Les Frères Karamazov (trad. Henri Mongault)/II/03


Traduction par Henri Mongault.
NRF (1p. 52-59).

III

Les femmes croyantes

Au bas de la galerie en bois pratiquée vers le mur extérieur de l’enceinte se pressaient une vingtaine de femmes du peuple. On les avait prévenues que le starets allait enfin sortir, et elles s’étaient groupées en l’attendant. Les dames Khokhlakov l’attendaient également, mais dans une chambre de la galerie, réservée aux visiteuses de qualité. Elles étaient deux : la mère et la fille. La première, riche propriétaire, toujours habillée avec goût, était encore assez jeune et d’extérieur fort agréable, avec des yeux vifs et presque noirs. Elle n’avait que trente-trois ans et était veuve depuis cinq ans. Sa fille, âgée de quatorze ans, avait les jambes paralysées. La pauvre fillette ne marchait plus depuis six mois ; on la transportait dans une chaise longue à roulettes. Elle avait un délicieux visage, un peu amaigri par la maladie, mais gai ; des lueurs folâtres brillaient dans ses grands yeux sombres, qu’ombrageaient de longs cils. Depuis le printemps, la mère se disposait à l’emmener à l’étranger, mais des travaux entrepris dans leur domaine les avaient retardées. Elles séjournaient depuis huit jours dans notre ville plus pour affaire que par dévotion ; néanmoins elles avaient déjà rendu visite au starets, trois jours auparavant. Elles étaient revenues encore une fois, et tout en sachant que le starets ne pouvait presque plus recevoir personne, elles suppliaient qu’on leur accordât « le bonheur de voir le grand guérisseur ». En attendant sa venue, la mère était assise à côté du fauteuil de sa fille ; à deux pas se tenait debout un vieux moine, venu d’un lointain monastère du Nord et qui désirait recevoir la bénédiction du starets. Mais celui-ci, apparu sur la galerie, alla droit au peuple. La foule se pressait autour du perron de trois marches qui réunissait la galerie basse au sol. Le starets s’arrêta sur la marche supérieure, revêtit l’étole et bénit les femmes qui l’entouraient. On lui amena une possédée qu’on tenait par les deux mains. Dès qu’elle aperçut le starets, elle fut prise d’un hoquet, poussant des gémissements et secouée par des spasmes comme dans une crise éclamptique. Lui ayant recouvert la tête de l’étole, le starets prononça sur elle une courte prière, et elle s’apaisa aussitôt. J’ignore ce qui se passe maintenant, mais dans mon enfance j’eus souvent l’occasion de voir et d’entendre ces possédées, dans les villages et les monastères. Amenées à la messe, elles glapissaient et aboyaient dans l’église, mais quand on apportait le Saint-Sacrement et qu’elles s’en approchaient, la « crise démoniaque » cessait aussitôt et les malades s’apaisaient toujours pour un certain temps. Encore enfant, cela m’étonnait et me surprenait fort. J’entendais alors certains propriétaires fonciers et surtout des instituteurs de la ville répondre à mes questions que c’était une simulation pour ne pas travailler, et que l’on pouvait toujours la réprimer en se montrant sévère ; on citait à l’appui diverses anecdotes. Par la suite, j’appris avec étonnement de médecins spécialistes qu’il n’y avait là aucune simulation, que c’était une terrible maladie des femmes, attestant, plus particulièrement en Russie, la dure condition de nos paysannes. Elle provenait de travaux accablants, exécutés trop tôt après des couches laborieuses, mal effectuées, sans aucune aide médicale ; en outre, du désespoir, des mauvais traitements, etc., ce que certaines natures féminines ne peuvent endurer, malgré l’exemple général. La guérison étrange et subite d’une possédée en proie aux convulsions, dès qu’on l’approchait des saintes espèces, guérison attribuée alors à la simulation et, de plus, à un truc employé pour ainsi dire par les « cléricaux » eux-mêmes, s’effectuait probablement aussi de la façon la plus naturelle. Les femmes qui conduisaient la malade, et surtout elle-même, étaient persuadées, comme d’une vérité évidente, que l’esprit impur qui la possédait ne pourrait jamais résister à la présence du Saint-Sacrement devant lequel on inclinait la malheureuse. Aussi, chez une femme nerveuse, atteinte d’une affection psychique, il se produisait toujours (et cela devait être) comme un ébranlement nerveux de tout l’organisme, ébranlement causé par l’attente du miracle de la guérison et par la foi absolue en son accomplissement. Et il s’accomplissait, ne fût-ce que pour une minute. C’est ce qui eut lieu dès que le starets eut recouvert la malade de l’étole.

