouruz, qu’il en soient absoulz ; et de toutes les forces et obligacions par lesquelles il pourroient estre encouru lesdittes sentences, leur soient rendues et mises par devers eulz.

Item, toutes les males volentés où il pueent estre encouruz par cause de rebellion ou de desobeissance envers le roy ou le conte de Flandres, leur soit du tout pardonné en telle maniere que jamais aucuns de eulz n’en doye recevoir en corps ne en biens aucun dommage. Et s’il avenoit qu’il feissent aucune chose ou temps avenir pour quoy il deussent estre puniz, que pour les choses passées il n’en aient pis, ainz soient demenez par les loys et coustumes du lieu où il sont demouranz. Et pour touz ces traitiez de pais faire et acorder a plus grant deliberacion aveques les autres accors, requist la contesse de Haynau unes trives jusques à la saint Jehan Baptiste[487], ausquelles trives certaines personnes seront envoiées en I certain lieu, et seront les sentences relaschiées et souspenduees, et fera-on le service de Dieu par toutes Flandres.

Quant ces choses furent ainsi ordenées, le roy de France departi son ost et s’en retourna en France[488], et le roy d’Angleterre departi le sien et s’en ala à Gant[489]. Là vint le conte de Flandres à lui et s’entrefestoierent l’un l’autre de grans mengiers et de biaux dons. Mais onques ne le pot le roi d’Angleterre attraire qu’il venist à son serement, comment que ledit conte en eust esté assez requis.

Depuis, fist le roy d’Angleterre appareillier son navire et prist congié aus alliez. Et pour ce que aucuns grans maistres estoient demourez en Angleterre qui avoient esté negligens de envoier au roy d’Angleterre deniers, et li convint par necessité laissier le siege[490] comment qu’il eussent les deniers receuz de par le roy ; ne voult pas monseigneur Robert d’Artois passer aveques le roy, pour ce que il pensoit que le roy feroit correction quant il vendroit en Angleterre de ceulz qui avoient ainsi les deniers detenuz ; et ledit messire Robert d’Artois ne vouloit point avoir le maugré. Si laissa le roy d’Angleterre le duc de Guerle et plaige pour lui à Gant et puis s’en ala li et la royne en Angleterre. Et quant il fu venu en son pays, si fist prendre grant partie des gouverneurs qui avoient gouverné son royaume[491], et fist chacier pour prendre l’arcevesque de Cantorbiere[492] ; mais il se tint si garni en son eglise qu’il ne le porent avoir. Puis assembla parlement de ses barons, et leur opposa que trahy l’avoient, et que par la deffaute de eulz il li convint laissier le siege et son emprise ; pour quoy il condampna les uns en corps et en avoir, les autres tint en prison.

Quant monseigneur Robert d’Artois ot jousté à une grant feste à Leure[493] en Brebant, il s’en ala en Angleterre et fist la pais à l’arcevesque de Cantorbiere, et as autres fist pardonner leurs vies, mais leurs heritages furent touz forfaiz, et les departi le roy et ses chevaliers qui bien s’estoient portez en sa guerre. Si avint que le conte de Flandres qui estoit demouré en son pays, pour ce que on li fist pou d’obeissance, il s’en parti par mautalent et s’en ala vers le roy de France.


XXV.
Comment le roy Garbus vint a grant ost de Sarrazins en la terre de Garnate, et coment le roy d’Espaigne vint contre lui et le roy de Portigal, et orent victoire sus Sarrazins. En celle abtaille furent occis CCM Sarrazins, et fu occis Picazo filz au roy de Belle Marine, un moult vaillant chevalier sarrazin[494].

Or avint en ce temps que le roy d’Espaigne[495] qui tint grant guerre vers Sarrazins, ainsi comme vous orrois, que les nouvelles en vindrent au cardinal d’Espaigne[496]. Le roy Garbus avoit assamblé moult grant ost et vint en la terre de Garnate[497]. Ileques vint le roy d’Espaigne à l’encontre et le roy de Portigal[498], la veille de la Saint Jehan Baptiste, l’an M CCC XL, devant I chastel moult noble que on appelle Gibaltoire[499]. Là s’assamblerent les batailles ; mais de premiere venue le roy d’Espaigne perdi assez de sa gent ; et depuis pristrent vigueur en eulz, et se ferirent enmi les Sarrazins et se combatirent de si grant pooir que les Sarrazins se desconfirent, et dura l’occision III jours et II nuiz que onques ne finerent d’espandre sanc des mescreans. Et dist-on qu’il en mourut bien à celle bataille ccM. Et fu occis Picazo[500] le filz au roy de Belle Marine[501] qui estoit moult bon chevalier. Quant le roy Garbus fu ainsi desconfit, il s’enfui a toute sa gent qui demourez li estoient en une cité que on appelle Gersye[502].

Quant les roys crestiens virent ce, si s’appareillierent pour assegier la cité. Mais le roy Garbus l’apperçut ; si fist nombrer ses gens d’armes et trouva qu’il en avoit encore xxm à cheval et grant multitude de gent à pié, et si n’avoit mie vivres en la cité pour plus de XVI jours. Si manda toute sa gent et leur dist que miex leur venoit combatre que estre ileques affamez, et furent d’accort d’issir contre les crestiens, et issirent bien une lieue loing. Quant les crestiens virent ce, si s’arresterent et ordenenerent leurs batailles. Et si tost comme il assamblerent ensemble, le roy Garbus s’enfui en la cité et ses gens aussi. Et pour ce qu’il doubta le siege, pensa de soy enfuir par mer, car en la cité avoit une riviere portant navie, et y avoit III galies et une sagittaire, et si entra ens environ heure de mienuit, et sa femme et ses enfans, et grant plenté de tresors aveques lui. Mais aussi comme Dieu le voult, la navie au roy d’Arragon fu à celle heure armée, et vindrent ces galies toutes trois en eulz, et se combatirent jusques à grant jour ; mais les Sarrazins n’i orent pooir, si furent prises les trois galies et la sagittaire aveques très grans tresors. Ileques fu pris le roy Garbus et ses II filz et le filz au roy de Thunes, et XXV galies de Sarrazins, et la femme au roy Garbus et moult de femmes sarrazines aveques lui. Quant le pape sceut ces nouvelles, si fist faire grans processions pour la victoire. Et en la nef du roy Garbus fu trouvé i coffre où il y avoit unes lettres que le grant Caliphe li avoit envoiées, desquelles la teneur estoit telle.


XXVI.
La teneur d’unes lettres qui furent trouvées en I coffre, que le grant Caliphes avoit envoiées au roy Garbus.

« Caliphe de Baudas qui sui une seule loi et saint, et du linage du saint Mahommet, grant soudant et sire puissant, sage et fort souverain, de la sainte maison du corps saint Mahommet de Mec, qui sui puissant et croy en sa hautesce et en sa sainte vertu, qui fais justice et confons ceulz qui autres vueullent confondre ; [seigneur][503] du royaume de Turquie et de Perse, et possede les terres de la grant Hermenie, sire merveilleux, dureurs de la mer[504], juges sus les bons et loyaux qui croient la sainte loy Mahommet, et la forte espée Helye et David qui tua et decola ceulz de la cité d’Acre et destruit et mist au noient, sires du royaume de tout le monde dessouz le Createur, sires des parties d’Aise et d’Auffrique et de Europe, vainqueur des batailles de touz les crestiens du monde. A toy roy de Bellemarine et de Marroc, salut, aveques cremeur de ma forte espée. Nous te segnefions que nos sages Mores nous ont donné à entendre que ton filz Picazo, enfent honnorable et très fort chevalier en la foy Mahommet, comme Amali et Malefaçon qui furent esleuz pour garder la sainte loy Mahommet contre la loy maudite des crestiens maleurée et privée [de sens][505], car ceulz qui vivent en celle loy ne scevent en quoy il vivent, car il croient en leur alcorain qu’il appellent pape et cuident qu’il leur puest pardonner leurs pechiez, et ainsi sont deceuz par leur mauvaise loy qu’il tiennent. Et pour ce que Alphons, roy de Castelle, qui deust estre ton vassal et touz les autres roys du monde qui creoient en la foy crestienne te devroient servir et obeir, noientmoins il sont venuz à l’encontre de noz Mores qui sont les plus nobles du monde et croient en la sainte loy Mahommet ; et ont mis à mort si sainte creature comme estoit Picazo ton filz, qui si nobles estoit qu’il ne peust avoir esté mort en bataille, se ne fust par les fraudes que les crestiens scevent [faire][506], par lesquelles il ont occis ledit enfant. Et croy vraiement que parmi la croiance qu’il avoit en Mahommet, qu’il est en paradis aveques li, et l’acole beneureusement, et là mengue miel, lait et burre et est resuscitez. Et si sainte creature comme il est, aura LX femmes vierges en nostre saint paradis.

Pourquoy nous te mandons, sus la cremeur de nostre espée, que tu y voises atout le pooir deçà la mer et delà la mer, aveques tout le pooir de la terre des Sarrazins, de la terre de Caphandes, de la terre de Bellemarine, de la terre des Rosciens, de la terre de Privileges, de la terre des Tartars, de la terre de Trifuge, de la terre de Monclers, et tresperce la terre des crestiens et par mer et par terre. Et te commandons sus le povoir de nostre loy que tu ne tardes la besoigne encommenciée jusques atant que toute la terre soit destruite. Et aveques tout ce, nous ottroions à noz religieux Alphages qu’il puissent preeschier et donner pardons ou nom de nous. Et touz ceulz qui contre les crestiens iront aront pardon de leurs pechiez, chascun pour li et pour XI personnes de son linage quiex qu’il vouldra eslire. Si en lieve ma main au ciel et jure par nostre sainte loy, que ceulz qui yleques seront mors, resusciteront au tiers jour et demourront permenablement aveques leurs femmes et aveques Mahommet, et yleques mengeront burre, miel et lait, et aura chascun VII femmes vierges, et en ceste foy seront sauvez. Et ceulz qui seront trouvez fermes en ceste foy, et qui contre lesdiz crestiens ne pourront aler en propre personne, donront de leurs biens à ceulz qui vouldront passer, il aront le plain pardon aussi avant comme les autres combateurs. Et recommant à toy, honnorable et puissant, les herbes paissant, beuvant les yaues de la mer, que tantost te lieves sanz delay aveques tout le pooir dessus dit, et va à Gibaltaire nostre honnorable chastel, et de là passe la mer, et te combat au roy de Castelle, sanz misericorde met tout à l’espée en telle maniere que de leurs eglises faces estables à tes chevaux, et leurs crois soient estaches pour tes tentes ; et fais touz les petiz enfans escerveler, et les femmes grosses fais ouvrir, et à toutes les autres fais coper les testes, en despit de la loy crestienne. Et fais tant que tes mains ne cessent d’espandre sanc devant ce que toute crestienté soit destruite et que toutes terres soient sousmises à nostre seigneurie. Adonques aras-tu la grâce de Mahommet et d’Amali et de Malefaçon, qui furent sains prophetes, et te seront en aide quant tu les reclameras, car onques si sains hommes ne furent nez en nostre loy. »


XXVII.
Comment le roy de Bellemarine et de Marroc rassamblerent grant peuple de Sarrazins et vindrent en Espaigne, et comment le roy Alphons d’Espaigne les desconfist derechief, et y et des Sarrazins mors, LXm.

L’an de grâce mil CCC XLI, le roy de Bellemarine et de Marroc assamblerent grant foison de Sarrazins et vindrent en la terre d’Espaigne, aians grant volenté de vengier la mort de Picazo, filz du devant dit roy de Bellemarine. Quant le roy Alphons d’Espaigne et le roy de Portigal l’entendirent, derechief assamblerent ost et vindrent à l’encontre des Sarrazins, la nuit de la Touz Sains l’an devant dit, et commença la bataille moult forte. Mais en la parfin les Sarrazins se desconfirent[507] ; et en y ot bien de mors, de la partie des Sarrazins, xxxm ou environ à cheval, et des gens de pié jusques environ lm. Et s’enfui le roy de Marroc devers la mer ; ileques trouva une galie où il entra et ainsi s’enfui, et disoit-on que à paine il pourroit recouvrer sa perte.

L’an mil CCC XLI, les trives qui longuement avoient esté continuées entre le roy de France et les Flamens, derechief furent continuées jusques à la feste monseigneur saint Jehan Baptiste de l’an ensuivant[508]. Mais en celle espace de temps, les Flamens ne labourerent autre chose fors que de eulz très puissaument garnir contre le roy de France, tant en son royaume comme en autre lieu.


XXVIII.
Comment le duc Jehan de Bretaigne mourut sanz hoir de son corps, pour quoy mut grant descort entre Charles de Bloys et le conte de Monfort pour le duchié de Bretaigne[509].

En ce meismes an, ou pou après Pasques, mourut Jean duc de Bretaigne[510]. Après la mort duquel grant controversie fu née entre Charles de Bloyes[511], filz du conte de Bloys et neveu du roy de France, de par Marguerite sa suer, femme du devant dit conte de Bloys, lequel Charles avoit espousée la fille[512] Guy de Bretaigne, visconte de Lymoges, frere secondement né du devant dit duc Jehan, et entre le conte de Monfort, frere d’icelui duc Jehan, tiercement né[513]. Car ycelui Charles disoit que par rayson de coustume approuvée et courant par toute Bretaigne, disant et voulant que se aucun, tant noble comme non noble, trespassoit sanz hoir de son corps et eust freres, le premier né après le mort possederoit l’eritage et la seigneurie ; mais soit donné qu’il eust plusseurs freres, et encore soit donné que celui qui est secondement né mourut devant le premier né. Toutes voies se celui secondement né avoit hoir de son corps, masle ou femelle, ycelui hoir, devant tous les autres freres, après la mort du premier né, seroit heritier et joyroit de l’eritage[514]. Et pour ce, disoit ycelui Charles de Bloys, neveu du roy, que supposée la devant dite coustume, par la raison de sa femme jadis fille de messire Guy de Bretaigne, visconte de Lymoges, frere secondement né de monseigneur le duc de Bretaigne derrenierement mort, la seigneurie du duchié de Bretaigne li devoit apartenir et li estoit devoluée.

Jehan conte de Monfort affirmant le contraire et disant que se ceste coustume entre les non nobles couroit, toutes voies entre les nobles, et meismement entre princes, elle n’avoit nul lieu. Pour laquelle chose, la cause vint à l’audience du roy et à la seigneurie duquel la souveraineté de l’omage apartenoit. Et quant la cause fu menée en parlement, à la parfin, par plusseurs sages et expers, et meismement par aucuns evesques dudit pays, la devant dite coustume fu souffisaument prouvée, et fu dit par arrest[515] que le roy devoit recevoir et envestir le devant dit Charles à l’ommage du duchié de Bretaigne. Quant le roy ot ce oy, si le fist tantost chevalier nouvel, et le envesti dudit duchié. Mais avant que ces choses se feissent, Jehan le conte de Monfort, sentant justice agreable au devant dit Charles, defui l’audience, et à Nantes, une cité de Bretaigne très forte se transporta, et en ycelle cité s’appareilla de toutes ses forces à resister et obvier audit Charles[516].

Quant le roy vit que le conte de Monfort aloit contre son jugié, si mist toute sa terre en sa main et si envoia son filz monseigneur Jehan, duc de Normendie[517], et son frere messire Charles d’Alençon, pour lui guerroier. Lesquiex, quant il furent entrez ou duchié de Bretaigne, il assegierent I très fort chastel qui est en une ille de Loyre, lequel est appelle Chastonciaux[518], et le reçurent en dedicion. Et après alerent vers la cité de Nantes. Mais ceulz de Nantes si regarderent que ce ne seroit pas juste chose ne seure de resister au roy et au royaume de France. Si se rendirent[519] au duc de Normendie et au conte d’Alençon, et aveques ce, il reçurent le conte de Monfort, qui là estoit, sus certaines convenances, si comme aucuns disoient, lequel quant il l’orent receu, si le firent presenter au roy. Mais endementres que le roy le fist tenir à Paris au Louvre sus certaine garde, sa femme qui suer estoit au conte de Flandres[520] et ses complices, pour ce ne se desisterent onques de faire moult de maulz par le duchié de Bretaigne.

Et ce meismes an, le IX jour de Decembre, il fu eclipse de souleil, li estant ou signe de Sagittaire, et dura par II heures et plus.

Et en ycest an, comme messire Hervi de Leon, chevalier, homme grant et puissant ou duchié de Bretaigne, lequel estoit adherent à messire Charles de Bloys[521], et il voulsist encliner à sa partie II chevaliers lesquiex estoient ses hommes liges ; c’est assavoir Tanguy du Chastel chevalier et messire Yvon de Treziguidi, mès il ne pot. Si mut une dissencion entre eulz ; si avint que ledit messire Hervi ne se garda pas si sagement comme il deust, et se herberga en I hostel[522], lequel n’estoit pas moult seur. Si le sceurent les II devant nommés qui estoient ses hommes liges et s’en alerent audit hostel, et rompirent les portes et pristrent par force ledit monseigneur Henri. Et afin qu’il ne fust de legier delivré il l’envoierent oultre mer et le firent presenter au roy d’Angleterre.

Et en cest an, comme ceulz qui estoient deputez de la partie du roy de France, lesquieux soustenoient la partie Charles de Bloys pour la rayson de la sentence du roy et de l’ommage qui li avoit esté fait à la garde de la terre de Bretaigne, vousissent envair I très fort chastel, lequel est appelle Hanebunt[523], ouquel estoient II chevaliers pour le deffendre ; c’est à savoir messire Yvon de Treziguidi et messire Gyffroy de Malestroit ; si furent adjoins aveques ceulz de la partie du roy de France les Genevois et les Espaignolz. Mais endementres que ceulz de la partie du roy s’ordenoient, ceulz du chastel envoierent querre messire Tanguy qui n’estoit pas present aveques eulz. Si avint que noz genz commencierent à assaillir forment ledit chastel. Toutes voies ceulz du chastel se deffendirent par tel maniere qu’il tuerent plusseurs des François ; et leurs nefs qui estoient ou port de Hanbont furent retenues, et furent noz gens contrains de eulz departir à leur grant honte et domage.

Et en ycestui an, le premier jour de fevrier, mourut frere Pierre de la Palut[524], docteur en theologie, de l’ordre des Prescheurs et patriarche de Jherusalem, homme de très sainte vie et de grant loenge.

En ce meismes an, ou moys de jenvier, mourut messire Loys duc de Bourbon[525] et conte de Clermont, filz du filz saint Loys jadis roy de France, et fu enterré aus Freres Prescheurs à Paris.


XXIX.
Comment les trives furent esloigniées entre le roy de France et le roy d’Angleterre et les Flamens ; et comment le pape Benedic mourut, et après fu fait pape Climent VIe ; et comment les cardinaulz vindrent pour traitier de la pais entre les II roys[526].

L’an de grâce mil CCC XLII, les trives qui estoient entre le roy de France et le roy d’Angleterre et entre les Flamens et leurs allez ; c’est assavoir le duc de Brebant, le conte de Haynaut, le duc de Haldres, le prince de Juilliers et aucuns autres, furent esloigniées à trois sepmaines, et en après, de terme en terme jusques à la feste saint Jehan Baptiste[527]. Et adecertes, il fu acordé qu’il ne feront nulles incursions l’un sur l’autre, se il n’est segnefié ou notablement intimé par un moys entier par avant.

Et en ce meismes an, le XXV jour du moys d’avril, environ heure de vespres, mourut à Avignon le pape Benedic XIIe, l’an de son pontifical VIII. Et le VIIe jour du moys de may ensuiant, environ heure de tierce, fu esleu en pape Pierre Rogier, cardinal de Roen, né de Lymozin, et fu nommé Climent le VIe[528]. Et oultre le xix jour de ce meismes moys à Avignon fu coronné. Ycestui pape Climent fu homme de grant lecture et docteur en theologie, et sus touz autres en son temps, il ot grâce de preschier et de bien et gracieusement parler, lequel Dieu si esleva par l’espace de XVI ans, que de simple moyne il fu fait prieur de Sainte Babile[529], et puis abbé de Fescamp, et puis evesque d’Arraz, et après arcevesque de Sens, et après arcevesque de Roen ; et furent toutes ces promocions à lui faites par le pape Jehan. Et au derrain, par le pape Benedic, il fu fait cardinal, lequel pape mort, il fu esleu en pape, jasoit ce qu’il fust des plus jeunes cardinalz.

Et environ ce temps que le siege du pape vacoit, Jehan duc de Normendie, filz du roy de France, et le duc de Bourgoigne, son oncle, de par le roy de France envoiez à Avignon[530] à procurer l’eslection et meismement la promocion de Pierre Rogier, prestre cardinal, jadis arcevesque de Roen ; si leur vindrent nouvelles, endementres qu’il estoient en chemin, que à leur souhait et entencion le message estoit fait et parfait pour lequel il estoient en chemin ; noient moins il ne desisterent point d’aler à Avignon. Mais quant il furent là, le pape nouvellement créé les reçut et tout le college des cardinaulz très honnorablement. Si avint que quant le pape nouvel créé aloit à son coronnement, les II dux, l’un d’une part et l’autre d’autre, touz à pié tenoient le frain et gouvernoient le cheval du pape. Et au disner, du premier mès il le servirent ; et après les sollempnitez qui apartiennent à telles besoignes, et leurs messages faiz, il pristrent congié du pape et s’en retornerent en France[531].

Et en ycest an, messire Robert d’Artois, du commandement du roy d’Angleterre, car si comme il faignoit quant il sceut que le conte de Montfort estoit emprisoné, si li voult aydier contre Charles de Bloys, et passa la mer d’Angleterre en Bretaigne[532], et prist aveques li Tanguy du Chastel et Yvon de Treziguidi devant nommez, et fist moult de maulz en la duchié de Bretaigne.

Et en ce meismes an, assez tost après le coronnement du pape, vindrent en France II cardinaux envoiez du costé du pape ; c’est assavoir, Penestre[533], vichancellier du pape, et messire Hanibal de Neapole[534], à segnifier aus roys de France et d’Angleterre et à leur aliez, sa volenté sus la composicion de paiz entre eulz. Et premierement il vindrent au roy de France et orent de lui ceste response ; que sauve la magesté royal et la convenance et le serement qu’il avoit à ses aliez, il se consentoit de plaine volenté à toute bonne paiz. Quant les cardinalz orent oye sa response, si envoierent leurs messages au roy d’Angleterre, à savoir, s’il vouloit traitier à aucune maniere de pais aveques le roy de France, il passeroient la mer. Si orent en response que en Angleterre il n’enterroient ja, mais il entendoit prochainement visiter son royaume de France, et yleques, pour la reverence du siege de Rome, les orroit volentiers. Et puis vindrent lesdiz cardinaulz aus Flamens, si leur respondirent aussi comme hommes desesperez, que jamais il ne s’enclineroient à aucune pais s’il n’estoient premierement absoulz. Et après, quant lesdiz cardinalz furent venuz aus Brebançons et aus Hanoiers, si leur donnerent ceste response ; que sauve l’aliance qu’il a voient au roy d’Angleterre, il s’acordoient touz jours au bien de pais. Et ja soit ce que par l’administracion et servise des devant diz cardinalz, trives fussent entre le roy de France d’une partie et les Flamens et autres aliez d’autre partie ; toutes voies, quant au roy d’Angleterre, il n’estoit nulle mencion. Mais estoient les gens du roy de France en Gascoigne aveques l’evesque de Biauvez[535] qui combatoient forment les gens du roy d’Angleterre. Et par tout l’esté, ceus qui soustenoient la partie de Charles de Bloys contre le conte de Monfort estoient hommes qui monteplioient moult batailles.

Et en ce meismes an, ou moys de septembre, vint derechief messire Robert d’Artois et le conte de Saleburge avec li en Bretaigne, pour aidier à ceulz qui soustenoient la partie du conte de Monfort ; auquel advenement leur gens firent moult de domages aus gens qui estoient ou pays, tant de par le roy de France comme de par Charles de Bloys, et meismement en navire comme galies et autres vessiaus, lequel navire avoit esté acheté de par le roy de France. Car il y ot I très grant assaut en mer ouquel ledit messire Robert fu navré et fu au lit, et le prist I flux de ventre duquel il mourut assez tost[536] aveques la navreure qu’il avoit. Et fu porté en Angleterre, dont il n’estoit pas nez, pour enterrer.

Et en ce meismes moys de septembre, vint le roy d’Angleterre en Bretaigne[537], et disoit que ce n’estoit pas pour guerroier qu’il estoit venuz, mais pour garder, deffendre et aidier Jehan filz du conte de Monfort, lequel il appelloit son filz pour la cause qu’il avoit fiancée sa fille[538]. Si avint et apparut assez tost après du contraire de fait, car il amena aveques soy une partie de son ost et ala tenir siege devant la cité de Vennes[539], et l’autre partie des Anglois ala devant Nantes, et ylec firent siege et destruirent et ardirent les forbours, et demourerent là jusques atant que le roy de France y fu. Et après, quant il vint à la cognoissance du roy de France que le roy d’Angleterre entendoit au siege de Vennes, il se parti de la cité de Tours et assambla son ost et s’en ala à Rezons[540], et laissa la royne qui estoit aveques lui en l’abbaïe de Meremoustier[541]. Et endementres que le roy ala à Rezon, il ot les cardinaulz à l’encontre de lui, lesquiex, selon le commandement du pape, traitierent aveques li de la pais. Quant les Anglois qui tenoient siege devant Nantes sceurent la venue du roy, il leverent le siege et s’en departirent. Si avint après que les II roys aprochierent [si près][542] l’un de l’autre, qu’il n’avoit de l’un à l’autre que VI liues. Adonc commencierent les cardinalz à chevauchier de l’un roy à l’autre, et autres preudommes messages. A la fin, les II roys furent d’une volenté et acort a ceste fin et conclusion, que d’icelui jour qu’il commencierent à traitier jusques à la feste saint Michiel ensuiant, si pevent concorder, trives et induces seront données entre eulz. Et s’il ne pevent concorder dedenz ledit terme, les trives seront aloigniées jusques à trois ans, à commencier à la feste saint Michiel prochaine venant. Et encore est acordé que à la feste de la Nativité Nostre Dame en l’année ensuiant, chascun des roys envoiera à Avignon, pour soy, certains messages devant le pape pour traitier de la pais. Et ainsi les cardinalz s’en retornerent à Avignon, et le roy d’Angleterre se parti de Bretaigne premierement et s’en ala en Angleterre[543]. Et le roy de France demoura une piece en Bretaigne jusques environ le commencement du moys de jenvier, et lors s’en retourna en sa terre de France[544]. Toute voies, ceulz qui estoient de la partie Charles de Bloys menoient touz jours guerre en Bretaigne contre l’autre partie qui estoit pour le conte de Monfort.


XXX.
De la forme des trives et du traitié fait entre le roy de France et le roy d’Angleterre par les cardinalz.

La forme des trives est telle. Vez-ci les choses acordées et jurées entre le roy de France et le roy d’Angleterre ; c’est à savoir par monseigneur le duc de Bourbon et le duc de Bourgoigne pour le roy de France, et par le conte Derbic, le conte de Norenton et par autres nobles pour le roy d’Angleterre en la presence des cardinaulz Penestre et Tusculain, traitteurs de la pais, en la ville de Malestroit[545].

Premierement est acordé que pour la reverence de l’Eglise et à secourre au mauvais estat de crestienté et à espargnier aus dommages des songiez des II roys, et pour l’onneur des cardinaux traitteurs de la pais des II roys, que sus toutes discordes et dissentions meues entre les II roys, soient envoiez à court de Rome aucuns du sanc des II roys aveques aucuns autres qui aient puissance de concorder, de otroier et de affermer sur toutes les dites discordes, selon le traittié de nostre Saint-Pere le pape et des devant diz traitteurs. Et pourront proposer leurs raisons devant le pape, non à decision de cause ne pour donner sentence diffinitive, mais à fin de meilleur traitié et de faire pais. Et si est ordené que ceus qui seront envoiez à la court, y seront dedenz la feste de monseigneur saint Jehan Baptiste prochaine venant, afin que dedenz la Nativité de Nostre Seigneur, les choses dessus dite soient par nostre sire le pape, à l’aide de Dieu, expediées et delivrées, s’il n’avenoit que du consentement desdiz nobles le temps fust esloignié et aussi que se le pape estoit empeeschié, ou qu’il ne peust concorder les II roys. Toute voies les trives durront et seront gardées jusques au temps determiné. Et afin que les choses devant dites puissent avoir meilleur effect, sont trives ottroiées jusques à la feste saint Michiel du moys de septembre prochain venant, et de ladite feste jusques à trois ans continuement ensuians, entre les roys de France, d’Angleterre et d’Escoce, et le conte de Haynau et les Flamens et les aliez devant nommez des roys, en toutes les terres d’iceus et de leurs aliez, pour lesdites trives tenir par tout le temps dessus dit, de la date de ces lettres presentes. Et si est ordené que le roy d’Escoce et le conte de Haynau et lesdiz aliez envoieront leurs messages à la court de Rome dedenz la feste saint Jehan dessus ditte, lesquiex aient puissance de consentir et de avoir estable, en quanqu’il leur pourra touchier selon le traitié du Saint Pere le pape. Et se aucuns de eulz sont negligens ou que il ne leur chaille de envoier leurs messages comme dit est, pour ce ne sera point retardé ne empeeschié le negoce devant dit. Et que les ordenances faites devant Tournay, des trives, seront exprimées dedenz et des II roys confermées, exceptez des emprisonnez. Et que lesdittes trives seront des II roys en Bretaigne gardées et de leurs adherens, ja soit ce qu’il se dient avoir droit ou duchié. Et que la cité de Vennes en la main des cardinaux sera receue, et tenue en la main du pape par l’un des cardinaulz, se l’autre se departoit ou se il ne la vouloit recevoir par tout le temps des dittes trives. Et en la fin des trives, facent les cardinaux leur volenté de la cité de Vennes. Et que les cardinalz labourront curieusement, afin que la voie plus convenable puisse estre trouvée par laquelle l’en procede à l’absolucion des Flamens, et les sentences esquelles il sont encouruz oster. Et que le conte de Flandres, tant comme seigneur sans moien et non pas tant comme souverain, demourra en Flandres durans les dittes trives ; mais qu’il plaise au peuple dudit pays. Et que ce qui fu ottroié ou acordé en la cité de Nantes au conte de Monfort, de quoy il apparra, sera loyaument envers ledit conte gardé. Et se aucuns en Gascoigne ou en autre lieu meuvent guerre l’un contre l’autre, voisin contre voisin, anemi contre anemi, lesdis roys ne s’entremetront point de leur partie, ne par autres envoier, ne autrement par quelque maniere ; et par ce les trives ne seront point enfraintes. Et encore est acordé que les II roys labourront bien et diligeaument et sanz fraude, que les subjez d’une partie ne facent guerre aus subjez de l’autre partie en Gascoigne et en Bretaigne, duranz lesdittes trives. Et que nul, qui maintenant soit en obedience d’une partie, puisse venir, les trives pendens, en l’obedience de l’autre partie à laquelle il ne fu pas ou temps que lesdittes trives furent données. Et que durant le temps desdittes trives, à aucun ne soit donné ou souffert à donner aucune chose, ou la guerre meue. Et que lesdittes trives soient gardées en mer et en terre, et que elles [soient] acordées et concordées par le serement de l’une partie et de l’autre. Et que lesdittes trives seront publiées en l’ost de l’une partie et de l’autre ; c’est assavoir en Bretaigne et en Gascoigne dedenz XL jours[546] Et encore est acordé que touz les prisonniers d’une partie et d’autre, et touz biens pris durant la souffrance par les devant diz cardinalz nouvellement faite ; c’est à savoir du dimenche devant la feste saint Vincent prochaine venant jusques à ce present jour, seront mis hors de prison et seront franchement laissiez aler, rachetez ou rançonnez en tant comme l’ordre de droit donra.

Et en ce meismes an, par tout l’yver, furent les messages du roy de France à la court, à procurer l’absolucion Loys duc de Baviere, car le roy li avoit promis à la fin que ledit Loys fust alié aveques ledit roy de France et que l’aliance que ledit duc avoit au roy d’Angleterre fust adnichilée. Mais les devant dis messages ne firent riens à la court, pour cause que ledit duc ne demandoit pas sa reconciliacion vers l’Eglise, par maniere deue, si come il devoit. Toutes voies les messages du roy, tant comme il estoient à la court du pape, il firent convencions et traitiez[547] devant le pape, avec messire Ymbert dauphin de Vienne, lequel n’avoit nul hoir ne il n’estoit pas esperance qu’il en deust nulz avoir de quelque femme que ce fust, comment messire Phelippe filz du roy de France succederoit ou Dauphiné.

[548]En ce meismes an mist le roy une exaction ou sel, laquelle est appellée gabelle[549] ; c’est à dire, que nul ne pooit vendre sel en tout le royaume, s’il ne l’achetoit du roy et qu’il fust pris es garniers du roy. Dont le roy aquist l’indignacion et la male grâce, tant des grans comme des petiz et de tout le peuple. Et si fist par telle maniere sa monnoie empirier et de jour en jour amendrir[550], que devant la feste de la Nativité Nostre Dame l’an ensuiant, I denier valoit V deniers parisis, et le flourin de Florence valoit XLV soulz parisis. Et pour ceste cause il fu grant chierté de toutes choses par tout le royaume de France, et valoit le sextier de blé LXXVI soulz parisis, et avene, LX soulz parisis.


XXXI.
Comment mut dissention entre les barons de Normendie, et comment ceulz d’Orliens pristrent blés qui estoit à navire sus Loire et les mistrent en vente ; et comment le roy fist pendre ceus qui ce firent[551].

L’an de grâce mil CCC XLIII, avint, par l’exortacion du deable, que une grant dissention s’esmut entre aucuns nobles du duchié de Normendie ; c’est à savoir entre messire Jehan conte de Harecourt[552] et messire Robert dit Bertran, mareschal de France, pour convenances de mariages contraitiez d’une partie aveques le filz dudit messire Robert, et aveques la fille de messire Rogier dit Bacon[553], chevalier ; et de l’autre partie aveques messire Geffroy frere dudit conte. Et y ot mains mises et glaives traiz, et vindrent jusques en la presence du roy. Mais le roy, pour bien de pais et de justice faire eust enjoint à chascune partie, que l’une partie ne courut sus l’autre, ne se combatist contre l’autre[554] ; mais touz II fussent semons à venir à Paris en son parlement, à laquelle journée ledit messire Geffroy ne vint, ne comparut, ne n’envoia pour soy procureur souffisaument fondé[555]. Mais, non obstant l’inhibition du roy, ledit messire Geffroy assega en I chastel[556] messire Guillaume dit Bertran, evesque de Lysieux[557], frère du devant dit messire Robert ; et depuis, si comme l’en disoit communement, se commença ledit messire Geffroy à erdre[558] aveques le roy d’Angleterre et aveques les anemis du roy de France.

Item, en ce temps, Phelippe roy de Navarre, frere de la royne Jehanne femme du roy Charles derrenierement trespassé, assez tost après la Pasque prist sa voie pour aler en l’ayde du roy de Castelle contre les Sarrazins, lequel, quant il fu parti de France s’en ala à Avignon, et là fu par une espace de temps aveques le pape et les cardinaux.

Item, en ce meismes an, comme le roy, à la requeste du duc de Bourgoigne, li vousist aucunement aidier, car en sa terre avoit très grant deffaute de vivres, et eust le roy ordenné que sur le terrouer d’Orliens, de Biausse et de Gastinois, ceste maniere d’ayde seroit levée pour aidier au pays du devant dit duc. Dont il avint que les clers estudians à Orliens, aveques les bourgois et le commun si porterent ceste chose moult griefment et disoient que les marchiez de vivres en seroient moult amenuisiez et empeschiez. Si convindrent touz de fait d’un acort à proceder en l’office du roy et de tout le conseil par telle maniere. Car de fait il vindrent au fleuve de Loire, là où estoient aucunes nefs plaines de vivres pour estre menées au duc de Bourgoigne et en son dit pays, lesquelles, sanz aucune discrecion et sanz arroy mistrent touz lesdis vivres en vente toute commune à touz ceulz qui avoir en vouloient. Et adecertes aucuns d’yceulz s’en decouroient par la ville et par les forbours et par les villes voisines, et rompoient les huis et exposoient les biens des povres à larrecin. Quant le prevost d’Orliens vit ce, si considera que de legier il ne pourroit pas obvier à si grans forseneries, toutevoies il fist ce qu’il pot, car par ses sergens, il fist prendre xii ou xiii des malfaiteurs et les fist mettre en prisons diverses. Quant les autres de la ville oyrent dire que le prevost en avoit mis aucuns en prison, si s’esmurent aussi comme hors du sens et forsenez, et s’en alerent aus prisons et les rompirent et mistrent hors ceulz que le prevost y avoit mis. Et non pas seulement ceulz mais touz autres prisoniers, et meismement aucuns qui estoient condampnez à mort pour leurs meffais. Quant ces choses furent venues à la cognoissance du roy, il envoia là ii chevaliers, et aveques eulz grant quantité de gens d’armes, et leur commanda bien acertes que tous ceulz qu’il trouveroient coupables de ceste dissencion, que tantost et sanz delay il les feissent pendre, et meismement ceulz que le prevost d’Orliens leur nommeroit. Lesquiex, quant il furent venuz à Orliens, il en firent prendre plusseurs et tantost pendre, si comme commandé leur avoit esté ; entre lesquiex, il ot i pendu, lequel estoit dyacre, si comme l’en disoit, et tantost après cessa toute celle sedicion.

En ce meismes an, en la ville de Paris, et meismement environ Paris et au bois de Vincennes, là où la royne vouloit que une grant feste fust faite pour la cause que elle avoit eue un fil nouvellement, il vint une très forte tempeste, laquelle trebucha i très fort mur et rompi et abati plusseurs arbres audit boys.

En ce meismes an, l’abbé de Saint-Denis en France, messire Guy de Chastres[559], lequel s’estoit eu moult sagement ou gouvernement de sa maison, c’est à savoir de l’eglise de monseigneur saint Denis, afin que il peust miex vaquer à Dieu et à contemplacion, envoia procureur à la court de Rome souffisaument fondé ; lequel procureur, en la presence du pape, en plain consistoire, de par ledit monseigneur Guy abbé, resigna au gouvernement et à l’onneur de la devant ditte eglise de monseigneur saint Denis. Et assez tost après, frere Gille Rigaut[560], moine de celle meisme eglise, bachelier en theologie et prieur d’Essone emprès Gorbeul, à la subjection du roy de Navarre qui estoit present à la court de Rome, et par le bon tesmoing que son devancier, c’est à savoir ledit monseigneur l’abbé Guy, lequel avoit escript à la court de Rome et audit roy de Navarre de li, fut ledit frere Gille Rigaut subrogué au gouvernement de laditte eglise, et en laditte court de Rome, avant qu’il partist, fu beneï ou consacré.

Un pou après la beneïçon de Gille Rigaut en abbé de Saint Denis en France, Phelippe roy de Navarre prist congié au pape et empetra, tant pour lui comme pour ceulz qui estoient aveques lui, du pape plaine indulgence de paine et de courpe, et se mist en chemin pour aler en l’ayde du roy de Castelle contre les Sarrazins. Ycesti roy de Castelle se combatoit continuement contre les Sarrazins et avoit guerre continuement contre eulz, et especiaument pour le temps, il avoit moult à faire contre le roy de Garnate et contre le roy de Belle-Marine, car il avoit assegié et mis siége contre une très noble et très forte cité, laquelle est appellée Algesire, et est divisiée en ii parties, et court une riviere parmi, et y a i pont par lequel l’en va d’une partie à l’autre ; dont l’une partie est appellée Algesire la neuve, et l’autre Algesire la vielle. A ce siége vint le roy de Navarre ou moys d’aoust, et fu receu du roy de Castelle a très grant joie et grant honneur. Et jasoit ce que ledit roy de Navarre eust moult grant desir de soy combatre contre les Sarrazins, toutes voies assez tost après qu’il fu arrivé au devant dit siége, il li prist une forte passion que l’en appelle flux de ventre, et se parti de l’ost du roy de Castelle et de l’ost des Sarrazins environ III liues loing[561], et ylec mourut comme bon chevalier de Jhesu Crist, duquel le corps fu enterré en l’eglise Nostre Dame à Pampelune et le cuer aus Freres Prescheurs à Paris[562], et ses entrailles à une ville qui est appellée la Noe[563] emprès Evreux. Et après la mort dudit roy, la royne de Navarre sa femme, par le conseil du roy de France, renonça à toutes debites et à touz meubles[564].


XXXII.
Comment les faux seelleurs orent les poins copez ; et comment monseigneur Olivier de Clichon ot la teste copée es hales de Paris, et plusseurs autres chevaliers et escuiers de Bretaigne et de Normendie ; et comment il fu grant chier temps en France, pour les changemens des monnoies.

