G. Charpentier, éditeur (p. 158-159).

XXX

L’occasion ne se faisait pas attendre. À Carlisle, un jour, Newsome, le directeur d’une troupe dont faisaient momentanément partie les deux frères, à la suite d’une contestation avec Francks, l’illustre pince-sans-rire Francks, se trouvait soudainement abandonné, au moment d’une représentation, par son premier clown et son associé. Newsome se trouvait dans le plus grand embarras, quand Gianni lui proposait de l’essayer lui et son frère. Bientôt, tous deux paraissaient dans l’arène, en tête du bataillon clownesque, vêtus de costumes à la fois singuliers et coquets, et Nello jetant, ma foi, en fort bon anglais au public la phrase consacrée des clowns :

« Here we are again — all of a lump ! How are you[1] ? »

Aussitôt commençait une série de scènes délicatement bouffonnes, entremêlées de tours de force, et de poses plastiques, et de musiques bizarres, mêlant et confondant, dans des tableaux rapides et toujours nouveaux, les torses et les violons des deux frères : des scènes où l’originalité distinguée du comique, la grâce et l’élégance de la force, le charme juvénile de la beauté académique de Nello, et même le plaisir enfantin et rieur qu’il apportait à son début, faisaient éclater la salle en applaudissements frénétiques.

  1. Nous voilà encore de nouveau — tous en tas ! — Comment vous portez-vous ?