Beaucoup des femmes qui se pressaient autour de lui versaient des larmes d’attendrissement et d’enthousiasme ; d’autres s’élançaient pour baiser ne fût-ce que le bord de son habit, quelques-unes se lamentaient. Il les bénissait toutes et conversait avec elles. Il connaissait déjà la possédée, qui habitait un village à une lieue et demie du monastère ; ce n’était pas la première fois qu’on la lui amenait.

« En voilà une qui vient de loin ! » dit-il en désignant une femme encore jeune, mais très maigre et défaite, le visage plutôt noirci que hâlé. Elle était à genoux et fixait le starets d’un regard immobile. Son regard avait quelque chose d’égaré.

« Je viens de loin, mon Père, de loin, à trois cents verstes d’ici. De loin, mon Père, de loin », répéta la femme comme un refrain, balançant la tête de droite à gauche, la joue appuyée sur la paume de sa main. Elle parlait comme en se lamentant. Il y a dans le peuple une douleur silencieuse et patiente : elle rentre en elle-même et se tait. Mais il y en a une autre qui éclate : elle se manifeste par les larmes et se répand en lamentations, surtout chez les femmes. Elle n’est pas plus légère que la douleur silencieuse. Les lamentations n’apaisent qu’en rongeant et en déchirant le cœur. Une pareille douleur ne veut pas de consolations, elle se repaît de l’idée d’être inextinguible. Les lamentations ne sont que le besoin d’irriter davantage la plaie.

« Vous êtes citadine, sans doute ? continua le starets en la regardant avec curiosité.

— Nous habitons la ville, mon Père ; nous sommes de la campagne, mais nous demeurons en ville. Je suis venue pour te voir. Nous avons entendu parler de toi, mon Père. J’ai enterré mon tout jeune fils, j’allais prier Dieu, j’ai été dans trois monastères et on m’a dit : « Va aussi là-bas, Nastassiouchka[1] », c’est-à-dire vers vous, mon Père, vers vous. Je suis venue, j’étais hier soir à l’église et me voilà.

— Pourquoi pleures-tu ?

— Je pleure mon fils, il était dans sa troisième année, il ne lui manquait que trois mois. C’est à cause de lui que je me tourmente. C’était le dernier ; Nikitouchka[2] et moi, nous en avons eu quatre, mais les enfants ne restent pas chez nous, bien-aimé, ils ne restent pas. J’ai enterré les trois premiers, je n’avais pas tant de chagrin ; mais ce dernier, je ne puis l’oublier. C’est comme s’il était là devant moi, il ne s’en va pas. J’en ai l’âme desséchée. Je regarde son linge, sa petite chemise, ses bottines, et je sanglote. J’étale tout ce qui est resté après lui, chaque chose, je regarde et je pleure. Je dis à Nikitouchka, mon mari : « Eh ! le maître, laisse-moi aller en pèlerinage. » Il est cocher, nous avons de quoi, mon père, nous avons de quoi, nous sommes à notre compte, tout est à nous, les chevaux et les voitures. Mais à quoi bon maintenant tout ce bien ? Mon Nikitouchka a dû se mettre à boire sans moi, c’est sûr, et déjà auparavant, dès que je m’éloignais, il faiblissait. Mais maintenant je ne pense plus à lui, voilà trois mois que j’ai quitté la maison. J’ai tout oublié, je ne veux plus me rappeler ; que ferais-je de lui maintenant ? J’ai fini avec lui et avec tous les autres. Et à présent, je ne voudrais pas voir ma maison et mon bien, et je préférerais même avoir perdu la vue.

— Écoute, mère, proféra le starets, un grand saint d’autrefois aperçut dans le temple une mère qui pleurait comme toi, aussi à cause de son fils unique que le Seigneur avait également rappelé à lui. « Ne sais-tu pas, lui dit le saint, comme ces enfantelets sont hardis devant le trône de Dieu ? Il n’y a même personne de plus hardi, dans le royaume des cieux. » Seigneur, Tu nous as donné la vie, disent-ils à Dieu, mais à peine avions-nous vu le jour que Tu nous l’as reprise. « Ils demandent et réclament si hardiment que le Seigneur en fait aussitôt des anges. C’est pourquoi, dit le saint, réjouis-toi et ne pleure pas, ton enfant est maintenant chez le Seigneur dans le chœur des anges. » Voilà ce que dit, dans les temps anciens, le saint à la femme qui pleurait. C’était un grand saint et il ne pouvait rien lui dire qui ne fût vrai. Sache donc, mère, que ton enfant aussi se tient certainement devant le trône du Seigneur, se réjouit, se divertit et prie Dieu pour toi. Tu peux pleurer, mais réjouis-toi. »

La femme l’écoutait, la joue dans la main, inclinée. Elle soupira profondément.