[565]En ce meismes moys d’aoust, i noble chevalier de Bretaigne, qui avoit à non messire Olivier de Clichon[566], pour cause de traïson qu’il avoit commise contre son seigneur le roy de France[567] qui avoit fait ledit messire Olivier chevalier et moult l’avoit amé, fu pris moult cautement à unes joustes à Paris, lequel, quant il fu pris, confessa sa traïson et fu par li meismes prouvée. C’est à savoir qu’il avoit laissié son seigneur le roy de France et s’estoit alié aveques le roy d’Angleterre par foy bailliée, lequel estoit adversaire du roy de France. Assez tost après fu admené du Temple, là où il tenoit prison, en Chastellet, la teste toute nue et sanz chaperon, et puis fu sentence donnée contre lui, et fu mis hors de Chastellet ; et d’ileques, si comme l’en dit, fu trainé tout vif jusques en Champiaux, et depuis fu monté ou monta en i grant et haut eschaufaut, là où il pooit estre veu de touz, et là ot la teste copée. Duquel le corps fu trainé jusques au gibet et puis fu pendu par les esselles au plus haut lieu du gibet, et son chief, du commendement du roy, en espoentement des autres, si fu porté en la cité de Nantes, à laquelle il avoit fait moult de maulz et s’estoit efforcié de la traïr, si comme l’en disoit. Sa femme qui estoit appellée dame de Belleville, tant comme coupable des devant dittes traïsons, fu semonse en Parlement, laquelle n’osa comparoir ; pour ce fu-elle condampnée par jugement et bannie[568].

En ce meismes an, Godeffroy de Harrecourt qui avoit esté semons en Parlement, si comme devant est dit et n’estoit point venu, mais avoit fait une très grant desloyauté contre son seigneur, car il s’estoit aers aveques le roy d’Angleterre et le servoit en ses fais de guerre, si fu derechief semons en Parlement devant le roy ou ses gens ; et comme il ne venist, ne pour soy souffisaument il n’envoiast, le roy le fist banir sollempnelment et du royaume de France estre osté, et touz ses biens estre confisquez[569].

Ce meismes an, ou moys d’aoust, le conte de Monfort, qui depuis le temps qu’il avoit esté pris en Bretaigne, avoit tenu prison à Paris au Louvre jusques à maintenant, fu delivré de prison par certaines seurtés et convenances qu’il n’iroit pas en Bietaigne[570].

En ce meisme an, ou moys de septembre, les ii roys de France et d’Angleterre[571] envoierent messages à Avignon pour traitier de la pais, si comme il estoit acordé entre eulz en la feste, c’est à savoir de la Nativité Nostre Dame.

[572]Adecertes, en ce meismes an, il mut une très grant guerre et dissencion entre le roy d’Arragon et le roy de Maillogres[573], pour cause d’aucunes redevances que le roy d’Arragon se disoit avoir en la ville de Parpeignan, et assamblerent ensemble en bataille. Mais le roy de Maillogres fu vaincu tantost et mis aussi comme tout au noient ; mais après, il furent par le pape mis à pais.

[574]Environ ce temps, i faulz seelleurs et composeurs et simulateurs du seel du roy de France, furent extrès et mis hors de Chastellet, et furent menez as champs hors de Paris emprès Saint Lorens, et en la terre et justice de monseigneur saint Denis par dons de roys. Et là, fu levé i grant eschaufaut par le prevost de Paris et par le congié de la ditte eglise de monseigneur saint Denis ; et de ce orent bonnes lettres dudit prevost, present maistre Jehan Pastourel qui les reçut ou nom de laditte eglise. Et quant il furent oudit eschaufaut montez par degrés de fust que l’en y avoit fais, l’en leur copa sus ledit eschaufaut les poins, et après furent trainez au gibet et penduz.

En ce meisme an, le roy de France fist cheoir sa monnoie[575] par telle condicion, que ce qui valoit xii deniers de la monnoie courant, ne vaudroit que ix deniers, c’est assavoir l’escu qui valoit lx soulz, ne vaudroit que xxxvi soulz, et le gros tornois ne vaudroit que iii soulz le xxii jour de septembre. Et en la Pasque prochaine, l’escu ne vaudroit que xxiiii soulz, et le gros ii soulz, et la maille blanche vi deniers, jusques en mi septembre l’an XLIIII, et plus ne durroit. Dont il avint que blés et vins et autres vivres vindrent à grant deffaut et à grant chierté, pour laquelle chose le peuple commença à murmurer et à crier, et disoient que celle chierté estoit pour la cause que chascun attendoit à vendre les choses jusques atant que bonne monnoie courut. Et fu la clameur du peuple si grant que le roy, ce meismes an, c’est assavoir l’an mil CCC XLIII, le xxviii jour d’octembre, fist cheoir du tout les monnoies devant dittes par telle maniere que le gros vaudroit xii deniers, la maille blanche iii tournois, le flourin à l’escu xiii soulz iiii deniers, le flourin de Florence ix soulz vi deniers, ja soit ce que par avant il eust osté le cours aus autres monnoies, excepté aus brullez qui valoient ii deniers, lesquiex furent à une maille tournoise. Et ne pourquant, considérée la forte monnoie, non obstant la clameur du peuple devant dit, les vins, les blés et autres vivres estoient plus chierement venduz que devant.

[576]En ce meismes an, ou moys de novembre, la vigile de saint Andri l’apostre[577], aucuns nobles de la duchié de Bretaigne qui avoient conspiré contre le roy de France, et en moult de lieux ou royaume de France subjez ; et meismement en Bretaigne avoient moult de maux perpetrez, en faisant destructions, occisions et rapines, et lesquiex avoient presté aide, conseil et faveur au roy d’Angleterre et à messire Robert d’Artois très grans anemis du roy de France ; et especiaument, audit messire Robert d’Artois, quant il vint en Bretaigne, si comme devant est noté ; furent mis hors du Chastellet de Paris et trainez es hales tant comme très mauvais traitres ; et touz, l’un après l’autre orent les coulz copez, et puis furent trainez jusques au gibet, et après, au plus haut lieu du gibet penduz par les esselles, et leurs testes après eulz. Et estoient touz nobles, c’est à savoir vi chevaliers et vi escuiers, desquiex les nons sont ci après nommés i excepté, duquel je ne scai le nom[578]. Premierement les chevaliers : Messire Geffroy de Malestroit, messire Jehan de Malestroit son filz, Messire Jehan de Montalbane, monseigneur Guillaume de Brex, monseigneur Alain de Talilac, messire Denis du Plessie. Escuiers, Jehan de Malestroit, Guillaume de Brex, Rollant, Jehan de Senedavid.

[579]En ce meismes an, le samedi veille de Pasques, c’est assavoir le iii jour d’avril[580], trois chevaliers normens, lesquiex se portoient traitreusement contre le roy, en tant qu’il entendoient Geffroy de Harecourt, banni du royaume de France ce meismes an, si comme dessus est escript, faire duc de Normendie, et duquel duchié ledit messire Geffroy avoit ja fait hommage au roy d’Angleterre, si comme l’en disoit communement, furent pris et detenuz, et sus les devant diz faiz accusez et convaincuz. Finablement furent mis hors de Chastellet là où il avoient esté longuement, et furent jugiez par telle maniere comme les devant diz de Bretaigne et executez la ditte veille de Pasques, ce excepté que les trois chiefs desdiz trois chevaliers normens, du commandement du roy, furent tanstost portez à Saint Leu[581] en Constantin, en detestacion de leur grant traïson qu’il avoient faite, et en espoentement des autres. Ci après sont les noms des trois diz chevaliers normens. Premierement messire Guillaume Bacon, le seigneur de la Roche Taxon[582], messire Richart de Persi[583]. Et furent touz les biens desdis chevaliers, tant meubles comme immeubles, apliquiez au fié royal[584], car il avoient conspiré contre le roy, et si avoient envers li leur loyalté brisiée, pour quoy il avoient encouru crime de lese-magesté ; et pour ce, sanz aucune injure et de droit, furent leurs dis biens confisquiez à la royale magesté. Si avint que le roy qui vit tant de traïsons estre faites et de tantes personnes et en tantes parties de son royaume, si fu moult troublé en li meismes, et commença à penser et soy amerveillier, et non pas sanz cause, par quelle maniere ces choses pooient estre faites ; car il veoit ou duchié de Bretaigne et de Normendie aussi comme touz rebeller, et meismement yceulz nobles qui li avoient promis et juré garder perpetuelment loyauté jusques à la mort. Adonques il quist, pour son pooir, conseil tant de princes comme de barons de son royaume par quelle maniere il pourroit à si grant fraude et à si grant iniquité obvier, afin que de son royaume toute anemitié fust du tout ostée, et que l’en usast de ferme et loyal pais.


XXXIII.
Comment Henri de Malestroit, clerc du roy, fu mis en l’eschielle ou parvis devant Nostre Dame, et puis mourut en l’obliete[585].

En l’an de Nostre Seigneur mil CCC XLIIII, Jehan filz de Phelippe roy de France, duc de Normendie, par l’ordenance et volenté du pape s’en ala à Avignon a grant et noble compaignie[586], là où le roy d’Angleterre devoit convenir. Et quant il ot attendu longuement, pour ce que le roy d’Angleterre ne venoit point, mais envoioit messages sollempnelz[587] qui n’estoient mie fondez souffisaument à expedier la besoigne de laquelle il devoient traitier, tout aussi comme il estoit alez il s’en retourna vuit et sanz riens faire. Mais tandis qu’il attendoit à Avignon le roy d’Angleterre, grant contencion fu meue entre les gens du cardinal de Pierregort[588] et les gens du conte d’Aucerre[589], lequel estoit de la famille monseigneur le duc de Normendie, en tant qu’il y ot vii personnes tuées et aucuns de ceulz qui estoient de la partie dudit cardinal. Et tant enforça la sedicion que le duc commanda que toutes ses gens s’armassent[590] ; mais laditte sedicion fu tost et hastivement par le pape apaisiée et pacifiée.

En celui an fu pris maistre Henri de Malestroit, clerc et dyacre et frere jadis de monseigneur Geffroy de Malestroit, chevalier, lequel avoit esté décapité l’an derrenierement passé. Ycelui Henri avoit esté en l’office du roy, que l’en dit seigneur des requestes de l’ostel du roy. Mais après la mort de son frere, il s’en ala au roy d’Angleterre et estoit son adherent contre nostre seigneur le roy de France, en tant que en la ville de Vennes en Bretaigne il se portoit comme capitaine pour la partie du roy d’Angleterre ; lequel fu pris des François[591] et admené à Paris hastivement. Et quant il fu mis en prison, à la parfin il pria a grant instance que il fust menez devant le roy, et il li diroit merveilles et se excuseroit loyaument de ce que l’en lui imposoit. Adonc puis qu’il fu presenté au roy et l’en ot escouté et oy paciaument tout ce qu’il avoit voulu dire, noient moins il fu envoié en prison à la maison du Temple là où il avoit esté par avant et dont l’en avoit admené. Et quant il ot demouré i petit de temps, à la parfin, ou moys d’aoust il fu mis hors de prison en cote et sanz chaperon, lié par le col et par les mains et par les piez de chaiennes de fer, et assis en i tumberel sur i bois grant et large mis du travers afin que touz le peussent veoir, et ainsi fu pourmené par la ville de Paris, dès le Temple jusques au parvis devant l’eglise de Nostre Dame, et là fu baillié et laissié à l’evesque de Paris. Après ces choses, par vertu d’une commission du pape empetrée par le roy, qui moult s’efforçoit que ledit Henri fust degradé de l’ordre de dyacre et de toute autre ordre, il fu mis, par le jugement de l’eglise en l’eschiele, et monstré à tout le peuple par iii foiz[592], en laquelle eschielle il souffri et soustint plusseurs reproches, blasphemes et vituperes très grans et vilains, tant pour l’orde boe que l’en li gettoit, comme par autres choses puantes qui li estoient gettées par les ministres du deable, les serjans du Chastellet qui estoient presens, et especiaument en ce qu’il fu navré jusques au sanc d’une pierre que l’en li getta, contre la deffense des commissaires et de l’official de Paris ; lesquiex, sus paine d’escommeniement, avoient fait crier que contre ledit Henri mis en l’eschielle, nul ne gittast plus d’une foiz. Et yceulz iii jours accomplis, assez tost après il mourut, et selon ce qu’il est acoustumé, il tu mis tout mort ou parvis. Finablement, afin que plusseurs le veissent, il fu porté au palais.

Après ces choses, le roy d’Angleterre envoia messages à la court, en soy complaignant du roy de France et disant qu’il ne gardoit mie raysonnablement les trives mises entre eulz[593], meismement pour la mort de monseigneur Geffroy de Malestroit chevalier, et d’autres chevaliers mis à mort à Paris par le roy de France.

Le mardi xviii jour[594] de jenvier, Phelippe filz du roy de France[595], estant en aage de x ans, prist à femme madame Blanche fille de Charles roy de France[596] qui estoit trespassez derrenierement, estant laditte Blanche en aage de xviii ans. Et fu faite très grant feste à Paris ou palais le roy, presente madame la royne Jehanne[597] mere de la ditte espouse, atout grant compaignie de nobles. Et l’andemain de la ditte feste[598] la compaignie des nobles dessus diz firent joustes et grant appareil, esquelles joustes, monseigneur Raoul conte d’Eu fu mis à mort et occis de cop de lance.

[599]Le derrenier jour de fevrier fu conjonction des trois planetes plus hautes, c’est assavoir de Mars, de Jupiter et de Saturne ; et selon le jugement des sages astronomiens qui pour le temps demouroient à Paris, laditte conjonction, selon leur dit, valoit trois conjonctions ; c’est assavoir conjonction grant, très grant et moienne, et ne povoit avenir mais que en [600] dumoins. Et pour ce elle demonstroit et segnefioit choses grans et merveilleuses et qui n’aviennent que trop pou et à tart, si comme sont mutacions de lois, de siecles, de royaumes, et advenemens de prophetes. Et doivent avenir ces choses especiaument vers les parties de Jherusalem et de Surie.

[601]En celui an, le roy d’Arragon prist le roy de Maillogres et li osta son roiaume pour ce qu’il ne li vouloit faire hommage[602].


XXXIV.
Comment les Gascoins et les Bourdelais brisierent les trieves entre les II roys, et comment toute la baronie de Haynau furent desconfiz en Frise[603].

L’an de grâce mil CCC XLV, environ la Penthecouste, les Gascoins et les Bourdelois commencierent à brisier les trives en faisant plusseurs courses sus le royaume et les gens de France. Mais environ la Nativité saint Jehan Baptiste, le roy d’Angleterre envoia lettres au pape, disant que le roy de France avoit rompues les trives et que pour ce il le deffioit[604]. Lesquelles lettres, quant le pape les ot leues, il les envoia au roy de France afin qu’il les leust. Dès lors il s’apresta pour garder le pays et les frontières du royaume, et fist sa semonse par lettres aus nobles en mandant à touz que hastivement, après quinzaine de la Magdalaine, il comparussent personnelment et en armes à Arras.

Et en celui temps que ces choses se faisoient en France, le roy d’Angleterre, atout grant multitude de gens, entra en mer et vint à l’Escluse en Flandres[605], en esperance de recevoir l’ommage que les Flamens, par l’instigacion de Jaques Artevelle, avoient pourpensé pieça de li faire ; mais il ne parfist mie ce qu’il cuidoit, ainçois avint tout autrement, car ou moys de juillet, quant il vint à la cognoissance de ceulz de Gant que ledit Jaques Artevelle, capitaine des Flamens, se portoit traitreusement et faussement envers ceulz de Gant, d’Ypre et de Bruges, en tant que quant il venoit à Gant, il leur donnoit à entendre que ceulz de Bruges et d’Ypre estoient à acort de faire hommage au roy d’Angleterre, et quant il venoit à Ypre, il leur disoit samblablement de ceulz de Gant et de Bruges, et parloit à ceulz de Bruges par samblable maniere de ceulz de Gant et d’Ypre.

[606]Et le xve jour de juillet, quant si grant traïson fu aperceue, il fu cité à Gant personnelment au mardi ensuivant ; lequel vint à Gant le xvii jour du juillet, dimenche, environ souper[607]. Et quant il vit le peuple si troublé contre lui, il se bouta en sa maison le plus tost qu’il pot ; et ceulz de Gant le suirent assambléement et entrerent en sa maison efforciéement. Finablement, si comme il fuioit de sa maison, il fu suivi du peuple et fu occis moult vilainement environ soleil escoussant. Et combien que l’en l’eust enterré en une abbaïe de nonains au dehors de Gant, toute voies par après il fu gittié à estre mengié et devoré des oysiaux.

Quant le roy d’Angleterre oy ces choses, il se parti de l’Escluse et retourna en Angleterre[608], et envoia gens d’armes et sergans aus arches de Bordiaux pour estre à l’encontre et au devant du duc de Normendie, filz du roy de France, lequel aveques grant compaignie de combateurs, avoit esté envoié en Gascoigne de par le roy.

En celi an, ou moys d’aoust, Jehan de Bretaigne, conte de Monfort, aveques la plus grant armée qu’il pot assambler, vint en Bretaigne et mist le siege devant la cité de Quimpercorentin[609]. Mais les gens au duc de Bretaigne firent lever ledit siege et enclostrent ledit conte en i chastel ouquel il estoit retrait. Mais ne demoura gaires après que ledit conte issi dudit chastel et s’en ala ; et disoit l’en communeent que ceulz qui devoient veillier et guettier par nuit en l’ost du duc de Bretaigne li avoient fait voie.

En celui an, fu le temps d’esté si froit, si moiste et si pluvieux, que blés, avoines, orges et prés et autres biens qui estoient es champs ne porent venir à meurté et à paine porent estre cueilliz, ainçois en fu laissié grant quantité perdre parmi les champs ; les vins aussi et autres fruiz des arbres furent moult vers et aigres.

Ou moys de septembre, le xvii jour, André[610], filz du roy de Hongrie, cousin germain du roy de France et successeur de Robert roy de Cecille, à heure qu’il aloit à son lit pour dormir et reposer, et après qu’il fu despeulliez de ses vestemens et qu’il vouloit entrer ou lit, ses propres chambellens qui estoient deputez à garder son corps et sa chambre, l’estranglerent a cordes dures et rudes. Et après sa mort, fu son corps porté à la cité de Naples et yleques ensepulturé sanz grant sollempnité et sanz ce que nulz des royaulz ne de son linage y fussent presens.

[611]Guillaume conte de Haynau, neveu du roy de France, ou moys d’octembre, environ la saint Denis, li aveques son oncle, monseigneur Jehan de Haynau, chevalier, et a grant compaignie de nobles s’en ala en Frise dont il se disoit estre roy et seigneur, afin que il la peust conquerre a force d’armes. Mais pour ce que les Frisons ne li voudrent obeir et li resisterent viguereusement, et il estoit moult convoiteux de les conquerre et de les guerroier et metre au bas, il apresta armes et nefs, et quant il furent issuz des nefs et mis à terre, et son oncle li conseilloit qu’il s’en retornast, il ne volt croire le conseil de son dit oncle, lequel li disoit bien, comme expert en guerres et en batailles, que s’il aloit oultre, il mettroit en peril li et tout son ost ; et ainsi fu-il par après. Car comme ledit conte qui trop presomptueusement se fioit de sa force se fu mis et gitté entre les Frisons, tantost et sanz demeure, li et sa noble compaignie qu’il avoit menée aveques soy furent occis des Frisons[612]. Ci sont les noms des personnes nobles et notables qui furent occises[613] ; le seigneur de Floreville, le seigneur de Duro, le seigneur de Hermes, le seigneur de Maugny et son frère, le seigneur d’Arques et le seigneur de Beusambourc, le seigneur de Welincourt, monseigneur Jehan de Lissereules, monseigneur Gautier de Ligne et son frere monseigneur Michiel, monseigneur Henri d’Antoin, monseigneur Girart à la Barbe, monseigneur Hazo de Broucelle, monseigneur Tyerri de Vaucourt mareschal de Haynau, monseigneur Jehan de Bruiffe, monseigneur Gilles Grignart. Monseigneur Jehan de Haynau, oncle dudit conte mort, s’en retourna tout seul en Haynau de laditte bataille en laquelle il avoit esté navré en la cuisse.

En celi temps, monseigneur Jehan de Bretaigne, conte de Monfort, mourut tout desesperez[614], si comme plusseurs disoient ; et disoit l’en aussi que à son trespassement il avoit veu les mauvais esperis. Et a vint grant merveille, car à l’eure de sa mort, si grant multitude de corbiaux s’assambla sus sa maison que l’en ne cuidoit mie que en tout le royaume de France en peust avoir autant.

[615]En celui an, le roy envoia son ainsné filz Jehan, duc de Normendie, en Gascoigne, contre le conte Derbyc[616] pour li resister et pour garder le droit du royaume ; lequel conte y estoit venuz a grant armée de par le roy d’Angleterre[617]. Mais avant que le duc de Normendie peust venir en Gascoigne, ledit conte Derbic prist la ville et le chastel de Bergerac[618], là où estoient, de par le roy de France, monseigneur Aymart de Poitou, conte de Venlentinoix[619], qui fu ylec occis ; et estoit aussi le conte de Lille qui en l’assaut de la ville avoit esté pris et grandement navrez. Avoit prise encore aveques, ledit conte Derbic, la ville de La Ryole[620]. Et disoient plusseurs, que ces ii villes avoient esté prises du consentement à ceulz du pays. Et quant le duc de Normendie fu venus en Gascoigne, et il vit que pou ou noient il y pooit faire, il s’en retourna en France[621] ; pour quoy quant il vit que le roy son pere en fu indignez contre lui, si s’en retourna le filz arriere et mist siege devant Aguillon, et y demoura jusques au moys d’aoust[622]. Et quant il oy dire que le roy d’Angleterre guerroioit son pere et le royaume, si s’en retorna en France.


XXXV.
Comment le conte de Norenton, principal capitaine des Anglois de Bretaigne, vint a grant force de gens d’armes d’Angleterre et prist la Roche Derian, en l’eveschié de Triguier en Bretaigne[623].

En celui an, le mardi avant la saint Nicholas d’yver[624], le conte de Norenthon[625] en Angleterre, qui pour le temps estoit principal capitaine de tous les Anglois qui estoient en Bretaigne, vint devers la ville de Karahes[626] en Cornoaille environ heure de prime. Li et toute sa gent assaillirent la ville de Guengamp[627] en l’eveschié de Triguier[628], et ne savoit mie la force ne la constance des habitanz, car pour ce que la ville se sentoit bien garnie, elle doubta trop pou ledit conte, ainçois fu-il moult esbahiz, grevez et troublez de ce qu’il li gettoient à fondes et autres engins. Et quant il vit qu’il n’avoit force contre eulz, il s’en parti moult confus et bouta le feu es forbours de la ville. Après ce, le jour meismes, il s’en vint à v liues de Guengamp, et i pou après midi fu devant la ville de la Roche Deryan[629], laquelle ville ne se doubtoit point des anemis, tant pour ce qu’il n’avoient point encore esté en ces parties comme pour ce qu’il n’estoient mie garniz pour resister aus anemis. Et combien qu’il y ait fort chastel, toute voies, les habitanz estoient despourveuz, car il ne cuidoient point que les anemis venissent à ces parties par nulle maniere. Et si tost que ledit conte aprocha de laditte ville, il l’assailli moult forment et asprement, car il avoit grant compaignie et grant force de gens, et dura l’assaut jusques à soleil couchant, pour ce que ceulz de la ville leur resistoient de leur pooir. Lors il demanderent trives au conte, et il leur donna jusques à l’endemain seulement, afin qu’il regardassent et deliberassent s’il li rendroient la ville ou s’il se deffendroient contre li. Toute voies plusseurs de la ville avoient si grant doleur en leur cuer, car plus volentiers deffendissent la ville, se il eussent puissance et garnisons, qu’il ne la rendissent aus anemis. Et noient moins il distrent aus anemis, en audience, qu’il se deffendroient ; pour quoy les anemis furent si yriez car il assaillirent la ville dès le mercredi[630] matin jusques au juesdi[631] à vespres, par plusseurs reposées. Le jeudi à vespres, il ardirent la porte de la ville qui est nommée la porte du cimitiere. Mais tandis que laditte porte ardoit, ceulz de la ville firent par leur soutilleté i mur par dedenz, à l’endroit et en lieu de la ditte porte ; puis après, baillierent trives l’une partie à l’autre jusques à l’endemain. Et ceulz de la ville adonc s’assamblerent à conseil et disoient qu’il ne pourroient mie resister longuement aus anemis. Lors monseigneur Hue Arael, chevalier, se fist mettre hors de la ville et devaler en i panier par une corde, et ala parler au conte de Noranthon, et firent convenances telles que dès le samedi prochain[632] jusques à viii jours ensuivans, ceulz de la ville s’en partiroient et yroient hors du chastel et de la ville, sauf leurs corps et leurs biens. Et ceci fait, les Anglois entrerent en la ville et ou chastel dès ycelui samedi, et ceulz de la ville s’en departoient communement jusques à l’autre samedi[633], selon la forme de la convenance. Aucuns Anglois pillars roboient et pilloient ceulz qui de la ville s’en issoient ; toutes voies quant on le povoit prouver, il en estoient puniz incontinent de leurs capitaines. En celle ville estoient habitanz pour le temps, l’evesque de Triguier[634], dyocesain d’icelle ville ; monseigneur Raoul de la Roche et ledit monseigneur Huon Arael chevaliers, qui la ville gardoient aveques plusseurs grans et nobles. Puis, après ce que ceulz de dedens avoient rendue la ville, et que les Anglois y habitoient et avoient les clefs de toutes les entrées, ledit conte de Noranthon y fu celui samedi et le dimenche ensuiant. Au lundi[635] se parti li et son ost, et laissa gardes en garnison pour la seurté et deffense du chastel, et il le pooit bien faire, car il avoit aveques soy tant de gens que c’estoit aussi comme sanz nombre. Quant le conte fu parti de la Roche Deryan, si s’en vint à une ville close qui est nommée Lannuon[636] et l’assailli si fort comme il pot ; mais ceulz de la ville ne doubtoient gueres ledit conte ne son ost pour ce que par avant il s’estoient garniz bien et sagement ; si se deffendoient contre li bien et viguereusement en tant qu’il ne pot riens contre eulz en quelque maniere que ce fust. Le jeudi[637] matin s’en parti et vint en l’eveschié de Léon[638], là où ses hommes tenoient ja plusseurs chastiaux et garnisons, car en l’eveschié de Triguier, il ne tenoient encore forteresce ne ville fors la Roche Deryan qu’il avoient prise la sepmaine devant, laquelle ville et le chastel de la Roche Deryan il tindrent par ii ans, et touz les habitans d’entour et d’environ il subjuguerent et firent leurs serfs et tributaires ; et par ycelle année il baillierent plusseurs assaus à la ville de Lannuon, mais riens ne leur profitoit. Toute voies, quant les Anglois vindrent à la Roche Derian, il trouverent plusseurs Espaignolz delez les murs de la ville par dehors, à i port de mer qui est ylec, et avoient bien mil et iiic tonniaux de vin d’Espaigne parmi les rues, et encore onques n’avoient entré es maisons de la ville, mais estoient hors les murs, si comme dit est. Et les Espaignolz qui cuidoient bien deffendre leurs vins pour ce que il estoient plusseurs, firent bataille aus Anglois ; mais il furent aussi comme touz occis et ne porent resister à eulz. Ainsi orent les Anglois ces mil et ccc tonniaux de vin d’Espaigne, et en trouverent dedenz la Roche Derian bien autres ccc tonniaux de vin, et avoient assez vin en habondance pour toute l’année. Si estoient moult aises et en beuvoient très volentiers, selon le dit commun, lequel je ne tiens ne pour faux du tout, ne du tout véritable. Le Normant chante, l’Anglois si boit et l’Alement mengue[639].

Par ycelui temps donques que les Anglois tenoient la Roche Deryan et qu’il y demourerent, il destruirent en partie l’eglise cathedral de Landreguer[640] moult vilainement, en laquelle le corps du glorieux confesseur monseigneur saint Yves reposoit pour le temps. Toute voies, à son monument il n’aprochierent onques par la volenté de Dieu. Et la cause pour quoi les Anglois destruirent laditte eglise, si fu pour ce que les François n’i peussent metre garnison contre eulz de gens d’armes, car les Anglois n’avoient environ eulz ne cité ne eglise à plus d’une liue. Et quant les Anglois vouldrent destruire l’autre eglise cathedral de Triguier la cité, qui est nommée Saint Turgual[641], jadis patron de la cité, n’i ot celui qui premier y osast commencier, pour reverence de plusseurs sains desquiex les reliques y souloient estre, par especial de monseigneur saint Yve, duquel il y avoit encore de ses ossemens, de sa char, de ses ners et de ses poilz. Si ot i prestre plus outrageux que les autres qui commença à la destruire par sa grant presompcion ; mais puis qu’il en ot destruit et dilapidé grant partie, li et plusseurs autres qui s’estoient touz aprestez à ceste besoigne, voianz touz ceulz qui estoient presens, ledit prestre mourut moult vilainement en mengant sa langue et en criant comme un chien.

En celui an, le roy voult avoir subside des advocas de Parlement et de Chastellet[642].

Environ la Typhaine, vindrent ii cardinalz au roy à Saint Ouyn, près de la ville de Saint Denis en France, qui estoient envoiés de par le pape pour les guerres qui estoient entre les roys de France et d’Angleterre.

Le jour de la Purificacion Nostre Dame[643], fu assamblé le conseil en la maison des Augustins à Paris, et y ot la plus grant partie des abbés et autres prelas du royaume, pour avoir conseil et ordener du subside que le roy vouloit que l’en lui feist.


XXXVI.
Comment Lannuon à trois liues de la Roche fu tray et rendu ans Anglois par II traitres escuiers du pays, dont ce fu grant destruction.

[644]L’an de grâce mil CCC XLVI, comme les Anglois eussent demouré près de i an en la Roche Deryan, et l’année par avant eussent fait plusseurs assaux à la ville de Lannuon, tant que ceulz de laditte ville, par plusseurs foiz estoient issuz de leur garnison pour euiz combatre en plain champ aus Anglois et avoient eu plusseurs victoires contre eulz ; si avint qu’il ot ii traitres principaux en celle ville qui estoient nommez Henri Squiguit et Prigent Alloue, escuiers, as quiex les Anglois vindrent parler i dimenche avant l’aube du jour, pour ce qu’il devoient guettier celle nuit. Et par le conseil et la traïson de ces ii faux traitres, les Anglois entrerent en la ville de Lannuon ; si pristrent plusseurs riches hommes et de grans richesces, et plusseurs autres mistrent à mort et tuerent. Et quant monseigneur Geffroy de Pontblanc[645] chevalier, qui à celle heure estoit couchié tout nu en son lit, oy dire que la ville estoit ainsi traye et que les anemis estoient dedenz, si se leva et cria : « Aus armes », et s’en courut hastivement prendre ses armes, et n’oublia mie sa lance ne le glaive de ses ii mains, et issi hors de sa maison moult courageusement. Et quant il fu en la rue et il trouva les anemis, le premier et le secont qu’il encontra de sa lance il tresperça. Au tiers brisa sa lance et prist son glaive. Si feroit à destre et à senestre tellement que par sa vertu et par la force de ses bras, il recula tous les Anglois jusques au dehors de la rue. Et par le grant courage de lui, il yssi tout seul après eulz les persecutant hors de la rue en plaine place. Lors les Anglois le vont de toutes pars environner ; mais quant le noble chevalier vit ce, si mist son dos contre la paroy d’une maison et tourna le visage contre ses anemis, et se deffendoit si fort que touz ceulz qu’il feroit d’un grant glaive qu’il tenoit, à terre il les trebuschoit et sanz remede tous mors les mettoit. Et quant les Anglois virent qu’il ne le pooient vaincre ne seurmonter, si firent voie à i archier qui traist une saiette contre lui et le feri si fort en la jointure du genoil, qu’il ne pot onques puis demener son corps ne soy mouvoir si legierement. Adonc les Anglois s’assamblerent contre lui et li firent plusseurs playes, et finablement l’occistrent. Lequel chevalier noble et vaillant aussi mort noblement et occis pour la defense du pays il ne souffist mie aux Anglois, ainçois les denz li rompirent en la bouche à cops de pierres et traistrent les iex à son escuier.

Quant monseigneur Richart Toutesham[646], capitaine de la Roche Deryan, oy sa mort, si en mena grant dueil par samblant, especiaument pour ce qu’il avoit esté si vaillant de corps et de volenté, et pour ce qu’il ne l’avoient pris vif. Celle matinée, il tuerent monseigneur Geffroi de Kerrinel[647] et plusseurs autres non mie si notables ne si puissans. Il pristrent aussi le seigneur du chastel de Quoetfreec, et monseigneur Geffroy de Quoettrevan, chevalier, et Rollant Phelippe, souverain seneschal de Bretaigne, et maistre Tybaut Meron, doctor en droit canon et en droit civil, auquel il firent porter les charges de vin à la Roche Deryan, en cotte, nuz piez, sanz chaperon et sanz braies. Il emporterent des meubles de Lannuon sanz nombre, et emmenerent touz les prisoniers qu’il porent, nobles et non nobles, desquiex nul ne scet le nombre fors Dieu seulement. Toutes voies, les hommes ruraux de la Roche Derian et des villages d’entour jusques à trois liues de toutes pars qui estoient en la servitute des Anglois, avoient grant compassion de leur gent, si comme il monstrerent par après. Mais il ne savoient autre chose faire que labourer leurs terres ne autrement vivre. Adonc quant il virent que la plus grant partie des Anglois qui estoient ou chastel de la Roche Deryan estoient yssus pour aler à la trayson et à la prise de Lannuon que les traittres dessus diz avoient ja vendue, si le manderent et firent savoir à grant force de Bretons qui estoient pour le temps en la ville de Guengamp. Lors ceulz de Guengamp ordenerent i grant ost souz monseigneur Geffroy Tournemine, chevalier, pour prendre le chastel de la Roche Deryan. Mais quoy avint-il ? Les Anglois de la ditte Roche apperçurent que les ruraux avoient descouvert et notifié leur fait aus Bretons de Guengamp, si demanderent ayde à ceulz qui traitreusement avoient prise la ville de Lannuon. Lors les Anglois de Lannuon vindrent en aide à ceulz de la Roche, et amenerent avant eulz leurs prisoniers et les meubles qu’il avoient pris en la ville de Lannuon et la laissierent vuide et despoilliée de touz biens. Et quant il approchierent de la Roche, le duc de Guengamp et ses gens estoient ja venuz au devant jusques à la Roche. Lors les Anglois laissierent la droite voie qui va de Lannuon à la Roche, et passerent une yaue qui est nommée Yaudi[648] par un gué qui est dit le gué du Prevost, et se mistrent entre la Roche et les gens au duc de Guengamp, et ylec orent bataille ensemble, et furent pris plusseurs d’une part et d’autre, mais plus en y ot pris de la partie au duc de Guengamp, par quoy il convint retourner les autres à leur ville de Guengamp. Et ainsi, les Anglois a touz leurs prisoniers entrerent tantost à la Roche Deryan. Noient moins, les habitanz de Lannuon qui s’en estoient fuiz et dispers à la venue des Anglois, quant il sceurent de certain que les Anglois estoient partiz du tout de Lannuon, si retornerent à leur ville et se deffendirent des anemis, et tindrent leur ville close jusques au jour d’ui. Et quant les Anglois de la Roche virent que les ruraux qui estoient en leur servitute et subjection avoient ainsi revelé aus Bretons leur fait et leur estet, si les tindrent en plus dure et aspre servitute que devant.

[649]En celui an, le samedi premier jour de juillet, fu faite à Paris une horrible justice, ne onques mais n’avoit esté faite samblable ou royaume de France. Combien que nous lisons que l’emperere Henri en fist une autele, et en Angleterre aussi une autre foiz en avint une autre samblable ; toute voies à Paris, onques mais n’avoit esté telle. D’un bourgois de Compiegne appellé Symon Poulliet, assez riche, qui fu jugié à mort et mené aus halles de Paris, et fu estendu et lié sus i estal de boys aussi comme la char en la boucherie, et fu ylec copé et desmembré, premierement les braz, puis les cuisses, et après le chief, et après, pendu au gibet commun où l’en pent les larrons ; et tout pour ce qu’il avoit dit, si comme l’en li imposoit, que le droit du royaume de France apartenoit miex à Edouart roy d’Angleterre que à Phelippe de Valois. De laquelle mort tant honteuse, France pot bien dire la parole de Jhesu Crist qui disoit : « Ci sont les commencemens des douleurs », si comme il sera monstré par après.


XXXVII.
Comment le roy d’Angleterre vint par Normendie et prist Caan, et vint par Lisieux, par Thorigni à Vernon et à Poyssi ; et comment le roy de France le poursuioit touz jours de l’autre part de Saine, et vint à Paris logier à Saint Germain des Prez ; et comment les Anglois passèrent le pont de Poyssi[650].

En celui an, proposa le roy de France faire grant armée en mer de nés pour passer en Angleterre, lesquelles il envoia querre à Gennes a grans despens[651]. Mais ceulz qui les alerent querre en firent petite diligence et tarderent tant à venir, par especial une grant nef que le roy faisoit faire à Harefleu en Normendie[652], de laquelle l’en disoit que onques mais si belle n’avoit esté armée ne mise en mer, demeura tant que le roy d’Angleterre a tout grant force de gent et grant multitude de nefs que l’en estimoit bien à xiic grosses nefs, sanz les petites nefs et autres vaissiaux, descendi en Normendie au lieu que l’en dit la Hogue Saint Vaast[653], et fu le mercredi xii jours de juillet, et dès lors s’appelloit roy de France et d^Angleterre. Et à l’instance de Godefroy de Harecourt qui le menoit et conduisoit, il commença à gaster et à ardoir le pays. Et premierement, vint à la ville de Nulli l’evesque[654], à laquelle il ne pot mal faire, pour la force du chastel ; si s’en parti et vint d’ilec à Montebourc[655] où il s’arresta par aucun temps ; et tandis, Godefroy de Harecourt faisoit tout le domage qu’il pooit par tout le pays de Costantin. Après, le roy d’Angleterre vint à la ville de Karantan[656] et prist la ville et le chastel ; et touz les biens qu’il y prist fist mener en Angleterre, et bailla le chastel en garde à monseigneur Nicholas de Groussi et à monseigneur Rollant de Verdun, chevaliers.

Et quant le roy d’Angleterre se parti de Karantan, aucuns Normans, aveques messire Phelippe le Despensier, s’assamblerent et recouvrerent à force d’armes la ville et le chastel, et les ii chevaliers dessus nommés pristrent et les envoierent à Paris[657]. Entre ces choses le roy d’Angleterre vint à Saint Laudun[658] en Constantin, et fist enterrer sollempnelment les testes de trois chevaliers qui pour leur demerites avoient esté occis à Paris[659], et prist et pilla la ville qui estoit toute plaine de biens et garnie. D’ilec s’en passa par la ville de Thorigny[660], ardant et gastant le pays, et manda par ses coursiers et par ses lettres, si comme l’en disoit communement, aus bourgois de Caan, que s’il vouloient laissier le roy de France et estre souz le roy d’Angleterre, qu’il les garderoit loyaument et leur donroit pluseurs grans libertés, et en la fin des lettres les menacoit, s’il ne faisoient ce qu’il leur mandoit, que bien briefment il les assaudroit et qu’il en fussent touz certains. Mais ceulz de Caan le contredirent touz d’une volenté et d’un courage, en disant que au roy d’Angleterre il n’obeiroient point. Et quant il oy la response des bourgois de Caan, si leur assigna jour de bataille au jeudi ensuiant ; et ceci il fist traitreusement, car dès le jour par avant au matin, qui estoit le mercredi après la Magdalene, xxe jour de juillet, il vint devant Caan là où estoient capitaines establiz de par le roy, monseigneur Guillaume evesque de Baieux et jadis frere de monseigneur Robert Bertran[661], chevalier, le seigneur de Tournebu[662], le conte d’Eu et de Guines, lors connestable de France[663], et monseigneur Jehan de Meleun lors chambellan de Tanquarville[664]. Et quant les Anglois vindrent devant Caan, si assaillirent la ville par quatre lieux, et traioient saiettes par les arches aussi menu que se ce fust grelle. Et le peuple se deffendoit tant qu’il pooit, meismement es prez, sus la boucherie et au pont aussi, pour ce que ilec estoit le plus grant peril. Et les femmes, si comme l’en dit, pour faire secours, portoient à leurs maris les huis et les fenestres des maisons et le vin aveques, afin qu’il fussent plus fors à eulz combatre. Toutes voies, pour ce que les archiers avoient grant quantité de saiettes, il firent le peuple de soy retraire en la ville, et ainsi les Anglois entrerent en la ville et se combatirent du matin jusques au vespres[665]. Lors le connestable de France et le chambellenc de Tanquarville issirent hors du chastel et du fort de la ville, et ne scai pourquoy c’estoit, et tantost il furent pris des Anglois et envoiez en Angleterre. Mais quant l’evesque de Baieux, le seigneur de Tournebu, le bailli de Roen et plusseurs autres aveques eulz virent qu’il istroient pour noient, et que leur issue pourroit plus nuire que profiter, si se retraistrent ou chastel comme sages et se tenoient aus quarniaux. Entre ii, les Anglois cerchoient moult diligeaument la ville de Caan et pilloient tout, et les biens qu’il avoient pilliez à Caan et es autres villes, le roy d’Angleterre envoia par sa navire tantost en Angleterre, et ardi grant partie de la ville de Caan en soy issant ; mais au fort de la ville ne fist-il onques mal ne n’i arresta point, car il ne vouloit mie perdre ses gens. Si s’en parti tantost et s’en ala vers Lizieux[666]. Et touz jours Godefroy de Harecourt aloit devant, qui tout le pays ardoit et gastoit. Après il vindrent vers Falloise[667], mais il y trouverent qui leur resista viguereusement, si se tournerent vers Roen. Et quant il oyrent que le roy de France assambloit ilec son ost, si s’en alerent au Pont de l’Arche[668]. Toute voies le roy de France y ala avant eulz. Et quant il fu entré en la ville, si manda au roy d’Angleterre, s’il vouloit avoir bataille à lui, qu’il li assignast jour à son plaisir, lequel respondi que devant Paris il se combatroit au roy de France.

Quant le roy de France oy ce, si s’en retourna à Paris et s’en vint mettre et logier en l’abbaïe Saint Germain des Pez. Ainsi comme le roy d’Angleterre s’approchoit de Paris, si vint à Vernon[669] et cuida prendre la ville ; mais l’en li resista viguereusement, si s’en partirent les Anglois et ardirent aucuns des forbours. D’ileques vindrent à Mante, et quant il oïrent dire qu’il estoient bons guerroiers, si n’i vouldrent faire point de demeure, mais s’en vindrent à Meullent là où il perdi de ses gens ; pour laquelle chose il fu tant iriez que en la plus prochaine ville d’ilec, qui est appellée Muriaux[670], il fist mettre le feu et la fist toute ardoir.

Après ce, vint à Poissi le samedi xii jour d’aoust[671], et touz jours le roy de France le poursuioit continuement de l’autre partie du fleuve de Saine, tellement que en plusseurs lieux et par plusseurs foiz, l’ost de l’un pooit veoir l’autre. Et par l’espace de vi jours que le roy d’Angleterre fu à Poissi[672] et que son filz aussi estoit à Saint Germain en Laye, les coureurs qui aloient devant bouterent les feux en toutes les villes d’environ, meismement jusques à Saint Clost[673] près de Paris, tellement que ceulz de Paris pooient veoir clerement de Paris meisme les feux et les fumées ; de quoy il estoient moult effroiez et non mie sanz cause. Et combien que en nostre maison de Rueil[674], laquelle Charles le Chauve roy et emperere donna à nostre eglise, il boutassent le feu par plusseurs foiz, toutes voies par les merites de monseigneur saint Denis, si comme nous croions en bonne foy, elle demoura sanz estre point dommagiée. Et afin que je escrive verité à nos successeurs, les lieux où le roy d’Angleterre et son filz estoient, si estoient lors tenuz et reputez les principaulz domiciles et singuliers soulaz du roy de France ; par quoy c’estoit plus grant deshonneur au royaume de France et aussi comme traïson evident, comme nulz des nobles de France ne bouta hors le roy d’Angleterre estant et resident par l’espace de vi jours es propres maisons du roy, et aussi comme ou milieu de France, si comme est Poissi, Saint Germain et Raye et Montjoie[675] où il dissipoit, gastoit et despendoit les vins du roy et ses autres biens. Et autre chose encore plus merveilleuse, car les nobles faisoient affonder les batiaux et rompre les pons par touz les lieux où le roy d’Angleterre passoit, comme il deussent tout au contraire passer à lui par dessus les pons et parmi les batiaux pour la deffense du pays. Entretant, comme le roy d’Angleterre estoit à Poyssi, le roy de France chevaucha par Paris le dimenche et se vint logier atout son ost en l’abbaïe de Saint Germain des Prez[676], pour estre à l’encontre du roy d’Angleterre qui le devoit guerroier devant Paris, si comme dit est. Et comme le roy eust grant desir et eust ordené d’aler l’endemain contre li jusques à Poissi, il lui fu donné à entendre que le roy d’Angleterre s’estoit parti de Poissi et que il avoit fait refaire le pont qui avoit esté rompu, laquelle roupture avoit esté faite, si comme Dieu scet, afin que le roy d’Angleterre ne peust eschaper sanz soy combatre contre le roy de France. Et quant le roy oy les nouvelles du pont de Poyssi qui estoit reparé et de son anemi qui s’en estoit fui, si en fu moult dolent et s’en parti de Paris et vint à Saint Denis atout son ost, la vigile de l’Assompcion Nostre Dame. Et n’estoit memoire d’omme qui vit, que depuis le temps Charles le Chauve qui fu roy et emperere, le roy de France venist à Saint Denis en France en armes et tout prest pour bataillier. Quant le roy fu à Saint Denis, si celebra ylec la feste de l’Assompcion moult humblement et très devotement, et manda au roy d’Angleterre par l’arcevesque de Besenson[677], pourquoy il n’avoit acompli ce qu’il avoit promis. Lequel respondi frauduleusement, si comme il apparut par après, car quant il se vouldroit partir il adresceroit son chemin par devers Monfort[678]. Oye la response frauduleuse du roy d’Angleterre, si ot le roy conseil qui n’estoit mie bien sain ; car en verité il n’est nulle pestilence plus puissant de grever et de nuire qu’est celui qui est anemi et se fait ami familier. Si s’en parti le roy de Saint Denis et passa derechief par Paris dolent et angoisseux, et s’en vint à Antoigny[679] oultre le Bourc la Royne[680], et ylec se loga le mercredi[681]. Et tandis le roy d’Angleterre faisoit refaire le pont de Poyssi qui estoit rompu, et cil qui l’avoit oy et veu, si le tesmoigna, car nous veismes à l’eglise de Saint Denis et en la sale où le roy estoit, i homme qui se disoit avoir esté pris des anemis et puis rançonné, lequel disoit en appert et publiquement, pour l’onneur du roy et du royaume, que le roy d’Angleterre faisoit faire moult diligeaument le pont de Poyssi, et vouloit celui homme recevoir mort s’il ne disoit vérité. Mais les nobles et les chevaliers et les plus prochains du roy li disoient qu’il mentoit apertement, et se moquierent de lui comme d’un povre homme. Hélas ! adonc fu bien verifiée celle parole qui dit ainsi : « Le povre a parlé et l’en li a dit : qui est cestui ? par moquerie. Le riche a parlé et chascun se teust pour reverence de lui. » Finablement, quant il fu sceu veritablement que l’en refaisoit le pont, l’en y envoia la commune d’Amiens[682] pour empeeschier la besoigne ; laquelle ne pot resister à la grant multitude des saiettes que les Anglois traioient, et fu toute mise à mort. Et tandis que le roy estoit à Antoigny, en ycelle nuit li vindrent nouvelles que les Anglois, pour certain avoient refait le pont de Poyssi et que le roy d’Angleterre s’en devoit aler et passer par ylec.


XXXVIII.
Comment le roy d’Angleterre se parti de Poyssi et mist le feu par touz les manoirs royaux et s’enfui vers Picardie ; et comment le roy de France s’en retourna d’Antoigny et passa par Paris disant a grans souspirs que il estait tray, et poursui touz jours a grant diligence son anemi le roy d’Angleterre[683].

Adonques, le vendredi après l’Assompcion Nostre Dame[684], environ tierce, le roy d’Angleterre atout son ost a armes descouvertes et banieres desploiées, s’en ala sanz ce que nul la poursuist, dont grant doleur fu à France. Et à sa departie mist le feu à Poyssi en l’ostel du roy, sanz faire mal à l’eglise des nonnains, laquelle Phelippe le Bel, pere à la mere dudit roy d’Angleterre, avoit fait edifier. Si fu aussi mis le feu à Saint Germain en Laye, à Raye[685], à Montjoie, et briefment furent destruiz et ars touz les lieux où le roy de France avoit acoustumé à soy soulacier. Et quant il vint à la cognoissance du roy de France que son anemi le roy d’Angleterre s’estoit de Poyssi si soudainement parti, si fu touchié de grant doleur jusques dedenz le cuer, et moult yrié se parti d’Antoygni et s’en retourna à Paris. Et en alant par la grant rue, n’avoit pas honte de dire à touz ceulz qui le vouloient oyr qu’il estoit tray ; et se doubtoit le roy que autrement que bien il n’eust esté ainsi mené et ramené. Aussi murmuroit le peuple et disoit que telle maniere d’aler et de retourner n’estoit mie sanz trayson, pourquoy plusseurs plouroient et non mie sanz cause. Ainsi le roy se parti de Paris et se vint derechief logier à Saint Denis aveques tout son ost.

En celui an, le duc de Normendie qui estoit alé en Gascoigne assegier le chastel d’Aguillon, et riens n’i avoit fait ; oyes des nouvelles que le roy d’Angleterre guerroioit son pere le roy de France et avoit ars les maisons du roy, si en fu moult troublé, et laissa toute la besoigne et s’en parti[686]. Et quant le roy d’Angleterre se parti de Poyssi, si s’en vint à Biauvaiz la cité. Et pour ce que ceulz de Biauvais se deffendoient noblement et qu’il ne pot entrer en la cité, les Anglois plains de mauvais esperit ardirent aucuns des forbours de la cité et toute l’abbaïe de Saint Lucian[687] qui tant estoit belle et noble, sanz y laissier riens du tout en tout, et d’ilec entrerent en Picardie.

Après ce, le roy de France se parti de Saint Denis et suioit son anemi le roy d’Angleterre jusques à Abbeville en Picardie, moult courageusement. Et le jeudi feste saint Berthelemi, le roy d’Angleterre devoit disner à Araines[688] ; mais le roy de France qui moult desiroit de toute sa force ensuivre son adversaire, chevaucha celle journée x liues afin qu’il peust trouver son adversaire en disnant. Adonques le roy d’Angleterre, quant il ot oyes ces nouvelles, par lettres des traitres qui estoient estans en la court du roy, que le roy de France estoit près et que hastivement il venoit contre lui, il laissa son disner et s’en departi et s’en ala à Soigneville[689], au lieu qui est dit Blanche Taque[690], et yleques passa la riviere de Somme aveques tout son ost, et emprès une forest qui est appellée Creci[691] se loga. Et les François mengierent et burent les viandes que les Anglois avoient appareilliées pour leur disner. Après ce, s’en retourna le roy comme dolent à Abbeville pour assambler son ost et pour fortifier les pons de laditte ville, afin que son ost peust seurement passer par dessus, car il estoient moult foibles et moult anciens. Le roy demeura toute celle journée de vendredi[692] à Abbeville, pour la reverence de monseigneur saint Loys, duquel le jour estoit. L’endemain à matin, le roy vint à La Braye[693], une ville assez prest de la forest de Creci, et ylec li fu dit que l’ost des Anglois estoit bien à iiii ou v liues de lui, dont ceulz mentoient fausement, qui telles paroles li disoient, car il n’avoit pas plus d’une liue entre la ville et la forest, ou environ. A la parfin, environ heure de vespres, le roy vit l’ost des Anglois, lequel fu espris de grant hardiesce et de courrouz, desirant de tout son cuer conibatre à son anemi, fist tantost crier « A l’arme », et ne voult croire au conseil de quelconques qui loyaument le conseillast, dont ce fu grant doleur. Car l’en li conseilloit que celle nuit, li et son ost se reposassent ; mais il n’en voult riens faire, ains s’en ala a toute sa gent assembler aus Anglois, lesquiex Anglois gitterent trois canons, dont il avint que les Genevois arbalestiers qui estoient ou premier front tournerent les dos et laissierent à traire, si ne scet l’en se ce fu par trayson ; mais Dieu le scet. Toutes voies l’en disoit communement que la pluie qui cheoit avoit si moillées les cordes de leurs arbalestes que nullement il ne les pooient tendre[694]. Si s’encommencierent les Genevois à enfuir et moult d’autres nobles et non nobles. Et si tost qu’il virent le roy en peril, il le laissierent et s’enfuirent.


XXXIX.
De la dolente bataille de Créci.

[695]Quant le roy vit ainsi faussement sa gent resortir et aler, et meismement les Genevois, le roy commanda que l’en descendist sus eulz. Adonques les nostres qui les cuidoient estre traitres les assaillirent moult cruellement et en mistrent plusseurs à mort. Et comme le roy desirast moult à soy combatre main à main au roy d’Angleterre, mais bonnement il ne pooit, car les autres batailles qui estoient devant se combatoient aus archiers, lesquiex archiers navrerent moult de leurs chevaux et leur firent moult d’autres dommages, en tant que c’est pitié et doleur du recorder, et dura laditte bataille jusques à souleil couchant. Finablement tout le fès de la bataille chei sus les noz et fu contre eulz.

En ycelle journée, toute France ot confusion telle qu’elle n’avoit onques mais par le roy d’Angleterre soufferte, dont il soit memoire à present. Car par pou de gent et gent de nulle value ; c’est assavoir archiers, furent tuez le roy de Boème[696] filz de Henri jadis emperere ; le conte d’Alençon frere du roy de France[697] ; le duc de Lorraine[698] ; le conte de Bloyes[699], le conte de Flandres[700] ; le conte de Harecourt[701] ; le conte de Sancoirre[702] ; le conte de Samues[703] et moult d’autre noble compaignie de barons et de chevaliers, desquiex Diex veulle avoir merci.

En celui lieu de Creci, la fleur de la chevalerie de France chée. La nuit venant, le roy, par le conseil de monseigneur Jehan de Haynau, chevalier, s’en ala gesir à la ville de La Braye. Le dimenche matin[704], les Anglois ne se departirent pas ; mais le roy aveques ceulz qu’il pot avoir en sa compaignie, s’en ala hastivement à la cité d’Amiens, et ylec se tint[705]. Ycelui meismes matin, plusseurs des nostres tant de pié comme de cheval[706], pour ce qu’il veoient les banieres du roy, si cuidoient que le roy y fust et se bouterent dedens les Anglois ; dont il avint que en ycelui meismes dimenche, les Anglois en tuerent greigneur nombre qu’il n’avoient fait le samedi devant, pourquoy nous devons croire que Dieu a souffert ceste chose par les desertes de noz pechiez, ja soit ce que à nous n’aparteigne pas de en jugier. Mais ce que nous voions nous tesmoignons, car l’orgueil estoit si grant en France et meismement es nobles et en aucuns autres ; c’est assavoir en ourgueil de seigneurie et en convoitise de richesces, et en deshonnesteté de vesteures et de divers habiz qui couroient communesment par le royaume de France. Car les uns avoient robes si courtes qu’il ne leur venoient que aus nasches[707], et quant il se bessoient pour servir i seigneur, il monstroient leurs braies et ce qui estoit dedenz à ceulz qui estoient derriere eulz ; et si estoient si estroites qui leur failloit aide à eulz vestir et au despoillier, et sambloit que l’en les escorchoit quant l’en les despoilloit. Et les autres avoient leurs robes fronciées sus les rains comme femmes ; et si avoient leurs chaperons detrenchiez menuement tout entour ; et si avoient une chauce d’un drap et l’autre d’autre ; et si leur venoient leurs cornetes et leurs manches près de terre et sembloient miex jugleurs que autres gens. Et pour ce, ce ne fu pas merveille se Dieu volt corrigier les excès des François par son flael le roy d’Angleterre.

Après ces choses, se departi le roy Anglois moult joieux de la grant victoire qu’il avoit eue et s’en ala passer Monsterel et Bouloigne[708], et vint jusques à Kalais sur la mer[709]. En ycelle ville de Kalays estoit i vaillant chevalier, de par le roy de France capitaine, lequel avoit à nom messire Jehan de Vienne né de Borgoine[710]. Et pour ce que le roy d’Angleterre ne pot pas si tost entrer en la ville de Kalais comme il voult, il la fist fermer de siege, et si fist eslever habitacions assez près de laditte ville pour herbergier li et son ost. Quant ceulz de Kalays virent qu’il estoient ainsi avironnez de leurs anemis, tant par terre comme par mer, il ne s’en espoenterent onques. Adonques jura le roy d’Angleterre qu’il ne se partiroit jusques atant qu’il eust prise la ditte ville de Kalays ; et appella le lieu où li et son ost estoient, là où il avoit fait edefier, Villeneuve la Hardie ; et là fu tout l’yver, et li administroient les Flamens vivres par paiant l’argent[711].

En ce meismes temps, reçurent les Flamens en conte et en seigneur le filz du conte de Flandres derrenierement tué à Crecy, et li promistrent et jurerent loyauté[712], et meismement qu’il ne le contraindroient à prendre femme oultre sa volenté, ne faire aucune chose contre la feaulté qu’il devoit tenir et avoir envers le roy de France. Adonques aucuns des Flamens se retrairent du tout de porter vivres aus Anglois pour ceste cause.

Ou moys de septembre ensuiant, le jour de la Sainte Croiz[713], le corps du conte d’Alençon derrenierement tué à Crecy fu enseveli aus Freres Prescheurs à Paris.

En ce meismes temps, le roy de Boème fu porté à Lucembourc[714], et yleques meismes fu noblement enseveli. Et oultre, les armes ou escuz de l chevaliers esleuz qui aveques li moururent à Crecy, sont environ sa sepulture noblement et autentiquement paintes.

En la fin du moys de septembre, le conte Derbic qui resident estoit pour lors à Bordiaux, quant il vit que le duc de Normendie, filz du roy de France, ot laissié le siege du chastel d’Aguillon[715] et qu’il fu en France retorné, il esmut son ost vers Xaintes en Poitou et vint à Saint Jehan d’Angeli, en ardant, en robant et en ravissant hommes et femmes sans nombre, et prist laditte ville de Saint Jehan d’Angeli[716] sanz grant difficulté, car il n’i trouva nulle ou moult petite resistence ; et là trouva des biens et des richesces, lesquelles il aporta aveques lui, et d’yleques s’en ala à la cité de Poitiers sanz quelconque resistence, car chascun fuioit devant lui. Adonques quant il vint à la cité de Poitiers, il la prist sanz bataille et sanz labour[717]. Et lors prist les tresors et les richesces qu’il y pot trouver et les bourgois et les chanoines, et puis ardi la greigneur partie de la ville et le palays du roy, et s’en ala à Bordiaux a toutes ses richesces, et assez tost après il passa en Angleterre[718].

Environ la feste de monseigneur saint Denis, le roy demanda[719] ou fist demander à l’abbé et au convent de ce meismes lieu subside pour l’occasion de ses guerres ; et entre les autres choses, l’en demandoit le crucefi d’or ; mais il fu respondu de l’abbé et du convent que en bonne conscience il ne pourroient le faire ; car le pape Eugin le tiers[720] le beneist et getta sentence d’escommeniement sur touz ceus qui le destourneroient ou qui dommage y feroient, si comme il est escript ou pié de la croiz dudit crucefiz[721].

En ce temps, Pierre des Essars, de la nascion de Normendie, garde et dispenseur pour partie des tresors du roy, fu pris et mis en diverses prisons[722] ; c’est assavoir d’un fort en autre. Mais en la fin, après moult de reprouches et de grans villennies, pour la mort eschiver, il fu condampné à c mille flourins à la chaiere. Mais par les prieres du conte de Flandres faites au roy, l’en en pardonna au dit Pierre lm flourins.

En ce meisme temps, environ la feste saint Martin d’yver, l’abbé de Saint Denis, l’abbé de Meremoustier, et l’abbé de Corbie furent establiz tresoriers du roy de France[723]. Mais i pou après qu’il orent laissié ledit office, trois evesques et trois chevaliers[724] furent adjoins avesques eulz ; et ainsi furent fais recteurs, gouverneurs et conseilliers de tout le royaume de France.

En ce temps pristrent les Anglois une ville en Poitou, laquelle est appellée Tuelle[725], et la pillierent de touz les biens qu’il y trouverent.

En ce meismes an, le jeudi après la Concepcion Nostre Dame, ou moys de decembre[726], ii chevaliers normans ; c’est assavoir : messire Nichole de Grousi et messire Rollant de Verdun, lesquiex, n’avoit gaires, avoient esté pris par messire Phelippe le Despensier, chevalier, à Karentan en Normendie et avoient esté envoiez à Paris par ledit messire Phelippe, si furent menez es halles à Paris et là orent les testes coupées, et puis si furent penduz au gibet.

En ce meismes temps, se presenta au roy de France messire Godefroy de Hairecourt, chevalier normant, la touaille mise de ses propres mains en son col, et disant telles parolles : « J’ay esté traitre du roy et du royaume, si requier misericorde et pais ». Lesquelles misericorde et pais le roy, de sa benignité li ottroia[727].

En cest an, environ la feste de la Thyphaine, fu ordené et commencié à faire les fosses en l’environ de la ville monseigneur saint Denis, afin que elle fust plus fort.

En ce temps, la ville de Tuelle[728], laquelle avoit esté prise n’avoit gueres par les Anglois, si fu recouvrée et reprise par les François.

En ce temps, monseigneur Jehan de Chalon, Bourgoignon[729], chevalier, si degastoit la terre du duc de Bourgoigne par occisions, par feux et par rapines.

En ce temps, David le roy d’Escoce fu pris des Anglois[730].

En ce meismes an, environ la mi karesme, les Lombars usuriers furent pris ou royaume de France[731] ; et quiconques estoit tenuz ou liez aus Lombars en usure, et il paiast au roy le principal ouquel il estoit tenuz aus Lombars, il estoit quitte de l’usure.

En yce temps, le dimanche que l’en chante Isti sunt dies[732], le roy prist à Saint Denis l’oriflambe et la bailla à messire Geffroy de Charny[733], chevalier Bourgoignon, preudomme et en armes expert, et en plusseurs fais approuvé.


XL.
Comment le roy de France s’ordena à poursuir son anemi le roy d’Angleterre jusques à la ville de Hedin, et comment I advocat de Laon appelle Gauvain, voult traïr laditte cité de Laon.

L’an de grâce mil CCC XLVII, le conte de Flandres que les Flamens, contre leur serement et leur loyauté, laquelle il avoient jurée audit conte, et la convenance qu’il li avoient faite, c’est à savoir qu’il ne contraindroient point ledit conte à prendre femme, fors à sa volenté et à la volenté du roy de France et de la mère dudit conte ; toutes voies l’avoient-il contraint par menaces de mort à prendre la fille du roy d’Angleterre[734] à femme. Mais le mardi après Pasques ; c’est à savoir le iiie jour d’avril, il s’en issi de Flandres par cautele, et s’en vint au roy de France, car il ne vouloit pas avoir la fille au roy d’Angleterre à femme[735]. Dont le roy de France et la mere dudit conte orent très grant joie, et fu receu très honnorablement.

En la xve de Pasques, le roy se parti de Paris et prist congié de monseigneur saint Denis et se recommanda à lui, et se ordena à aler vers son anemi le roy d’Angleterre, et vint à une ville, laquelle est appellée Hedinc[736] ; et yleques, moult dolent, attendi longuement ses gens qui venoient moult lentement. Et fu en laditte ville de Hedinc jusques en la sepmaine devant la feste de la Magdalene, Et depuis, li et son filz, le duc de Normendie, s’en departirent et leur compaignie avec eulz, et s’en alerent droit vers Kalais encontre leurs anemis. Mais le roy d’Angleterre et le duc de Lencastre, jadis conte Derbic, et les Anglois qui de nouvel estoient venuz à leur seigneur, avoient fermée et enclose la ville de Kalais de si grant siege, tant par terre comme par mer, que vivres ne pooient en nulle maniere estre portez à ceulz qui estoient en laditte ville de Kalais[737], pour laquelle chose il vivoient en grant desesperance et en grant misere, jusques atant qu’il sorent la venue du roy et qu’il se vouloit combatre contre son anemi et lever le siege d’entour laditte ville.

[738]En ce meismes an, i advocat né de la cité de Laon, appellé Gauvain de Bellemont[739], endementres qu’il demouroit en la cité de Mes, il fu deceu par mauvais esperit, car il voult trayr la cité en laquelle il avoit esté né, et disoit que à Laon il avoit mauvaise gens. Si ot ledit Gauvain convenances aveques aucuns traitres du royaume[740], et commença à machiner comment il pourroit acomplir ce qu’il avoit entrepris et promis à faire. Si avint que un homme de Laon, lequel avoit à non Colin Trumelin, et estoit sueur[741], fu venu à si grant povreté que par honte il laissa la cité de Laon pour ce qu’il ne pooit paier ce qu’il devoit, et prist sa femme et ses enfans, et s’en ala à Mez, et yleques faisoit son mestier, et gaaignoit sa vie au miex qu’il pooit. Or avint que le devant dit Gauvain cognut ycelui Colin et li commença à enquerir dont il venoit et pourquoi il s’estoit parti de Laon ? lequel li respondi que povreté l’avoit chacié hors de Laon. Quant Gauvain ot ce oy, si li dist : « Se tu te veulz acorder à ce que je te diray et garder très secretement, soies certain que je te feray riche ne dès ore en avant tu n’auras nulle souffrete. » Si li acorda. Adonques Gauvain si li dist : « Pren ces lettres et les portes au roy d’Angleterre, et gardes que tu soies à moy à Rains la veille de Pasques et ne te doubtes, car je y serai. » Lors prist ledit Colin ces lettres et se parti, et commença moult à penser s’il acompliroit ce que l’en li avoit encharchié. Et quant il ot bien pensé, si ot avis en soy qu’il porteroit au roy de France lesdittes lettres, et ainsi le fist et les presenta au roy, esquelles lettres l’ordre et la maniere de trayr la cité estoit contenue. Après ce, s’en retourna ledit Colin à Reins au jour que ledit Gauvain li avoit dit, et fu ledit Colin moult bien entroduit de par le roy, et trouva ledit Colin son maistre Gauvain, la veille de Pasques, si comme il li avoit promis ; mais il estoit en habit de Premonstré, comme religieux vestu[742]. Lors se traist ledit Colin par devers le prevost de Reins et fist prendre ledit Gauvain en son lit le jour de Pasques[743]. Si voult ledit Gauvain vestir habit seculier, mais il ne li fu pas souffert ; si fu vestu en la maniere qu’il estoit entré en la cité.

Ce meismes jour, aprés disner, il fu mené à Laon et fu mis en la prison de l’evesque, et fu gardé diligeaument. Mais le peuple voult veoir le traitre de eulz et de leur cité, comment et par quel maniere il estoit condampné. Si fu mis hors de prison, et avoit en son col et en ses mains cercles de fer et anniaus de fer moult fors. Et depuis fu mis en une charete, en laquelle il avoit une piece de boys au travers, sus laquelle il se seoit, afin qu’il fust veu de tout le peuple, et que ledit peuple sceut et cogneust qu’il estoit condampné à chartre perpetuel. Mais si tost comme il fu mis hors de la court à l’ofificial et qu’il estoit mené par la cité, le peuple ne pot longuement regarder leur traitre ; si le lapida le peuple de pierres et ot le hanepier[744] de la teste copé, et mourut honteusement et a grant tourment. Adonques, endementres qu’il souffroit tel tourment, il prioit la glorieuse Vierge Marie que elle le vousist garder en bon sens et en bon entendement et en vraie foy par sa sainte grâce. Après, comme il fu ainsi mort et occis, il fu reporté à la court de l’official, et fu monstré son corps à touz ceulz qui le vouldrent veoir, et fu enterré après en i marois emprés la ville ; et après, son filz fu pris car il estoit participant du pechié son pere et fu condampné à chartre perpetuel.

En ce temps, le visconte de Touart et conte de Droues, endementres qu’il estoit capitaine en Bretaigne de par le roy de France, avint qu’il se garda moins diligeaument qu’il ne deust ; si fu pris par monseigneur Raoul de Caourse, chevalier, par nuit, en son lit très honteusement.

En ce meismes an, le lundi après l’Ascension Nostre Seigneur[745], i citoien de Paris, lequel estoit fevre[746], fu accusé qu’il vouloit traïr la cité de Paris, et fu trouvée et provée contre lui sa traïson ; pour quoy il ot les bras et les cuisses coupées, et depuis fu pendu par le col au gibet.

Item, le vendredi ensuivant[747], le chastel de Bomont[748], lequel estoit messire Jehan de Vervin, chevalier, fu pris et destruit, et des pierres dudit chastel fu levé un gibet en la place meismes où ledit chastel estoit.

En ce meismes temps[749], l’evesque de Biauvaiz, jadis frere de Engerran de Marigni, fu fait par le pape arcevesque de Roen ; et l’evesque de Baieux jadis frere de messire Robert Bertran, chevalier et mareschal de France, fu fait evesque de Biauvaiz.

Et en ce meismes temps, le jeudi devant la Nativité monseigneur saint Jehan Baptiste, le xxi jour de juing, Henri[750] et Godefroy filz du duc de Brebant, furent espousez au Louvre à Paris. Et prist le dit Henri la fille du filz du roy, duc de Normendie ; et ledit Godefroy si ot la fille du duc de Bourbon[751].

Environ ce temps, trives[752] furent données aus Flamens jusques à iii ans. Et endementres, le duc de Brebant, l’arcevesque de Trives et messire Jehan de Haynau chevalier, traiterent de la pais des Flamens.


XLI.
Comment messire Charles de Bloyes, duc de Bretaigne, fist siege sus les Anglais de la Roche Deryan ; et comment il fu pris ou siege, d’un chevalier d’Angleterre appelle Thomas Dagorn ; et comment auques touz les barons de Bretaigne furent en ce siege aveques lui mors que pris.


[753]Puis que les Anglois orent prise la ville de la Roche Derian, si comme devant est dit, en l’an mil CCC XLV et l’eussent tenue et gardée continuement, si avint, environ la feste de monseigneur saint Jehan Baptiste, c’est assavoir en la sepmaine qui lu après la Penthecoste, que le duc de Bretaigne fist siege devant ledit chastel de la Roche Derian, et a voit aveques li grant quantité de peuple, tant de Bretons que de François et d’autres nascions. Si ordena son ost en plusseurs compaignies. Les uns furent mis en i lieu qui est appellé la Place-Vert[754], en la parroisse de Langoet[755], oultre l’yaue qui est appellée Yaudi[756], et ordena et commanda à ceulz qui là estoient, que pour cri ou pour quelconque autre signe, qu’il ne venissent point à nulle autre compaignie, car ledit duc pensoit que messire Thomas Dagorn[757] chevetaine des Anglois, qui pour le temps demouroient en Bretaigne, devoit apliquier vers celle partie où lesdis Bretons, François et autres estoient. Et la compaignie de l’ost en laquelle le duc estoit, si comprenoit la place entre l’eglise de Nostre Dame et la porte qui est appellée la porte de Jument. Et les autres compaignies estoient environ la ville ; mais les deus devant dit nommées estoient les plus nobles. Et environ la ville avoit ix grans engins, entre lesquiex il en avoit i qui gettoit pierres de ccc pesans, et les autres gittoient en la ville, par tel maniere qu’il rompoient les maisons et tuoient les gens, les chevaux et autres bestes. Et entre les autres cops, une pierre fu gittiée dudit grant engin à une maison ou chastel, en laquelle maison, la femme du capitaine gisoit d’enfant, et estoit emprès son enfant que elle avoit eu de nouvel. Si rompi le cop de laditte pierre plus de la moitié de la maison où laditte femme estoit, si ot moult grant paour et se leva tantost toute espoentée, et vint à son mari capitaine du chastel, messire Richart Toutesham, chevalier, et li pria qu’il rendist le chastel ; mais il ne li voult acorder. Derechief fu gittée une autre pierre, de la partie où le duc estoit, et fist i pertuis en la tour où le capitaine et sa femme estoient ; mais pour ce ne le voult-il rendre. Si avint que les bonnes gens de celle terre, qui par avant avoient esté en la subjection des Anglois, pristrent fondes pendenz à bastons, et commencierent à assaillir la ville par merveilleux effort, car il estoient grant quantité, et firent loges, ville et rues en l’ost, et portoit l’en moult de biens en l’ost, et tellement que vivres estoient à très grant marchié, dont plusseurs s’en merveilloient. Touz les jours donnoient assaux à la ville et au chastel par très grant effort, et en tele maniere que ceulz qui estoient en la ville ne savoient que faire. Mais les noz eussent prise la ville s’il eussent voulu, car ceulz de la ville et du chastel avoient ottroié à tout rendre, leurs corps et leurs biens saufz. Si avint que le duc fu deceu par mauvais conseil, et ne voult prendre la ville jusques atant que messire Thomas Dagorn, principal capitaine des Anglois venist, et qu’il fust pris avant que l’en receust ceulz de la ville ne du chastel. Mais aucuns de l’ost au duc si firent acort aveques ceulz de la ville, qu’il seroient receuz dedenz viii jours en la forme et maniere qu’il le requeroient.

Endementres, vint messire Thomas Dagorn par devers la ville qui est appellée Karahes[758], par sentiers et par bois, a très grans ost et si celéement comme il pot, et se loge celle nuit en l’abbaïe de Begar[759], en laquelle n’avoit demouré nulz moines depuis que les Anglois estoient venuz à la Roche Deryan. Si y trouva aucuns serviteurs qui gardoient laditte abbaïe, et là entra celle nuit sanz ce que ceulz du pays ou pou le sceussent, et y soupa et son ost aveques lui, et ne fist nul mal à ceulz qu’il trouva en laditte abbaïe. Et après ce qu’il ot souppé, il s’en entra en l’eglise et fist yleques son oroison et veilla jusques à mie nuit, si comme l’en dit, et ensaigna son ost comment il assaudroient l’ost du duc, et leur donna i signe que comme il seroient en la bataille, il diroient l’un à l’autre une parole bien bas, laquelle parole je n’ay peu savoir ; et quiconques ne diroit celle parolle l’un à l’autre assez bas, qu’il le tuassent se il peussent. Quant ces choses furent par lui ainsi ordenées, si se departi environ mienuit et s’en vint par autre voie que l’en ne cuidoit à la Roche Deryan. Et pour ce, l’ost qui estoit en la Place Vert devant ditte, s’estoit appareillié à combatre vertueusement encontre ledit messire Thomas Dagorn. Mais ledit messire Thomas sceut par aventure comment il estoient fors ; si se tourna vers l’ost du duc. Et le duc et sa compaignie cuidoient qu’il s’en alast de l’autre part et ne se gardoient pas de lui. Si s’en vint ledit messire Thomas au pont qui est appellé Aziou, sus l’yaue de Yaudi, par la grant voie qui va à la Roche Derian, près du gibet de la ville de la Roche. Celle nuit, veilloient en l’ost du duc messire Robert, ayol du seigneur de Biaumanoir, monseigneur de Derval et moult de autres seigneurs chevaliers, desquiex aucuns ne faisoient pas bien leur devoir, si comme l’en dit, car il ne veilloient pas bien.

Quant messire Thomas approucha de l’ost du duc, l’en dit qu’il savoit bien quel part le duc estoit, et là mist plusseurs charroy et plusseurs varlez ; c’est à savoir entre le moulin et la maladerie, et estoit ainsi comme entre mienuit et le point du jour, et estoit la nuit moult oscure. Adonques commencierent à crier les varlez qui estoient vers la maladerie, à une voiz très horrible un cri. Quant ceulz qui veilloient en celle partie oïrent ce cri, si vouldrent aler veoir que c’estoit. Mais il aperçurent l’ost des anemis après eulz, si se combatirent à eulz et manderent à ceulz de l’ost du duc que tantost il s’armassent. Mais avant qu’il fussent parfaitement armez, les anemis les assaillirent, et yleques ot bataille fort et dure et y fu pris messire Thomas Dagorn. Si avint que si comme il le vouloient mener aus tentes du duc, il orent à l’encontre d’eulz une autre bataille qui leur rescoust ledit messire Thomas, et commença derechief la bataille. Et n’estoit pas encore jour, mais faisoit moult oscur et en telle maniere que les noz s’entretuoient pour ce qu’il ne s’entrecognoissoient, tant faisoit oscur. Mais les anemis si avoient i signe secret, comme devant est dit, si s’entregardoient. En ycelle bataille fu pris derechief messire Thomas Dagorn de la propre main du duc. En yce lieu avoit moult de diverses batailles, et estoient les unes assez près des autres, et se combatoient à la clarté des cierges et des torches. Le visconte de Roquan[760] se combatoit, le seigneur de Vauguion et pluseurs autres seigneurs se combatoient en diverses places et lieux. Quant les Anglois virent que messire Thomas Dagorn estoit derechief pris, si s’en partirent aucuns de l’ost et s’en vindrent à ceulz de la Roche Derian, et les requistrent qu’il les vousissent secourir et aidier. Adonques ceulz de la ville et du chastel issirent atout une maniere de haches, lesquelles estoient bonnes et avoient manches de ii piez et demi de lonc ou environ, et issirent bien environ vc hommes, fors et delivres combatanz tant de la ville comme du chastel, et se ferirent en l’ost du duc et des autres qui se combatoient, et recoustrent derechief ledit messire Thomas, et mistrent à mort moult de ceulz de la partie du duc, de leurs dittes haches. Mais ceulz que le duc avoit ordenez pour estre au lieu qui est dit la Place Vert, comme dessus est escript, ne savoient riens de tout ce qui estoit fait en l’ost du duc, car il estoient assez loing de l’ost du duc, et estoit la riviere et la ville de la Roche Derian entre eulz et l’ost du duc de Bretaigne, et attendoient de jour en jour ledit messire Thomas car il devoit venir de celle partie ; et pour ce leur avoit commandé ledit duc, que pour nulle chose il ne se partissent du lieu où il estoient, et leur disoit le duc : « Se messire Thomas Dagorn vient par devers nous, nous le pourrons bien avoir sanz aide de autrui ; mais s’il va par devers vous, à paine le pourroiz avoir sanz aide. »

Endementres que le duc et le visconte de Quoetmen se combatoient et pluseurs autres Bretons bretonnans qui aveques eulz estoient, le duc ne sceut riens du fait de la bataille qui avoit esté entre ceulz de sa partie et ceulz qui estoient issus de la ville et du chastel de la Roche Derian, jusques atant qu’il en y eust plusseurs de sa partie mors ; et administrerent ceulz qui estoient issus de laditte ville et du chastel haches et armeures plusseurs aus Anglois qui celle nuit avoient esté ii foiz desconfiz ; desquelles armeures et haches il occistrent plus de la moitié de l’ost des Bretons. Et y moururent des barons ; c’est assavoir le viscomte de Rochan[761], l’un des plus riches hommes de Bretaigne ; le seigneur de Derval, le seigneur de Quintin et monseigneur Guillaume son filz ; et messire Jehan son autre filz si ot le nés copé ; le seigneur du chastiau de Brience[762], le seigneur de Rogé[763] ; messire Geffroy de Tournemine, messire Geffroy de Rosdranen[764], messire Chevin Biauboisel[765], le seigneur du Vauguion ; et si pristrent son filz, et moult d’autres barons et nobles hommes y furent mors et les autres pris ; mais il en tuerent plus qu’il n’en pristrent.

Si avint environ l’aube du jour, depuis que la bataille ot moult duré ; c’est assavoir la quarte partie de la nuit largement, et que par ycelle espace le duc se fust continuelment combatu, si sceut que ses barons et ses chevaliers estoient ou mors ou pris pour la greigneur partie en soy combatant, il se commença à retraire et se retraist jusques à la montaigne des mesiaux ; laquelle montaigne estoit bien loing de la place où la guerre avoit été commenciée, et avoit le dos vers le moulin à vent, et touz jours avoit aucuns qui le combatoient car il pensoient bien que c’estoit le duc. Si li demanderent s’il estoit le duc, et il leur respondi que non, car il cuidoit eschaper de leurs mains. Finablement il sceurent que c’estoit il ; si li demanderent qu’il se rendist, ausquiex il respondi que ja à Anglois il ne se rendroit, et qu’il avoit plus chier à souffrir mort, ja soit ce qu’il fust navré de vii plaies, dont aucunes estoient mortelles, si comme l’en disoit. Adonques vint i chevalier qui avoit à non monseigneur Bernart du Chastel, lequel dit au duc qu’il se rendist à lui, et le duc li demanda qui il estoit. Lors le chevalier li dist son nom, et le duc si se rendi à lui, et lors le menerent ou fort de la ville. Quant ceulz de sa gent qui estoient eschapez vifs sceurent que leur seigneur estoit pris, si se departirent comme touz desesperez. L’endemain, les Anglois menerent le duc par faux sentiers et par boys à une ville qui est nommée Karahes ; et d’icelle ville il le menerent à une ville qui est appellée Kamperlé[766] en laquelle ville les Anglois tenoient i très fort chastel, lequel chastel il avoient pris par force d’armes ; et en ce chastel tindrent ledit duc par l’espace de viii jours ou environ. Et de ce chastel il le firent mener à Vennes, et yleques demoura environ i an, car la mer estoit gardée en tele maniere que les Anglois ne l’osoient envoier par mer en Angleterre. Et endementres qu’il fu à Vennes, la duchesse ot congié des Anglois pour visiter le duc son seigneur. Environ la fin de l’an, il pristrent le duc et l’envoierent par mer au chastel de Brest, lequel chastel de Bretaigne est le plus prochain au royaume d’Angleterre ; car il estoit de necessité que ledit duc fust gueri de ses plaies avant que l’en le peust mener en Angleterre ou en autre lieu loing. Et après, depuis qu’il ot esté une piece oudit chastel de Brest et que le peril fu osté de li, ja soit ce qu’il ne fust pas gueri, il l’envoierent en Angleterre bien acompaignié de navire. Mais très qu’il issi dudit chastel de Brest pour estre mené en Angleterre et audit roy d’Angleterre estre presenté, il avoit en sa compaignie vii joueurs de guisternes[767], et il meismes, si comme l’en dit, commença à jouer de l’uitiesme guisterne ; et ainsi fu mené prisonnier en Angleterre, dont ce fu grant doleur et grant pitié.