« C’est de la même manière que Nikitouchka me consolait : « Tu n’es pas raisonnable, pourquoi pleurer ? notre fils, bien sûr, chante maintenant avec les anges auprès du Seigneur. » Et, tandis qu’il me disait cela, je le voyais pleurer. Et je lui disais à mon tour : « Eh oui, je le sais bien ; où serait-il, sinon chez le Seigneur ; seulement il n’est plus ici avec nous en ce moment, tout près, comme il restait autrefois. » Oh ! si je pouvais le revoir une fois, rien qu’une fois, sans m’approcher de lui, sans parler, en me cachant dans un coin. Seulement le voir une minute, l’entendre jouer dehors, venir, comme il le faisait parfois, crier de sa petite voix : « Maman, où es-tu ? » Si je pouvais entendre ses petits pieds trotter dans la chambre ; bien souvent, je me rappelle, il courait à moi avec des cris et des rires, si seulement je l’entendais ! Mais il n’est plus là, mon Père, et je ne l’entendrai plus jamais ! Voilà sa ceinture, mais il n’est plus là, et c’est fini pour toujours !… »

Elle tira de son sein la petite ceinture en passementerie de son garçon ; dès qu’elle l’eut regardée, elle fut secouée de sanglots, cachant ses yeux avec ses doigts à travers lesquels coulaient des torrents de larmes.

« Eh ! proféra le starets, cela c’est l’antique « Rachel pleurant ses enfants sans pouvoir être consolée, car ils ne sont plus[3]». Tel est le sort qui vous est assigné en ce monde, ô mères ! Ne te console pas, il ne faut pas te consoler, pleure, mais chaque fois que tu pleures, rappelle-toi que ton fils est un des anges de Dieu, que, de là-haut, il te regarde et te voit, qu’il se réjouit de tes larmes et les montre au Seigneur ; longtemps encore tes pleurs maternels couleront, mais enfin ils deviendront une joie paisible, tes larmes amères seront des larmes d’attendrissement et de purification, laquelle sauve du péché. Je prierai pour le repos de l’âme de ton fils ; comment s’appelait-il ?

— Alexéi, mon Père.

— C’est un beau nom. Il avait pour saint patron Alexéi, « homme de Dieu » ?

— Oui, mon Père, Alexéi, « homme de Dieu[4]».

— Quel grand saint ! Je prierai pour lui, mère, je n’oublierai pas ton affliction dans mes prières ; je prierai aussi pour la santé de ton mari ; mais c’est un péché de l’abandonner, retourne vers lui, prends-en bien soin. De là-haut, ton fils voit que tu as abandonné son père et pleure sur vous. Pourquoi troubler sa béatitude ? Il vit, car l’âme vit éternellement, il n’est pas dans la maison, mais il se trouve tout près de vous, invisible. Comment viendra-t-il, si tu dis que tu détestes ta demeure ? Vers qui viendra-t-il, s’il ne vous trouve pas à la maison, s’il ne vous trouve pas ensemble, le père et la mère ? Il t’apparaît maintenant et tu es tourmentée ; alors il t’enverra de doux songes. Retourne vers ton mari, mère, et dès aujourd’hui.

— J’irai, bien-aimé, selon ta parole, tu as lu dans mon cœur. Nikitouchka, tu m’attends, mon chéri, tu m’attends », commençait à se lamenter la femme, mais le starets se tournait déjà vers une petite vieille, habillée non en pérégrine, mais en citadine. On voyait à ses yeux qu’elle avait une communication à faire. C’était la veuve d’un sous-officier, habitante de notre ville. Son fils Vassili, employé dans un commissariat, était parti pour Irkoutsk, en Sibérie. Il lui avait écrit deux fois, mais depuis un an il ne donnait plus signe de vie ; elle avait fait des démarches et ne savait où se renseigner.

« L’autre jour, Stéphanie Ilinichna Bédriaguine, une riche marchande, m’a dit : « Écris sur un billet le nom de ton fils, Prochorovna[5], va à l’église, et commande des prières pour le repos de son âme. Son âme sera dans l’angoisse et il t’écrira. C’est un moyen sûr et fréquemment éprouvé. » Seulement, j’ai des doutes… Toi qui es notre lumière, dis-moi si c’est bien ou mal ?

— Garde-t’en bien. Tu devrais même avoir honte de le demander. Comment peut-on prier pour le repos d’une âme vivante, et sa propre mère encore ! C’est un grand péché, comme la sorcellerie ; seule ton ignorance te vaut le pardon. Prie plutôt pour sa santé la Reine des Cieux, prompte Médiatrice, Auxiliaire des pécheurs, afin qu’elle te pardonne ton erreur. Et alors, Prochorovna : ou bien ton fils reviendra bientôt vers toi, ou il enverra sûrement une lettre. Sache-le. Va en paix, ton fils est vivant, je te le dis.