Or avint, après ce que la bataille fu finée, en laquelle le duc avoit esté pris et ses gens mors et desconfiz, comme dessus est dit, que les Anglois qui estoient demourez en la Roche Deryan, pristrent les armes et les despoilles, vins, chars et autres biens qui estoient en l’ost du duc et si tindrent les bonnes gens du pays en très grant misere, et ne leur laissierent rien à leur povoir, et si en tuerent une grant quantité, et aucuns en reserverent pour l’aire le labour entour le fort. Les Anglois avoient bien aperceu, comment il s’estoient asprement tenuz encontre eulz, si comme dessus est dit.


XLII.
Comment touz les nobles et non nobles du païs de Triguier et d’environ vindrent assaillir les Anglois de la Roche Deryan aveques les aides que le roy de France leur envoia ; et de la maniere de la prise et de l’assaillir et comment il furent pris, et la ville et le chastel de la Roche Deryan furent recouvrez.

Quant ces choses orent esté ainsi faites, les Anglois orent très grant joie et furent moult liez de leur victoire, et commencierent derechief à garnir la ville et le chastel de la Roche Derian, et aucuns autres fors des biens qu’il avoient gaaigniez, et pensoient à demourer yleques bien seurement, et eulz deffendre encontre touz. Mais Nostre Seigneur ordena autrement, car le moys d’aoust ensuiant, les nobles et les non nobles de tout le pays s’assamblerent en i certain lieu, et firent et ordenerent que derechief et briefment il assaudroient la ville et le chastel de la Roche Derian, et firent supplicacion au roy de France qu’il leur voulsist envoier ayde. Si leur envoia le seigneur de Craon[768] et messire Ayton Daurie[769], et aveques eulz grant compaignie et fort. Quant il furent venuz en Bretaigne et avesques les Bretons adjoins, si se partirent à i mardi, et environ heure de tierce il assaillirent la ville de la Roche Deryan très vertueusement et continuelment depuis ledit mardi jusques au jeudi. Mais ceulz de la ville se deffendoient forment, et gittoient bois et genestes ardanz et poignies de blé sanz batre ardanz, et si gittoient poiz et autres cresses boulanz, et se deffendoient par toutes les manieres qu’il pooient. Quant il virent que bonnement il ne se pourroient plus deffendre encontre ceulz qui là estoient, il se consentirent à rendre la ville, saufz leurs corps et leurs biens. Si furent d’un acort, les François et les Bretons, qu’il n’aroient congié de la vie ne de issir hors. Si commencierent derechief les noz à assaillir et ne laschierent jusques à l’endemain continuelment qui fu jour du vendredi. Et en yceli vendredi, le seigneur de Craon mist en une petite bourse l escuz d’or et la pendi à un grelle baston lonc, et le tenoit en sa main. Si commença à dire à ceulz qui assailloient la ville : « Qui premier enterra en la ville, en verité, il aura ceste bourse aveques les flourins. » Quant les Genevois virent celle bourse, ilz commencierent à assaillir la ville plus fort que par avant et pristrent maulz de fer qui avoient longues pointes et grosses testes, lesquiex mailz sont appeliez testuz. Si distrent les uns aux autres, « v de nous yrons au mur atout noz martiaux, et vous serez devant les murs et assaudrez le plus fort que vous pourrez », et ainsi fu fait. Adonques pristrent les cinq Genevois leur martiaux et mistrent leurs escuz sus leurs testes, et s’en alerent aus murs, et les autres donnoient fort assaut à ceuls qui estoient sus les murs de la ville. Endementres qu’ilz assailloient par tele maniere, les devant diz v Genevois osterent v pierres des murs et les caverent par tele maniere que ilz furent à couvert par dedenz les murs, et ne leur povoit-on mal faire des carniaux. Ilz estoient loing l’un de l’autre environ x piez. Si caverent les murs par tele maniere, que dedenz heure de midy, il cheut des murs environ l piez en longueur, et tantost y entra i Genevois assez petit de corps, et ot les florins que monseigneur de Craon tenoit. Et après lui entrerent, tantost depuis que le mur fu cheu, communelment touz ceus de l’ost quiconques y vouloit entrer indifferenment, car il avoit esté ordené des capitaines par avant, que tous les biens de la ville seroient communs et abandonnez à tous ceuls de l’ost qui les pourroient gaaignier. Ilz tuerent premierement, sanz difference, les hommes et les femmes qui estoient en la ville habitans, de quelconque aage qu’ilz feussent, et mesmement les enfans qui alaictoient.

Quant ilz orent ainsi mis à mort tous ceuls qu’ilz avoient trouvez en la ville, si commencierent à giter au chastel ouquel s’estoient retraiz environ cc et xl Anglois. Mais quant ilz virent la hardiesce et la vertu de ceulz qui assailloient, ilz offrirent à rendre le chastel, leur corps et leur biens saufz. Mais les noz ne s’i vouldrent accorder et assailloient de fort en fort. Finablement l’issue du corps tant seulement si leur fu accordé, et que l’en les conduiroit par l’espace de x lieues loing. Si s’en issirent en leurs cotes et s’en alerent, et les conduisoient deux chevaliers bretons ; c’est assavoir messire Silvestre de la Foulliée et i autre chevalier. Mais à paine les povoient deffendre des genz de labour, car tous ceulz qu’il povoient attaindre, ilz les mettoient à mort et les tuoient de bastons et de pierres comme chiens. Si les conduirent les deux chevaliers au mieulx qu’il porent jusques près de la ville de Chastiaunuef de Quintin. Quant ceulz de la ville oïrent dire que les Anglois qui avoient tué leur seigneur venoient par sauf conduit, si s’assemblerent pluseurs bouchiers et charpentiers, et autres de ladite ville et mistrent à mort tous les Anglois aussi comme brebiz, et ne les porent onques les deux chevaliers deffendre, excepté leur capitaine qui s’enfuy, et les ii chevaliers qui les conduisoient s’enfuyrent avec le capitaine desdiz Anglois, lequel fu à painne sauvé. Finablement, ceulz de la ville de Chastiaunuef de Quintin firent porter les corps des mors en quarrieres et en grandes fosses qui estoient hors de la ville, et là les mengierent les chiens et les oiseaux. Et ainsi demourerent les Bretons soubz messire Ayton Daure, chevalier, establi capitaine de par la duchesse en la ville de la Roche Deryan. Et ot ladite duchesse les fruiz et les revenues qui estoient deues au duc son mari, tout environ la Roche Deryan jusques à ii lieues.

En ce meismes temps, le conte de Flandres[770] prist à femme la fille du duc de Brebant[771].

En icelui an, le samedy quart jour du mois d’aoust, pour ce que le roy ala trop tart pour secourre la ville de Calais, non obstant que par pluseurs fois il eust mis grant cure et diligence de les secourre, mais il ne povoient estre secouruz pour le lieu où le roy d’Angleterre et son ost estoient logiez, qui estoit inaccessible ; et estoit le passage tel, que par aucun effort nulz n’y povoit entrer ; ne par la mer aussi ne povoient estre secouruz, pour le navire du roy d’Angleterre qui estoit devant ladite ville de Calais. Et cependant les cardinaulx pourchassoient trieves[772] entre les deux roys, et furent prises jusques à la quinzaine de la Nativité saint Jehan Baptiste prochain à venir ; lesquelles trieves furent rompues tantost par le roy d’Angleterre qui tousjours continua ledit siege devant la ville de Calays, par tel effort que ceuls de ladite ville, comme desesperez de tout secours, et pour ce que ilz n’avoient eu point de vitaille, ne n’avoient eu plus d’un mois devant, ainçois mengoient leurs chevaux, chaz, chiens, raz et cuirs de buef a tout le poil, se rendirent audit roy d’Angleterre, sauves leurs vies, et s’en issirent tous, hommes et femmes et enfans de la ville, sanz riens emporter, fors tant seulement les robes que ilz avoient vestues, qui fu grant pitié à veoir. Et vindrent la greigneur partie de Calais à refuge au roy de France qui les reçut moult aggreablement et leur fist et fist faire moult de humanité.

Item, tantost après, fist le roy convocacion general des prelaz, barons et nobles, bonnes villes, et de ses autres subgiez à Paris, à la saint Andrieu[773], et ilec, ot conseil avec euls de sa guerre, et comment il y pourroit mettre fin. Sus lesquelles, entre les autres choses, li conseillierent que il feist tost une grant armée par mer pour aler en Angleterre, et aussi par terre ; et ainsi pourroit finer sa guerre, et non autrement, et que volentiers li aideroient et des corps et des biens. Et pour ce, envoia par toutes les parties de son royaume certains commissaires, pour demander au pays, à chascun, certain nombre de gens d’armes.

Et en cel an, meismes, environ Noël[774], furent les Lombars usuriers, par procès faiz contre euls, sur ce que l’en leur imposoit que ilz avoient, contre les ordenances royaux qui mettoient paine de corps et de biens, presté cent livres oultre xv livres par an pour usure ; et aussi en prestant, ils avoient fait des usures sort ; et aussi que ilz avoient fait pluseurs contraux et prestz hors des foires de Champaigne, et en avoient pris obligacions des foires aussi comme se il eussent esté faiz en foire, furent condempnez par arrest à perdre tout biens meubles et heritages, et furent confisquez au roy, et ordena que tous ceulz qui leur devoient feussent quittes pour le pur sort, et que ilz en feussent creuz par leurs sairemens. Et fu trouvé que les debtes que l’en leur devoit et qui jà estoient venues à cognoissance, montoient oultre xxcccc mile livres ; desquelx le pur sort ne montoit pas oultre xiixx M livres. Si peust l’en veoir comment ilz mengoient et destruisoient le royaume de France.

Item, en cel an, fist le roy ordenance que toutes les offices qui vaqueroient feussent bailliez à ceuls de Calais[775], pour ce qu’il l’avoient loialment servi. Et furent executeurs de celle grâce i clerc qui estoit de Parlement appelle maistre Pierre de Hangest, et un bourgoiz nez de Sens qui estoit de la Chambre des Comptes appelle Jehan Cordier[776].

Item, en celui an, fu une mortalité de gent en Provence et en Langue d’oc[777], venue des parties de Lombardie et d’oultre mer, si très grant, que il n’y demoura pas la vie partie du peuple. Et dura en ces parties de la langue d’oc qui sont ou royaume de France par viii mois et plus. Et se departirent aucuns cardinaus de la cité d’Avignon pour la paour de ladite mortalité que l’en appelloit epydimie ; car il n’estoit nul qui sceust donner conseil l’un à l’autre, tant feust sage.

Et en ce meismes an, ou mois d’aoust, dedenz les octaves de l’Assumpcion Nostre Dame, trespassa madame Jehanne duchesse de Bourgoigne[778].

Item, en celi temps, Loys duc de Baviere chaçoit un senglier parmy i bois ; si chut de son cheval et mourut, si comme l’en dit[779].


XLIII.
Comment la grant mortalité commença environ et dedenz Paris, et dura an et demi ou royaume de France[780].

L’an de grâce mil CCC XLVIII, commença la devant dite mortalité ou royaume de France, et dura environ an et demy, pou plus pou mains, en tele maniere que à Paris mouroit bien jour par autre, viii cenz personnes. Et commença ladite mortalité en une ville champestre, laquelle est appellée Royssi[781], emprès Gonnesse, environ trois liues près de Saint Denys en France. Et estoit très grant pitié de veoir les corps des mors en si grant quantité, car en l’espace dudit an et demi, selon ce que aucuns disoient, le nombre des trespassés à Paris monta à plus de l mile. Et en la ville de Saint Denys, le nombre se monta à xvi mile ou environ ; et ja soit ce qu’il se mourussent ainsi habondaument, toutes voies avoient ilz confession et leurs autres sacremens. Si avint, durant ladite mortalité, que deux des religieus de monseigneur saint Denis chevauchoient parmy une ville et aloient en visitacion par le commandement de leur abbé. Si virent en ycelle ville les hommes et les femmes qui dançoient a tabours et a cornesmuses, et faisoient très grans festes. Si leur demandèrent les devant diz religieux, pourquoy ilz faisoient tiex festes. Adonques leur distrent : « Nous avons veuz nos voisins mors et si les veons de jour en jour mourir, mais pour ce que la mortalité n’est point entrée en nostre ville, ne si n’avons pas esperance qu’elle y entre pour la leesce qui est en nous, c’est la cause pour quoy nous dançons. »

Lors se departirent lesdiz religieux pour aler acomplir ce qui leur estoit commis. Quant ilz orent fait tout ce qui commis leur estoit, si se mistrent au chemin pour retourner, et retournerent par la devant dite ville, mais ilz y trouverent moult pou de gens, et avoient les faces moult tristes. Lors leur demanderent lesdiz religieux : « Où sont les hommes et les femmes qui menoient n’a guères si grant feste en ceste ville. » Si leur respondirent : « Hé ! biaux seigneurs, le courrouz de Dieu est descenduz en graille sur nous, car si grant graille est descendu sur nous du ciel et venue sur ceste ville et tout environ, et si impetueusement, que les uns en ont esté tuez, et les autres, de la paour qu’il ont eue, si en sont mors, car il ne savoient quelle part ilz deussent aler, ne euls tourner. »

[782]Item, en l’an dessus dit, furent trieves données pluseurs foiz entre les deux roys[783], et en la fin du mois d’aoust de cel an que trieves faillirent, i chevalier de Bourgoigne, hardi et chevalereus seigneur de Pierre Pertuis, appelle monseigneur Gieffroy de Charny, prist et occupa une place assise aus marois entre Guynes[784] et Calais, appellée l’ille de Coulongne[785]. Et en ycelle place fist ledit chevalier faire bastides et fossés, si et par telle maniere que il s’obliga à la garder mais qu’il eust ce hommes d’armes, cent aubalestiers et ccc piétons ; et par celle ylle, le roy de France avoit recouvré le pays de Merque[786]. Et si povoit-on ferir des esperons par les pas qui sont entre Calays et Gravelignes[787] pour empescher que les vivres ne venissent de Flandres à Calais et les marcheandises. Et aussi, par ycelle isle, povoit l’en oster par escluses, à ceuls de Calais, toute l’eau douce et la faire tourner par autre costé, malgré ceuls de Calais, et par ainsi le havre de Calais feust aterriz dedenz i an. Mais lesdites bastides furent abatues et laditte isle laissiée des gens au roy de France environ xv jours devant Noël après ensuyvant par un traittié qui fu fait entre les gens des ii roys, et furent trieves prises jusques au premier jour de septembre M CCC XLIX[788], par si que, entre deux, certaines personnes devoient traictier de la paix ; et ou cas que ilz ne pourroient estre à accort, les deux roys promistrent euls combatre povoir contre povoir, à certain jour et en certaine place qui seroient ordenées par les traicteurs.

Item, en celi an M CCC XLVIII dessus dit, environ la saint Andryeu[789], entra le conte de Flandres, Loys, en Flandres par certain traictié fait entre li et ceulz de Bruges et du pays du Franc, et fut une piece à Bruges, avant ce qu’il eust obeissance de ceuls de Gant et d’Ypre, et fist faire pluseurs justices en la dite ville de Bruges, de pluseurs qui ne vouloient estre en son obeissance. Et environ le Noël ensuyvant se mistrent ceuls d’Ypre en son obeissance[790].

Item, la semaine devant Pasques flouries, l’an dessus dit, fist monseigneur Jehan, ainsné filz du roy de France, duc de Normandie, l’acort entre la contesse de Flandres[791], femme du conte qui fu mort à Crécy et mere de celi qui estoit pour le temps appeliez Loys, et de la contesse de Bouloingne[792] qui avoit esté femme de monseigneur Phelippe de Bourgoigne, filz du duc de Bourgoigne et de la suer de ladite contesse de Flandres, sur ce que ladite contesse vouloit avoir le bail des enfans dudit monseigneur Phelippe et de la contesse de Bouloingne, quant à la conté d’Artoys qui appartenoit ausdiz enfans. Et aussi fist l’acort de pluseurs autres descors que les dessusdite contesses avoient ensemble ; et furent ces accors faiz à Sens[793]. Et en ycelle sepmaine là mourut Heudes duc de Bourgoigne[794], frere de la royne de France, qui estoit venuz à ladite ville de Sens pour ledit traictié.

Item, en yceli temps, mourut Henry duc de Lambourt[795], lequel avoit espousée au Louvre, à Paris, l’ainsnée fille du duc de Normandie[796].

Item, en celi temps, le royaume de Sezille fu derechief acquis.

Item, en celi temps, messire Ymbert, dalphin de Viennois, renonça à la gloire du monde depuis qu’il ot vendu au roy de France son Dalphiné et prist habit de mandiant à Lyon sur le Rosne, et fu fait Jacobin ou Frere Prescheur[797].


XLIV.
Comment Charles, premier né du roy et duc de Normandie, s’en ala prendre les hommages du Dephiné.

L’an de grâce mil CCC XLIX[798], Charles, ainsné filz du roy de France et duc de Normandie, s’en ala à Vienne avecques pluseurs barons du royaume de France, et ylecques reçut ses hommages et fu mis en possession dudit Dalphiné ; et si prist à femme madame Jehanne fille du duc de Bourbon[799].

Et en ce meismes an, le quart jour d’aoust, le conte de Foys[800] prist à femme la fille de la royne de Navarre, laquelle royne estoit fille de Loys Hutin jadis roy de France et filz de Phelippe le Bel. Et fu la feste faite à Paris au Temple, et fu le servise fait par Hue evesque de Laon.

En ce meismes mois, le unzieme jour, c’est assavoir le vendredy, trespassa madame Bonne[801], duchesse de Normandie, femme de monseigneur Jehan premier né du roy de France et duc de Normandie, et fu enterrée le xviie jour du mois d’aoust en l’eglise des suers de Maubuisson emprès Pontoise.

Item, en ycest an, c’est assavoir le quart jour du mois d’octobre, lequel fu au lundy, trespassa madame Jehanne royne de Navarre[802], fille de Loys Hutin roy de France, et fu enterrée à Saint Denys en France as piez de son père, et de costé messire Jehan son frère, lequel estoit appelle roy[803], jasoit ce qu’il ne fust onques couronné, le lundy xie jour de decembre.

Item, en celi an meismes, le[804] xiie jour de decembre devant dit, trespassa madame Jehanne royne de France, jadis fille de monseigneur Robert duc de Bourgoigne et de madame Agnès fille de monseigneur saint Loys, et fu enterrée en l’eglise de monseigneur saint Denis le xviie jour de ce meismes mois[805], c’est assavoir au jueudi, et son cuer fu enterré à Cistiaux en Bourgoigne.

[806]Item, en ce meismes temps, messire Gyeffroy de Charny, chevalier né de Bourgoigne, si fist une convenance avecques i Lombart[807] par tele maniere que ledit Lombart li devoit baillier la tour qui est emprès la ville de Calais, parmy une certaine somme d’argent. Quant la somme d’argent fu bailliée, si cuida bien ledit messire Gyeffroy avoir ladite tour, car il vit les banieres du roy de France qui estoient sus la tour. Mais il ne fist pas bien cautement son marchié, car il n’avoit nuls hostages dudit Lombart. Si s’en vint à la tour, et tantost qu’il approucha, les banieres du roy de France furent trebuchées par terre, et soudainement va issir une grant compaignie d’Anglois bien armez encontre ledit messire Gieffroy et sa compaignie, en laquelle il avoit moult de nobles hommes. Quant messire Gieffroy vit ce, si apperçut qu’il estoit trahy, et lors se commença à deffendre au mieulx qu’il pot. Ilecques mourut noblement messire Henry du Bois, chevalier, mais le seigneur de Montmorency si s’enfuy et sa compaignie avecques luy honteusement, si comme l’en disoit communelment. Finablement, ledit messire Gieffroy si ne pot plus soustenir les plaies qu’il avoit en son corps ; si fu pris et présenté sur une table de fust au roy d’Angleterre qui lors estoit à Calais, et depuis, fu envoié prisonnier en Angleterre[808].

Item, en ce meismes an, le xixe jour de janvier[809], lequel fu au mardy, le roy de France Phelippe espousa sa seconde femme ; c’est assavoir Blanche jadis fille de la royne de Navarre derrenierement, ou mois d’octobre trespassée, et à Saint Denis enterrée, et suer de la femme au conte de Foys. Et fu la feste à Braie Conte Robert privéement plus que en appert.

En ce meismes an, le mardy ixe jour du mois de fevrier, Jehan ainsné filz du roy de France, duc de Normandie, espousa sa seconde femme, Jehanne contesse de Bouloigne, en la chappelle de madame sainte Jame[810] près de Saint Germain en Laye. Et fu la teste faite à une ville qui est appellée Muriaux[811] près de Meullent. Laquelle contesse de Bouloingne avoit esté femme de monseigneur Phelippe filz du duc Huedes de Bourgoingne[812], lequel monseigneur Phelippe avoit esté mort de sa mort naturele devant Aguillon, lorsque ledit duc de Normandie y fut à siege, l’an mil CCCXLVI. Laquelle contesse avoit esté fille du conte de Bouloingne Guillaume et de la fille de Loys conte d’Evreux. Et tenoit ladite contesse de Bouloingne, tant de son heritage comme de l’eritage de deux enfans qu’elle avoit dudit Phelippe de Bourgoigne, le duchié de Bourgoigne et les contez d’Artoys, de Bouloingne et d’Auvergne, et autres terres pluseurs.


Incidence de cens qui se batoient[813].

Item, en celi an mil CCC XLIX dessus dit, ou mois d’aoust, s’esmut ou royaume de France, en aucunes parties, une secte de gens qui se batoient d’escourgiees de trois lanieres, en chascune desquelles lanieres avoit un neu, ouquel neu avoit iiii pointes aussi comme d’aguilles. Lesquelles pointes estoient croisiées par dedenz ledit neu et pairoient dehors en un costez dudit neu ; et se faisoient saingnier en eulz batant, et faisoient pluseurs serimonies tant comme ilz se batoient, avant et après. Et ce faisoient en place commune en chascune ville où ilz estoient deux foiz de jour par xxxiii jours et demy, et ne demouroient en ville que i jour et une nuit, et portoient croix vermeilles en leurs chapeaux de feustres et en leurs espaules devant et derrieres. Et disoient qu’ilz faisoient toutes les choses qu’ilz faisoient par la revelacion de l’angle. Et tenoient et creoient que leur dite penance faite par xxxiii jours et demy, ilz demouroient purs, nez, quictes et absoulz de tous leurs pechiez, aussi come ilz estoient après leur baptesme. Et vindrent ceste gent en France, premierement de la langue thiaise, comme de Flandres, de Braiban et de Henaut, et ne passerent point Lille, Douay, Bethune, Saint Omer, Tournoy, Arras et ces marches d’environ les frontieres de Picardie. Mais assés tost après s’en esmurent pluseurs, et par pluseurs tourbes, de Lille, de Tournay et des marches d’environ, et vindrent en France jusques à Troyes en Champaigne, jusques à Reims et es marches d’environ ; mais ilz ne passerent plus point en avant, car le roy de France Phelippe si manda par ses lettres que l’en les preist par tout son royaume où l’en les trouveroit faisant leur serimonies. Mais non obstant ce, ilz continuerent leur folie et multiplierent en celle erreur, en tele maniere que dedenz le Noël ensuyvant qui fut l’an M CCC XLIX, ilz furent bien huit cens mile et plus, si comme l’en tenoit fermement. Mais ilz se tenoient en Flandres eu Henaut et en Breban, et y avoit grant foison de grans hommes et gentilz hommes.


XLV.
Du grant pardon de Romme que pape Clement octroia ; et de la mort du roy Phelippe de Valois.

L’an de grâce mil CCC L, le pape Clement octroia plaine indulgence à touz vrais confès et repentans qui de l ans en l ans visiteroient en pelerinage à Romme les glorieus apostres saint Pierre et saint Pol[814].

Item, en ce meismes an, le xiiie jour du mois de juing, furent trieves données à i an[815], et endementres devoient estre messages envoiez de par le roy de France et le roy d’Angleterre à la court de Rome pour traictier de la paix ou de proloingnier les trieves. Ces choses furent faites es champs devant Calais ; presens de par le pape deux arcevesques, de Bracharentes et de Brindis[816] ; de par le roy de France, l’evesque de Laon[817] et Gille Rigaut abbé de Saint Denys en France avecques aucuns nobles ; et de par le roy d’Angleterre, l’evesque de Norwic[818] avecques aucuns autres de par ledit roy envoiez.

Item, en ycest an, une ville qui est appellée Lodun[819], si fu prise des Anglois en la feste monseigneur saint Jehan Baptiste.

Item, en l’entrée du mois d’aoust ensuyvant, se combati monseigneur Raoul de Caours[820] et pluseurs autres chevaliers et escuiers, jusques au nombre de vixx hommes d’armes ou environ, contre le capitaine pour le roy d’Angleterre en Bretaingne appellé messire Thomas Dagorne[821], Anglois, devant i chastel appellé Auroy[822] ; et fu ledit messire Thomas desconfit et mors, et toutes ses genz jusques au nombre de cent hommes d’armes ou environ.

En ce meismes an, le dymenche xxiie jour dudit mois d’aoust, ledit roy Phelippe mourut à Nogent le Roy près de Coulons[823], et fu apporté à Nostre Dame de Paris le jeudy ensuivant[824]. Et le samedy ensuivant, fu enterré le corps à Saint Denys, au costé senestre du grant autel, et les entrailles en furent aux Jacobins de Paris, et le cuer fu enterré à Bourfontaine en Valois[825].

Ou temps de ce roy Phelippe furent moult de exactions et de mutacions de monnoies moult grieves au peuple, lesquelles n’avoient onques mais esté veues ou royaume de France.

A yceli roy furent pluseurs seurnoms, de diverses personnes imposez. Premierement, il fu appellé Phelippe le Fortuné, car si comme aucuns disoient, fortune l’avoit eslevé ou royaume ; et estoit grant admiracions à pluseurs comment trois roys, si très biaux, estoient en l’espace de xiii ans mors l’un après l’autre.

Secondement, il fu appellé Phelippe l’Eureux, car au commencement de son royaume il ot glorieuse victoire des Flamens.

Tiercement, il fu appellé Phelippe le très bon crestien, car il amoit et doubtoit Dieu, et si honnoroit à son povoir sainte Eglise.

Quartement, il fu nommé Phelippe le vray catholique, car si comme de lui est escript, il le monstra par fait et par dit en son vivant.

Premierement par dit. Comme monseigneur Jehan son ainsné filz et duc de Normandie fust moult griefment malade en la ville de Taverny, en l’an mil CCC XXXV[826], et par tele maniere que tous les medecins qui là estoient ne savoient plus que faire ne que dire, fors seulement attendre la volenté de Nostre Seigneur. Lors le bon roy, comme bon catholique et vray, mist toute son esperance en Dieu et dist ces paroles à la royne et à ceuls qui là presens estoient. « Je vous pri que s’il muert, que vous ne l’ensevelissiez pas trop tost, car j’ay ferme esperance en Nostre Seigneur et es merites des glorieus sains qui tant devotement en ont esté requis, et es prieres de tant de bonnes gens qui en prient et ont prié, que se il estoit mort, si seroit-il resuscité. » Si puet-on veoir par dit, comment il avoit ferme foy en Jhesu Crist et en ses sains.

Après par fait. Comme en son temps ; c’est assavoir en l’an mil CCC XXXI, le pape Jehan XXII eust preeschié publiquement à Avignon une très grant erreur de la divine vision[827], et finablement ceste erreur eust esté preeschiée en la ville de Paris par ii maistres en theologie, l’un Cordelier et l’autre Jacobin envoiez de par ledit pape, si comme l’en disoit, l’an mil CCC XXXIII ; de laquelle predicacion ou opinion il sourdi très grant murmure, aussi comme par toutes les escolles de Paris ; si avint que le bon roy oy parler de ceste chose ; si li en desplut moult, et manda tantost x maistres en theologie et aucuns en drois et en decrez, et leur demanda leur opinion de ceste nouvelle predicacion qui avoit esté publiée es escoles. Lors li respondirent que ce seroit grant peril et mal fait de la souffrir, car ce estoit pure erreur et contre la foy. Assez tost après, le bon roy fist une convocacion moult grant au Bois de Vinciennes, en laquelle convocacion il y ot maistres en theologie en grant quantité et aucuns autres en decret. Et si y ot pluseurs evesques et abbez. Et fu le maistre appellé, qui celle nouvelle erreur avoit preeschiée à Paris, aus quiex le roy, en sa propre personne, comme desirant de la foy deffendre, fist deux questions. La premiere fu telle, à savoir mon se les ames des sains voient dès maintenant la face divine. La seconde si fu à savoir mon se ceste vision de laquelle ilz voient presentement la face de Dieu, faudra au jour du jugement et qu’il en doie venir une autre vision. Lors, fu determiné de tous les maistres que la benoite vision que les sains ont à présent est et sera pardurable. A laquelle determinoison ledit maistre s’acorda, et non pas de très bon gré, mais aussi come contraint. Adonques fist faire le roy trois paires de lectres de ladite determinoison, et furent scellées de xxx seaulx de maistres en theologie qui là presenz estoient, desquelles le roy en envoia une paire au pape, et li manda qu’il corrigast tous ceuls qui tendroient l’opinion contraire de ce qui avoit esté à Paris par les maistres determiné. Si puet-on veoir par fait, comment le bon roy Phelippe fu vray catholique, et non pas seulement pour les ii choses dessus recitées, mais pour pluseurs autres. Pourquoy Nostre Seigneur voult que il eust paine et tribulacion en ce monde, afin qu’il peust avecques lui regner après la mort pardurablement. Amen.

Ci finent la vie et les fais du roy Phelippe de Valois. Et après commencent les chapitres des faiz du roy Jehan filz dudit Phelippe, et les chapitres des faiz de Charles filz dudit roy Jehan, tant avant qu’il fust roy comme après.


APPENDICE


Le ms. fr. 10132, fol. 410 ro à 413 vo, donne, à partir de la mort de Charles le Bel, la leçon suivante :

[828]« En icel an, après Noël, li roys Karlez chei en maladie grieve, et tant le tint que au Bois de Vincennes il trespassa la veille de la Chandeleur, et demoura la roine grosse. Et ainssinc le roy trespassé, comme très devot et katholique cresteien fu puis enterrés à Saint Denise comme roys honorablement. Et ainssinc toute la noble lignie et belle du biau roy trespassa en mains de xiii anz, dont tuit orent grant merveille ; mes Diex scet la cause, laquelle nous ne savons.

En cel temps s’assemblerent li barons pour traictier du gouvernement, et ordenerent du royaume. Et pour ce que aucun disoient, mesmement li Englois, que à leur roy appartenoit, de droit et de raison, le royaume de France, comme au neveul et plus prochain, qui filz estoit de Izabel jadis fille du biau Philippe et sueur dudit Karle trespassé ; li François disanz au contraire que fame, ne par consequant son filz ne devoit ne ne povoit par coustume susceder el royaume de France. Et pour tout ce trouble oster, li barons baillèrent, com au plus prochain, le gouvernement du royaume à monseigneur Philippe conte de Valois, fil jadis de monseigneur Karle conte de Valois, cousin germain dudit roy Karle trespassé ; en tel maniere que il re[cejveroit les rentes et tous les emolumens du royaume, et feroit les faiz de celui, jusques atant que l’en seust quel enffant la royne aroit ; et se elle avoit fil, que il aroit la garde et le gouvernement du royaume jusques à xx ans du fil qui nestroit ; et se elle avoit fille, que dès lors li royaumes li avendroit comme au plus prochain et de son droit.

Et ainssinc, il reciut les hommages du royaume de France et non pas de Navare, quar le conte d’Esvreus debatoit et demandoit le droit del royaume de Na[va]re pour cause de sa fame qui fille estoit de Loys jadis roy de France et de Navare. La roine de France, Jehanne, aussinc, jadis fame de Philippe le Lonc, le debatoit pour cause de sa fille, fame du duc de Bourgoigne. Jehanne aussinc d’Esvreus, roine de France, fame du roy Karle, le demandoit à avoir pour sa fille, mesmement com son pere en feust mort saysi et tenant et possidant ledit royaume ; dont suz ce furent pluseurs diverses oppinions.

En cel an, assès tost, et en la fin de celui an ; c’est assavoir le prumier jour d’avril, qui lors estoit le vendredi saint, Jehanne d’Esvreus ot une fille au Bois de Vincennes ; laquelle chose fu tout pupliié et fu seu de Phelippe, qui lors estoit gouvreneur del roiaume de France, l’endemain, veille de Pasques, à Bonport, une abbaïe de l’ordre de Cytiaus en Normendie, près del Pont de l’Arche où il estoit. Dont puis assez tost il vint à Paris et fu receus de tous honorablement comme rois ; et se nomma en ses lettres : Philippe, par la grâce de Dieu roys de France, à tous, etc.

En l’an mil CCC et XXVIII, fu acordés, après pluseurs alter[c]acions du conseil, et du consentement du roy et des barons, et de la volenté de ceus de Navare qui le requirent et voloient, que le droit du royaume de Navare appartenoit à la contesse d’Esvreus. Et par ainssinc, le conte d’Esvreus fu rois de Navarre par cause de sa fame, fille jadis du roy Lois, premier filz du roy Philippe le Bel, et se clama par la grâce de Dieu roy de Navarre, etc.

En cel an, fu grant appareil fait pour la coronacion Philippe de Valois roy de France, lequel fu sacrez à Rains, le jour de la Trinité, de l’evesque Guillaume de Trie. Et là furent tant de haus hommes assemblés qu’il n’est pas memoire que tant d’assez en eust esté en coronacion de roy de France ; et dura la feste v jours en joustez, en esbatemens si grans que c’estoit merveille à ce veoir. Et avec li fu couronnée la roine sa fame qui suer estoit du duc de Bourgoigne.

En cel meisme an, de ce que le royaume avint à Philippe de Valois, pluseur complaintez vindrent aus oreilles du nouviau roy encontre i bourjois qui avoit esté mestre tresorier du roy Karle son predecessour ; et comment il avoit fait par le royaume la chierté en toutez denrées, et mesmement par les foirez de Champaigne, et comment il avoit receu les gages des povres gentix hommes qui le roy avoient servi en sez guerres et à soi les retenoit ; et s’aucune chose en paoit, il prenoit des creditourz lettres de quittance du tout et leur en paoit le tiers ou le quart de leurs debtes. Dont pluseurs cas de crisme ainssinc raportés au roy de celui tresorier qui nommés estoit Pierre Remy, il fu arestez et pris, et menez en Chastelet. Mès sus ces crismes que l’en li opposoit, il ne disoit autre chose més, que ce que fait avoit il avoit fait du gré du roy ; laquelle chose il ne pout monstrer. Et pour ce, veu et considéré que les crismez opposez furent prouvés, combien que la royne Jehanne d’Esvreus eust requis le roy Philippe, que pour l’amour du roy Karle, que il avoit servi, et pour l’amour de lie, que il li vousist faire grâce du cors, il fu condampnés à estre pendu, et il si fu en l’an dessus dit, le jour de la saint Marc euvangelistre en avril. Et combien que cis Pierres eust esté povrez et de petit estat, ne pourquant il monta tant par ces marchiés barateus, que en mains de x ans il ot aquis tant de heritages et de meules[829] que nuns homs à pennes ne le porroit croire, dont la somme et valeur et estimacion des jouiaus, de l’or et de l’argent monnoié et à monnoier, et des biens muebles et non muebles qui furent trouvés es lieus qui siens estoient, ne fu onques seue à plain d’omme, tant estoit grant. Et tout ce ot li royz nouviaus, mès que ce qui en fu retenus privéement d’aucuns collecteurs, si com il fu dit. Et est assavoir que des jouiauz qui là furent trouvé, li rois en donna à chascun princes et barons et haus hommes renommez et à duchessez et à contessez et à dames et à damoiseilles grandement. Et est assavoir que quant ledit Pierre fu au gibet, qui nuef estoit et de pierre, et el quel nul n’avoit esté pendus devant, il congnut traïson envers le roy et les royaus et que il avoit esté consentenz en murtre fait. Par lesqueles choses il fu dessendus du gibet nuef et fu atelés au gibet viel et de là fu trainés jusques au gibet nuef que il avoit fait faire, et el quel il fu penduz, si com dit est.

[830]En cel an que li rois fu coronnés à Rains, il ot conseil avec ses barons suz le fait de ceus de Flandres. Et mesmement pour ce que le conte de Flandres avoit requis le roy que comme il feust son homme de Flandrez, et l’eust receu en foy et en hommage, et il ne poust ceus de Flandres justicier sans lui qui son seigneur estoit, qui lui son homme devoit aidier en ce. Si requist le roy à ses barons comment il feroit sus ce et se il iroit en Flandres, si comme le conte son homme li requeroit. Et com li unz deissent de non povoir, la prochaineté de l’iver aprochant et que l’en ne porroit pas estre prest souffissamment à tel fait parfaire, li rois avec aucuns fut de cest acort que il iroit et dist : « Qui m’amera si me suige, car vraiement je irai. » Et ainssinc chascun qui pout s’apareilla pour estre avec le roy à Arras le jour de la Magdalene. Dont li Flamans qui sorent ceste emprise en firent leur moquerie et appeloient le roy Philippe, le roy trouvé. Més li roys entendi à son fait et se recommanda à Dieu et à Nostre Dame et aus sains et auz saintes, et vint à Nostre Dame de Paris, et visita en persone les malades de la Maison Dieu, et leur fist s’aumosne de sa main, et puis vint à Saint Denis et visita les cors sains en leurs proprez lieuz où il gisoient deseur le grant autel, et i fu grant piece en devoste orroison, dont onques mès, rois de France là n’avoit esté. Et fist baillier l’oriflambe de nouvel au seigneur de Nouiers, monseigneur Mille, chevalier preuz et hardiz en tous bons fais d’armes et esprouvez. Et d’illeuc s’en ala à Chartres en grant devocion, et ainssint il mist toute s’entente et s’esperance en Dieu et en Nostre Dame et es sains, et ala en Flandrez, don li barons le sivirent après tant en grant compaignie, si que il furent à lui à Arras entour la mi aoust.

En cel an, le roy de Boesme, entour yver passé devant, estoit passez en terre de Sarazins, et prist grant païs et regions suz eus ; et en vindrent à foi de crestienté par lui pluseur, car il estoit et fu trouvés en ces fais preuz, vigreuz, hardis et entreprenans, loyaus et larges et très bons paieres, charitables et preudons, vers Dieu en bonne conscience ; et pour ce li asist en tous ses fais. Et combien que il feust ainssinques là contre les Sarazins, ne pourquant il envoia des gens d’armes de sa terre au roy auquel il avoit juré aide d’envoier en Flandres. Et ainssinc li roys, en grant compaignie et en belle, entra en Flandres ; et n’ala pas par le chemin que li autres roys avoient alé, mais par le lonc.

En cel temps, furent pluseurs traictierz de ceus de Gant et d’Ypre et de Brugez par devers le roy pour acort avoir, mais il ne porent du tout acorder ; mais nient pourquant Gant et Ypre se tindrent au roy, et y entrerent des genz du roy. En cel an, cilz de Cassel avoient fait i coc de toille et l’avoient mis sus le chastel, et estoit là escript :

Ce coc de toile chantera
Quant le roy trouvé ça sera.

Dont après ce que il orent esté aussi com assegié et enclos du roy, il pensserent comment il poussent le roy seurprendre, et envoierent pluseurs embassateurs qui firent entendre au roy que il se renderoient à sa volenté. Dont entrementez que l’en traictoit de ce et que les gens de pié orent paleté les uns aus autrez, en ce faissent nos genz retraitez en esperance d’aucun acort et que li roys estoit demourés en son pavillon a poy de gent et que il se voloit reposer com à remontée, cilz de Cassel rengié, dessendirent du chastel et entrerent par les tentes de l’ost en venant aus tentez du roy pour li prendre, jusques atant que serjans d’armes les congnurent et vinrent au roy dire que li anemis venoient et qu’il s’aprestast. Le roy lors apresté de cors et monté, ja soit ce que il n’eust pas tout son harnois de jambes, issi de sa tente, dont messires de Nouiers, l’oriflambe desploié, mena le roy par devers destre en encloant les Flammans. Dont li Flamanz, qui touz jours passoient devant eus, ne trouverent pas le roy ; mès il occirrent en leur venue i courtois chevalier c’on appeloit monseigneur Renau de Lor. Et ainssi li Flamans qui au roy faillirent, se rassemblerent en une rondiole et se combatirent longuement ; mais en la fin il furent partie des gens d’armes, et de ce qu’il furent partie et devisé, l’occizion fu si granz sus eux que poy en demoura qui ne feust là mort par les gens de cheval, car cil de pié i firent poi, et cil qui cuiderent fouir, rencontrerent le conte de Hainaut et sa bataille encontre eus, desquiex il furent occis tuit et mis à mort. Dont Diex, ainssinc si comme le roy meisme le dit, ot il ceste victore et fist plus que cil qui là estoient. Et fu le nombre des occiz xx mille ; et ce fu fait au jour de mardi, vigille de saint Berthelemy apostre.

Après ceste victore ainssinc faite, li roys, en la presence des barons, rendi la conté de Flandre franchement au conte, et li dit : « Contez, je sui ça venu avec mes barons que j’ai traveilliez pour vous et au mieuz, et à leur despens. Je vous rens vostre terre aquise et em pais. Or faites tant que justice i soit gardée et que par vostre deffaut il ne faille pas que plus i reviegne, quar se je i revenoie plus, ce seroit à mon profit et à vostre damage. » Et ainssinc, le conte reçut la conté du roy[831], qui ce fait s’entourna en France, et le conte de Flandres demoura et aucuns de cens qui au roy estoient, pour lui conforter.

En cel temps le conte enquist en Flandrez qui cens estoient qui avoient esté promoteurs et foteurs des mauvestiez qui esté avoient en Flandrez, et les prist soutilment et en fist justice ; et ainssinc mit à mort en mains de trois mois bien x mille.

En cel an, Guillaume Le Doien, qui avoit esté tout maistre et gouvreneur de la mauvaistié des Flamains, fu prins en Braibant par tel maniere. Quant il senti que li rois venoit en Flandres et que il ot eu victoire à Cassel, si s’en vint en Braibant par le conseil d’aucun de Flandrez, des groz, et dit au duc en tel maniere : « Sire, nostre conte nouz maine trop durement, et a mis à mort pluseurs preudommes de Flandres par haine et sans cause ; dont s’il vouz plaisoit à nous aidier contre, nous vous soldoieriens à vostre voienté. » Et lors le duc li dist que il en averoit conseil. Dont l’endemain il li respondi que sa requeste il ne pooit faire sanz le conseil du roy de France, et que pour ce, il l’envoieroit à lui, et ce que il en voudroit faire, il s’en consentiroit. Lors cil, ainssi deceu en sa mauvestié fu envoiez à Paris au roy et mis en Chastelet. Et ses mauvestiez prouvées et congneuez, il fu tou[r]nés el pilori es halez, et les poinz ot copés, et l’endemain, comme près de mort, trainés et pendus au gibet de pierre, et ses poins delès lui.

En cel an, Loys de Biauviere, en perseverant en sa malice, vint à Roume, et par decepcions et cavillacions, fist tant que li Roumain le reciurent. Et leur dit que puisqu’il avoient requis le pape de venir à Roume, son propre siege, et il avoit esté hors par l’espace de xii ans ; que puizqu’il n’i voloit venir, il pooient eslire pape et gouvreneur de Roume, et que sus ce, previlege de consille general en avoient. Et lors, cilz de Roume, comme deceuz s’acorderent à lui, et prinrent i frere meneur cordelier qui nommez estoit frere Pierre de Carnelle, et le tindrent à pape et osbeïrent à lui adonc et pluseurs autres villes ; et ainssi fu en sainte Yglise scime et descorde par le mauvais conseil de cel Loys.

En cel an, furent lettres atachiez es portes Nostre Dame à Paris contenans vilenniez et diffaumes du pape Jehan. Et autres lettres aussinc y avoit closez ; lesquelez, par la deliberacion de l’evesque, avecquez l’Université, furent envoiez au pape ; et puis li papes les renvoia à l’evesque de Paris ; et furent toutez ces lettrez arses ou parvis Nostre Dame de par l’evesque, appelez les clergiez et les colleges et les processions des parrochez, et en presence de l’inquisiteur des bougrez, comme fausses et mauvaisez, et contenans herisie.

En cel an, entour la Saint Martin d’yver, li chansceliers qui lors estoit, selonc la commune renommée, ourgueilleus et de telle oultrceuidance, que nulz sus li n’apparoit à la court de France ne à la court du pape, comme cilz qui par sa malicieuse soutilité fasoit et empetroit et vers pape et vers roy ce que il voloit, et eslevoit et abbassoit ce que il li plaisoit ; en alant en Poyto, dont il estoit nez, chei de son cheval soudainement et morut en plain chemin, si que cil qui là estoient et encontre lui venoient, plus par doute que par amour, le virent. Et ainssinc mort vilainement, fu emportés en une chapelle que il avoit fondée ; et là fu enterrés de leues que de Poitiez. Et le sael du roy que il avoit par sa presumpcion porté avec lui fu raporté au roy à Paris. Icil chanceliers estoit nommés Jehan de Serchcemont, qui avoit esté sollempne advocat en Parlement.

En l’an mil CCC et XXIX, li roys de France envoia messages pour semondre le roy d’Engleterre pour venir faire li hommage du duchesme de Aquitene ; liquel messagez ne porrent parler au roy. Et pour ce, il firent tant que il parloient à sa mere la roine, laquelle leur dit, si com l’en disoit, que son filz estoit de roy, ne feroit pas hommage à filz de conte, et que Philippe de Valois, qui roy de France se nommoit, gardast bien que il fasoit ; et que son fil estoit plus près et plus prochain pour le royaume de France avoir que il n’estoit. Et quant li messagez oïrent d’elle responce, pour ce que il n’avoient plus terme du roy de France pour là demourer, si s’en vinrent en France et dirent au roy ce qu’il avoient veu et trouvé.

En cel an, le pape envoia partout et publia les procès que l’evesque de Riete avoit fait contre frere Piere de Carnelle qui se faisoit pape ; el quel il estoit contenu qu’il avoit esté mariez ansois qu’il entrast en religion, à une fame nommée Jehanne Mathie, par quoi il estoit prouvé escommenié et irregulier, et condampnez à retourner à sa fame. Et ce fu partant et à Paris et autre part publiié.

En cel an, Loys de Bavière s’en issi de Roume, quar li Roumains ne li voloient plus tenir, ne plus à lui ne à son antipape obeïr. Dont icil Roumain escriprent au pape Jehan, en souppliant que il leur pardonnast ce que fait avoient par la decepcion dudit Loys, et que à lui, et non à autre, com à leur droit pape, voloient obéir. Dont li papes Jehans, de leur requeste ot grant joie et leur pardonna debonnairement.

En cel an, la royne de France ot i filz au Bois de Vinciennez ; lequel, puis qu’il fu baptisiez, si com l’en dit d’aucuns, morut et fu enterrés chiés lez Frerez Meneurs de Paris.

En cel tempz, li roys de France envoia messagiers en Engleterre pour semondre le roy d’Engleterre sus l’onmage d’Aquitene faire au roy. Dont après pluseurs traietiers sus ce fais, li barons d’Engleterre conseillerent au roy d’Engleterre qu’il venist à honmage, et que faire le devoit et qu’il n’avoit cause ne droit el royaume de France requerir, puisque sa mere riens n’i povoit demander. Et pour ce, journée fu prise à la Trinité de venir à Amienz faire son hommage ; à laquelle journée, li rois d’Engleterre vint avec aucuns de ses barons d’Engleterre. Et comme il requerist du roy de France que il li rendist la terre de Agenois que messirez Karlez de Valois prise avoit, afin que il li feist hommage de toute la duchey, respondu li fu que celle terre jamais rendue ne li seroit, que son pere, à son vivant, fourfaite l’avoit. Et lors le roy d’Engleterre, par le conseil que il ot et qui autrement faire ne povoit, fist au roy de France hommage de la terre du duchey ; et li rois le reciut en proumetant que se il voloit riens reclamer en la ditte terre ne en autrez choses, que il li en feroit droit par les pers de France en sa court à Paris. Et fait ce, li roiz s’en tourna d’Amiens et vint en Engleterre, et li rois de France s’en vint à Biauvez.

En cel an, prist le duc de Bretaigne à fame la suer au conte de Savoie, à Chartres, le roy de France present qui fist leur noces ; et les espousa monseigneur Jehan Pasté, évesque de Chartrez en la maistre yglise de Nostre Dame, le mardi d’après la Saint Remy[832]. Et à celle journée entra ledit evesque prumierement à Chartrez[833], et fist aussinc li roys la feste.

En cel meisme temps, une damoiseille du conté d’Arras aporta à monseigneur Robert d’Artois unez lettres que l’en disoit que messires Thieris, evesque d’Arras, li avoit bailliez, es quellez, contenuz estoit que, après la mort du conte Robert d’Artois, se son filz Philippe moroit ainssois que li, que se il avoit hoir masle, que à lui appartendroit la conté d’Artois et non à sa suer Mahaut. Dont messires Robert monstra au roy icelles lettres et requist que sus ce feust enquesté, et que renunciacion qu’il eust fait el temps passé, quant tel cas apparoit, ne li devoit nuire. Dont li roys ot conseil à Chartres aus barons et aus prelas se sa requeste estoit juste ; et fu dit que se il estoit ainssinc de ces lettres com l’en disoit, que sa requeste devoit estre receue et que la contesse devoit estre appelée. Et ainssinc fu-il fait, quar la contesse fu seur ce ajournée à Paris à la Toussains devant le roy. Et pour ce que à celle journée de Toussains, li royz ne fu à Paris, elle fu continuée jusques aus octaves de la Saint Andrieu ensivant.

En cel temps, le conte de Savoe morut en sa maison dessus Gentilly ; et fu dit d’aucun que à cel temps il estoit esconmeniiés. Et en fu portés d’icelui liu en son pais sanz estre aportez à Paris.

En cel temps, entour la Saint Climent, Mahaut contesse d’Artois, retournant de plor (sic) au roy qui à Saint Germain en Laie estoit, print une maladie à un juesdi, et de cele morut le dymanche après en sa maison à Paris, et fu enterrée à Malbuisson delès Pontoise, et son cuer aus Freres Meneurs à Paris. Et fu dit communement que ansois que elle trespassast, elle fist venir devant soy le chanselier et monseigneur Thoumas de Marfontaine et monseigneur Pierre de Cuignieres, chevaliers, et pluseurs autrez du conseil le roy, et leur dit, en sa conssience et sus le sauvement de s’ame, que elle attendoit, com celle qui disoit que bien savoit que elle se mouroit, que à bonne cause et bon titre elle avoit tenu la conté d’Artois, et que son neveu, monseigneur Robert n’avoit droit en riens que il demandast. Et que de celles lettres dont il parloit, que s’estoient frivolles, ne onques n’avoit esté ainssinc ; et requist et conjura les dessus dis chevaliers et chanselier que ce raportassent ; et il li proumirent que si feroient-il. Et puis elle trespassa, si com dessus est dit.

En cel temps, ot i enffant à Ponponne en l’eveschié de Paris, d’entour vii ans, et dirent pluseurs simples gens, que com par miracle il garissoit de diverses maladies, et disoit aus malades : « mangiés des pois eu non de santé », ou « metés i pou de fennuel sus vostre mal ». Et par ce faire, disoient les simples gens que il garissoient. Dont assés tost l’evesque de Paris envoia querre icel enffant et son pere, et sot par vérité que ce n’estoit que simplesce et ignorance, et que du fait, quant à miraclez rienz n’i avoit. Et ainssin renvoia l’enffant, et deffendi par son eveschié que nulz là plus n’alast en tel esperance de garir. Et ainssi celle folle renommée de cel enffant cessa.

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 82 à 86, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 645-646. Dans ce chapitre, les Grandes Chroniques ont abrégé la Continuation de G. de Nangis.
  2. Sur cette assemblée, voir Henri Hervieu, Recherches sur les premiers États généraux, Paris, E. Thorin, 1879, in-8o, p. 179 à 189 ; Prétendus États généraux de 1328.
  3. Dans le ms. fr. 17270, fol. 377 vo, on a une leçon différente après gouvernement du royaume. « Meismement, comme ou royaume de France, femme personelment ne succède pas au royaume, si disoient les Englois qui presens estoient, pour le roy d’Engleterre tant comme le plus prochain et nepveu du roy Charles debvoit venir le gouvernement du royaume et meismement le royaume, se la royne n’avoit hoir masle et non pas à Phelippe de Valois qui n’estoit que cousin germain. Dont pluseurs docteurs en droit canon et civil, qui presens estoient, furent de l’oppinion que à Edouart appartenoit le gouvernement comme le plus prochain. Adonques fu argué à l’encontre de ceulz qui pour le roy d’Engleterre là estoient, et contre l’oppinion d’aucuns docteurs, et leur fu dit que la prochaineté que le roy d’Engleterre se disoit avoir ou royaume de France, ne lui venoit mais que de par sa mere, laquelle avoit esté fille du roy Phelippe le Bel ; et la coustume de France toute commune est que femme ne succède pas ou royaume de France, non obstant que elle soit la plus prochaine en lignage. Et encore fu argué qu’il n’avoit onques esté veu ne sceu que le royaume de France eust esté sousmis au gouvernement du roy d’Engleterre ; et meismement que ledit roy d’Engleterre est homme et vassal du roy de France, et tient de lui grant partie de la terre que ledit roy d’Engleterre a par deça la mer. Ces raisons oyes et pluseurs autres par lesquelles le roy d’Engleterre ne devoit pas venir au gouvernement ne au royaume, non obstant qu’il fust le plus prochain de par femme au roy Charles, il fu conclus par aucuns des nobles et especialment par messire Robert d’Artois, si comme l’en dist, que à Phelippe de Valois, filz de messire Charles, conte de Valois, devoit venir le gouvernement du royaume de France, comme au plus prochain par ligne de masle. Et lors fu appellé regent du royaume de France et de Navarre, et receut les hommages du royaume de France et non pas de Navarre quar Loys, conte d’Evreux, à cause de sa femme, fille du roy Loys Hutin, ainsné filz de Phelippe le Bel, disoit à lui apartenir ledit royaume de Navarre pour la cause de la mere de sa femme, laquelle avoit esté femme de Phelippe le Bel. Mais la royne Jehanne de Bourgoigne disoit le contraire, et que à sa fille, femme du duc de Bourgoingne, devoit apartenir, quar son pere estoit vestu de tous les drois dudit royaume quant il mourut. Semblablement la royne Jehanne d’Evreux disoit que à sa fille devoit apartenir par plus fort raison. Et là ot mout grant altercacion d’une partie contre l’autre ; et demoura ainsi une pièce la chose en suspens. »
  4. 1er avril 1328.
  5. Voir, dans le Moyen âge, 2e série, t. XXIII (1921), p. 218 à 222, Jules Viard, Philippe VI de Valois, la succession au trône ; dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. XCV (1934), p. 259 et suiv., Philippe VI de Valois, début du règne, et Eugène Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, p. 27 à 37 ; La succession au trône de France.
  6. Pierre Remi, qui avait été maître de l’hôtel et de la chambre aux deniers de Louis X, devint ensuite trésorier et fut comblé de dons et de faveurs par Charles IV (voir Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 294 à 311).
  7. 25 avril.
  8. La Continuation de G. de Nangis, p. 85, dit qu’il fut arrêté peu après le 1er février 1328 (n. st.) : « aliquantulum post mortem Karoli regis ». Il dut être arrêté le 9 février, avec sa femme et sa mère (J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, no 96).
  9. D’après les comptes de l’hôpital de Saint-Jacques-aux-Pèlerins, l’accouchement de la reine aurait eu lieu dans cet hôpital (Henri Bordier, La confrérie des pèlerins de Saint-Jacques et ses archives, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. II, p. 396).
  10. Blanche de France qui le 18 février 1345 épousa Philippe de France, duc d’Orléans, cinquième fils de Philippe VI, et mourut le 8 février 1392.
  11. Chronique de Richard Lescot (éd. Jean Lemoine), § 1 à § 5 ; cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 86 à 91.
  12. Louis de Bavière fut couronné à Rome le 17 janvier 1328 (n. st.) (Raynaldi, Annales Ecclesiastici, t. V, p. 363 ; Villani, dans Muratori, t. XIII, col. 632, ch. liv. Cf. Müller, Der Kampf Ludwigs des Baiern mit der römischen Curie, t. I, p. 178).
  13. Il est appelé aussi, de son lieu de naissance, Pierre de Corbara ou Corvara (Italie, prov. de Teramo). Élu le 12 mai 1328, couronné probablement le 22 mai suivant. Il adjura d’abord à Pise, puis à Avignon, le 24 août et le 6 septembre 1330. Il fut détenu jusqu’à sa mort survenue le 16 octobre 1333 (Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, éd. Mollat, t. I, p. 143 à 151, et t. II, p. 196 à 210).
  14. Sur le conflit entre Michel de Césène, qui avait été nommé général des Franciscains en 1315, et Jean XXII, voir Raynaldi, op. cit., t. V, p. 396 à 400.
  15. Raynaldi (op. cit., t. V, p. 398-399) nous apprend que Michel d’Ockam s’enfuit avec Michel de Césène et Bonnegrâce de Bergame et qu’ils s’embarquèrent à Aigues-Mortes.
  16. Probablement « Franciscus de Esculo » que, dans une lettre du 6 février 1328, Jean XXII qualifie : « fautor Michaelis de Cesena » (Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 320, no 886).
  17. Il faudrait Philippe, le latin donne bien « Philippo ». Sur la cession du royaume de Navarre à Philippe d’Évreux et des comtés de Champagne et de Brie à Philippe de Valois, voir Secousse, Mémoire sur l’union de la Champagne et de la Brie à la couronne de France, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XVII, p. 295 à 315 ; J. Viard, La France sous Philippe VI de Valois, dans Revue des Questions historiques, t. LIX (1896), p. 341-342, et Philippe VI de Valois, début du règne, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. XCV (1934), p. 269 à 272.
  18. Il lui assigna les comtés d’Angoulême et de Mortain, et en outre différentes rentes.
  19. Philippe de Valois fit chevalier le comte de Flandres, la veille de son sacre (Froissart, éd. Luce, t. I, p. cliii, note 2).
  20. 29 mai 1328. Voir dans Varin, Archives administratives de Reims, t. II, 1re partie, p. 480 et suiv., le détail des frais de ce sacre.
  21. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, § 5 à § 7, p. 6. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 91 à 95.
  22. Après son couronnement, Philippe VI ne rentra à Paris que le 18 juin et n’alla à Saint-Denis qu’au mois de juillet (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 16 à 17).
  23. Gauchier de Crécy est plus connu sous le nom de Gaucher de Châtillon. Seigneur de Châtillon-sur-Marne et de Crécy, il fut créé connétable de France après la bataille de Courtrai en 1302, prit part aux batailles de Mons-en-Pévèle en 1304 et de Cassel en 1328 et mourut en 1329 à l’âge de quatre-vingts ans (P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 90).
  24. Le rassemblement fut fixé à Arras non à la Madeleine, mais au dimanche après les octaves de la Madeleine, soit au 31 juillet (J. Viard, La guerre de Flandre, 1328, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 364).
  25. Guy de Castres, qui, élu abbé en mars 1326, se démit de sa charge en 1343 (D. Félibien, Histoire de l’abbaye de Saint-Denis, p. 269 et 274).
  26. Mile X de Noyers, conseiller du roi, bouteiller de France, maréchal dès l’année 1302, était fils de Mile IX de Noyers et de Marie de Châtillon. Il mourut le 21 septembre 1350 (Ernest Petit, Les sires de Noyers, le maréchal de Noyers, Mile X, Auxerre, 1874, in-8o).
  27. On le trouve à Arras déjà le 6 août (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 17).
  28. Il campa devant Cassel le 22 août (J. Viard, Ibid., p. 18).
  29. « Le Roy Cassel conquestera » (Continuation de G. de Nangis).
  30. Ce paragraphe ainsi que le suivant ne sont pas tirés de la Chronique de Richard Lescot, ni de la Continuation de G. de Nangis. Cf. Istore et croniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 342-343, et Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. II, p. 3 et 4.
  31. Robert de Flandre, seigneur de Cassel, fils de Robert III, dit de Béthune.
  32. Louis II de Nevers, comte de Flandre.
  33. Diquenme, Dixmude.
  34. Bergnles, Bergues.
  35. Blaringhem, Nord, arr. et cant. d’Hazebrouck.
  36. Le Pont-Asquin, Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, cant. d’Aire-sur-la-Lys, comm. de Wardrecques.
  37. Il faudrait : « qui est au conte d’Artois », au lieu de « le conte d’Artois et sa compaignie ». Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 343, et Chronographia, t. II, p. 4.
  38. Auj. Rihout, forêt de Clairmarais actuelle.
  39. Le Schoubrouck, comm. de Clairmarais.
  40. Clairmarais, Pas-de-Calais, arr. et cant. de Saint-Omer.
  41. Ce chapitre n’est pas tiré de la Chronique de Richard Lescot, ni de la Continuation de Guillaume de Nangis. Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 343-344, et Chronographia regum Francorum, t. II, p. 4 à 6.
  42. Pierre de Galard.
  43. Charles II de Valois, frère de Philippe VI, second fils de Charles de Valois.
  44. Cassel, Nord, arr. d’Hazebrouck, ch.-l. de cant.
  45. Le grand-maître de l’Hôpital était alors Hélion de Villeneuve-Vence (1319-1346).
  46. Guichard VI.
  47. Philippe d’Évreux.
  48. Ferri IV.
  49. Édouard Ier.
  50. Eudes IV.
  51. Guigues VIII.
  52. Guillaume Ier.
  53. Jean de Hainaut.
  54. Jean l’Aveugle.
  55. Jean III.
  56. Wœstine, Nord, arr. et cant. d’Hazebrouck, comm. de Renescure.
  57. Louis Ier.
  58. La Chronographia regum Francorum, éd. Moranvillé, t. II, p. 6, lui donne le nom de Penne. C’est, en effet, la Peene-Becque, affluent de l’Yser, qui prend sa source au pied du mont de Cassel.
  59. 23 août.
  60. Dans le récit de la bataille de Cassel donné par les Grandes Chroniques, on trouve plus de détails que dans celui de la ' Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 96 à 99. Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 344 à 347, et Chronographia regum Francorum, t. II, p. 7 à 10.
  61. En conroy, en ordre.
  62. G. de Nangis dit que Philippe VI n’avait auprès de lui que son confesseur, un Frère Prêcheur.
  63. Probablement Jean Ier de Chepoy, fils de l’amiral et grand-maître des arbalétriers, Thibaut de Chepoy (P. Anselme, t. VII, p. 740).
  64. Gui de Seris, dit le Borgne, qui avait été chambellan de Philippe le Long (voir La guerre de Flandres (1328), dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 373, note 2).
  65. Sans doute Jean de Beaumont, seigneur de Sainte-Geneviève, qui était souverain maître d’hôtel de Philippe de Valois (P. Anselme, t. VIII, p. 311).
  66. Sans doute Regnault ou Renaud de Laur qui fut châtelain de Laon de 1320 à 1322 (La guerre de Flandre (1328), dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 371, note 8).
  67. Les Istore et croniques de Flandres (éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 346), l’appellent : « le visconte de Brosse ».
  68. Guillaume XII, comte d’Auvergne et de Boulogne qui, en 1326, succéda à Robert VII, son père, et mourut le 6 août 1332.
  69. Louis de Savoie, fils de Louis de Savoie, baron de Vaud, et de Jeanne de Monfort, avait épousé en 1309 Isabelle de Chalon ; il mourut en 1350.
  70. Bouchard de Montmorency II, seigneur de Saint-Leu, grand panetier de France (P. Anselme, t. VIII, p. 610-611).
  71. Henri de Bourgogne, fils de Jean de Bourgogne et de Marguerite de Blamont (P. Anselme, Hist. généal., t. VIII, p. 416. Cf. Inv. arch. du Doubs, série B, t. I, B. 17, p. 11 et 12).
  72. 23 août 1328.
  73. Sur ce chiffre de 19,800 Flamands tués à la bataille de Cassel, cf. Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 99, et La guerre de Flandre (1328), dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 374, note 3.
  74. Philippe VI campa autour d’Ypres pendant le premier tiers du mois de septembre 1328 (La guerre de Flandre, Ibid., p. 378).
  75. Le 26 septembre, Philippe VI était de retour à Paris (Ibid., p. 379).
  76. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, § 8 à § 12, et Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 95-96.
  77. Ce fut par une bulle du 13 juillet 1328 que Jean XXII accorda cette décime à Philippe de Valois (J. Viard, Les ressources extraordinaires de la royauté sous Philippe VI de Valois, dans Revue des Questions historiques, t. XLIV (1888), p. 207).
  78. David II, fils de Robert Bruce.
  79. Il faudrait sœur. La Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 55, a bien mis : « sororem » ; ce fut, en effet, Jeanne, sœur d’Édouard III, que David Bruce épousa. Voir, dans Rymer, Fœdera (éd. 1821), t. II, 2e partie, p. 734, 740, 741, 743, les conventions conclues les 17 mars, 4 mai et 21 juin 1328 entre Édouard III et le roi d’Écosse au sujet de ce mariage. Les Grandes Chroniques ont traduit exactement le § 9 de la Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 7.
  80. Il faut Charles. Charles, duc de Calabre, seul fils survivant de Robert le Bon, roi de Sicile, et de sa première femme Yolande d’Aragon. Il mourut à Naples le 9 novembre 1328 (Villani, Historie Fiorentine, dans Muratori, t. XIII, col. 669, ch. cix). Cf. Anselme, Hist. généal., t. I, p. 408, et Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 396.
  81. La Chronique de Richard Lescot et la Continuation de G. de Nangis disent : « mense septembri ».
  82. Latin : « civitatem Perusii », Pérouse.
  83. Chaumont-en-Vexin, Oise, arr. de Beauvais, ch.-l. de cant.
  84. Latin : « et ab Ecclesia præcisum », retranché de l’Église.
  85. Chronique de Richard Lescot, § 13 ; cf. Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 102-103.
  86. Chartres est une faute ; il faut : Paris. Ce fut à Notre-Dame de Paris que Philippe VI se rendit le 29 septembre 1328 (Chronique parisienne anonyme, p. 122) et y fit ériger sur deux piliers une statue équestre qui fut détruite sous la Révolution (voir Grandes Chroniques, éd. P. Paris, t. V, p. 321, note 1 ; Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 102, note 1 ; G. du Breul, Le théâtre des Antiquitez de Paris, 1612, p. 19-25. Cf. La guerre de Flandre, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 379, note 4).
  87. Chronique de Richard Lescot, § 14. La Continuation de la Chronique latine de G. de Nangis, t. II, p. 104, ne donne pas le jour et dit seulement : « circa medium mensis octobris ». Cf. Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, § 184, et Douët d’Arcq, Nouveaux comptes de l’argenterie des rois de France, p. 37.
  88. Chronique de Richard Lescot, § 15 ; cf. Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 102. Sur la répression exercée par Louis de Nevers en Flandre à la fin de l’année 1328, voir Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 151 à 155.
  89. Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 103.
  90. Guillaume de Deken, bourgmestre de Bruges. Voir H. Stein, Les conséquences de la bataille de Cassel pour la ville de Bruges et la mort de Guillaume de Deken, son ancien bourgmestre, dans Compte-rendu de la Commission royale d’histoire de Belgique, 5e série, t. IX. À la page 654, il date à tort la mort de Guillaume de Deken du 15 décembre 1328. Il fut pendu le 24 décembre (Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 104). Cf. J. Viard, La guerre de Flandre, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 377, note 2.
  91. Chronique de Richard Lescot, § 16 à 20, et Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 104 à 106.
  92. Jean de Cherchemont, membre du Parlement dès 1314, succéda à Pierre de Chappes comme chancelier de France en février 1321, charge qu’il occupa jusqu’à l’avènement de Charles IV le Bel. Rétabli dans ses anciennes fonctions dès le 19 novembre 1323, après Pierre Rodier, il les conserva jusqu’à sa mort 25 octobre 1328 (Lucien Perrichet, La grande chancellerie de France des origines à 1328, p. 535-536).
  93. « Le mardi devant la feste de Toussains », soit le 25 octobre 1328 (Chronique parisienne anonyme, § 185).
  94. Pierre Roger, né à Maumont (Corrèze), entra à l’abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu. Élu abbé de Fécamp en 1326 ; évêque d’Arras le 3 décembre 1328, chancelier de France, archevêque de Sens le 24 novembre 1329, puis de Rouen le 14 décembre 1330, il fut promu cardinal en 1338. Élu pape le 7 mai 1342, il prit le nom de Clément VI, mourut à Avignon le 6 décembre 1352 et fut enterré à la Chaise-Dieu.
  95. Sur le mariage de l’antipape Nicolas V (Pierre de Corbara), voir Raynaldi, op. cit., t. V, p. 412-413. Cf. C. Müller, Der Kampf Ludwigs des Baiern mit der römischen Curie, t. I, p. 197-198.
  96. Pierre Roger.
  97. Amaury III qui mourut le 26 janvier 1333 ; il était fils de Maurice V, sire de Craon, et de Mahaut de Malines (Bertrand de Broussillon, La maison de Craon, t. I, p. 246 à 267).
  98. Un subside fut même demandé pour l’Ascension et les troupes furent convoquées à Bergerac pour la Pentecôte 1329 (10 mai) par Philippe VI, dans le cas où Édouard III refuserait de prêter hommage pour le duché de Guyenne (Hist. de Languedoc, nouv. édit., t. IX, p. 457 et note 5, et t. X, col. 686, 688 à 693, 694).
  99. Cet enfant du nom de Louis, né à Vincennes le 17 janvier 1329 (n. st.), serait mort le même jour : « statim natus moritur » (G. de Nangis). Cf. P. Anselme, t. I, p. 103.
  100. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 107-108. Cf. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 90 à 96.
  101. Les Grandes Chroniques ont répété l’erreur de la Continuation de G. de Nangis. En 1329, le dimanche après la Trinité tombe le 25 juin. Or, Édouard III s’était embarqué à Douvres pour passer en France avec une nombreuse suite le 26 mai et il avait rendu hommage à Philippe VI à Amiens le 6 juin (Rymer, Fœdera, t. II, 2e partie, p. 764 et 765. Cf. Hist. de Languedoc, nouv. édit., t. X, col. 694, no 261, et Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, no 5950). Il était même de retour à Douvres le 11 juin (Rymer, Ibid., p. 765). Pour tout ce qui concerne l’hommage rendu à Amiens par Édouard III et les pourparlers de Londres, cf. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 90 à 100, et Eugène Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, p. 38 à 82.
  102. Ce que nous donnons en italiques fut ajouté à l’encre rouge dans le ms. fr. 2813 comme formant le titre du sixième chapitre.
  103. Dans le ms. fr. 17270, fol. 382, on a seulement : « Adonc lui fist le roy d’Engleterre hommage en la fourme et maniere qui par devant est acordé. C’est asavoir que le roy d’Engleterre lui fist hommage de tout ce qu’il tenoit en la duchié d’Aquitaine et de la conté de Pontieu. Lors furent les joustes commenciées, et moult beles et moult grans, etc. »
  104. Ces lettres ont été publiées aussi dans Rymer, op. cit., t. II, 2e partie, p. 813, et dans Froissart, éd. Luce, t. I, p. 97 à 99, et les lettres de Philippe VI données à Saint-Christophe-en-Halate le 13 avril 1331, formant la contre-partie de celles d’Édouard III sont également publiées dans Rymer, p. 815-816.
  105. De Guyenne est ajouté d’après Rymer.
  106. Cette phrase, depuis : « que toutes foiz », ne figure pas dans le texte de Froissart, sans doute par suite d’une erreur de transcription.
  107. D’après son Itinéraire, Philippe VI fut en effet à Beauvais le 12 juin.
  108. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. II, p. 108 à 111.
  109. Hugues IV (1324-1359).
  110. Marie, qui fut mariée en 1330 à Guy de Lusignan, prince de Galilée, fils de Hugues IV, roi de Chypre.
  111. Pierre de la Palu, qui fut nommé patriarche de Jérusalem le 27 mars 1329, fut transféré à l’évêché de Limisso dans l’île de Chypre le 14 juillet 1335, puis à l’évêché de Conserans ou Saint-Lizier le 17 juillet 1336 et mourut le 31 janvier 1342 (Eubel, Hierarchia catholica medii ævi).
  112. Jean de Vienne, nommé évêque d’Avranches le 6 avril 1328, fut transféré à l’évêché de Thérouanne le 14 décembre 1330, puis à l’archevêché de Reims le 12 octobre 1334 et mourut le 14 juin 1351 (Eubel, op. cit.).
  113. Parmi lesquelles Miles de Noyers et Thomas de Marfontaine (Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 153). L’ordre de destruction de ces fortifications fut donné par lettres du 20 décembre 1328 (Ibid.).
  114. Robert Bruce mourut le 7 juin 1329 et fut enseveli à Dunfermline. Son successeur, David Bruce, avait épousé Jeanne, sœur d’Édouard III, le 12 juillet 1328 (Th. Walsingham, Historia anglicana, t. I, p. 192. Cf. Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 82 à 88).
  115. Le 11 juin 1329. La Chronique parisienne anonyme, § 191, donne la date du 18 juin, « jour de la Trinité ».
  116. « Clam et de nocte in valvis ecclesiæ beatæ Mariæ Parisius et in valvis ecclesiarum fratrum Minorum et Prædicatorum » (G. de Nangis).
  117. « Una cum episcopo Mimatensi » (G. de Nangis). Guillaume VI Duranti, évêque de Mende depuis le 17 décembre 1296. Il mourut dans l’île de Chypre après le mois de janvier 1330, et son corps fut ensuite ramené à Béziers (de Mas-Latrie, Histoire de l’île de Chypre, t. II, p. 162, note 2, et Documents nouveaux servant de preuves à l’histoire de l’île de Chypre, dans Documents inédits ; Mélanges historiques, t. IV, p. 355, note 2).
  118. Ils partirent plus probablement d’Aigues-Mortes après le mois d’août et arrivèrent à Chypre au mois de janvier 1330. Voir, sur ce mariage, Hist. de l’île de Chypre, t. II, p. 158 à 165.
  119. Il faudrait fille. Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne, épousa en troisièmes noces Jeanne, fille d’Édouard Ier, comte de Savoie, le 21 mars 1329, d’après Guicheron, Histoire de Savoie, t. I, p. 382. Mais d’après le ms. fr. 10132 (voir Appendice) « le mardi d’après la saint Remy », soit le 3 octobre 1329. Cf. la Chronique parisienne anonyme, p. 129, § 196, qui dit aussi que ce mariage eut lieu en 1329 « en la sepmaine de la saint Remy ».
  120. On a dans le texte latin (Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 110) : « presente rege Franciæ Philippo, ejusdem loci episcopo missam celebrante ». Les Grandes Chroniques donnèrent par erreur le nom du roi à l’évêque qui était alors Jean III Pasté (23 décembre 1327 à sa mort, 30 mars 1332).
  121. Sur le retour au pape des villes de Pistoie, de Pise, de Milan et de plusieurs autres pendant l’année 1329, voir Raynaldi, op. cit., t. V, p. 414 à 418. Cf. Villani, Historie Fiorentine, dans Muratori, t. XIII, col. 690, ch. cxliv.
  122. 23 novembre.
  123. Elle rentra à Paris le 24.
  124. Tombée malade le 25 novembre, elle mourut le 27 ou au plus tard le 28 novembre 1329 et non le 27 octobre, comme le dit Lancelot dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de Robert d’Artois (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. X, p. 604-605).
  125. Elle fut enterrée le 30 novembre à l’abbaye de Maubuisson, et le 2 décembre son cœur fut porté aux Cordeliers de Paris auprès de son fils Robert (J.-M. Richard, Mahaut, comtesse d’Artois, p. 157, 378-379).
  126. Ce chapitre n’est pas tiré de la Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis.
  127. Sur ce procès, voir : Lancelot, Mémoires pour servir à l’histoire de Robert d’Artois, dans Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. X, p. 571 à 663, et, dans Positions des thèses pour obtenir le diplôme d’archiviste-paléographe, 1932 (École des Chartes), p. 35, Germaine Callies, Le procès civil et criminel de Robert d’Artois.
  128. Ce procès, qui dura plus de deux ans, fut terminé au mois de mai 1318 et Robert d’Artois fut débouté de ses prétentions (Lancelot, op. cit., p. 582).
  129. Philippe d’Artois, seigneur de Conches, fils de Robert II d’Artois et d’Amicie de Courtenai, sa première femme, mourut le 11 septembre 1298. Il avait épousé en 1280 Blanche de Bretagne, fille de Jean II, comte de Richemont, et de Béatrice d’Angleterre. Leur fils Robert naquit en 1287.
  130. Muciées et repostes, cachées et mises de côté.
  131. Charles II de Valois, second fils de Charles de Valois ; il fut tué à la bataille de Crécy.
  132. Jean III le Bon, fils d’Artur II et de Marie de Limoges ; il mourut le 30 avril 1341.
  133. Les lettres d’assignation sont du 30 août 1330 (Lancelot, op. cit., p. 606).
  134. Eudes IV, duc de Bourgogne (1315-1350).
  135. Il faudrait : « Jean ».
  136. Jeanne de Divion, qui avait épousé Pierre de Broyes (voir sur elle : Lancelot, op. cit., p. 595 et suiv.).
  137. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 112 à 115.
  138. Pomponne, Seine-et-Marne, arr. de Meaux, cant. de Lagny.
  139. Guillaume de Melun, qui avait été nommé archevêque de Sens le 18 février 1317, mourut le 27 octobre 1329. Pierre Roger lui succéda le 24 novembre suivant.
  140. Le Jard, Seine-et-Marne, cant. de Melun, comm. de Vert-Saint-Denis.
  141. Frédéric Ier d’Autriche serait mort le 13 janvier 1330.
  142. Il s’agit de l’Assemblée de Vincennes de 1329. Voir sur elle : Jules Roy, Conférence de Vincennes et conflits de juridiction (1329-1350), dans Mélanges Léon Renier, Bibliothèque de l’École des Hautes Études, fasc. 73, 1887, p. 339 et suiv., et surtout : Olivier Martin, L’Assemblée de Vincennes de 1329 et ses conséquences, Paris, Picard, 1909, in-8o.
  143. Ce fut par des lettres du 27 décembre 1327 que Charles IV le Bel érigea en faveur de Louis sire de Bourbon et de ses hoirs la baronnie de Bourbonnais en duché-pairie, en y comprenant les terres d’Issoudun, de Saint-Pierre-le-Moustier et de Montferrand avec le comté de la Marche (Huillard-Bréholles, Titres de la maison ducale de Bourbon, t. I, p. 320, no 1850).
  144. Edmond, comte de Kent, oncle d’Édouard III, arrêté le 13 mars 1330, fut exécuté le 19 mars (Thomas Walsingham, Historia Anglicana, t. I, p. 192). Cf. Jean le Bel, Chronique, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 100 à 103, et Froissart, éd. Luce, t. I, 2e partie, p. 87 à 89 et 303-304.
  145. Guillaume Ier, comte de Hainaut, qui avait épousé Jeanne de Valois, sœur de Philippe VI, et qui mourut le 7 juin 1337.
  146. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 115 à 124.
  147. Philippe était le quatrième fils de Jacques Ier, roi de Majorque, qui lui-même était frère d’Isabelle d’Aragon, mère de Philippe le Bel. Entré dans les ordres, il exerça les fonctions de sacristain de l’église de Saint-Quentin, puis de trésorier de Saint-Martin de Tours ; il fut ensuite tuteur de Jacques II (Lecoy de la Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. II, p. 8 à 10 et 12 à 25).
  148. Latin : « Cardinalis de Pogeto », Bertrand du Poujet, évêque d’Ostie, cardinal-prêtre du titre de Saint-Marcellin.
  149. D’après la Chronique parisienne anonyme, p. 133, ce serait le 8 juin.
  150. Philippe de Valois serait parti de Poissy dans la nuit du 13 juin (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, additions et rectifications, dans Bibl. Éc. des Chartes, t. LXXXIV (1923), p. 169).
  151. Il serait mort à Saint-Germain-en-Laye le 29 juin 1330 (Chronique parisienne anonyme, p. 134).
  152. Ce serait le 4 juillet que Philippe de Valois serait entré à Avignon et aurait été reçu à la table du pape (Itinéraire, p. 26).
  153. Le 12 août.
  154. Cette date du 24 août est bien exacte. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. Lemoine, p. 20 ; Raynaldi, t. V, p. 471 et 477 ; Villani, dans Muratori, t. XIII, col. 702. La Continuation de G. de Nangis donne par erreur « vicesima tertia die ». Sur le retour de Pierre Corbara, voir Raynaldi, t. V, p. 467 à 478, et Baluze, Vitæ paparum Aveniensium, éd. Mollat, t. I, p. 145 à 151, et t. II, p. 207 à 210.
  155. Pierre de Corbara, détenu à Avignon, où il fut généreusement traité par Jean XXII, y mourut le 16 octobre 1333 (Baluze, op. cit., éd. Mollat, t. II, p. 210, n. 3).
  156. Le roi d’Espagne est Alphonse XI, roi de Castille et de Léon de 1312 à 1350.
  157. Alphonse IV, roi d’Aragon de 1327 à 1336.
  158. La Continuation de G. de Nangis ajoute : « in regno Granatæ ».
  159. Roger de Mortimer, qui avait été arrêté à Nottingham le 19 octobre 1330, fut exécuté le 29 novembre suivant (Adam Murimuth, Continuatio Chronicarum, éd. Thompson, p. 61 et 62, et Thomas Walsingham, Historia Anglicana, t. I, p. 193). Cf. Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 102-103.
  160. La reine fut enfermée à Castle-Rising, dans le comté de Norfolk (Froissart, éd. Luce, t. I, 1re partie, p. clvii, note 1).
  161. 1331 (n. st.). Les Grandes Chroniques, suivant la Chronique de Richard Lescot, (éd. Lemoine, p. 22) plutôt que la Continuation de Guillaume de Nangis, ont omis de dire ce que fit le pape le 4 janvier : « dominus papa Avinione existens, fecit consistorium publicum, ubi recitati sunt processus facti contra Bavarum et ejus fautores, et contra magistrum Michaelem quondam generalem ordinis Minorum, et contra alium ejusdem ordinis fratrem dictum Bonagratia, et plures alios ».
  162. Guillaume de Durfort mourut le 24 novembre 1330.
  163. Pierre Roger, qui, plus tard, fut pape sous le nom de Clément VI, fut transféré du siège de Sens à celui de Rouen, le 14 décembre 1330.
  164. L’évêché de Noyon était vacant par suite du transfert, à l’archevêché de Bourges, de Foulques de Rochechouart, le 14 décembre 1330.
  165. Guillaume Bertrand, chanoine de Paris, fut nommé évêque de Noyon le 1er mars 1331.
  166. Adam Murimuth, Continuatio Chronicarum, éd. Thompson, p. 63, dit qu’Édouard III vint en France « cito post Pascha », soit peu après le 31 mars, et qu’il revint « ante finem mensis aprilis ». En effet, il s’embarqua à Douvres le 4 avril et aborda le même jour à Wissant. Le 7, il était à Saint-Just-en-Chaussée (Oise), le 12 à Pont-Sainte-Maxence où il séjourna jusqu’au 16 et le samedi 20 avril il était de retour à Douvres (E. Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, p. 75-76). Voir, dans Rymer, t. II, 2e part., p. 816, l’arrangement proposé à Édouard III au sujet de la ville de Saintes par Philippe VI, le 13 avril 1331, et, Ibid., p. 821, l’acceptation par le roi d’Angleterre du 4 juillet suivant.
  167. Sur l’expédition, en 1330, de Jean, roi de Bohême, en Italie, et son succès auprès de villes telles que Brescia, Bergame, Lucques, Parme, Reggio, etc., voir Villani, dans Muratori, t. XIII, col. 705 à 710.
  168. En 1330, les rois de Castille et de Léon, de Portugal, d’Aragon, de Navarre, s’apprêtèrent à marcher contre les Sarrasins (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 487 à 491).
  169. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis (éd. Géraud), t. II, p. 124 à 131. Pour ce qui concerne Robert d’Artois, voir Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 95 à 100, et Froissart, éd. Luce, t. I, p. 100 à 103 et 105, et 307 à 311, 313 à 316.
  170. Sans doute Pierre de Sains, qui avait écrit presque toutes les fausses lettres (Lancelot, Mémoire pour servir à l’histoire de Robert d’Artois, dans Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. X, p. 607, 613).
  171. Jeanne de Divion fut arrêtée à Conches vers la fin de 1330 et amenée à Paris (Lancelot, op. cit., p. 613).
  172. Le confesseur de Robert d’Artois était le jacobin Frère Jean Aubery (Lancelot, Ibid., p. 614).
  173. Verseilles est une faute. Il faudrait Vezelai. On a, dans la Continuation de G. de Nangis, « abbatem de Vezelayo ». Cet abbé de Vézelay était Artaud Flote, fils de Pierre Flote, chancelier de Philippe le Bel, tué à la bataille de Courtrai (Gallia Christiana, t. IV, col. 474).
  174. C’est par sentence rendue à Rouen au mois de mai 1331 que Philippe de Valois régla ce différend entre les seigneurs francs-comtois et Eudes IV, duc de Bourgogne (Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 137, et D. Plancher, Histoire de Bourgogne, t. II, preuve CCLIV).
  175. Gaston II.
  176. Jeanne d’Artois, fille de Philippe d’Artois, qui épousa au mois d’octobre 1301 Gaston Ier, comte de Foix, mort le 13 décembre 1315.
  177. Jeanne de Divion fut brûlée le 6 octobre 1331 (Lancelot, op. cit., p. 631).
  178. Robert d’Artois sortit du royaume vers le mois de septembre 1331 (Lancelot, op. cit., p. 615 et 621).
  179. Jean III dit le Triomphant (1312-1355).
  180. Au mois de mai 1332, Philippe de Valois conclut un traité d’alliance avec l’archevêque de Cologne et les comtes de Gueldre et de Juliers contre le duc de Brabant et Robert d’Artois (Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. XVIII, p. 22 à 25).
  181. Guillaume Ier dit le Bon, qui mourut le 7 juin 1337 à Valenciennes.
  182. Marguerite avait épousé Louis de Bavière.
  183. Philippine épousa Édouard III.
  184. Jeanne avait épousé, en 1313, Guillaume V, comte de Juliers.
  185. Élisabeth mourut sans alliance, le fils du duc de Brabant étant décédé.
  186. Renaud II dit le Roux (1326-1343).
  187. Adolphe de la Marck (1313-1343).
  188. Sur l’accord qui fut conclu le 21 juin 1332 à l’abbaye de Royallieu, près Compiègne, voir Corneille Zantfliet, dans Martène et Durand, Veterum scriptorum amplissima collectio, t. V, col. 201, et Art de vér. les dates, in-fol., t. III, p. 148.
  189. Jean de Brabant, duc de Limbourg, fils aîné de Jean III, duc de Brabant, épousa Marie de France, fille de Philippe de Valois, par contrat passé à Crèvecœur-en-Brie le 8 juillet 1332. Elle mourut le 22 septembre 1333.
  190. Renaud II épousa en secondes noces, en 1332, Léonore, sœur d’Édouard III.
  191. Jean XXII fit quatre sermons sur la vision béatifique : le jour de la Toussaint (1er novembre 1331), le troisième dimanche de l’Avent (15 décembre), la veille de l’Épiphanie (5 janvier 1332) et le jour de la Purification (2 février) (Hist. littéraire de la France, t. XXXIV, p. 554). Sur cette question, voir : Noël Valois, Jacques Duèse (pape Jean XXII), Ibid., p. 551 à 621, et Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 414 à 442, nos 970 à 987.
  192. La Continuation de G. de Nangis (t. II, p. 127 à 129) a beaucoup plus développé le récit de cet incident que les Grandes Chroniques qui traduisent simplement la Chronique de Richard Lescot, § 64.
  193. Le terme du quatrième ajournement fut le 8 avril 1331 (n. st.), mercredi avant les Rameaux (Lancelot, op. cit., p. 617).
  194. Pierre de la Palu était, au contraire, de retour ; latin : « rediens a Soldano ».
  195. Voir, dans Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 516-517, les lettres écrites par Jean XXII, le 5 décembre 1331, pour engager les fidèles à s’armer et à prier pour la croisade.
  196. Voir l’ordonnance du 25 mars 1333 (n. st.), dans Ord., t. II, p. 83.
  197. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 132 à 143.
  198. Cf. Lancelot, op. cit., p. 621.
  199. Le mariage fut célébré le 28 juillet 1332 (Chronique parisienne anonyme, § 230).
  200. Bonne de Luxembourg était la fille aînée de Jean de Luxembourg et d’Élisabeth de Bohême, fille de Venceslas IV.
  201. « Au palaiz » (Chronique parisienne anonyme, § 233).
  202. 29 septembre.
  203. Philippe d’Évreux
  204. Eudes IV.
  205. Jean III dit le Bon.
  206. Raoul.
  207. Jean III dit le Triomphant. La Continuation de G. de Nangis et la Chronique parisienne anonyme ajoutent encore Louis, duc de Bourbon, et la Chronique parisienne, seule : Guillaume V, comte de Juliers.
  208. Jean de Brabant, duc de Limbourg, qui mourut sans postérité en 1335.
  209. 2 octobre.
  210. Dès l’année 1331, Philippe VI avait pris l’engagement de partir pour la croisade au printemps de l’année 1334 (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 517), et, le 20 mars 1333 (n. st.), il fait connaître les dispositions qu’il a prises pour cette expédition (Ibid., p. 525 à 528). Cf. Delaville Le Roulx, La France en Orient au XIVe siècle, t. I, p. 86 à 102.
  211. Pierre Roger.
  212. La fin de ce paragraphe n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis ni de la Chronique de Richard Lescot.
  213. On voit, par des lettres d’Édouard III du 2 juillet 1333, que le comte d’Eu avait été précédemment envoyé auprès de lui avec d’autres personnes (Rymer, Fœdera, éd. 1821, t. II, 2e part., p. 863).
  214. Jean de Marigny (8 janvier 1313-14 mai 1347).
  215. Déjà, le 26 avril 1332, Édouard III avait délégué auprès de Philippe VI son chancelier avec trois autres personnes pour traiter avec lui de l’expédition en Terre Sainte (Ibid., p. 837). D’autres délégations furent encore envoyées pour le même motif le 30 mars 1334 et le 18 juillet 1335 (Ibid., p. 883 et 915).
  216. 14 mai 1333.
  217. Thomas Walleis, maître en théologie, dominicain anglais. (Voir sur lui, Hist. littéraire de la France, t. XXXIV, p. 574 à 589).
  218. Thomas Walleis semble avoir été détenu pendant dix-sept mois, à partir du mois de janvier 1333, tant dans la prison de l’inquisiteur que dans celle du pape (Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 415, note 3).
  219. Arnaud de Clermont, qui devint ensuite évêque de Tulle (10 septembre 1333 à 1337).
  220. Durand de Saint-Pourçain, qui était évêque de Meaux depuis le 13 mars 1326 ; il mourut le 10 septembre 1334.
  221. Le 19 décembre 1333 (Denifle et Chatelain, op. cit., t. II, p. 429).
  222. Voir ces lettres, datées du 2 janvier 1334, dans Denifle et Chatelain, op. cit., p. 429 et 432 (nos 981 et 982).
  223. Robert Bruce mourut le 7 juin 1329.
  224. David Bruce, âgé de cinq ans, succéda à son père sous la tutelle du comte de Murray.
  225. Édouard Bailleul, ou Baillol, était fils de Jean Bailleul qu’Édouard Ier, roi d’Angleterre, plaça sur le trône d’Écosse et qui l’occupa de novembre 1292 à 1306.
  226. Au lieu d’Alexandre, il faudrait David, car Jean Bailleul, père d’Édouard, descendait de David Ier, roi d’Écosse, par Marguerite, fille aînée de David, comte de Huntington et frère du roi Guillaume dit le Lion, tandis que Robert Bruce en descendait par Isabelle, deuxième fille de ce même comte de Huntington.
  227. Édouard Bailleul fut couronné à Seone le 27 septembre 1332. Pour les victoires qu’il remporta sur les Écossais, voir Thomas Walsingham, Historia anglicana, éd. Riley, t. I, p. 193 à 195.
  228. Ce fut le 19 juillet 1333 que les Écossais furent battus près de Berwick. Sur les luttes entre les Anglais et les Écossais, voir Froissart, éd. Luce, t. I, 2e part., p. 107 à 112 et surtout p. 316 à 341.
  229. Les Flamands cherchèrent aussi à venir en aide aux Écossais ; voir des lettres d’Édouard III au comte de Flandre du 27 avril 1333 (Rymer, op. cit., t. II, 2e part., p. 860).
  230. Le château de la Perrière, Isère, arr. de Grenoble, cant. de Voiron, comm. de Saint-Julien-de-Raz.
  231. Guigues VIII mourut le 28 juillet 1333 ; voir son testament dans de Valbonnais, Histoire du Dauphiné, t. II (preuves), p. 236, no XLVIII.
  232. Humbert II qui fut le dernier dauphin.
  233. Ce soulèvement de Bologne contre le légat du pape eut lieu au mois de mars 1334 (Villani, Historie Fiorentine, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XIII, col. 758).
  234. Sur ce conflit entre le duc de Brabant et Louis de Nevers, voir Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 156 à 158. Cf. de Smet, Corpus chronicorum Flandriæ, t. I, p. 210.
  235. Le 27 août 1334, Philippe VI retint en sa garde la ville de Malines tant que durerait le litige (Kervyn de Lettenhove, op. cit., p. 158).
  236. Raimond Saquet, qui, en 1328, se trouvait parmi les clercs du roi (Bibl. de l’Éc. des chartes, 1894, p. 599), fut nommé évêque de Thérouanne le 22 octobre 1334, puis fut transféré au siège archiépiscopal de Lyon le 10 février 1356 et mourut le 14 juillet 1358.
  237. Ferri de Piquigny avait été déjà envoyé en Angleterre en 1333. Cf. Rymer, t. II, 2e part., p. 860, lettres de sauf-conduit d’Édouard III, du 29 avril 1333.
  238. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. J. Lemoine, p. 35.
  239. L’abbaye du Moncel-lès-Pont-Sainte-Maxence (Oise) fut fondée par Philippe le Bel au mois d’avril 1309. Philippe de Valois, au mois de mai 1336, confirma les lettres de Philippe le Bel et acheva les constructions du monastère (Gallia Christiana, t. IX, col. 852, et t. X, preuves, col. 270).
  240. La Chronique des quatre premiers Valois, p. 2, dit qu’ils furent enfermés au Château-Gaillard. Ils changèrent, au reste, souvent de résidence. Cf. Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 96, note 4.
  241. Les deux premiers paragraphes de ce chapitre ne sont pas tirés de la Continuation de G. de Nangis.
  242. L’archevêque de Cantorbéry était Jean de Stratford (26 novembre 1333-23 août 1348). Les lettres de procuration qui lui furent données, ainsi qu’à ceux qui devaient l’accompagner, soit William de Montaigu, William de Clynton, Geoffroi le Scrop et Jean de Shordich, sont datées du 30 mars 1334 (Rymer, op. cit., t. II, 2e part., p. 883). De nouvelles lettres de procuration furent encore données le 30 septembre suivant (Ibid., p. 894) et la Continuation des Chroniques d’Adam Murimuth, éd. E.-M. Thompson, p. 73, nous apprend que l’archevêque de Cantorbéry, ainsi que les autres envoyés, passèrent le détroit à la fête des saints Siméon et Jude, soit le 28 octobre.
  243. C’est Randolf Thomas, comte de Moray, qui mourut le 20 juillet 1332 (Continuation des Chroniques d’Adam Murimuth, p. 54). Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 85, l’appelle « le noble et vaillant conte de Moret ».
  244. Le 1er septembre 1329, Édouard III délivra à Jacques (et non Jean) de Douglas, allant en Terre Sainte au secours des chrétiens, cum corde domini R. regis Scotiæ nuper defuncti, des lettres de sauf-conduit valables pour lui et ses compagnons, pendant sept semaines. À la même date, il les recommanda à Alphonse, roi de Castille, et demanda pour eux un sauf-conduit (Rymer, t. II, 2e partie, p. 770-771). Cf. Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 86 à 88, et Froissart, éd. Luce, t. I, p. 77 à 82 et 288 à 293.
  245. Alphonse XI, fils de Ferdinand IV et de Constance de Portugal, n’avait qu’environ deux ans quand il monta sur le trône de Castille, en 1312.
  246. Éléonore de Guzman, dont il eut plusieurs enfants naturels.
  247. Alphonse XI épousa, en 1328, Marie, fille d’Alphonse IV, roi de Portugal.
  248. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 143 à 145.
  249. Sur ce soulèvement de l’Écosse et la campagne d’Édouard III dans ce pays en 1334-1335, voir Thomas Walsingham, Historia anglicana, t. I, p. 196-197, et Continuation des Chroniques d’Adam Murimuth, p. 73-74.
  250. Chronique de Richard Lescot (éd. Jean Lemoine), p. 36-37, § 87 à 91.
  251. Jean XXII mourut le matin du 4 décembre 1334 (Baluze, Vitæ paparum Aveniensium, éd. Mollat, t. I, p. 168).
  252. Benoît XII fut élu le 20 décembre 1334 (Baluze, op. cit., t. II, p. 298) et il fut couronné le 8 janvier 1335.
  253. Philippe VI partit de Fontainebleau, où il séjournait depuis plusieurs jours, le 30 décembre 1334 ou peu après. Il ne semble pas qu’il alla plus loin que l’abbaye de Septfonts (Allier, arr. de Moulins, cant. de Dompierre, comm. de Diou), où on le trouve le 5 février 1335 (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 9 et 43. Extrait de la Bibl. de l’Ec. des chartes, t. LXXIV, 1913).
  254. Sur cette intervention de Benoît XII au sujet de la croisade, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. VI, p. 32 à 35.
  255. Voir Arthur de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 403 à 408 et 393. Dans la suite, Jean III s’occupa du mariage de sa nièce, Jeanne de Penthièvre, fille de Gui de Bretagne, son frère ; et, à l’instigation de Philippe VI de Valois, elle épousa, par traité passé à Paris le 4 juin 1337, Charles de Blois, fils de Marguerite, sœur de Philippe de Valois et de Gui de Châtillon, comte de Blois.
  256. Chronique de Richard Lescot, éd. J. Lemoine, p. 37 à 39, § 91 à 95. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 145 à 150.
  257. Jean II de Chepoy, second fils de Jean Ier de Chepoy et d’Isabeau de Denisy, amiral de France, commandait les vaisseaux du pape et de Philippe VI dans l’expédition dirigée contre les Turcs à l’instigation de Jean XXII et qui aboutit à une grande victoire navale remportée, en 1334, sur les Infidèles (Villani, liv. XI, chap. xviii ; Du Cange, Hist. de l’Empire de Constantinople sous les empereurs français, p. 264 ; Raynaldi, op. cit., t. VI, p. 4 et 5). Cf. P. Anselme, t. VII, p. 744.
  258. L’évêque de Beauvais était alors Jean de Marigny, qui devint archevêque de Rouen le 14 mai 1347 et mourut le 27 décembre 1351.
  259. D’après la Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 145-146, Jean aurait eu une fièvre continue pendant quatorze jours.
  260. « Fere per quindecim dies » (Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 146).
  261. Au mois de juillet, Philippe VI, en reconnaissance des prières faites pour la santé de son fils par la ville de Paris, lui remit 10,000 livres qu’elle lui devait pour la chevalerie de son dit fils (Chronique parisienne anonyme, § 268).
  262. Gui II, marquis de Namur (1335-1336), frère et successeur de Jean II, était cousin de Philippine de Hainaut, fille de Jeanne de Valois, par sa mère Marie d’Artois. Le 12 juillet 1335, Édouard III lui accorda un sauf-conduit valable jusqu’au 29 septembre suivant, pour lui permettre de venir à son aide avec de nombreuses troupes (Rymer, t. II, 2e part., p. 914).
  263. Renaud II dit le Roux, comte de Gueldre (1326-12 octobre 1343), qui, en 1332, épousa en secondes noces Léonore, sœur d’Édouard III.
  264. Sur cette expédition d’Écosse qu’Édouard III commença vers la fin du mois de juillet 1335, voir Continuation des chroniques d’Adam Murimuth, p. 75-76 ; Robert d’Avesbury, p. 298 à 302, et Thomas Walsingham, Historia anglicana, t. I, p. 196-197. Dès le 18 juin, Édouard III demanda des prières pour le succès de ses armes (Rymer, Ibid., p. 910).
  265. Jean d’Eltham, comte de Cornouailles, qui mourut en Écosse à la fin du mois d’octobre 1336 (Thomas Walsingham, op. cit., t. I, p. 197).
  266. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 39 à 43, § 96 à 106. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 150 à 155.
  267. Ce voyage de Philippe VI à travers la France commença au début de septembre 1335. Pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre, il parcourut l’Artois, la Picardie, la Normandie, le Maine, la Touraine, le Berry, le Limousin. En janvier, février, mars et avril 1336, il visita successivement les villes du midi, Toulouse, Carcassonne, Narbonne, Montpellier, Avignon, Marseille, puis remonta le Rhône en passant par Lyon. De là, il gagna Mâcon, Beaune, Chaumont-en-Bassigny, Reims et rentra à Paris vers le milieu du mois de mai ; on l’y retrouve dès le 11 (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 9-10 et 46 à 48. Extrait de la Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXIV, 1913). Cf. Froissart, éd. Luce, t. I, § 54, p. 114 à 117.
  268. Philippe de Valois arriva à Beaune le 14 avril 1336 et sortit de Bourgogne le 20 (Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 148-149).
  269. Jean de Chalon-Arlay II. Sur cette guerre entre Jean de Chalon et le duc de Bourgogne, Eudes IV, voir Ernest Petit, Ibid., p. 145 à 161, et Ed. Clerc, Essai sur l’histoire de la Franche-Comté, t. II, p. 45 à 58.
  270. Salins (Jura, arr. de Poligny, ch.-l. de cant.) aurait été incendié le 14 avril 1336 (Ed. Clerc, Ibid., p. 51).
  271. Ce défi aurait été apporté au duc le 14 avril (E. Petit, op. cit., t. VII, p. 148).
  272. Henri (et non Girart) de Montfaucon, fils de Gauthier de Montfaucon, et de Mahaut, fille de Simonin, sire de Chaussin et de la Marche (Rousset, Dict. géogr., hist. et statistique du Jura, t. II, p. 54).
  273. Chaussin, Jura, arr. de Dôle, ch.-l. de cant. Sur le siège de cette ville, commencé au mois de juillet et qui dura six semaines, voir Rousset, Ibid. Cf. E. Petit, op. cit., t. VII, p. 156-157.
  274. Sur ce siège de Besançon, qui dura du 14 au 20 août 1336, voir Ed. Clerc, op. cit., t. II, p. 55 à 58.
  275. « Usque ad sequens Natale » (Continuation de G. de Nangis), c’est-à-dire jusqu’à Noël.
  276. Sur la foire du Lendit, voir abbé Lebeuf, Hist. de la ville et du dioc. de Paris, éd. Féchoz, t. I, p. 537 à 556, et, dans Positions des thèses pour obtenir le diplôme d’archiviste-paléographe, 1884 (École des chartes), p. 103 ; Ernest Roussel, Recherches sur la foire du Lendit depuis son origine jusqu’en 1430. Jusqu’à cet incendie de 1336, la foire du Lendit se tenait entre Paris et Saint-Denis au Champ du Lendit. Après cette date, elle fut transportée à Saint-Denis (Sauvai, Hist. et antiquités de la ville de Paris, t. I, liv. VI, p. 668).
  277. Philippe, qui, le 16 avril 1344, reçut en apanage le comté de Valois avec le duché d’Orléans en 1345, épousa Blanche, fille de Charles IV le Bel, et mourut le 1er septembre 1375. La Chronique parisienne anonyme, § 274, le fait naître le lundi 1er juillet 1336.
  278. Hugues de Crusy qui, en 1319, était bailli d’Auxerre et de Tonnerre, en novembre 1324 bailli d’Orléans, devint prévôt de Paris en 1325, puis président au Parlement. Accusé de s’être laissé corrompre dans l’exercice de la justice, il fut pendu le 21 juillet 1336 (Chronique parisienne anonyme, § 275 ; Journaux du trésor de Charles IV le Bel, no 6087 et note 3 ; J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, t. I, p. 264, note 3, et Ernest Petit, Les Bourguignons de l’Yonne à la cour de Philippe de Valois, p. 12 à 16. Extrait du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 2e semestre, 1898).
  279. La Chronique parisienne anonyme, § 276, dit que cette tempête eut lieu le samedi 3 août et que, néanmoins, la fête préparée par la reine fut donnée le lendemain, dimanche 4 août.
  280. Voir ci-dessus, p. 121.
  281. Il y a, sans doute, ici, confusion entre deux noms, entre le comte d’Armagnac, qui réclamait des villes telles que Blanquefort et Veyrines, et le sénéchal d’Agenais, qui faisait de l’opposition à propos de cette restitution (Rymer, t, II, 2e part., p. 936. Cf. Eugène Déprez, La Papauté, la France et l’Angleterre, p. 130).
  282. Alphonse XI, roi de Castille, et Philippe d’Évreux, roi de Navarre. La Continuation de G. de Nangis, t. Il, p. 154, met par erreur : « inter regem Angliæ et regem Navarræ ». Cf. Chronique de Richard Lescot, § 104. Sur la mission de Jean de Vienne auprès d’Alphonse XI, voir Georges Daumet, Étude sur l’alliance de la France et de la Castille au XIVe et au XVe siècle, p. 34, et Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. VI, p. 86.
  283. Ce traité fut conclu au mois de février 1337 (n. st.) (G. Daumet, op. cit., p. 3 à 5 et 125 à 130).
  284. Sur les préparatifs et les armements faits par Édouard III en 1336, voir E. Déprez, op. cit., p. 134, et, sur son alliance avec Louis de Bavière, voir Raynaldi, op. cit., t. VI, p. 71 et 72.
  285. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 43 à 46, § 107 à 117. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 156 à 159.
  286. Cette guerre fut terminée par une convention du 13 juin 1337 (D. Plancher, Hist. de Bourgogne, t. II, preuves, no CCLXI, cf. no CCLXII).
  287. Parcoul, Dordogne, arr. de Riberac, cant. de Saint-Aulaye.
  288. Sur les préparatifs maritimes faits par Édouard III au mois de janvier 1337, voir Rymer, t. II, 2e part., p. 956 à 958.
  289. Richard Lescot (p. 45, § 112) l’appelle : « Ernaldus de Normandia » ; la Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 158, « Renaldus de Normannia ». C’est Arnaud de Marmande, écuyer, qui était alors châtelain de Parcoul (E. Déprez, La Papauté, la France et l’Angleterre, p. 157, note 3, et Chronographia, t. II, p. 26, note 2).
  290. Le 8 mars 1338 (n. st.), voir Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 171-172, et surtout la note 4 de la p. 172.
  291. Raoul, comte d’Eu, était lieutenant du roi en Languedoc et en Gascogne. Sur ces premières opérations de la guerre de Cent ans dans ces provinces, voir Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 496, note 5, et Chronique normande, p. 245, notes 1 à 4.
  292. Portsmouth aurait été brûlé le 24 mars 1338 (Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 552).
  293. Dans des lettres du 21 août 1337, Édouard III parle des ravages commis par les vaisseaux français sur les côtes anglaises et dans les îles de Jersey, Guernesey, Aurigny et Sercq (Rymer, t. II, 2e part., p. 989). Cf. d’autres lettres du 10 juillet (Ibid., p. 983). Sur les courses maritimes des Français contre les Anglais, voir Chronique normande, p. 245, note 5. Cf. Chronographia, t. II, p. 28.
  294. Le départ de la flotte anglaise, qui devait s’effectuer le 30 septembre 1337, fut prorogé par lettres du 24 septembre (Déprez, op. cit., p. 160).
  295. La réunion des hommes d’armes de France se fit à Boulogne à la fin du mois d’octobre (Chronographia, t. II, p. 56, note 2).
  296. Sur les événements qui survinrent alors en Flandre, les Grandes Chroniques donnent beaucoup plus de détails que la Chronique de Richard Lescot et la Continuation de G. de Nangis.
  297. La Chronographia, t, II, p. 28, dit qu’Édouard III envoya « multos barones et sagitarios » avec Bernard d’Albret.
  298. Siger ou Sohier de Courtrai fut arrêté le 6 juillet 1337 et mis à mort le 21 mars 1338 (voir sur lui Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 170 à 194. Chronographia, t. II, p. 42 à 44, et Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 132).
  299. Ce combat eut lieu le 25 avril 1338 (Chronographia, t. II, p. 44, et Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 528).
  300. L’expédition anglaise contre l’île de Cadsand (Pays-Bas, prov. de Zélande) eut lieu le 9 novembre 1337. Voir, sur cette expédition, Froissart, éd. Luce, t. I, 2e part., p. 133, § 62, à p. 138, § 65, Chronographia, t. II, p. 45 ; Villani, liv. XI, chap. lxxi. Cf. Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 171-172).
  301. Irlande (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  302. Sur Jacques van Artevelde et sa famille, voir Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 177 à 184 ; Léon Vanderkindere, Le siècle des Artevelde, études sur la civilisation morale et politique de la Flandre et du Brabant, p. 35 à 44 ; Pirenne, Hist. de Belgique, t. II, p. 102 à 106 ; Chronographia, t. II, p. 46 et suiv.
  303. Le 1er février 1338 (n. st.), des échevins de la ville de Gand se rendirent à Louvain près de Renaud, comte de Gueldre, plénipotentiaire d’Édouard III, pour y signer une convention qui devait assurer la réconciliation du roi d’Angleterre et des communes de Flandre (Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 190), et, le 10 juin suivant (mercredi après la Trinité), il fut conclu, à Anvers, entre les ambassadeurs d’Édouard III et les Flamands, un traité scellé par le comte de Gueldre, qui accordait des avantages commerciaux aux Flamands (Rymer, Fœdera, t. II, 2e part., p. 1042-1043).
  304. « Cum avibus » (Chronographia, t. II, p. 55).
  305. L’évêque de Senlis était Étienne de Villiers. La Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 159, dit, par erreur, qu’ils furent excommuniés « per episcopum Silvanectensem et abbatem sancti Remigii ». La sentence fut publiée à Tournai le 22 mars 1338 (n. st.), Chronique et Annales de Gilles Le Muisit, éd. Lemaître, p. 113.
  306. Castres (ms. fr. 17270).
  307. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 159 à 163. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. J. Lemoine, p. 46 à 48, § 118 à 124.
  308. La flotte anglaise quitta le port de Orwell le jeudi 16 juillet 1338 et arriva le même jour à Anvers (Chronique d’A. Murimuth, p. 83. Cf. Déprez, La Papauté, la France et l’Angleterre, p. 193-194, et Rymer, t. Il, 2e part., p. 1050).
  309. Édouard III fut proclamé vicaire de l’Empire à Coblentz le 5 septembre 1338 (Déprez, op. cit., p. 195 à 197).
  310. De nombreuses convocations d’hommes d’armes furent faites à la fin de juillet et au début du mois d’août 1338 (Chronique de Richard Lescot, p. 215, appendice VI. Cf. ' Chronographia, t. II, p. 61, et Longnon, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie, t. III, p. 236. Compte du subside payé par le bailliage de Chaumont pour l’arrière-ban, 1338).
  311. On constate la présence de Philippe VI à Amiens du 24 août au 23 septembre. Après cette date, il regagne Paris et on le retrouve au Bois de Vincennes dès le 18 octobre (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 10 et 58-59. Extrait de la Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXIV, 1913).
  312. Sur la prise de ces vaisseaux, voir Froissart, éd. Luce, t. I, p. 188-189. Cf. Ch. de la Roncière, Histoire de la marine française, t. I, p. 416-417.
  313. Convint (Bibl. nat., ms. fr. 17270).
  314. Cf. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 418.
  315. Penne, Lot-et-Garonne, arr. de Villeneuve-sur-Lot, ch.-l. de cant. Cette ville se rendit et un accord fut conclu avec ses habitants le 28 décembre 1338 (Hist. de Languedoc, nouv. édit., t. IX, p. 511, note 2. Cf. Chronique normande, p. 245, note 2).
  316. Southampton. Cette ville fut prise et pillée le 5 octobre 1338 (A. Murimuth, Continuatio chronicarum, p. 87. Cf. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 158 et 501, et Ch. de la Roncière, Hist. de la marine française, t. I, p. 418-419).
  317. Il est fait allusion à la confirmation par Philippe VI, au mois de mars 1340 (n. st.), de la Charte aux Normands concédée par Louis X en juillet 1315 (Ord., t. VI, p. 549). Voir, sur les événements qui précédèrent cette confirmation, Alfred Coville, Les États de Normandie, p. 46 à 50. Cf. de la Roncière, op. cit., p. 421 à 427.
  318. Ce fut Jean IV qui obtint, au mois de mars 1339 (n. st.), l’érection de la baronnie d’Harcourt en comté (P. Anselme, t. V, p. 130).
  319. Cette mention n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis, mais de la Chronique de Richard Lescot, § 124.
  320. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 163 à 166. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. Lemoine, p. 48 à 50, § 125 à 129.
  321. Bourg-sur-Gironde, Gironde, arr. de Blaye, ch.-l. de cant. Voir, sur ces opérations, Froissart, éd. Luce, t. I, p. cxciii à cxcix et 377 à 388. Cf. Chronique normande, p. 38 et 245, et Chronique parisienne anonyme, p. 180, § 310.
  322. Cette attaque du Tréport par les Anglais eut lieu le 1er août 1339 (Laffleur de Kermaingant, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Michel du Tréport, Introduction, p. 1).
  323. Le départ des marins de Gènes aurait eu lieu plus probablement au mois d’août 1339 (de la Roncière, op. cit., t. I, p. 433).
  324. L’armée anglaise, qui était campée à Vilvorde près de Bruxelles, s’ébranla pour marcher contre la France après la fête de saint Lambert (17 septembre), d’après Jean le Bel (éd. Viard et Déprez, t. I, p. 153. Voir, sur cette expédition, Ibid., p. 153 à 165 ; Froissart, éd. Luce, t. I, p. 158 à 184 ; Chronographia, t. II, p. 66 à 85. Cf. Déprez, op. cit., p. 253 à 269).
  325. Buironfosse, Aisne, arr. de Vervins, cant. de la Capelle. D’après son Itinéraire (p. 64), Philippe VI fut dans cette localité du 20 au 23 octobre.
  326. Édouard III décampa dans la nuit du 23 au 24 octobre, revint à Bruxelles, puis se retira à Anvers (Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, p. 166, note 2).
  327. Philippe VI de Buironfosse gagna Saint-Quentin où on le trouve du 24 au 28 octobre, puis rentra à Paris et au Bois de Vincennes où il séjourna à partir du 16 novembre (Itinéraire, p. 65).
  328. Édouard III fut reconnu solennellement comme roi de France, à Gand, le 26 janvier 1340 (Bulletin de la Commission royale d’histoire de Belgique, 5e série, t. VII (1897, p. 30), et Jean le Bel, t. I, p. 167-168. Cf. Henry Stephen Lucas, The Low countries and the Hundred years’ war (1326-1347), p. 364-365).
  329. Édouard III revint en Angleterre le 21 février 1340 (Déprez, op. cit., p. 287).
  330. Jean de Vervins, seigneur de Bosmont. Voir, sur ce personnage, H. Moranvillé, La trahison de Jean de Vervins, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LIII (1892), p. 605 à 611.
  331. 13 avril 1340.
  332. Aubenton, Aisne, arr. de Vervins, ch.-l. de cant. Sur le sac de cette ville, voir Froissart, éd. Luce, t, I, p. 199 à 203, et Chronographia, t. II, p. 105 et 106.
  333. A. Murimuth, op. cit., p. 103, dit que l’incendie du port de Boulogne eut lieu en 1340, « cito post festum sancti Hilarii », par conséquent vers le milieu du mois de janvier.
  334. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 166 à 168.
  335. Le comte « d’Auxoine » est le comte de Suffolk.
  336. Ce paragraphe n’est pas tiré de la Continuation de G. de Nangis. Elle parle bien aussi de la prise du comte de Salisbury, mais avec moins de détails et moins de précision.
  337. Jean, qui fut ensuite duc de Lancastre (cf. Froissart, éd. Luce, t. II, p. 225).
  338. C’est l’évêque de Lincoln, Henri Burwash, qui mourut au mois de décembre 1340 (cf. Kervyn de Lettenhove, Istore et Croniques de Flandres, t. I, p. 380).
  339. Guillaume de Montagu, comte de Salisbury.
  340. Armentières, Nord, arr. de Lille, ch.-l. de cant.
  341. Marquette, Nord, arr. et cant. de Lille.
  342. Sur la prise des comtes de Salisbury et de Suffolk, qui aurait eu lieu le 11 avril 1340 (n. st.), voir Chronographia, t. II, p. 98 à 102 ; Jean le Bel, t. I, p. 168-169, Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 380 ; Froissart, éd. Luce, t. II, p. 5 à 8.
  343. De Quilain (ms. fr. 17270). Froissart (t. II, p. 7) dit qu’il s’appelait Raymond et était neveu du pape Clément. La Chronographia, t. II, p. 102, le nomme « Johannes Quillain ». Voir, sur lui, Ibid., p. 102. note 1.
  344. C’est Guillaume Rolland, sénéchal de Rouergue, qui fut chargé d’aller chercher les prisonniers à Lille et de les amener à Paris (Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 169, note 1).
  345. La fin de ce chapitre n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis.
  346. Pour la campagne du duc de Normandie en Hainaut, voir Froissart, éd. Luce, t. II, chap. XXXV et XXXVI, § 102 à 112.
  347. Escaudœuvres, Nord, arr. et cant. de Cambrai.
  348. Cette ville se rendit le 3 juin 1340. Sur ce siège, voir Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 173 ; Froissart, éd. Luce, t. II, p. XII et 19-20 ; Chronographia, t. II, p. 114 à 116.
  349. Thun-l’Évêque, Nord, arr. et cant. de Cambrai. Cette ville, dont le siège commença immédiatement après la reddition d’Escaudœuvres, fut prise le 23 juin. Cf. Jean le Bel, t. I, p. 174 à 177 ; Froissart, t. II, p. XIII à XV et 24 à 29 ; Chronographia, t. II, p. 116 à 118.
  350. Bouchain, Nord, arr. de Valenciennes, ch.-l. de cant.
  351. Philippe, fils d’Eudes IV et de Jeanne de France, qui mourut le 10 août 1346 au siège d’Aiguillon.
  352. Richard de Limozin.
  353. Le ms. fr. 2813 a mis par erreur « lieue ». Il faut lire heure, cf. Chronographia, t. II, p. 119, « unius hore spacio ante diem ».
  354. Le Quesnoy, Nord, arr. d’Avesnes, ch.-l. de cant.
  355. La Chronographia, t. II, p. 119, fait connaître encore une chevauchée du duc d’Athènes et du vicomte de Thouars contre Bavay qu’ils brûlèrent, ainsi que tout le pays autour de cette ville, jusqu’à Maubeuge, chevauchée qui aurait été arrêtée à la prière de la comtesse de Hainaut, sœur de Philippe VI, alors abbesse de Fontenelles.
  356. Philippe de Valois, qui était resté devant Thun-l’Évêque jusqu’à la prise de cette ville, on l’y trouve du 18 au 23 juin, se retira ensuite à l’Écluse (Nord, arr. de Douai, cant. d’Arleux), puis à Arras où il séjourna du 6 au 29 juillet (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 68 et 69).
  357. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 168.
  358. Édouard III, qui était rentré en Angleterre depuis le 21 février 1340, mit à la voile le 22 juin pour gagner la Flandre, et avait rassemblé une nombreuse flotte depuis une dizaine de jours (Déprez, La Papauté, la France et l’Angleterre, p. 287, 317-318).
  359. La fin de ce chapitre n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis.
  360. Hue Quiéret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des blessures reçues à la bataille de l’Écluse. Il avait été sénéchal de Beaucaire de 1325 à 1332. Par lettres du 11 avril 1333, Philippe VI, qui avait été choisi comme arbitre dans la lutte qui s’était élevée entre le duc de Brabant et ses partisans, d’une part, et le comte de Hainaut et ses partisans, d’autre part, le chargea avec l’évêque d’Arras de ramener la paix entre les belligérants ; il est alors qualifié de maître de l’hôtel du roi (Arch. nat., JJ 68, nos 7, 8, 9, 10). Voir aussi, sur lui, P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 744, et Chronique normande, p. 251, note 2.
  361. Nicolas Behuchet, créé maître des eaux et forêts le 6 juin 1328, annobli en septembre de la même année, fut trésorier du roi vers la fin de 1331, maître des comptes dès 1335 et amiral avec Hue Quiéret en 1338. Fait prisonnier à la bataille de l’Écluse, Édouard III ordonna de le pendre (S. Luce, La France pendant la guerre de Cent ans, 2e  série, p. 5 et 6).
  362. L’Écluse, Pays-Bas, Flandre hollandaise, province de Zélande, arr. de Middelburg.
  363. Si duiz d’armes, si habiles aux armes.
  364. Sur la bataille de l’Écluse, qui fut livrée le 24 juin 1340 (et non le 23), voir Dufourmantelle, La marine militaire en France au commencement de la guerre de Cent ans, p. 54 à 72, extrait du Spectateur militaire, 1878 ; de la Roncière, Histoire de la marine française, t. I, p. 444-457 ; Henry Stephen Lucas, The Low Countries and the Hundred Year’s War, p. 395 à 403. M.  E. Déprez, op. cit., p. 321, note 8, indique les principales chroniques à consulter sur ce combat naval.
  365. Le 28 juin, Édouard III n’avait pas encore quitté sa nef (Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 256, note 2).
  366. Aardenburg, Hollande, prov. de Zélande. Son église dédiée à Notre-Dame était célèbre dans toute la Flandre, au moyen âge, comme but de pèlerinage.
  367. D’après l’itinéraire d’Édouard III dressé par M.  Jean Lemoine (Chronique de Richard Lescot, p. 207), il aurait été à Bruges du 8 au 10 juillet, puis à Gand du 10 au 18.
  368. Le plan de cette campagne fut arrêté dès le 9 juillet à Bruges. À cette date, Édouard III demandant des subsides dit qu’il va répartir ainsi son armée. « Une partie avesque nous vers Tournay, ou il y avera cent mill homes de Flaundres armez, et mounseur Robert d’Artoys vers Seint Omer od cynquante mill, outre tous nouz alliez et leur poair » (Rymer, Fœdera, t. II, 2e  part., p. 1130. Cf. Jean le Bel, p. 181-182, et Chronographia, t. II, p. 125).
  369. Diquenme, Dixmude, Belgique, Flandre occidentale.
  370. Poperinghe, Belgique, Flandre occidentale.
  371. Cassel, Nord, arr. d’Hazebrouck, ch.-l. de cant.
  372. Bailleul, Nord, arr. d’Hazebrouck, ch.-l. de cant.
  373. Furnes, Belgique, Flandre occidentale.
  374. Bergues, Nord, arr. de Dunkerque, ch.-l. de cant.
  375. Bourbourg, Nord, arr. de Dunkerque, ch.-l. de cant.
  376. Espire, auj. Espierres, Belgique, Flandre occidentale, arr. et cant. de Courtrai.
  377. Eslin, auj. Helchin, Belgique, Flandre occidentale, arr. de Courtrai, cant. de Dottignies.
  378. Ce chapitre ne se trouve pas dans la Continuation de G. de Nangis (cf. t. II, p. 170), qui, comme la Chronique de Richard Lescot, n’a consacré que quelques lignes à cette affaire de Saint-Omer (p. 52, § 132). Cf. la Chronographia, t. II, p. 125 à 135 ; Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 386 à 392. Jean le Bel (t. I, p. 188 à 190) et Froissart (t. II, p. 76, § 133 à p. 79, § 135, et p. 253 à 256) racontent aussi la défaite des Flamands devant Saint-Omer et leur panique.
  379. Jean Ier, fils de Bernard VI.
  380. Paulin Paris, Grandes Chroniques, t. V, p. 389, l’a nommé par erreur « Jehan ».
  381. Jean de Vergy, fils de Jean de Vergy et de Gille de Vienne.
  382. Guillaume de Vergy, sire de Mirebeau.
  383. Sans doute Jean de Frolois, maréchal de Bourgogne.
  384. Le sire de Pesmes.
  385. C’est le comte de Montbéliard.
  386. Le sire de Ray.
  387. Jean de Chalon-Arlay, fils de Hugues de Chalon et de Béatrix de la Tour.
  388. Ghistelles, Belgique, Flandre occidentale.
  389. Saint-Venant, Pas-de-Calais, arr. de Béthune, cant. de Lillers.
  390. Robert de Fiennes dit Moreau, fils de Jean de Fiennes et d’Isabelle de Flandre, fille de Gui de Dampierre ; il devint connétable après la bataille de Poitiers (Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Foissart, t. XXI, p. 199-200).
  391. Wavrin, Nord, arr. de Lille, cant. de Haubourden.
  392. Hamelincourt, Pas-de-Calais, arr. d’Arras, cant. de Croisilles.
  393. Querqui, sans doute Créquy, Pas-de-Calais, arr. de Montreuil-sur-Mer, cant. de Fruges.
  394. Fosseus, sans doute Fosseux, Pas-de-Calais, arr. d’Arras, cant. de Beaumetz-les-Loges.
  395. Philippe VI fut à Arras du 6 au 29 juillet 1340 (Jules Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 68 et 69).
  396. Bambecque, Nord, arr. de Dunkerque, cant. d’Hondschoote.
  397. Le Neuf-Fossé, ancien fossé séparant la Flandre de l’Artois, actuellement canal de jonction de la Lys à l’Aa (comte de Loisne, Dict. topogr. du Pas-de-Calais, p. 273).
  398. P. Paris, dans son édition des Grandes Chroniques (t. V, p. 390), a mis par erreur : « entrerent ».
  399. Le Pont-Asquin, Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, cant. d’Aire-sur-la-Lys, comm. de Wardrecques.
  400. Arques, Pas-de-Calais, arr. et cant. de Saint-Omer.
  401. À Saint-Omer.
  402. Ruhout, auj. Rihout, Pas-de-Clais, arr. et cant. de Saint-Omer, comm. de Clairmarais.
  403. 26 juillet 1340.
  404. La Chronographia, t. II, p. 130, dit : « versus montem juxta Sanctum Bertinum », et Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 388, disent : « A l’autre lés, sur le mont dalés la maison de Saint-Bertin qui est au bout d’Arques vers Saint-Omer. »
  405. Atout I grant hui, avec un grand bruit. La Chronographia, t. II, p. 132, dit : « cum maxima cohorte ».
  406. Aconsurent, rejoignent.
  407. Bien que Istore et croniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 390, lui donnent la même origine, celle qui lui est attribuée par la Chronographia, t. II, p. 132 : « quidam miles Campanus », est plus vraisemblable.
  408. La Continuatio chronicarum d’Adam Murimuth, éd. Thompson, p. 108, dit, en effet : « Et incepit pugna hora tertia, et duravit usque ad horam vesperarum. »
  409. Les Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 391, l’appellent : « li contes de Montlison », et la Chronographia, t. II, p. 133 : « comes de Monbrisone ».
  410. Jean de Sainte-Croix, dit de Vienne (Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. XXIII, p. 90).
  411. Jean de Rely, Pas-de-Calais, arr. de Béthune, cant. de Norrent-Fontes.
  412. 26 juillet. La Chronographia (t. II, p. 134) a donné, par erreur, la date du 25 juillet. Cf. Déprez, op. cit., p. 333, note 7, et Chronique de Jean le Bel, t. I, p. 188, note 1.
  413. Sur la panique des Flamands, cf. Jean le Bel, t. I, p. 189-190, et Froissart, éd. Luce, t. II, p. 78-79.
  414. Le siège de Tournai dura du 1er  août au 27 septembre 1340 (Jean le Bel, t. I, p. 183, note 1). Sur ce siège, cf. Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 128 à 133.
  415. Aire, Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, ch.-l. de cant.
  416. Saint-André, Pas-de-Calais, arr. de Béthune, cant. de Norrent-Fontes, comm. de Witternesse. On trouve Philippe de Valois au prieuré de Saint-André les 20 et 30 juillet 1340 (Itinéraire, p. 69).
  417. Ces lettres d’Édouard III, ainsi que celles de Philippe de Valois reproduites au chapitre XXII, n’ont pas été données par la Continuation de G. de Nangis. Les lettres d’Édouard III, ainsi que celles de Philippe de Valois, ont été publiées dans Rymer, t. II, 2e  partie, p. 1131-1132, dans la Continuatio Chronicarum d’Adam Murimuth, éd. Thompson, p. 110 à 114, dans Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 392 à 394, dans Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. XVIII, p. 170 à 173. La Chronographia, t. II, p. 136 à 138, les donne traduites en latin.
  418. « Ovesque nous » (Rymer).
  419. « Voillez » (Rymer).
  420. Rymer ajoute ici « de nostre part et que bien quidoms que vous avierrez de votre part », au lieu de par vous
  421. Dans Rymer on a : « que brief point se prist ».
  422. Chyn, d’après Rymer, ce qui désignerait Chin, dépendance de Ramegnies-Chin, Belgique, prov. de Hainaut, à six kilomètres et demi de Tournai.
  423. Rymer donne la date du 26 juillet.
  424. « De part vous » (Rymer).
  425. « Que vous feistes al dit Phelip de Valois » (Ibid.).
  426. Cf. Chronographia, t. II, p. 147-148, et Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 395.
  427. Gautier de Brienne, duc d’Athènes.
  428. Louis, vicomte de Thouars, fils de Jean Ier.
  429. Ponce de Mortagne, dont la fille Marguerite épousa Jean de Clermont, maréchal de France (voir P. Guérin, Archives historiques du Poitou, t. XI, p. 269, note 1).
  430. Jean II de Chalon, comte d’Auxerre, qui fut tué à Crécy.
  431. Amauri IV de Craon, fils de Maurice VII et de Marguerite de Mello.
  432. Tulepin peut-être pour Turpin. Les Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 395, donnent : « messire Guy Dauphin ».
  433. Le comte de Roucy était alors Jean V, fils de Jean IV et de Jeanne de Dreux ; il avait plusieurs fils.
  434. Jean, comte de Clermont et dauphin d’Auvergne, qui épousa Anne de Poitiers, fille du comte de Valentinois.
  435. Dans le ms. fr. 17270 et non dans le ms. fr. 2813.
  436. Édouard Ier, fils de Guichard VI.
  437. Robert de Wavrin, seigneur de Saint-Venant, qui fut tué à Crécy.
  438. L’évêque de Metz était alors Adhémar de Monteil.
  439. Henri IV, comte de Bar, avait épousé Yolande de Flandre, fille et héritière de Robert, seigneur de Cassel.
  440. Du prieuré de Saint-André, Philippe VI alla successivement à Béthune, à Lens, campa près de Douai, près de la Bassée, et n’arriva à Bouvines que le 7 septembre 1340 (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 69).
  441. Bouvines, Nord, arr. de Lille, cant. de Cysoing. On trouve Philippe de Valois campé près du pont de Bouvines du 7 au 26 septembre (Itinéraire, p. 69).
  442. On peut rapprocher ces énumérations de seigneurs du parti du roi de France et du parti du roi d’Angleterre de celles qui sont données par Jean le Bel (éd. Viard et Déprez), t. I, p. 181 à 187 et 195-196, et par Froissart (éd. Luce), t. II, p. 42 et 43.
  443. Jean, roi de Bohême.
  444. Philippe le Bon, comte d’Évreux.
  445. Jean.
  446. Louis Ier dit le Grand.
  447. Jean III dit le Bon.
  448. Eudes IV.
  449. Raoul, fils de Ferry IV.
  450. Gautier VI de Brienne.
  451. Charles II de Valois.
  452. Louis Ier dit de Nevers.
  453. Aimon, second fils d’Amédée V.
  454. Jean Ier.
  455. Philippe de Bourgogne, fils d’Eudes IV, qui avait épousé Jeanne, comtesse d’Auvergne et de Boulogne.
  456. Henri IV.
  457. Adolphe II de la Mark.
  458. Pierre, fils de Jean II.
  459. Jean II.
  460. Gui de Châtillon.
  461. Louis II, comte de Sancerre.
  462. Les Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 396, ajoutent le comte d’Auxerre et, au lieu du comte de July, donnent « le comte de Joingny » ; ce serait alors Jean de Noyers, fils de Miles VI de Noyers et de Jeanne de Montbéliard. Cf. Chronographia, t. II, p. 149, qui donne aussi « (comes) Joingniaci ».
  463. Jean V, comte de Roucy.
  464. Le comte de Hereford, fils d’Humphroi de Bohun, comte de Hereford, et d’Élisabeth d’Angleterre.
  465. Guillaume de Bohun, comte de Northampton, fils puîné d’Humphroi de Bohun et d’Élisabeth, fille d’Édouard Ier, roi d’Angleterre.
  466. Henri de Lancastre, comte de Derby.
  467. Le comte de Southampton.
  468. Richard-Fitz-Alan, comte d’Arundel, fils aîné d’Edmond, comte d’Arundel, et d’Alice de Warren.
  469. Le baron de Stafford, Richard de Stafford, fils puîné d’Édouard de Stafford et de Marguerite de Basset.
  470. Jean III, dit le Triomphant.
  471. Renaud II, dit le Roux, duc de Gueldre.
  472. Guillaume II.
  473. Jean de Hainaut, comte de Soissons.
  474. Guillaume V.
  475. Thierri, comte de Chini.
  476. Thierri III.
  477. C’est, sans doute, cette sortie du connétable que rapporte aussi la Chronographia, t. II, p. 151. Pour toutes les opérations effectuées autour de Tournai, voir Ibid., p. 139 à 160, et Froissart, éd. Luce, t. II, p. 43 à 84.
  478. Jeanne de Valois, sœur de Philippe VI, avait épousé Guillaume Ier le Bon, comte de Hainaut et de Hollande, le 19 mai 1305. Après la mort de son mari (7 juin 1337), elle se retira au monastère de Fontenelles dont elle devint abbesse.
  479. Louis de Savoie, fils de Louis de Savoie, baron de Vaud, et de Jeanne de Montfort, mourut en 1350.
  480. Miles de Noyers, maréchal de France, mourut au mois de septembre 1350.
  481. Guillaume de Clinton, comte de Huntingdon.
  482. Henri de Burghersh, évêque de Lincoln depuis le 20 mai 1320, mourut à Gand au mois de décembre 1340.
  483. Geoffroi Le Scrop, conseiller d’Édouard III, qui mourut à Gand vers Noël 1340 (A. Murimuth, p. 120).
  484. Jean de Hainaut, fils de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, et frère de Guillaume Ier le Bon, avait épousé Marguerite de Nesle, comtesse de Soissons. Après la trêve d’Esplechin, il se rapprocha de Philippe de Valois et mourut le 11 mars 1357.
  485. Le sire de Cut ou Cuq est Othon de Cuyck, conseiller du roi d’Angleterre.
  486. Henri d’Antoing, fils de Hugues d’Antoing, prévôt de Douai, fut tué, en 1345, à la bataille de Staveren.
  487. Ce sont les trêves conclues à Esplechin (Belgique, prov. de Hainaut, arr. et cant. de Tournai) le 25 septembre 1340. Le texte de ces trêves a été donné par la Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 172-178 ; Rymer, t. II, 2e  partie, p. 1135-1136 ; Gilles Le Muisit, dans Recueil des Chroniques de Flandres, t. II, p. 228 à 231 ; R. d’Avesbury, éd. Thompson, p. 317 ; H. Knighton, éd. Rawson Lumby, t. II, p. 19-22 ; le Scala chronica, éd. Stevenson, p. 172. Voir, sur la conclusion de ces trêves, Jean le Bel, t. I, p. 202 à 209 ; Froissart, t. II, p. 79 à 84 et 256 à 262.
  488. Dès le 28 septembre, Philippe VI était à Lens (Itinéraire de Philippe VI de Valois, additions et rectifications, dans Bibl. Éc. des chartes, t. LXXXIV (1923), p. 170) et le 1er  octobre à Noyon (Itinéraire, p. 70).
  489. Édouard III, de retour à Gand dès le 28 septembre, y séjourna jusque vers la fin du mois de novembre. Il rentra à la Tour de Londres le 30 novembre au soir (Chronique de Richard Lescot, p. 207 ; Déprez, op. cit., p. 357).
  490. Ms. fr. 17270 : « lever le siege et laissier ».
  491. Geoffroi Le Baker, éd. Thompson, donne les noms d’un certain nombre de personnes qui furent emprisonnées.
  492. L’archevêque de Cantorbéry était alors Jean de Stratford. Sur le retour d’Édouard III à Londres et l’affaire de Jean de Stratford, voir Robert d’Avesbury, De Gestis Edwardi tertii, éd. Thompson, p. 323 à 329. Cf. Déprez, op. cit., p. 359 à 363.
  493. Les Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 400, ainsi que la Chronographia, éd. Moranvillé, t. II, p. 164, appellent cette localité la Veure, qui, d’après M.  Moranvillé, Ibid., note 1, serait aujourd’hui Tervueren, Belgique, prov. de Brabant, arr. et cant. de Louvain, à treize kilomètres et demi de Bruxelles.
  494. Pour ce chapitre et les chapitres XXVI et XXVII, cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 400 à 404 ; Adam Murimuth, Continuatio chronicarum, éd. Thompson, p. 263 à 271. Voir aussi Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 213 à 219.
  495. Alphonse XI, roi de Castille, de 1312 à 1350.
  496. Sans doute Pedro Gomez de Barrosso, cardinal de Sainte-Praxède, évêque de Sabine, qui était légat en France.
  497. Garnate, Grenade.
  498. Alphonse IV, roi de Portugal de 1325 à 1357.
  499. Gibaltoire, Gibraltar.
  500. Le nom de Picazo serait Abû Mâlik, ou Abd-el-Malek.
  501. Sous ce nom de Belle Marine serait désignée la dynastie des Banû Marîn ou Beni-Merin et le sultan était Abu’l-Hasan.
  502. Gersye, Algésiras. Cette ville fut prise par les chrétiens le 26 mars 1344, après un siège de vingt mois (Art de vérifier les dates, éd. in-8o, depuis 1770 à nos jours, t. III, p. 112).
  503. Cf. A. Murimuth, p. 264.
  504. Sires merveilleux du cours de la mer (cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 402, note 3).
  505. Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 402.
  506. Cf. Ibid., t. I, p. 403.
  507. C’est la victoire de Rio-Salado remportée sur les Sarrasins qui assiégeaient Tarifa par les rois de Castille et de Portugal, le 30 octobre 1340 (Art de vérifier les dates, éd. in-8o, depuis 1770, t. III, p. 110).
  508. Sur la prolongation de la trêve d’Esplechin, qui devait expirer le 24 juin 1341, d’abord jusqu’au 29 août 1341, puis jusqu’au 24 juin 1342, voir Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 273-274, et Rymer, Fœdera, t. II, 2e  partie, p. 1165-1166, 1175 et 1177, lettres des 18 juin, 21 juin, 2 septembre et 27 septembre 1341.
  509. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 54 à 56. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. II, p. 185 à 188. Jean le Bel (éd. Viard et Déprez), t. I, p. 244 à 272, et Froissart (éd. Luce), t. II, p. 86 à 116 et 265 à 324, s’étendent beaucou plus que les Grandes ' Chroniques sur la première partie de la guerre de succession de Bretagne, jusqu’au début du siège d’Hennebon.
  510. Jean III, duc de Bretagne, mourut à Caen, le 30 avril 1341.
  511. Charles de Blois était fils de Gui de Châtillon, comte de Blois, et de Marguerite, sœur de Philippe de Valois. Il épousa Jeanne de Penthièvre par contrat du 4 juin 1337.
  512. Jeanne, fille et héritière de Gui de Bretagne et de Jeanne d’Avaugour. Ce Gui de Bretagne, comte de Penthièvre et vicomte de Limoges, était le deuxième fils d’Arthur II. Sur Jeanne de Penthièvre, voir Dom François Plaine, Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne, et Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort.
  513. Jean de Montfort n’était que frère par père du duc Jean III. Arthur II, leur père, avait eu trois fils, Jean, Gui et Pierre, de sa première femme, Marie de Limoges, morte en 1291. En 1294, il épousa en secondes noces Yolande de Dreux, fille de Robert IV, comte de Dreux, unique héritière de Jean, comte de Montfort-l’Amauri, et veuve du roi d’Écosse Alexandre III. Il en eut un fils, Jean, comte de Montfort, et cinq filles.
  514. Sur cette question du droit de représentation, voir Arthur Le Moyne de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 411 et suiv.
  515. Arrêt du 7 septembre 1341 (cf. H. Furgeot, Actes du Parlement de Paris, Jugés, t. I, p. 368, no  3669, dans Archives nationales. Inventaires et documents publiés par la Direction des Archives). Cet arrêt est publié par Dom Morice, Histoire de Bretagne, Peuves, t. I, col. 1421 à 1424.
  516. Sur la chevauchée que Jean de Montfort aurait faite en Bretagne en juin-juillet 1341 pour se rallier le pays, voir A. Le Moyne de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 425 à 429, et Froissart, éd. Luce, t. II, p. 89 à 100 et 269 à 291. Cf. Chronographia, t. II, p. 167 à 175.
  517. L’expédition du duc de Normandie en Bretagne commença au mois de septembre 1341 (Froissart, éd. Luce, t. II, p. XXXIX, note 2).
  518. Champtoceaux, Maine-et-Loire, arr. de Beaupré, ch.-l. de cant. Le siège de cette ville dura au moins du 10 au 26 octobre 1341, d’après Froissart, éd. Luce, t. II, p. XLI, note 1. D’après la Chronographia, t. II, p. 187, note 2, et p. 190, la prise de Champtoceaux serait postérieure au 1er  novembre.
  519. La ville de Nantes se serait rendue le 21 novembre 1341 au plus tard (Froissart, éd. Luce, t. II, p. XLII, note 2. Cf. A Le Moyne de la Borderie, op. cit., t. III, p. 441). Sur le siège de cette ville, voir Jean le Bel, t. I, p. 268 à 270, et Froissart, t. II, p. 110 à 113 et 310 à 321.
  520. Jeanne de Flandre, fille de Louis Ier de Flandre, comte de Nevers et de Rethel, et de Jeanne de Rethel, sœur, par conséquent, de Louis Ier dit de Nevers et de Crécy, comte de Flandre, avait épousé Jean, comte de Montfort, au mois de mars 1329 (D. François Plaine, Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne, et Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort, p. 6).
  521. Hervé de Léon avait été partisan de Jean de Montfort depuis le début de la guerre jusqu’à la prise de Nantes (Jean le Bel (éd. Viard et Déprez), t. I, p. 249 et 270, et Froissart, t. II, p. 89 et 110, et p. 270 et 316).
  522. C’est à Trégarantec, Finistère, arr. de Brest, cant. de Lesneven, qu’Hervé de Léon fut pris, en 1342, par Gautier de Manny et Tangui du Chastel (D. Morice, Histoire de Bretagne, Peuves, t. I, col. 7 ; Chronique de Richard Lescot, p. 56). Cf. A. Le Moyne de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 459-460.
  523. Hennebont, Morbihan, arr. de Lorient, ch.-l. de cant. Sur le siège de cette ville, qui eut lieu dans la première moitié du juin 1342, voir Jean le Bel, t. I, p. 307 à 311 ; Froissart, t. II, p. 141 à 147. Cf. A. Le Moyne de la Borderie, op. cit., t. III, p. 451 à 458 ; D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 255 et 256. D. François Plaine, dans Jeanne de Penthièvre, duchesse de Bretagne, et Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort, étude biographique et critique, p. 8 à 10, regarde comme fabuleux les exploits attribués à Jeanne de Flandre pendant ce siège par Jean le Bel et par Froissart.
  524. Gams, Series episcoporum, p. 541, aux évêques de Conserans ou Saint-Lizier, et Eubel, Hierarchia catholica, t. I, p. 211, donnent comme date de sa mort le 31 janvier 1342.
  525. Louis Ier dit le Grand, duc de Bourbon, était fils de Robert de France, comte de Clermont, et de Béatrix de Bourbon. La Chronique de Richard Lescot (p. 54) donne comme date de sa mort : « Dominica ante Brandones », soit le 10 février 1342.
  526. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 57, § 141, à p. 59. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. II, p. 191-192. On pourra encore voir, pour ce qui concerne la guerre de Bretagne, la Chronique normande, p. 55 à 59, et Chronographia, t. II, p. 196 à 204. Jean le Bel, t. II, p. 1 à 21, et Froissart, éd. Luce, t. III, p. 1 à 35 et 197 à 247, s’étendent beaucoup plus sur tous ces événements.
  527. Voir, p. 217, la note relative à cette prolongation de la trêve d’Esplechin.
  528. Après la mort de Benoît XII, les cardinaux, avant le conclave, et Clément VI, avant son couronnement, essayèrent de ramener la paix entre la France et l’Angleterre (E. Déprez, La guerre de Cent ans à la mort de Benoît XII, dans Revue historique, t. LXXXIII (1903), p. 58 à 76).
  529. Il fut nommé prieur de Saint-Bausile au diocèse de Nîmes, le 24 avril 1324 (Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. II, p. 272).
  530. Charles, comte d’Alençon, et Louis, comte de Flandre, les accompagnèrent dans ce voyage (Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 271).
  531. Eudes IV était rentré en Bourgogne au commencement de juin (Ernest Petit, op. cit., p. 272). Des dons furent faits par le pape aux gens de la suite des ducs de Normandie, de Bourgogne et de Bourbon (E. Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, p. 392, note 1).
  532. Robert d’Artois, qui, dès le 10 mars 1342, songeait à passer en Bretagne, était à Southampton prêt à mettre à la voile le 13 août suivant, et le 15 août la flotte était partie (Jean le Bel, t. II, p. 8 à 11, et Rymer, Fœdera, t. II, 2e  part., p. 1209. Cf. Chronique normande, p. 54-55, et Froissart, éd. Luce, t. III, p. 8 à 11 et 208 à 212).
  533. Penestre est l’évêque de Préneste ou Palestrina, Pierre des Prés, archevêque d’Aix, chancelier de l’église romaine, promu cardinal en 1320 et mort en 1361.
  534. Hanibal de Neapole est Annibal de Ceccano, archevêque de Naples, cardinal-évêque de Frascati, mort en 1350.
  535. Jean de Marigny, évêque de Beauvais depuis 1312, transféré en 1347 à l’archevêché de Rouen. Il avait été nommé lieutenant du roi en Gascogne, Agenais, Bordelais, Saintonge et dans tout le Languedoc par lettres du 6 avril 1342 (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. X, col. 901, no  351. Cf. t. IX, p. 540).
  536. Robert d’Artois mourut en Bretagne entre le 6 octobre et le 20 novembre 1342 (Froissart, éd. Luce, t. III, p. V, note 2) et non en Angleterre, comme le disent Jean le Bel (éd. Viard et Déprez, t. II, p. 12-13), Froissart (éd. Luce, t. III, p. 20 et 223-224), la Chronique normande, p. 56, et la Chronographia, t. II, p. 199. Il fut enterré à Londres, chez les Frères Prêcheurs, à la fin de janvier 1343 (Jean le Bel, Ibid., p. 13, note 1). Cf. Chronique normande, p. 261, note 1.
  537. Édouard III ne vint pas en Bretagne en septembre ; mais, parti de Portsmouth le 23 octobre 1342, il débarqua près de Brest le 30 (Adam Murimuth, Continualio chronicarum, éd. Thompson, p. 128. Cf. Robert d’Avesbury, De Gestis Edwardi tertii, publié à la suite de Murimuth, p. 330 ; Knyghton, éd. Lawson Rumby, t. II, p. 26 ; Chronique de Richard Lescot, p. 207, note 1, et Jean le Bel, t. II, p. 15, note 2).
  538. Jean IV ou V de Montfort, fils de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre, emmené par sa mère en Angleterre au commencement de 1343 et confié aux soins de la reine Philippe (Chronique de Richard Lescot, p. 69, note 2), avait épousé en premières noces Marie, fille d’Édouard III.
  539. Le 5 décembre 1342, on a des lettres d’Édouard III datées du siège de Vannes et il dit qu’il envoie vers Nantes le comte de Northampton, le comte de Warwick et Hugh Spencer avec d’autres bannerets et 400 hommes d’armes (R. d’Avesbury, op. cit., p. 340-342). Cf. Jean le Bel, t. II, p. 16 à 18 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p, 20 à 29, 224 à 239, et Chronique normande, p. 56-57. On trouve Édouard III devant la ville de Vannes jusqu’au 23 janvier 1343 (Chronique de Richard Lescot, p. 208).
  540. « Venit Redonis » (Chronique de Richard Lescot, p. 59). Rezons désignerait donc Rennes, plutôt que Redon, comme l’indique P. Paris dans son édition des Grandes Chroniques, t. V, p. 419, note 1. L’Itinéraire de Philippe de Valois, additions et rectifications (Bibl. Éc. des chartes, t. LXXXIV (1923), p. 170), nous apprend qu’il était dans cette ville le 23 janvier 1343.
  541. Marmoutiers, Indre-et-Loire, arr. et cant. de Tours, comm. de Sainte-Radegonde.
  542. D’après le ms. fr. 17270, fol. 403.
  543. On trouve Édouard III le 1er  mars à Westminster (Chronique de Richard Lescot, p. 208).
  544. Philippe de Valois quitta la Bretagne vers la fin de janvier. D’après son Itinéraire, il était encore à Ploërmel (Morbihan) le 26, et le 28 on le trouve déjà dans la Sarthe, à Sablé.
  545. Des trêves furent conclues le 19 janvier 1343 dans le prieuré de Sainte-Marie-Madeleine à Malestroit (Morbihan, arr. de Ploërmel, ch.-l. de cant.) par l’entremise des cardinaux Pierre des Prés, évêque de Palestrina, et Annibal Ceccano, évêque de Frascati, légats du Saint-Siège (Murimuth, p. 129 à 135, et R. d’Avesbury, p. 344 à 348, donnent le texte de la trêve). Cf., dans Rymer, t. II, 2e  part., p. 1216, des lettres de Clément VI, du 12 décembre 1342, adressées à Édouard III pour l’engager à bien accueillir les propositions de paix transmises par les cardinaux.
  546. Le texte des trêves est différent : « in Britannia et in Vasconia infra quindecim dies, et in Flandria infra quindecim dies, et in Anglia et in Scocia infra XLa dies » (Murimuth, p. 132. Cf. R. de Avesbury, p. 346).
  547. Ce fut par acte du 23 avril 1343 que le Dauphiné fut assuré à Philippe, second fils de Philippe de Valois (J.-J. Guiffrey, Histoire de la réunion du Dauphiné à la France, p. 31 à 36 et p. 146 à 173, pièces justificatives nos II et III).
  548. En marge : nota.
  549. L’ordonnance du 20 mars 1343 (Ord., t. II, p. 179) compléta l’organisation de la gabelle qui avait été déjà établie par une ordonnance du 16 mars 1341 (cf. Jules Viard, Les ressources extraordinaires de la royauté sous Philippe VI de Valois, p. 28-29, extrait de la Revue des Questions historiques, juillet 1888).
  550. De 1337 jusqu’au 23 août 1343, des ordonnances ne cessèrent pas d’affaiblir la monnaie de compte en changeant les espèces monnayées (Ad. Vuitry, Études sur le régime financier de la France avant la révolution de 1789. Nouvelle série. Philippe le Bel et ses trois fils (1285-1328). Les trois premiers Valois (1328-1380), t. II, p. 232 à 243).
  551. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 60 à 62.
  552. Jean IV, comte de Harcourt, qui fut tué à la bataille de Crécy. Voir, sur lui, de la Roque, Histoire généalogique de la maison de Harcourt, t. I, p. 357 à 370.
  553. La fille de Roger Bacon, qui devait épouser Guillemet Bertrand, deuxième fils du maréchal Robert Bertrand, était Jeannette Bacon (L. Delisle, Hist. du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 51).
  554. Ce fut par lettres du 30 mars 1341 que Philippe de Valois défendit au comte de Harcourt et à Robert Bertrand de se guerroyer (L. Delisle, op. cit., pièces justificatives, p. 87).
  555. Godefroi de Harcourt fut déclaré coutumace par jugement du 15 juillet 1344 (L. Delisle, op. cit., pièces justificatives, p. 105).
  556. Le château de Neuilly, Calvados, arr. de Bayeux, cant. d’Isigny.
  557. Chronique de Richard Lescot, p ; 60 : « episcopum Baiocensem ». Guillaume Bertrand était, en effet, évêque de Bayeux. Il avait été transféréé de Noyon à Bayeux le 23 janvier 1338 et il occupa ce siège jusqu’au 14 mai 1347, date à laquelle il fut nommé évêque de Beauvais. Il mourut le 19 mai 1356.
  558. Erdre, s’attacher.
  559. Guy de Castres, successeur de Gilles de Pontoise comme abbé de Saint-Denis, avait été élu au mois de mars 1326 et son élection fut confirmée le 27 avril suivant. Il mourut en 1350 (D. Félibien, Histoire de l’abbaye royale de Saint-Denis en France, p. 269 et 274).
  560. Gilles Rigaud, qui fut élevé au cardinalat le 17 décembre 1350, mourut à la fin de l’année 1351 (D. Félibien, op. cit., p. 272).
  561. Philippe d’Évreux, roi de Navarre, qui avait été au secours du roi de Castille, Alphonse XI, contre les Maures, tomba malade au siège d’Algésiras et mourut à Xérès le 16 ou le 26 septembre 1343 (Art de vérifier les dates, in-fol., t. I, p. 755).
  562. Son cœur fut enterré aux Jacobins le 3 décembre 1343 (J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, t. II, p. 211).
  563. La Noë, abbaye de Cisterciens, auj. Eure, arr. d’Évreux, cant. de Conches, comm. de La Bonneville.
  564. Philippe VI autorisa Jeanne, reine de Navarre, à renoncer aux dettes de son mari le 3 novembre 1343, et la renonciation de la reine est du 20 novembre (J. Viard, op. cit., t. II, p. 213-215. Cf. d’Achery, Spicilège, éd. 1723, t. III, p. 721).
  565. Sur l’exécution d’Olivier de Clisson, cf. Chronique de Richard Lescot, p. 62, § 152. Jean le Bel, t. II, p. 22 à 25, et Froissart, t. III, p. 35 et 36 et 247 à 250.
  566. Olivier de Clisson fut exécuté le 2 août 1343. Le procès-verbal de son exécution a été publié par S. Luce, Froissart, t. III, p. ix, note 3.
  567. Édouard III fait savoir, dans une lettre datée du 5 décembre 1342, qu’Olivier de Clisson, avec d’autres seigneurs bretons, était passé du côté des Anglais (Robert d’Avesbury, De gestis mirabilibus regis Edwardi tertii, à la suite d’Adam Murimuth, éd. Thompson, p. 340-341). Cf. Istore et croniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 9 ; Chronique des quatre premiers Valois, p. 7, et Chronographia, t. II, p. 202-203, 205.
  568. Jeanne de Belleville, seconde femme d’Olivier III de Clisson, fut bannie par arrêt du 1er  décembre 1343. Ses biens qui avaient été confisqués furent rendus, en 1362, à son fils Olivier IV de Clisson, le connétable (P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 203).
  569. Ce fut par sentence du 15 juillet 1344 que Godefroi de Harcourt, ajourné pour la quatrième fois, fut condamné par défaut au bannissement et à la confiscation de ses biens (L. Delisle, Hist. du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, pièces justificatives, p. 105, no  76).
  570. Jean de Montfort fut élargi le 1er  septembre 1343 (D. Morice, Hist. de Bretagne, t. I, p. 269, et A. Le Moyne de La Borderie, Hist. de Bretagne, t. III, p. 440).
  571. Voir dans Rymer, Fœdera, t. II, 2e  part., p. 1231, des lettres d’Édouard III, du 29 août 1343, par lesquelles il envoie auprès de Clément VI douze délégués pour chercher à ramener la paix entre lui et Philippe VI de Valois. Cf. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. VI, p. 317-318.
  572. Chronique de Richard Lescot, éd. Lemoine, p. 62, § 150.
  573. Sur ce différend qui éclata en 1343 entre Pierre IV, roi d’Aragon, et Jacques II, roi de Majorque, voir A. Lecoy de la Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. II, p. 80 à 135.
  574. Chronique de Richard Lescot, p. 62, § 151. « Quidam falsarii. ».
  575. Voir, dans le recueil des Ordonnances, t. II, p. 182 à 188 et 191 à 195, les ordonnances du 22 août et du 26 octobre 1343 sur les monnaies. Cf. Ad. Vuitry, Études sur le régime financier de la France avant la révolution de 1789, t. II, p. 244 à 251.
  576. Chronique de Richard Lescot, p. 63, § 157.
  577. 29 novembre 1343. Le procès-verbal d’exécution de ces chevaliers bretons a été publié par Luce, Froissart, t. III, p. x, note 1. Ces chevaliers, avec une troupe de 160 hommes, avaient assailli, dans un guet-apens, Charles de Blois, qui se rendait à Paris. Douze furent faits prisonniers et, sur ces douze, dix furent décapités. Ceux qui ne figurent pas parmi les suppliciés sont Foulques de Laval, chevalier, et Guillaume des Breux ou de Briex, écuyer (cf. Chronographia, t. II, p. 207, note 1, et Chronique normande, p. 61 et 262, note 3).
  578. Voici les noms des dix chevaliers et écuyers exécutés, d’après le procès-verbal d’exécution : Geoffroy de Malestroit l’aîné et Geoffroy de Malestroit le jeune, Guillaume de Briex, Alain de Cadillac, Jean de Montauban, Denis du Plaissié, chevaliers, Jean Malart, Jean des Briez, Raoulet des Briex et Jean de Sevedavi ou Sevedain, écuyers.
  579. Cf. Chronique de Richard Lescot, p. 63, § 158 ; Jean le Bel, t. II, p. 23 ; Froissart, t. III, p. 36 et 248 à 250.
  580. Ces chevaliers avaient été condamnés le 31 mars 1344. Le procès-verbal de leur exécution a été publié par L. Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, pièces justificatives, p. 99, no  72.
  581. Laudun (ms. fr. 2813, fol. 377). Nous avons corrigé d’après le ms. fr. 17270.
  582. Jean, sire de la Roche-Tesson (Manche, arr. de Saint-Lô, cant. de Percy, comm. de la Colombe).
  583. Richard de Percy.
  584. Dans un Rapport à Philippe VI sur l’état de ses finances, en 1344 (Bibl. Éc. des chartes, t. XLVIII (1887), p. 388), le revenu annuel des terres du sire de la Roche-Tesson est estimé à 3,000 livres tournois, celui des terres de Guillaume Bacon à 800 livres tournois et celui des terres de Richard de Percy à 500 livres tournois.
  585. Chronique de Richard Lescot, p. 63, § 156.
  586. Jean, duc de Normandie, accompagné d’Eudes IV, duc de Bourgogne, et d’une nombreuse suite, vint à Avignon le 31 mai 1344 (E. Petit, Hist. des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VII, p. 321).
  587. Les représentants du roi d’Angleterre qui avaient été chargés de traiter de la paix par lettres du 24 mars 1344 étaient Henri de Lancastre, comte de Derby, et Richard, comte d’Arundel (Rymer, t. III, p. 10). Cf., pour les efforts de Clément VI en faveur de la paix entre Édouard III et Philippe VI, Raynaldi, t. VI, p. 369.
  588. Hélie de Talleyrand, fils d’Hélie VII, comte de Périgord, évêque de Limoges en 1324, d’Auxerre en 1329, nommé cardinal en 1331, mourut en 1364.
  589. Jean de Chalon, comte d’Auxerre.
  590. Cette rixe éclata le 11 juin 1344 (E. Petit, op. cit., p. 330).
  591. D’après la Chronique normande, p. 62, Henri de Malestroit aurait été pris à Quimper, lorsque la ville se rendit à Charles de Blois.
  592. C’est le 12 octobre 1344 qu’Henri de Malestroit fut condamné à la prison perpétuelle après avoir été promené par la ville et mis à l’échelle au parvis Notre-Dame (Chronographia, t. II, p. 209, note 1).
  593. Dans des lettres du 3 août 1344, par lesquelles il annonce à Clément VI l’envoi de ses délégués, Édouard III se plaint que « sub umbrâ præsentis treugæ, dampna sunt inœstimabilia et intolerabilia nobis data » (Rymer, t. III, p. 18. Cf. dans Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. XVIII, p. 202 à 272, de nombreuses pièces relatives aux conférences qui eurent lieu à Avignon, aux mois d’octobre et novembre 1344, entre le pape et les envoyés d’Édouard III).
  594. La Chronique de Richard Lescot, p. 65, § 160, donne par erreur : « octava die ».
  595. Philippe, duc d’Orléans et comte de Valois, cinquième fils de Philippe VI de Valois.
  596. Blanche, fille posthume de Charles IV le Bel, était née le 1er  avril 1328.
  597. Jeanne, fille de Louis de France, comte d’Évreux, troisième femme de Charles le Bel.
  598. 19 janvier 1345 (n. st.). Raoul, comte d’Eu, fut donc tué le 19 janvier et non le 18, comme l’indiquent l’Art de vérifier les dates, éd. in-fol., t. II, p. 800, éd. in-8o, t. XII, p. 426 et 458, le Trésor de chronologie, col. 1596, le P. Anselme, t. VI, p. 126.
  599. Chronique de Richard Lescot, p. 65, § 161.
  600. Un blanc. Ms. fr. 17270, fol. 407 vo : « que au ansdu moins ».
  601. Chronique de Richard Lescot, p. 65, § 162.
  602. Sur la conquête des îles Baléares, du Roussillon et de la Cerdagne, en 1343-1344, par Pierre IV, roi d’Aragon, sur Jacques II, roi de Majorque, voir Lecoy de La Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. II, p. 109 à 135.
  603. Cf. Chronique de Richard Lescot, p. 65, § 163 ; Chronique normande, p. 62-63 ; Chronographia, t. II, p. 209-210.
  604. Les lettres par lesquelles Édouard III annonce au pape qu’il défie son adversaire, Philippe de Valois, sont du 26 mai 1345 (Rymer, p. 41. Voir aussi (ibid.) d’autres lettres analogues écrites à plusieurs cardinaux).
  605. Édouard III, parti le 3 juillet de Sandwich (Rymer, t. III, p. 46), était déjà le 5 à l’Écluse (Chronique de Richard Lescot, p. 66, note 2 et p. 208).
  606. Sur la mort d’Artevelde, cf. Froissart, éd. Luce, t. III, p. 97 à 103 et 315 à 319.
  607. Kervyn de Lettenhove (Œuvres de Froissart, t. IV, p. 464 à 475) assigne avec vraisemblance à la mort d’Artevelde la date du 24 juillet au lieu de celle du 17. Cf. Histoire de Flandre, t. III, p. 290 à 296, et Pirenne, Hist. de Belgique, t. II, p. 119, note 1.
  608. Édouard III était de retour à Sandwich le 25 juillet (Chronique de Richard Lescot, p. 66, note 2 et p. 208) ; Rymer (t. III, p. 53) dit que, le 26 juillet, Édouard III « apud Sandwicum, hora prima applicuit ».
  609. Sur ce siège de Quimper par Jean de Montfort, que Charles de Blois fit lever, voir A. Le Moyne de La Borderie, Hist. de Bretagne, t. III, p. 498.
  610. André, fils puîné de Charobert, roi de Hongrie, avait épousé, le 26 septembre 1333, Jeanne, petite-fille et héritière de Robert dit le Sage et le Bon, roi de Naples. D’après l’Art de vérifier les dates, éd. in-8o, t. XVIII, p. 324-325, il aurait été tué le 18 septembre 1345.
  611. Chronique de Richard Lescot, p. 68, § 167. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. II, p. 195.
  612. La bataille de Staveren (Hollande, prov. de Frise) dans laquelle fut tué Guillaume II, comte de Hainaut, eut lieu le 26 septembre 1345. Voir, sur cette bataille, Jean van Malderghem, La bataille de Staveren, 26 septembre 1345, Bruxelles, 1869, in-8o, et Kervyn de Lettenhove, Froissart, t. IV, p. 475 à 479.
  613. On pourra rapprocher la liste des Grandes Chroniques de celles qui sont données par Butkens (Trophées du duché de Brabant, t. I, p. 433) et par Léopold Devillers (Cartulaire des comtes de Hainaut, t. I, p. 255, note 3).
  614. Jean de Montfort mourut à Hennebont le 26 septembre 1345.
  615. Chronique de Richard Lescot, p. 66, § 165.
  616. Jean, duc de Normandie, marcha contre Derby vers la fin du mois de septembre 1345 (Bertrandy, Étude sur les chroniques de Froissart, guerre de Guienne, p. 262-263).
  617. Derby, qui, le 11 juin 1345, était à Southampton sur le point de partir (Rymer, t. III, p. 44), ne put débarquer en Guyenne que dans le mois de juillet, à cause des vents contraires (Bertrandy, op. cit., p. 27).
  618. Derby prit Bergerac le 24 août 1345 (Froissart, éd. Luce, t. III, p. xiii, note 3. Cf. Bertrandy, op. cit., p. 34).
  619. Louis de Poitiers, comte de Valentinois, fut tué au combat d’Auberoche le 23 octobre 1345 et son frère Aymar y fut fait prisonnier. Quant à Bertrand, comte de l’Isle-Jourdain, c’est aussi à Auberoche qu’il fut pris (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 575).
  620. La ville de La Réole se soumit sans résistance aux Anglais, et Derby y était à la date du 13 novembre 1345 (Bertrandy, op. cit., p. 161 à 165 et 186. Cf. Froissart, t. III, p. xxi, note 2), Mais le château résista énergiquement, il était encore aux Français à la fin de janvier 1346 (Chronique normande, p. 268, note 5).
  621. Pendant les premiers mois de 1346, Jean, duc de Normandie, résida constamment en Limousin, en Poitou et en Angoumois, occupé de réunir des troupes et des approvisionnements (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 585, note 5).
  622. Jean, duc de Normandie, qui avait dressé ses tentes devant Aiguillon entre le 10 et le 15 avril 1346 (Bertrandy, op. cit., p. 310), leva ce siège le 20 août d’après une lettre de Derby publiée par R. d’Avesbury (op. cit., p. 373). Voir sur ce siège : Jean le Bel, t. II, p. 55 à 64.
  623. Chronique de Richard Lescot, p. 67, § 166.
  624. 29 novembre 1345.
  625. Guillaume Bohun, comte de Northampton, avait été institué par Édouard III son lieutenant général en Bretagne le 24 avril 1345 (Rymer, t. III, p. 37).
  626. Carhaix, Finistère, arr. de Châteaulin, ch.-l. de cant.
  627. Guingamp, Côtes-du-Nord, ch.-l. d’arr.
  628. Tréguier, Côtes-du-Nord, arr. de Lannion, ch.-l. de cant.
  629. La Roche-Derrien, Côtes-du-Nord, arr. de Lannion, ch.-l. de cant.
  630. 30 novembre.
  631. 1er  décembre.
  632. 3 décembre.
  633. 10 décembre.
  634. L’évêque de Tréguier était alors Richard ou Raoul de Poirier (1338-1353).
  635. 12 décembre.
  636. Lannion, Côtes-du-Nord.
  637. 15 décembre.
  638. Saint-Pol-de-Léon, Finistère, arr. de Morlaix, ch.-l. de cant.
  639. En marge : « Nota. »
  640. Ancien nom de Tréguier.
  641. La cathédrale Saint-Tugdual.
  642. On fait sans doute allusion à l’ordonnance du 2 octobre 1345, par laquelle Philippe de Valois suspendit pendant un an, à partir du 1er  octobre, les gages d’un grand nombre d’officiers parmi lesquels figurent les avocats au Parlement (Ord., t. II, p. 235).
  643. C’est à cette date (2 février 1346) que furent convoqués les États-généraux de la Langue d’Oïl pour chercher le moyen d’arriver à la suppression des gabelles et de l’impôt de quatre deniers pour livre (Ord., t. II, p. 238 ; Hervieu, Recherches sur les premiers États-Généraux, p. 215 à 219, et J. Viard, Les ressources extraordinaires de la royauté sous Philippe VI de Valois, p. 33-34).
  644. Chronique de Richard Lescot, p. 69, § 170.
  645. Sur ce personnage et sa famille, voir Un oublié, Geoffroy de Pontblanc, par Ernest Rivière, Rennes, Fr. Simon, et Lannion, A. Anger, in-8o de 91 p.
  646. Thomas Dagworth, dans une lettre que rapporte Robert d’Avesbury (De gestis Edwardi tertii, p. 388-389), le nomme : Richard de Totesham.
  647. Geoffroi de Kérimel (D. Morice, Hist. de Bretagne, t. I, p. 274).
  648. Auj. Jaudy (Côtes-du-Nord), une des deux branches mères de la rivière de Tréguier.
  649. Cf. Chronique de Richard Lescot, p. 75, § 173 ; elle donne à Simon Poulliet le titre de bourgeois de Paris.
  650. Cf. Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 70 à 87 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p. 131, § 255 à p. 150 et p. 357 à 384 ; Chronique de Richard Lescot, p. 70, § 171 à p. 73.
  651. Sur les préparatifs de Philippe VI pour organiser une flotte, voir Jules Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 4-5 (extrait du Moyen âge, 2e  série, t. XXVII, 1926).
  652. Harfleur, Seine-Inférieure, arr. du Havre, cant. de Montivilliers.
  653. Saint-Vaast-de-la-Hougue, Manche, arr. de Valognes, cant. de Quettehou.
  654. Auj. Neuilly, Calvados, arr. de Bayeux, cant. d’Isigny.
  655. Montebourg, Manche, arr. de Valognes, ch.-l. de cant.
  656. Carentan, Manche, arr. de Saint-Lô, ch.-l. de cant. Édouard III prit cette ville le 20 juillet (J. Viard, op. cit., p. 15).
  657. Ils y furent décapités le 14 décembre 1346.
  658. Saint-Lou (Bibl. nat., ms. fr. 17270, fol. 411).
  659. Guillaume Bacon, Jean, sire de la Roche-Tesson, et Richard de Percy, partisans de Godefroi d’Harcourt, qui avaient été exécutés le 3 avril 1343 à Paris.
  660. Torigny, Manche, arr. de Saint-Lô, ch.-l. de cant. Édouard III y fut le 23 juillet (J. Viard, op. cit., p. 18).
  661. Robert Bertran, baron de Bricquebec, maréchal de France, fut tué à la bataille de Crécy.
  662. Guy de Tournebu, sire de Grimbosc.
  663. Raoul III, comte d’Eu et de Guines, que Jean II le Bon fit décapiter le 18 novembre 1350.
  664. Jean, sire de Tancarville, vicomte de Melun. Pris par les Anglais en défendant la ville de Caen le 26 juillet 1346, Philippe VI lui permit, au mois d’août 1347, d’aliéner jusqu’à 300 livres de rente ou de terre afin de pouvoir se délivrer (Arch. nat., JJ 77, no  216. Cf. J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, no  1018).
  665. La ville de Caen fut attaquée et prise dans la journée du 26 juillet (Henri Prentout, La prise de Caen par Édouard III en 1346, p. 30 à 38. Extrait des Mémoires de l’Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, 1904).
  666. Édouard III fut à Lisieux le 2 et le 3 août (J. Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 32 et 36).
  667. L’armée anglaise n’alla pas à Falaise, mais passa par Duranville, le Theil-Nollent, Brionne, le Bec-Hellouin, le Neubourg, pour être le 7 août à Elbeuf et à Pont-de-l’Arche (J. Viard, op. cit., p. 36 à 38).
  668. Pont-de-l’Arche, Eure, arr. de Louviers, ch.-l. de cant.
  669. Vernon, Eure, arr. d’Évreux, ch.-l. de cant. Édouard III attaqua cette ville le 9 août (J. Viard, op. cit., p. 39 à 42).
  670. Les Mureaux, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Meulan. Ce village fut détruit le 11 août (J. Viard, op. cit., p. 44).
  671. Édouard III s’installa à Poissy le dimanche 13 août (Ibid., p. 46).
  672. Édouard III ne fut que deux jours à Poissy et le quitta le 16 (Ibid., p. 51).
  673. Saint-Cloud, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Sèvres.
  674. Rueil, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant, de Marly-le-Roi.
  675. Montjoie, château maintenant détruit qui était situé dans la forêt de Marly, près de Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise, arr. de Versailles.
  676. Le dimanche 13 août, Philippe VI concentrait son armée à Saint-Germain-des-Prés (J. Viard, op. cit., p. 50).
  677. L’archevêque de Besançon était alors Hugues V de Vienne.
  678. Montfort-l’Amaury, Seine-et-Oise, arr. de Rambouillet, ch.-l. de cant.
  679. Antony, Seine, arr. et cant. de Sceaux.
  680. Bourg-la-Reine, Seine, arr. et cant. de Sceaux.
  681. 16 août.
  682. Ce fut le 13 août qu’eut lieu cette attaque des hommes de la commune d’Amiens (J. Viard, op. cit., p. 49).
  683. Cf. Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 87 à 102 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p. 150 à 177 et 384 à 420 ; Chronique de Richard Lescot, p. 73-74.
  684. Édouard III quitta Poissy non le vendredi 18, mais le mercredi 16 août (J. Viard, op. cit., p. 51, note 2).
  685. Rays-lez-Sainte-Gemme, ancien château dont les ruines subsistent dans la forêt de Marly, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Marly, comm. de Feucherolles.
  686. D’après une lettre de Derby publiée par Robert d’Avesbury (De gestis Edwardi tertii, éditée à la suite de Murimuth, p. 372 à 374) le siège d’Aiguillon fut levé le 20 août 1346. Cf. Chronique de Jean le Bel (éd. Viard et Déprez), t. II, p, 115, note 2, et Bertrandy, Étude sur les chroniques de Froissart, guerre de Guienne, p. 347-348.
  687. Le 18 août, Édouard III ne coucha pas dans l’abbaye de Saint-Lucien, près de Beauvais, comme le disent Jean le Bel (t. II, p. 89) et Froissart (t. III, p. 151), mais à Troissereux, Oise, arr, de Beauvais, cant. de Nivillers (J. Viard, op. cit., p. 52-53).
  688. Airaines, Somme, arr. d’Amiens, cant. de Molliens-Vidame. Édouard III fut dans cette localité non le jeudi 24 août, mais les lundi et mardi 21 et 22 août (J. Viard, op. cit., p. 56).
  689. Saigneville, Somme, arr. d’Abbeville, cant. de Saint-Valéry-sur-Somme.
  690. Le gué de la Blanchetaque, franchi par les Anglais le 24 août, se trouve entre Saigneville, sur la rive gauche de la Somme, et Fort-le-Grand, cant. de Nouvion-en-Ponthieu, sur la rive droite.
  691. Crécy, Somme, arr. d’Abbeville, ch.-l. de cant.
  692. 25 août.
  693. Il y a confusion entre Labroye (Pas-de-Calais, arr. de Montreuil, cant. d’Hesdin), où Philippe VI se retira après la bataille de Crécy, et Noyelles-sur-Mer (Somme, arr. d’Abbeville, cant. de Nouvion-en-Ponthieu), ville sur laquelle il se dirigea à sa sortie d’Abbeville (Froissart, éd. Luce, t. III, p. xlix, note 2).
  694. La cause de. la débandade des Génois fut le manque de munitions et d’armes défensives restées à l’arrière, plutôt que cette pluie problématique dont parlent certains chroniqueurs (J. Viard, op. cit., p. 73, note 2).
  695. Cf. Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 103 à 110 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p. 177 à 193 et 420 à 437 ; Chronique de Richard Lescot, p. 74-75.
  696. Jean de Luxembourg, roi de Bohême, fils de l’empereur Henri VII.
  697. Charles II, comte d’Alençon.
  698. Raoul, fils aîné de Ferry IV.
  699. Louis Ier de Chatillon, comte de Blois.
  700. Louis Ier dit de Nevers.
  701. Jean IV, comte de Harcourt.
  702. Louis II, comte de Sancerre.
  703. Sammes (ms. fr. 17270, fol. 413). C’est probablement Simon, comte de Salm, qui est ainsi désigné. Cf. Chronique normande, p. 275, note 10.
  704. 27 août.
  705. D’après Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 163, Philippe VI vint coucher à Labroye qu’il quitta le 27 au matin pour aller à Doullens d’où, après le dîner (post prandium), il partit pour Amiens où nous le voyons rester au moins jusqu’au 7 septembre (Itinéraire, p. 101). La dislocation de son armée eut lieu le 5 septembre (J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, nos 420, 750, 796, 1771, 2269, 4635, 5030).
  706. Des milices des communes de Rouen et de Beauvais (J. Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 79).
  707. « Aux nasches », aus fesses.
  708. Sur la marche de l’armée anglaise depuis Crécy jusqu’à Calais, voir Jules Viard, Le siège de Calais, dans le Moyen âge, 2e  série, t. XXX (1929), p. 129 à 132.
  709. Édouard III s’établit sous les murs de Calais le 4 septembre 1346 (Ibid., p. 132, note 25).
  710. Jean de Vienne, seigneur de Rothelanges, qu’il ne faut pas confondre avec l’amiral Jean de Vienne, mourut à Paris le 4 août 1351 (P. Anselme, t. VII, p. 806).
  711. Voir Jules Viard, Le siège de Calais, 4 septembre 1346-4 août 1347, dans le Moyen âge, 2e  série, t. XXX (1929), p. 129 à 189.
  712. Le 7 novembre 1346, Louis de Male, alors âgé de seize ans, fils et héritier de Louis de Nevers, comte de Flandre, reçut le serment d’obéissance et de fidélité de toutes les villes et renouvela leurs coutumes (Chronicon comitum Flandrensium, dans de Smet, Recueil des chroniques de Flandre, t. I, p. 221. Cf. Chronique et annales de Gilles le Muisit, éd. Henri Lemaître, p. 169, et Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. II, p. 136).
  713. 14 septembre 1346.
  714. Le corps du roi de Bohême, qui avait été porté au prieuré de Maintenay, puis à l’abbaye de Valloires où ses entrailles furent enterrées, fut ensuite remis à son fils Charles qui le fit transporter à Luxembourg où il arriva le 7 septembre 1346. Il fut inhumé en l’abbaye de Munster, située aux portes de cette ville (J. Viard, La campagne de juillet-août 1346, p. 82).
  715. Jean, duc de Normandie, leva le siège d’Aiguillon le 20 août, d’après une lettre de Derby (Robert d’Avesbury, De gestis mirabilibus regis Edwardi tertii, à la suite d’Adam de Murimuth, éd. Thompson, p. 373. Cf. Bertrandy, Étude sur les chroniques de Froissart, guerre de Guienne, p. 347).
  716. Parti de La Réole le 12 septembre 1346, Derby prit Saint-Jean-d’Angély probablement le 21 (Bertrandy, op. cit., p. 375-376).
  717. La ville de Poitiers fut prise le 4 octobre 1346 (Bertrandy, op. cit., p. 378-379).
  718. Derby, qui avait quitté Poitiers le 12 ou le 13 octobre 1346, rentra en Angleterre le 14 janvier 1347 (Bertrandy, op. cit., p. 383 et 387).
  719. Le roy demanda a été gratté dans le ms. fr. 2813, fol. 383.
  720. Eugène III (1145 à 1153) avait béni ce crucifix en 1147, lorsqu’il vint avec Louis VII, avant son départ pour la croisade, célébrer la fête de Pâques à Saint-Denis (D. Félibien, Hist. de l’abbaye de Saint-Denis, p. 181). Le 10 juin 1340, Philippe VI avait déjà emprunté à cette abbaye une autre croix d’or qui lui avait été donnée par Philippe-Auguste (Ibid., p. 274).
  721. Tout ce paragraphe a été biffé dans le ms. fr. 2813, mais non dans le 17270.
  722. Pierre des Essars, bourgeois de Paris, maître de la Chambre des Comptes, qui avait été argentier de Charles IV le Bel et qui mourut entre le 5 février et le 30 septembre 1349, fut arrêté et emprisonné le 25 octobre 1347. Voir sur lui J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, t. I, p. 230, note 1.
  723. Ces trois abbés, Gilles Rigaud, Simon Le Maye et Hugue de Vers, n’étaient pas trésoriers du roi, mais étaient « les supérieurs de ces fonctionnaires » et avaient la haute direction des finances (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 107).
  724. Noël Valois (Inventaire des arrêts du Conseil d’État, Introduction, p. xxii, note 5) indique les trois évêques : Jean de Marigny, archevêque de Rouen, Hugues d’Arcy, évêque de Laon, Jean de Meulant, évêque de Meaux ; et Borrelli de Serres (Ibid.) donne les noms des trois chevaliers : Jean de Nesle, sire d’Offémont, Pierre de Beccon et Geoffroy de Charny.
  725. La ville de Tulle, en Limousin, aurait été prise par les Anglais en 1346, après la bataille d’Auberoche (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 576, et Baluze, Historiæ Tutelensis libri tres, p. 199 et col. 717-718).
  726. 14 décembre 1346. Nicolas de Grouchy, Roland de Verdun, Guillemet de Verdun et Richard de Grouville avaient vendu la ville de Carentan aux Anglais le 20 juillet (J. Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 15, et Chronique de Richard Lescot, p. 71).
  727. Philippe VI accorda des lettres de rémission en faveur de Godefroi de Harcourt, le 21 décembre 1346 (Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, pièces juslificatives, no  79, p. 109). Cf. Ibid., p. 66 à 68.
  728. La ville de Tulle, prise par les Anglais au début de l’année 1346, fut reprise par Jean Ier, comte d’Armagnac, au mois de décembre 1346 (Hist. de Languedoc, t. IX, p. 598, et Baluze, op. cit., p. 199).
  729. Jean de Châlon était entré en guerre contre Eudes IV, duc de Bourgogne, dès la fin de l’année 1343 (Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VIII, p. 13 à 26).
  730. David Bruce fut pris, le 17 octobre 1346, à la bataille de Nevill’s Cross.
  731. Sur les mesures prises contre les Lombards en 1347, voir Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 602, ordre secret donné le 12 février au sénéchal de Carcassonne pour les faire arrêter, et Ord., t. II, p. 419, mandement du 28 décembre 1347 portant que les débiteurs seront quittes envers les Lombards, tant du principal que des usures, en versant le principal au trésor royal.
  732. Dimanche de la Passion, 18 mars 1347.
  733. Geoffroi de Charny, porte-oriflamme de France, seigneur de Pierre-Perthuis, de Maraut, etc., marié en premières noces à Jeanne de Toucy, puis à Jeanne de Vergy, fut tué à la bataille de Poitiers. Voir sur lui Romania, t. XXVI (1897), p. 394 à 411 ; Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 176, note 3, et Froissart, éd. Luce, t. IV, p. xxxi, note 2.
  734. Isabelle, qui, plus tard, épousa Enguerrand VII, sire de Coucy (Chronique de Jean de Noyal, éd. A. Molinier, dans Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1883, p. 253. Cf. P. Anselme, t. VIII, p. 545).
  735. Sur cet épisode, voir Jean le Bel, t. II, p. 135 à 139 ; Gilles le Muisit, éd. H. Lemaître, p. 170 ; Chronique normande, p. 84 à 86 et 276, note 7 ; Continuation de Guillaume de Nangis, t. II, p. 208 à 210. Cf. Jules Viard, Le siège de Calais, dans le Moyen âge, 2e  série, t. XXX (1929), p. 160-161.
  736. Hesdin, Pas-de-Calais, arr. de Montreuil, ch.-l. de cant. Philippe VI, qui était encore à Paris le 18 mars 1347, alla d’abord au Moncel-lez-Pont-Sainte-Maxence où il séjourna du 19 mars au 15 avril, puis à Montdidier, à Amiens, à Arras où il fut depuis le milieu du mois de mai jusqu’au 19 juin et enfin à Hesdin où on le trouve du 23 juin au 17 juillet (J. Viard, Le siège de Calais, p. 169-170 et 177).
  737. Pour les travaux effectués par les Anglais autour de Calais afin de l’affamer, voir J. Viard, Le siège de Calais, p. 164-165.
  738. Cf. Chronique et annales de Gilles le Muisit, éd. H. Lemaître, p. 172-173, et Chronique normande, p. 86-87 et 278, note 5.
  739. Gilles le Muisit l’appelle « de Berlenmont ».
  740. Un de ces traîtres était Jean de Vervins, seigneur de Bosmont ; cf. H. Moranvillé, La trahison de Jean de Vervins, dans Bibl. Éc. des chartes, t. LIII (1892), p. 604 à 611.
  741. Sueur, cordonnier.
  742. Gilles le Muisit dit : « et assumpsit Remis in ordine karmelitarurn habitum regularem, dicens se esse sacerdotem, qui non erat, audiebatque confessiones ».
  743. 1er  avril 1347.
  744. Hanepier ou henepier, crâne.
  745. 14 mai 1347.
  746. « Aurifaber » (Chronique de Richard Lescot, p. 82, § 185).
  747. 18 mai.
  748. Bosmont, Aisne, arr. de Laon, cant. de Marle.
  749. Ce fut le 14 mai 1347 que Jean de Marigny, évêque de Beauvais, fut transféré à l’archevêché de Rouen et Guillaume Bertrand de l’évêché de Baveux à celui de Beauvais (Eubel, Hierarchia catholica medii ævi, p. 135 et 447).
  750. Henri de Brabant, duc de Limbourg, fils aîné de Jean III, duc de Brabant, épousa Jeanne de France, fille de Jean le Bon. Après la mort d’Henri (29 novembre 1349), Jeanne fut remariée, en 1351, à Charles le Mauvais.
  751. Bonne de Bourbon, fille de Pierre Ier, duc de Bourbon, qui, après la mort de Godefroy de Brabant, se remaria, en 1355, au comte de Savoie Amé VI le Vert.
  752. On fait sans doute allusion aux trêves du 28 septembre 1347 dont le texte est donné par Rymer, Fœdera, t. III, 1re  partie, p. 136 à 138. Cf. Jean le Bel, t. II, p. 170.
  753. Sur la bataille de la Roche-Derrien qui fut livrée le 20 juin 1347, cf. Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. II, p. 144 à 149, chap. lxxix ; Froissart, éd. Luce, t. IV, p. 38 à 44 et 260 à 269 ; Robert d’Avesbury, De gestis Edwardi tertii, éd. Thompson, p. 388-389 (lettre de Thomas de Dagworth), et Chronique de Richard Lescot, p. 77 à 81, § 180 et 181.
  754. La Place Vert serait aujourd’hui une pièce de terre appelée Castel-Du (de La Borderie, Hist. de Bretagne, t. III, p. 503, note 2).
  755. Auj. Langoat, Côtes-du-Nord, arr. de Lannion, cant. de Tréguier.
  756. Le Jaudy.
  757. Thomas de Dagworth avait été nommé capitaine et lieutenant du roi dans le duché de Bretagne et ses dépendances par lettres d’Édouard III du 10 janvier 1347 (Rymer, Fœdera, t. III, p. 100).
  758. Karahes, Carhaix.
  759. Bégard, Côtes-du-Nord, arr. de Guingamp, ch.-l. de cant.
  760. Le vicomte de Rohan.
  761. Rochan, Rohan.
  762. Chastiau de Brience, Châteaubriant.
  763. Rogé, Rougé.
  764. Rosdranen, Rostrenen.
  765. Chevin Biauboisel, peut-être Thibaud de Boisbouexel (D. Morice, Hist. de Bretagne, t. I, p. 276).
  766. Kamperlé, Quimperlé, Finistère, ch.-l. d’arr.
  767. Guisterne, guitare.
  768. Le sire de Craon était alors Amauri IV.
  769. Ayton Doria.
  770. Louis de Male, comte de Flandre, épousa Marguerite, fille de Jean III, duc de Brabant, le 1er  juillet 1347. Cf., sur ce mariage, Froissart, éd. Luce, p. xxxv-xxxvi, 85 à 88 et 318 à 320.
  771. À la suite de ce paragraphe, le ms. fr. 17270 de la Bibl. nat., fol. 417 vo, donne un chapitre intitulé : Pluseurs incidences, qui ne se trouve pas dans le ms. fr. 2813 :

    Pluseurs incidences

    En ce meismes an, le xxe jour de juillet, vint la royne de France à Saint Denis, et y demoura par l’espace de viii jours ou de plus, et là faisoit faire oroisons, et messes chanter, et si faisoit preeschier au pueple afin que Nostre Seigneur vousist garder le royaume et le roy1 ; lequel roy s’estoit parti pour aler lever le siege que le roy d’Emgleterre avoit fait devant Kalais en l’an passé ou moys d’aoust ; quar ceulz de laditte ville de Kalais lui avoient mandé secours, ou il failloit qu’il se rendissent par neccessité au roy d’Emgleterre.

    En ce meismes an, la veille de sainte Cristine2, environ le commencement de la nuit, y fist très grans et horribles tonnerres, et par tel maniere que la royne qui lors estoit à Saint Denis et ceulz qui estoient aveques elle en l’oratoire de monseigneur saint Roumain, après la chapelle de monseigneur saint Loys, à heure de matines, furent merveilleusement espoventées ; et si tost comme les matines furent chantées, l’evesque de Constances qui preent estoit aveques la royne, commença Te Deum laudamus ; et fu chanté en grant devocion.

    En ycest an, le samedi iiiie jour d’aoust, pour ce que le roy ala trop tart pour secourre la ville de Kalais, non obstant que par pluseurs fois il l’en eussent requis, si se rendi laditte ville au roy d’Angleterre, non pas de bonne volenté, mais par famine et par neccessité, quar le roy Anglois leur avoit si longuement tenu siege qu’il n’avoient que mengier.

    En yce temps, furent trievez3 octroiées au roy

    1. À la demande de la reine, une procession fut également organisée dans Paris le 22 juillet (Guillaume du Breul, Théâtre des antiquitez de Paris, p. 288-289).

    2. 23 juillet.

    3. Ces trêves furent conclues le 28 septembre 1347 par l’entremise des cardinaux Annibal Ceccano et Étienne Aubert ; le texte en est publié dans R. d’Avesbury, op. cit., p. 396 à 402, et dans Rymer, t. III, 1re  part., p. 136 à 138.

    d’Emgleterre, depuis la feste saint Michiel jusques au xve jour après la feste de monseigneur saint Jehan Baptiste de l’an ensuiant.

    En ce meismes an, environ la mikaresme, une mortalité très grieve et espoventable, laquelle estoit nommée des phisiciens epidimie, fu à Avignon par tel maniere que les iii pars du pueple qui habitoit en laditte cité moururent, et se departirent aucuns cardinaulz de laditte cité pour la paour de laditte mortalité, quar il n’estoit nul qui sceust donner conseil ne aide l’un à l’autre, tant fust sage.

  772. Sur les travaux effectués par Édouard III afin de repousser une attaque de Philippe VI et sur les propositions de paix faites par les cardinaux Étienne Aubert et Annibal Ceccano, voir J. Viard, Le siège de Calais, p. 182-183.
  773. 30 novembre 1347. Voir, sur ces États généraux, Henri Hervieu, Recherches sur les premiers États généraux, p. 227-228. Les lettres de convocation adressées aux bourgeois et habitants de Reims étaient datées du 10 octobre (Varin, Archives administratives de Reims, t. II, 2e  part., p. 1162).
  774. Voir dans Ord., t. Il, p. 419, des lettres de Philippe VI du 28 décembre 1347 faisant connaître les mesures prises alors contre les Lombards usuriers.
  775. Ce fut par lettres du 8 septembre 1347 que Philippe VI concéda aux Calaisiens tous les offices dont la nomination appartenait à lui ou au duc de Normandie (Arch. nat. JJ 68, no  245, et JJ 77, no  147. Voir, pour tout ce qu’il fit en leur faveur, Émile Molinier, Documents relatifs aux Calaisiens expulsés par Édouard III, dans le Cabinet historique, 1878, p. 254 à 280, et Jean le Bel, t. I, p. 169, note 1).
  776. Dans les Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, éd. J. Viard, Pierre de Hangest, en 1349, est qualifié clerc et conseiller du roi (no  1304), et Jean Cordier, clerc, notaire et secrétaire du roi (nos 1149, 2806, 4516, etc.).
  777. Sur les ravages de la peste dans le Languedoc, voir Histoire de Languedoc, n. éd., t. IX, p. 608-609.
  778. Jeanne de France, duchesse de Bourgogne, mourut vers le 15 août 1347 (E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VIII, p. 50).
  779. Le 21 octobre 1347.
  780. Cf. Chronique de Richard Lescot, p. 82, § 191 ; Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 210 à 214 ; Chronique de Jean le Bel, t. I, p. 222-223 ; Froissart, éd. Luce, t. IV, p. xxxviii, note 4. On pourra consulter encore sur la peste L.-A.-Joseph Michon, Documents inédits sur la grande peste de 1348, 1860, in-8o ; Rébouis, Étude historique sur la peste, 1888, in-12 ; le P. H. Denifle, La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent ans, t. II, 1re  partie, p. 57 à 63, et dans la Bibl. Éc. des chartes, t. II, p. 201, Opuscule relatif à la peste composé par un contemporain, et t. LXI (1900), p. 334, La messe pour la peste.
  781. Roissy, Seine-et-Oise, arr. de Pontoise, cant. de Gonesse.
  782. Le ms. fr. 17270, fol. 418 vo, donne la leçon suivante pour la bastide de Geoffroi de Charny :

    « En ce meismes temps, unes bastilles, lequelles avoient esté faites par messire Gieffroy de Charni contre les Anglois emprès la tour de Sangate, et devers Guynes, afin que les Anglois ne gastassent le païs, furent par le roy de France destruites et despeciées, je ne scay par quel enhortement, quar il donna trieves au roy d’Engleterre. »

  783. Voir dans Rymer, t. III, 1re  partie, p. 136 à 138, les trêves du 28 septembre 1347, et, p. 177-178, les trêves du 13 novembre 1348.
  784. Guines, Pas-de-Calais, arr. de Boulogne-sur-Mer, ch.-l. de cant.
  785. Coulogne, Pas-de-Calais, arr. de Boulogne-sur-Mer, cant. de Calais.
  786. Merque, Marck, Pas-de-Calais, arr. de Boulogne-sur-Mer, cant. de Calais. La terre de Merck ou Marck était une fraction du Boulonnais (de Loisne, Dict. top. du Pas-de-Calais, p. viii).
  787. Gravelines, Nord, arr. de Dunkerque, ch.-l. de cant.
  788. Cf. Rymer, t. III, 1re  partie, p. 177, trêves du 13 novembre 1348.
  789. Louis de Maie aurait été reçu à Bruges, le 17 septembre 1348, d’après Breve chronicon Flandriæ, dans de Smet, Recueil des chroniques de Flandre, t. III, p. 20.
  790. Sur tous les événements qui survinrent alors en Flandre, voir Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 200 à 211. Cf. Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. III, p. 339 à 350.
  791. Marguerite.
  792. Jeanne de Boulogne.
  793. Sur cet accord conclu à Sens le 4 avril 1349, cf. E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VIII, p. 60 à 62, et pièce justificative no  8538, p. 478 à 490.
  794. Eudes IV mourut à Sens le 3 avril 1349 (E. Petit, op. cit., t. VIII, p. 61).
  795. Fils de Jean III, duc de Brabant.
  796. Jeanne, qui épousa en secondes noces Charles le Mauvais, roi de Navarre.
  797. Ce fut le 17 juillet 1349, le lendemain de son abdication, qu’Humbert II revêtit, à Lyon, l’habit de Frère Prêcheur (Delachenal, Histoire de Charles V, t. I, p. 40).
  798. Ce fut à Lyon que Charles prit possession du Dauphiné le 16 juillet 1349. Il alla ensuite à Vienne où il fut dans les premiers jours du mois d’août (Delachenal, op. cit., p. 39 à 41).
  799. Ce fut le 8 avril 1350 que fut célébré à Tain le mariage de Charles avec Jeanne de Bourbon, fille aînée de Pierre, duc de Bourbon (Delachenal, op. cit., p. 43).
  800. Gaston III dit Phébus, comte de Foix, épousa Agnès, fille de Philippe III, roi de Navarre, et de Jeanne, fille de Louis X le Hutin et de Marguerite de Bourgogne.
  801. Bonne de Luxembourg mourut non le 11 août 1349, mais le 11 septembre 1349. Cf. Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, nos 2646 et 2647 ; Froissart, éd. Luce, t. IV, p. xxxiv, note 3, et Jean le Bel, t. II, p. 183, note 2.
  802. Femme de Philippe, comte d’Évreux, roi de Navarre, mère de Charles le Mauvais.
  803. Jean Ier.
  804. « Samedi » (B. n., ms. fr. 17270, fol. 418 vo).
  805. Cf. Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, nos 3444, 3445 et 3447).
  806. Sur cette tentative de Geoffroi de Charny pour reprendre Calais aux Anglais dans la nuit du 31 décembre 1349 au 1er  janvier 1350, voir Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. II, p. 176 à 182 ; Froissart, éd. Luce, t. IV, p. 70 à 84 et 303 à 317, et Robert d’Avesbury, De gestis Edwardi tertii, éd. Thompson, p. 408 à 410.
  807. Aimeri de Pavie, qui avait la garde du château. Ce Lombard fut ensuite pris et mis à mort par Geoffroi de Charny (Froissart, éd. Luce, t. IV, p. 98-99, 328 à 330 et xxxviii, note 2).
  808. Geoffroi de Charny était encore prisonnier en Angleterre au 20 décembre 1350 (Rymer, t. III, 1re  partie, p. 212) et le 31 juillet 1351 Jean le Bon dut lui faire donner 12,000 écus d’or pour l’aider à payer sa rançon (P. Anselme, t. VIII, p. 201).
  809. Ce fut le mardi 19 janvier 1350 que Philippe VI épousa Blanche, et non le 11 (qui était un lundi), comme l’indique Paulin Paris (Grandes Chroniques, t. V, p. 491), ou le 9 (qui était un samedi), comme le dit, par erreur, le ms. fr. 17270, ou le 29 (Art de vérifier les dates, éd. in-8o, t. VI, p. 40). Cf., dans Miscellanea Francesco Ehrle, t. III, p. 106, note 3, une lettre de Charles le Mauvais écrite au bois de Vincennes le 31 janvier 1350 pour annoncer le mariage de Blanche, sa sœur, à Pierre, roi d’Aragon ; il dit bien qu’il fut célébré le 19 janvier à Brie-Comte-Robert.
  810. Sainte Jame, auj. Sainte-Gemme, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Marly-le-Roi, comm. de Fencherolles.
  811. Les Mureaux, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, cant. de Meulan.
  812. Philippe, comte de Boulogne et d’Auvergne, fils d’Eudes IV, duc de Bourgogne, mourut des suites d’une chute de cheval devant Aiguillon, probablement le 10 août 1346 (E. Petit, Hist. des ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. VIII, p. 9 à 11).
  813. Sur les Flagellants, voir Chronique de Richard Lescot, p. 84, § 197 ; Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 222-223 et 227 à 248 ; Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 216 à 218 ; Jean le Bel, t. I, p. 223 à 226 ; Froissart, éd. Luce, t. IV, p. 100-101 et 330-332, et éd. Kervyn de Lettenhove, t. XVIII, p. 305 à 317.
  814. Boniface VIII avait institué une année jubilaire en 1300 et stipulé que les indulgences accordées pour cette année seraient renouvelées toutes les centièmes années suivantes. Clément VI, par une bulle du 18 août 1349, établit cette année jubilaire pour l’année 1350 et renouvelable tous les cinquante ans (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. VI, p. 487-488).
  815. Voir dans Rymer, t. III, 1re  partie, p. 197-198.
  816. « Guillelmus Bracharensis et frater Johannes, Brundisii, archiepiscopi. »
  817. Hugues d’Arcy (1341 à 1351).
  818. Guillaume Batman, évêque de Norwich de 1344 à 1355.
  819. La ville de Loudun, prise par les Anglais le 24 juin 1350, fut reprise par les Français au commencement du mois d’août de la même année (Paul Guérin, Archives historiques du Poitou, t. XIII, p. lii et liii, et t. XVII, p. xxxiv et xxxv).
  820. Avant de passer dans le parti français, Raoul de Cahors avait été capitaine pour Édouard III en Poitou en 1347, puis chargé d’une mission en Bretagne (Rymer, t. III, 1re  partie, p. 101 et 102). Cf. Chronique normande, p. 290, note 3 ; Chronique de Richard Lescot, p. 86, note 2 ; Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. II, appendice no  XXXII, et Paul Guérin, op. cit., t. XIII, p. xxxvii et xxxviii, et t. XVII, p. xv.
  821. Thomas de Dagworth.
  822. Auray, Morbihan, arr. de Lorient, ch.-l. de cant.
  823. Philippe de Valois mourut dans la nuit du 22 au 23 août 1350 à l’abbaye de Coulombs (Eure-et-Loir, arr. de Dreux, cant. de Nogent-le-Roi), située à un kilomètre de Nogent (Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 273-274, et Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 185, note 3). Cf., dans Archives historiques, artistiques et littéraires, t. II, p. 49 à 53, J. Viard, Compte des obsèques de Philippe VI.
  824. 26 août.
  825. Bourgfontaine, Aisne, arr. de Soissons, cant. de Villers-Cotterets, comm. de Pisseleux.
  826. Cf. chap. xiii.
  827. Cf. chap. xi, p. 135-137.
  828. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 688. Il donne (p. 677 à 689), comme Continuation anonyme de la Chronique de Jean de Saint-Victor, toute la partie du ms. fr. 10132 (ancien suppl. français 218) qui s’étend de l’avènement de Charles IV le Bel (3 janvier 1322) au couronnement de Philippe VI de Valois.
  829. Biens meubles.
  830. La suite n’est pas publiée dans le Rec. des Hist. des Gaules et de la France.
  831. Ms. « jour ».
  832. 3 octobre 1329. Voir précédemment, p. 107.
  833. Voir Gallia Christiana, t. VIII, col. 1172.