— Bien-aimé, que Dieu te récompense, toi notre bienfaiteur, qui prie pour nous tous, pour le rachat de nos péchés. »

Mais le starets avait déjà remarqué dans la foule le regard ardent, dirigé vers lui, d’une paysanne à l’air poitrinaire, accablée bien qu’encore jeune. Elle gardait le silence, ses yeux imploraient, mais elle paraissait craindre de s’approcher.

« Que veux-tu, ma chère ?

— Soulage mon âme, bien-aimé », murmura-t-elle doucement. Sans hâte, elle se mit à genoux, se prosterna à ses pieds. « J’ai péché, mon bon père, et je crains mon péché. »

Le starets s’assit sur la dernière marche, la femme se rapprocha de lui, toujours agenouillée.

« Je suis veuve depuis trois ans, commença-t-elle à mi-voix. La vie n’était pas gaie avec mon mari, il était vieux et me battait durement. Une fois qu’il était couché, malade, je songeai en le regardant : « Mais s’il se rétablit et se lève de nouveau, alors qu’arrivera-t-il ? » Et cette idée ne me quitta plus…

— Attends », dit le starets, en approchant son oreille des lèvres de la femme. Celle-ci continua d’une voix qu’on entendait à peine. Elle eut bientôt fini.

« Il y a trois ans ? demanda le starets.

— Trois ans. D’abord je n’y pensais pas, mais la maladie est venue et je suis dans l’angoisse.

— Tu viens de loin ?

— J’ai fait cinq cents verstes.

— T’es-tu confessée ?

— Oui, deux fois.

— As-tu été admise à la communion ?

— Oui. J’ai peur ; j’ai peur de mourir.

— Ne crains rien et n’aie jamais peur, ne te chagrine pas. Pourvu que le repentir dure, Dieu pardonne tout. Il n’y a pas de péché sur la terre que Dieu ne pardonne à celui qui se repent sincèrement. L’homme ne peut pas commettre de péché capable d’épuiser l’amour infini de Dieu. Car peut-il y avoir un péché qui dépasse l’amour de Dieu ? Ne songe qu’au repentir et bannis toute crainte. Crois que Dieu t’aime comme tu ne peux te le figurer, bien qu’il t’aime dans ton péché et avec ton péché. Il y aura plus de joie dans les cieux pour un pécheur qui se repent que pour dix justes[6]. Ne t’afflige pas au sujet des autres et ne t’irrite pas des injures. Pardonne dans ton cœur au défunt toutes ses offenses envers toi, réconcilie-toi avec lui en vérité. Si tu te repens, c’est que tu aimes. Or, si tu aimes, tu es déjà à Dieu… L’amour rachète tout, sauve tout. Si moi, un pécheur comme toi, je me suis attendri, à plus forte raison le Seigneur aura pitié de toi. L’amour est un trésor si inestimable qu’en échange tu peux acquérir le monde entier et racheter non seulement tes péchés, mais ceux des autres. Va et ne crains rien. »

Il fit trois fois sur elle le signe de la croix, ôta de son cou une petite image et la passa au cou de la pécheresse, qui se prosterna en silence jusqu’à terre. Il se leva et regarda gaiement une femme bien portante qui tenait un nourrisson sur les bras.

« Je viens de Vychégorié, bien-aimé.

— Tu as fait près de deux lieues avec cet enfant sur les bras ! Que veux-tu ?

— Je suis venue te voir. Ce n’est pas la première fois, l’as-tu déjà oublié ? Tu as peu de mémoire si tu ne te souviens pas de moi. On disait chez nous que tu étais malade. « Eh bien ! pensai-je, je vais aller le voir ! » Je te vois et tu n’as rien. Tu vivras encore vingt ans, ma parole. Comment pourrais-tu tomber malade quand il y a tant de gens qui prient pour toi !

— Merci de tout cœur, ma chère.

— À propos, j’ai une petite demande à t’adresser : voilà soixante kopecks, donne-les à une autre plus pauvre que moi. En venant je songeais : « Mieux vaut les lui remettre ; il saura à qui les donner. »

— Merci, ma chère, merci, ma bonne, je n’y manquerai pas. Tu me plais. C’est une fillette que tu as dans les bras ?

— Une fillette, bien-aimé, Elisabeth.

— Que le Seigneur vous bénisse toutes les deux, toi et la petite Elisabeth. Tu as réjoui mon cœur, mère. Adieu, mes chères filles. »

Il les bénit toutes et leur fit une profonde révérence.

  1. Diminutif très familier d’Anastassia (Anastasie).
  2. Diminutif caressant de Nikita (Nicétas).
  3. Matthieu, II, 18.
  4. La légende de saint Alexis, « l’homme de Dieu » est encore aussi populaire en Russie qu’elle l’était en France au Moyen Âge.
  5. Fille de Prochore. En s’adressant aux personnes de condition inférieure, on omet parfois le prénom et on les désigne par le simple patronyme.
  6. Luc, XV, 7. Le texte exact de l’Évangile est : « …que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence ».