Les Fouteries chantantes/Texte entier

Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-1
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-1




PRÉFACE
EN POT-POURRI.

Que chacun chante en ces bas lieux ;
Le Vaudeville est fait pour plaire :
Quant à moi, je fouts tout au mieux.
Oui, bien foutre, c’est mon affaire.
Mon seul plaisir est, sans façon,
De voir le cul de ma Déesse ;
Et lorsque je touche à son con,
Elle ne fait pas la tigresse.  (bis.)


Du haut en bas,
Lorsque ses appas je farfouille
Du haut en bas,
En fouteur je fais des hélas !
Que le grondeur en vain bredouille,
Le feu me pénètre la couille
Du haut en bas.


Le Député, d’une ardeur sans pareille,
Du grand Sénat va droit chez la Putain ;
Là on le branle ; il décharge à merveille :
D’un bon fouteur voilà le beau destin.


Air : Lenturelu.

Mais quand la vérole
Attaque son vit,
Sa douce parole
Est sans contredit :
Eh quoi ! foutue garce,
Tu as donc du mal au cul ?
Lenturelu, lenturelu, lenturelu.


J’y ai vu l’Aristocrate,
Foutre comme un vrai lutin ;
De même un Robinocrate
Fustiger dès le matin.
Chacun fout, et branle, et tâte
Le beau con d’une Putain ;
Mais pour bien foutre à la hâte,(bis)
Ma foi, vive un Calotin.(bis)

Air : Eh ! j’y pris bien du plaisir.


Oui, vive un homme d’église,
Quand il a la pine en main !
Mais ils ont drôle de guise
Pour travailler leur engin.
L’un en tettons foutimasse ;
L’autre en cul, c’est sa façon.
Moi, quand je fouts une Garce,
Je vise tout droit au con,


Air : D’un bouquet de romarin[ws 1].


Je vais donc, en peu mots,
Vous chanter merveille.
Si un vit mal-à-propos
Vous blesse l’oreille ;
Femmes, sans autre façon,
Placez-le dans votre con.
J’offre toujours à Lison
Aubaine pareille.


Les Fouteries chantantes, 1791 - Fleuron - Soleil
Les Fouteries chantantes, 1791 - Fleuron - Soleil

Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-6
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-6

Les Fouteries chantantes, 1791 - Bandeau
Les Fouteries chantantes, 1791 - Bandeau

FOUTRE ET BOIRE,
Deviſe DE Mirabeau-Tonneau,
ou Riquiqui cadet.

CHANSON JOYEUSE.


Air : Que le Sultan Saladin[ws 2].


Venez voir dans un tonneau
Le buste de Mirabeau.
Ce grivois bornait sa gloire
A bien foutre et à bien boire ;
Ce fait-là n’est pas nouveau :
C’est beau, c’est beau ;
C’est un fort joli tableau.
Chantons donc tous en sa mémoire,
Foutre et bien boire,
Foutre et bien boire.

Buvant auprès de Fanchon,
Il lui patinait le con :

Est-il fouterie pareille ?
Foutre en vuidant bouteille ;
Ce passe-temps est pour deux
Heureux, heureux.
Je trouve ça tout au mieux
Pour réveiller une humeur noire,
Foutre et bien boire.  (bis)

Lors ivre, ce gros bonneau,
Ce Riquiqui Mirabeau
Troussait Fauchon complaisante,
Et dans son cul de Servante,
Enfonçait son chalumeau :
C’est beau, c’est beau :
Pour un cul, quel beau cadeau !
Ce trait ornera son histoire,
Foutre et bien boire.  (bis)

Lorsque sous un cotillon,
Mirabeau prenait un con,
Il disait, dans son ivresse :
Branle-moi donc, ma Déesse ;
Fais-moi redresser l’engin :
C’est bien, fort bien :
Ah ! qu’un vit roide va bien !

Le seul plaisir, j’aime à le croire,
C’est foutre et boire.  (bis)

J’aime à voir ce gros pourceau,
Qui d’un vit gros, ferme & beau,
Va foutraillant le derrière
De sa grosse Chambrière,
Qui, ma foi, le lui rend bien :
C’est bien, très-bien ;
Cela ne la blesse en rien :
C’est ainsi que faisait Grégoire,
Foutre et bien boire.  (bis)

Riquiqui, ce gros tonneau,
A d’un vit pour oripeau,
Augmenté sa chevelure.
Vits, cons forment sa figure :
Qu’ainsi ce gros bougre est beau,
Fort beau, très-beau !
Regardez-moi ce tableau :
C’est le mettre au champ de sa gloire ;
Foutre et bien boire.  (bis)


Les Fouteries chantantes, 1791 - Fleuron - Fleur-de-lys
Les Fouteries chantantes, 1791 - Fleuron - Fleur-de-lys

Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-9
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-9



FOUTERIE PRÉCIEUSE
ET BIEN CHÈRE,
OU
UN COLLIER POUR FOUTRE UN CON.

CHANSON SÉRIEUSE.


Air : Quand la Mer rouge apparut[ws 3].


D’un Cardinal trop fameux,
J’offre ici l’histoire ;
Qu’on traita tout comme un gueux,
Au fort de sa gloire :
Le sujet ? on le sait bien ;
C’est que le bougre, en vaurien,
De ma ma ma ma,
De rie rie rie rie,
De ma ma,
De rie rie,
Marie-Antoinette
Voulait la conquête.


Avait-il tort ou raison ?
Comme chacun pense,
Antoinette avait un con
Digne d’Eminence :
Rohan, tel qu’il est décrit,
Possédait un bon gros vit,
Vit qua qua qua qua,
Vit ré ré ré ré,
Vit qua qua,
Vit ré ré,
Vit à la françoise,
De taille bourgeoise.

Ne songeant qu’au doux plaisir
De foutre la Reine,
Tourmenté par ce desir,
Il était en peine,
Et disait, dans ce besoin :
Employons quelque moyen.
Pour lui trou trou trou,
Pour lui ser ser ser
Pour lui trou,
Pour lui ser,
Lui trousser la cotte,
Il choisit la Mothe.


Cette gueuse sans façon,
A cette nouvelle,
Voulut de ce royal con,
Être maquerelle,
A Rohan elle prédit,
Qu’il amuserait son vit ;
Que fla fla fla fla,
Que me me me me,
Que fla fla,
Que me me,
Que flamme si belle,
Était bagatelle.

Le paillard déjà croyait
Branler Antoinette,
Et qu’une Reine voudrait
Tâter sa roupette ;
L’agente par un collier,
Fit un tour de son métier,
Qui, dans un ca ca,
Dans un chot chot,
Dans un ca,
Dans un chot,
Dans un cachot sombre
Le fit mettre à l’ombre.


Quand Rohan se vit enclos
Dans cette bastille,
Ayant son œil à mi-clos,
Bandait-il, le drille ?
Il disait en vrai couillon :
Au cachot pour foutre un con !
Mais un beau beau beau,
Mais un con con con,
Mais un beau,
Mais un con,
Mais un con de Reine
Vaut bien cette peine.

De se sauver vint à bout
Sa triste Éminence.
Antoinette pour qui fout
A de l’indulgence,
Elle plaignit ce mortel
De bander en Colonel,
Sauvant sa ca ca,
Sauvant sa lo lo,
Sa ca ca,
Sa lo lo,
Sauvant sa calotte,
Fit marquer la Mothe.

A cela, disait le Roi,
Ce bien pauvre Sire,
Qui fouterai-je donc, moi ?
Ce n’est pas pour rire !
Il n’était pas convaincu
Qu’alors il était cocu,
Et que la di di,
Et la vi vi,
Que la di,
Que la vi,
Et que la divine ;
Dédaignait sa pine.



Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-13
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-13



LES ADIEUX D’UN MINISTRE
AUX PUTAINS DE LA VILLE
ET DE LA COUR.

COMPLAINTE LUBRIQUE.


Air : Chantez, dansez, amusez-vous[ws 4].


Que vous ai-je donc fait. Français,
Pour me couillonner de la sorte ?

Moi qui chérissais tant la paix,
Ou que le grand diable m’emporte,
Je suis foutu, je le vois bien ;
Il ne faut plus compter sur rien.

Adieu, Putains ; adieu, Ribauds ;
Vous n’aurez plus de ma finance,
Et quoique mes couillons soient chauds,
Je ne foutrai plus en France ;
Je bande pourtant toujours bien :
Tout est foutu, je le vois bien.

Adieu, Putains de l’Opéra ;
Adieu, mes lubriques Déesses.
Oui, la Tour-du-Pin crevera
De ne plus manier vos fesses ;
Car foutre était mon seul soutien.
Je suis foutu, je le vois bien.

Hélas ! je sens en ce moment
Mon vit brûlant, chaud comme braise.
Pour un fouteur, ah ! quel tourment !
De ne plus foutre une Française ;
Si je renonce à ce grand bien,
Je suis foutu, je le vois bien.


Quel foutu, sort ! ah ! sort maudit !
Ma Lise, avec qui je folâtre,
Je ne mettrai plus donc mon vit
Entre tes deux tettons d’albâtre ?
Ton con, que je branlais si bien,
Il est foutu, je le vois bien.

Quoi ! ne pouvoir plus à Paris,
D’une langue vive et légère,
Gamahucher le clitoris
D’une fouteuse aimable et chère ?
Chacun son plaisir, c’est le mien.
Tout est foutu, je le vois bien.

Je vais foutre chez l’Etranger
Une autre charmante coquine.
Hélas ! pourrai-je décharger,
Sans me faire branler la pine ?
Pour goûter ce souverain bien,
Pourrai-je bander assez bien ?

Si mon vit languit en repos,
Tout est foutu dans la Nature :
Lui qu’à foutre était si dispos !
Alors garre la sépulture ;

Et l’on dira, dans ce grand bien :
Fouteur foutu, je le vois bien.



 
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-16



LE DUEL PUNI.
OU
Retour d’un Fouteur aristocrate
revenant du Bois de Boulogne.

CHANSON FOUTRI-PATRIOTIQUE.


Dialogue entre Cazalès et une Branleuse
 de la rue Saint-Honoré.


Air : On compterait les Diamans[ws 5].


La Branleuse.


Quoi ! tu reviens, lâche coquin,
Me présenter ici ta pine ?
Tu crois qu’à te branler l’engin,
Ma main douillette se destine ?
Jean-foutre, ne l’espère pas :

Si cela est, que mon con bave ;
Tu peux foutre d’autres appas ;
Je ne fouts plus qu’avec Barnave.  (bis)

Cazalès.


Par pitié, souffre, mon tendron,
Que mon vit, droit comme une quille,
Pénètre jusques dans ton con ;
C’est par-là que Cazalès brille :
Crois-moi, retranche ce ton-ci ;
Cesse de faire la bougresse,
Car je ne partirai d’ici,
Qu’après t’avoir tâté la fesse.  (bis)

La Branleuse.


Retire-toi, moule à vilain,
Avec ton bougre et plat visage :
Tiens, regarde-le ce conin,
Sans y foutre un pouce d’ouvrage.
Or, c’est moi qui te le prédis,
Et je t’en donne ma parole ;
Si tu y fouts jamais ton vit,
Je veux attraper la vérole.  (bis)

Cazalès.


Ne sois pas si fière Putain ;
Vois, considère aussi ma pine,
Que tu branlais soir et matin ;
Viens, ma charmante couillardine ;
Je bande comme un enragé,
Et mon vit te rendra bien aise ;
Ne me donne donc pas congé
Comme à un foutu bande-à-l’aise.  (bis)

La Branleuse.


J’aimerais mieux, foutu gredin,
Branlotter le vit d’un mulâtre.
Le secouer d’un air badin,
Enfin, un vit opiniâtre,
Que de chatouiller de ma vie
La pine d’un ariſtocrate ;
Je ne fit jamais de folie ;
Allons, fouts-le-camp, car j’ai hâte.  (bis)

Cazalès.


Puisque par un refus cruel,
Tu fais tant mépris de ma couille,
Je vais en un autre bordel

Aller tôt poser mon andouille ;
J’étais de toi trop entiché ;
Adieu, ma sévère fouteuse ;
J’étais pourtant un bon miché
Pour une laide Raccrocheuse.  (bis)

La Branleuse.


Je me ris des méchans propos
D’un viédase, d’un misérable ;
Fouts-moi, de grace, le repos,
Et va porter ta pine au Diable.
Mais pour être plus satisfait,
Reçois cette leçon en outre ;
C’eſt que mon beau con n’eſt pas fait
Pour un aussi vilain jean-foutre.  (bis)


 
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-20



LES MYSTIFICATIONS

DE
L’ABBÉ MAURY.
ROMANCE.


Air des Pendus[ws 6].


OR, écoutez, petits et grands,
Mes malheurs et mes accidens ;
La chose est bien facile à croire ;
C’est à la place de Victoire
Que je fus un jour raccroché,
Pour me punir de mon péché.

Je sentis redresser mon vit ;
Je m’en fus droit où l’on me dit.
Allons, mon cher Abbé, de grace,
Me dit cette bougre de Garce,
Suis la maxime du bordel,
Tout Prêtre vit de son Autel.


Or sus, sans me faire prier,
A mon gousset je fus fouiller,
Et tout aussi-tôt ma coquine,
D’un coup de main flatta ma pine,
Et puis levant son cotillon,
M’exposa sa motte et son con.

L’Abbé, dites-moi votre goût ;
Monsieur branle-t-il, ou s’il fout ?
J’ai le poignet d’une Princesse ;
Je sais branler à la Duchesse.
Si vous voulez me foutre en cul,
C’est encore un petit écu.

Ce jour-là de mauvaise humeur,
Je choisis le con, par malheur.
Hélas ! pour près d’une pistole,
Je m’en fus avec la vérole.
Que maudit soit mon noir destin,
Et qu’au foutre soit la Putain.

« Reviens me voir sans danger ;
» Dis-moi, fais-je bien décharger ?
» Là, que dis-tu de ma croupière,
» Du mouvement de ma charnière ?

» Non, tu n’oublieras pas ce lieu :
» L’Abbé, tu fouts tout comme un Dieu ».

Ah ! que la gueuse avait raison !
Je n’ai point oublié son con,
Et dans cette affreuse matrice,
J’ai donc puisé la chaude-pisse !
Je le dis à tous en secret,
J’en suis pour trois mois au creuset.

Desormais tâtant du garçon,
Pour un cul laissant-là le con,
Dans ce trou glisserai ma pine,
Au risque de la crystalline ;
Si l’on le sait, je répondrai,
Que je peux foutre où je voudrai.


 
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-23



LE PAILLARD

ARISTOCRATE ET DÉMOCRATE,
OU
DEUX TÊTES
DANS LE MÊME BONNET
CHANSON BURLESQUE.


Air : Tandis que tout ſommeille[ws 7].


De ma triste aventure,
Daignez ouïr le récit :
Je pleure sur mon vit ;
Voyez-en la peinture ;
Oui, c’est, hélas !
Mon embarras,
Et ma peine cruelle ;
Je bande comme un malheureux,
Sans pouvoir contenter mes vœux ;

Est-il un ſort plus rigoureux ?
Oh ! tristesse mortelle !

D’un vit rempli d’audace,
Je foutais autrefois
Mille cons à mon choix,
Sans qu’ils fassent grimace ;
Mais à-présent,
Pour mon argent,
Il n’est pas une gueuse
Qui veuille avec amour, respect,
Me foutre un bon coup de poignet :
Pour un fouteur, ah ! quel regret !
Destinée malheureuse !

Je me branle moi-même
En mon cruel destin ;
Du con de ma Putain
J’ai perdu l’idée même :
Fâcheux tourment !
Pour un Amant,
Montre-toi donc propice ;
Viens procurer à mon engin,
Le doux nectar de son vagin,
Dussai-je un jour, dans son conin,
Gagner la chaude-pisse.


En voyant cet outrage,
Je me repens toujours,
Qu’au mépris des Amours,
J’ai parlé sot langage :
Foutu complot,
Lâche et si sot ;
C’est un Aristocrate,
Entends-je dire en mon malheur ;
Traitons-le en toute rigueur,
Et n’éprouvons que la douceur
D’un gros vit démocrate.

D’avanie sans pareille,
Combien je suis à bout !
Et pour foutre un bon coup,
J’offrirais une oreille :
Mais mon engin,
Qui, sans conin,
Va déserter la place,
M’inspire bien mieux que l’autel.
Je vais courir en un bordel,
Sous l’habit d’un autre mortel,
Et foutre une conasse.




LE DÉMOCRATE RECONNU,

OU

SUITE DES DEUX TÊTES
DANS LE MÊME BONNET.

CHANSON GRIVOISE.


Air : Tiens, voilà ma Pipe.


Voyez en militaire ;
Avez-vous des yeux ?
Pour cette douce affaire,
Ne suis-je pas mieux ?
D’un Caporal soldé,
Je vais prendre le ton ;
En bougre décidé,
Je foutrai plus d’un con.

Allons, grosse bougresse,
Viens, mets-toi donc là ;
Présente-moi la fesse :
Ah ! bon, comme cela.

Si jamais tu recule,
Ecoute-moi soudain,
Aussi-tôt je t’encule,
Infernale putain.

Je sens mon vit qui dresse ;
Voyons ton conin,
Branle-moi, ma déesse,
Et que mon engin,
Sans se gêner farfouille,
En ton fameux quibus,
Ou qu’on coupe ma couille
Jusqu’au rasibus.

Je te fouts en levrette,
Ma sacrée Putain ;
Chatouille ma roupette :
Pour ce beau dessein,
Regarde mon habit ;
Il annonce un fouteur ;
A mon superbe vit,
Ne fouts donc pas malheur.

Aujourd’hui pour te plaire,
D’un bel habit bleu,

J’ai, pour te satisfaire,
Employé le beau jeu.
Ça, fouterai-je en cuisse,
Ou près de ton tetton ?
Mais point de chaude-pisse
Dans ton sacré con.

Je fus pris par l’oreille
En ce taudion ;
Ce ne fut pas merveille,
Voulant foutre un con ;
Connu pour Calotin,
Je n’eus qu’à me sauver,
En quittant la Putain,
Sans pouvoir l’embrasser.


 
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-29



LES DOLÉANCES

DE LA
FOUTUE GUEUSE DE POLIGNAC,
OU
REGRETS SUR LA PERTE
DES VITS DE FRANCE.


Air de Manon Giroux.


Voyez en moi cette gueuse,
Qui du genre humain,
Choisit d’une raccrocheuse,
Le beau tour de main ;
A branler prenant la peine,
Que dire à cela ?
D’un doigt j’ai foutu la Reine ;
Encor celui-là.

Plus d’une jolie pucelle
Placée dans mon lit,

Pour un doigt de ma main belle ;
Laissait-là le vit ;
De sa brûlante matrice,
Que dite à cela ?
Je chatouillais l’orifice ;
Encor celui-là.

Dans le con d’une Princesse,
Valant un fouteur,
J’ai su prouver mon adresse,
Aussi ma vigueur ;
Et dans son tendre délire,
Que dire à cela ?
Je décharge, et je soupire ;
Encor celui-là.

Du vit de la Valetaille,
Souvent j’ai fait choix,
Et des pines de Versaille,
J’ai reçu les loix :
Si j’ai passé pour fouteuse,
Que dire à cela ?
Qu’une garce est très-heureuse
Encor celui-là.

En parfaite libertine,
Laissant le plumet,

J’ai su travailler la pine
Du petit-collet.
Blonds Abbés, Coureurs et Pages,
Que dire à cela ?
J’ai sucé l’apprentissage ;
Encor celui-là.

Dans mon con rempli de charmes,
Je vis autrefois
D’un vit répandre les larmes,
Par le cher d’Artois,
Et lors, en digne bougresse,
Que dire à cela ?
Je lui chatouillais la fesse ;
Encor celui-là.

J’ai borné toute ma gloire
En quittant Paris ;
Je n’aurai plus la victoire
Sur les clitoris :
A branler pine allemande,
Je vois mon destin ;
Et pourtant étais friande,
Moi, sacrée putain.




LE SONGE.


Air : Si je meurs, que l’on m’enterre.


Un con rongé de vérole,
En songe hier m’apparut ;
Il m’adressa la parole,
Et me parla comme un cul :
Ses grosses lèvres enflées
Etaient pleines de boutons,
Et ses règles débordées
Regorgeaient à gros bouillons.

Est-ce ton heure dernière,
Lui criai-je en sanglottant ?
Et ton âme prisonnière,
Fuit-elle avec ce torrent ?
« Oui, bientôt vers l’Elysée,
» Je vais diriger mes pas,
» Puisque la voûte éthérée
» De foutre n’abonde pas ».

Te faut-il une prière.
Pour fléchir les immortels ?

« Je ne veux qu’un luminaire ;
» Tous les vits sont mes autels :
» Que les fouteurs de la terre
» M’élèvent un monument,
» Et que la Nature entière
» Bande à mon enterrement.

» Qu’un mausolée à ma gloire
» Soit élevé par les vits ;
» Qu’on y lise à ma mémoire,
» Ces mots par le foutre écrits :
» Sous cette masse de pierre,
» Repose un vieux con pourri :
»Passant, dis-lui ta prière,
En te polluant le vi ».




BON MOT


A une Demoiselle qui, pour désigner
la courte stature de l’Auteur,
l’avait qualifié de l’épithète populaire
de cinq pieds trop courts.


Air : On compterait les Diamans[ws 8].


Pourquoi si fort vous gendarmer
Contre ma taille insuffisante ?
Dès que viendra le temps d’aimer,
L’on pourra vous rendre contente ;
Mais dans l’âge de la froideur
Cinq pieds charment peu vos caprices :
Quand vous sentirez votre cœur,
Huit pouces feront vos délices, (bis)




CONSEILS

A MON AMI PAILLARD.


 


Dans ces lieux si chéris dont je suis éloigné,
Qu’y fouts-tu maintenant, Ami infortuné ?
Es-tu toujours réduit à te branler la pine,
Vrai moyen d’irriter ton humeur intestine ?
Ou bien quelque Putain, pour calmer ta fureur,
Va-t-elle de son con prêter la profondeur ?

Heureux, trois fois heureux, le fouteur qui dispose

Des volontés d’un con, aussi-tôt qu’il propose :
Son vit ne languit point dans un honteux repos ;

Il fait l’amour du Sexe et l’honneur des Ribauds.

Les Garces et les Putains à ses couilles pendues,
Le suivent à l’odeur qu’il répand dans les rues.
O toi, qu’un beau desir, dès tes plus jeunes ans,
Porte à te signaler par des faits éclatans,
Apprends qu’en l’art de foutre il est une sagesse
Où jamais n’atteindra l’impudente jeunesse,

Ecoute mes avis, goûte mes leçons :

Lorsque je t’aurai conduit sur les lèvres des cons,

Qu’alors ton vit se guinde et se mette au grand large :

Je ne t’arrête plus ; bande, fouts et décharge.
Maintenant qu’enflammé, pétulant, vigoureux,

Tu coupes ou perses tout, dans l’ardeur de tes feux,

Garde-toi de sécher aux pieds d’une inhumaine,

Qui, dans tous ses desirs, chancelante, incertaine,

Te promet, te refuse, t’oppose tour-à-tour
Aux loix de sa pudeur, celle de son amour :
Après bien des combats, elle est enfin décise,

Mais c’est lorsque le foutre est pris à sa chemise,

Et que, par ce retard, tes couillons morfondus,

Lorsqu’elle veut baiser, ne te secondent plus.
N’imite pas non plus ces bandalaises infames,
Qui, bornant leurs exploits à gagner une femme,

Consument indignement leurs momens les plus doux

A suivre une beauté sujette à son Epoux.

A ces mots, je le vois, ta surprise est extrême :

Ton vit n’en peut sortir ; il murmure en lui-même.

A quoi bon, me dit-il, blâmer un Favori,
Qui contente la Dame, en trompant le Mari ?
Patiner des tettons dès leur première aurore,
Tenir un poil de cul qui ne fait que d’éclore ;
Ou, d’un autre côté, rendre un Mari cornard,

N’est-ce pas, réponds-moi, le chef-d’œuvre de l’art ?

J’en conviens ; je veux même que ton vit y prétende ;
Mais pour y parvenir, il faudrait qu’il attende ;
Car si le tems, les soins, les promesses enfin,
Peuvent conduire au point d’obtenir un conin,
C’est par la même voie, autant et plus gênante.
Qu’en briguant une femme, on arrive à sa fente :

Les hommes autrefois sans habits, sans haillons,

Laissaient flotter au vent leurs vits et leurs couillons ;

Le Sexe s’honorait d’étaler à leur vue
Deux tettons rondelets, une motte velue :
Les cons, ainsi que l’air, étaient tous en commun ;
On les obtenait tous sans en épouser un.

Dans le siecle tout d’or de la simple Nature,
L’on ne connaissait point le péché de luxure :
Sur le premier gazon, à sa proximité,
Un vit bourrait un con sans impudicité :
L’innocence régnait, tout était à sa place ;
Jamais un vit en rut n’éprouva de disgrace.
O changement ! ô mœurs ! ô préjugés affreux !

Les mortels, de nos jours, sont bien loin d’être heureux !

Un bonheur si parfait ne fut pas de durée.
Si-tôt que des trésors la soif démesurée
Partagea les humains sur divers intérêts,
L’on établit des Loix, on porta des Décrets,
L’on créa des Edits, on fit des Ordonnances,
Et même pour les culs l’on eut des prévoyances,

Pour-lors on défendit qu’un vit pauvre et navré

S’avisât d’approcher d’un con riche et paré.
L’Epouse, au mot d’un Prêtre, à son Epoux soumise,
Ne dut plus que pour lui retrousser sa chemise :

L’Amour, le tendre Amour opprimé sous ces loix,

Chercha de vains discours dans d’impudiques doigts.

La Femme mit en jeu la fourbe et l’artifice,
Et plongea son Mari dans un sombre supplice ;
La contrainte au plaisir donna l’activité ;
Mais rien ne nous rendit l’ancienne liberté.
Aujourd’hui, si tu veux devenir adultère,
Ma Muse t’ouvrira les portes du mystère.
Ne crois pas, en entrant dans ce temple divin,
Trouver à chaque pas des fleurs sur ton chemin ;

Tu verras, au contraire, s’accroître des obſtacles,

Si ton ardent amour n’opère des miracles.
Deviens donc empressé, docile, officieux,
Honnête, complaisant, adroit, industrieux,
Habile à profiter d’un moment favorable,
Flatteur avec esprit, et courtisan affable ;
Apprends à supporter un Epoux ennuyeux,
Qui veille à tes discours, tes gestes et tes yeux,
A taire les dégoûts que ta belle indolente
Cause par ses retards à ta pine brûlante ;
Flatte tous ses desirs, exalte ses bienfaits.
De ceux que tu lui rends ne lui parle jamais :

Garde qu’aucun secret de ton cœur ne transpire.

Le Français n’eſt, dit-on, heureux que pour le dire ;

De ce lâche défaut n’infecte point tes mœurs ;
Un indiscret aveu rompt l’union des cœurs.
Amant favorisé, si tu veux long-temps l’être,
Affecte prudemment de ne point le paraître :
L’amour doit apporter bien des ménagemens,
Pour se mettre à l’abri des traits des médisans.

Mais, hélas ! un enfant n’a point de prévoyance,

Et le moindre revers trompe sa vigilance.
Je vais t’en rapporter un exemple en passant ;
Si le fait est commun, je le rendrai plaisant :
Le héros ? je le suis. Depuis près d’une lune,

Je brillais pour les yeux d’une charmante brune ;

Seul avec ſon Epoux, je partageais son cœur,
Lui par devoir forcé, moi par simple faveur ;

Libre accès au logis, et doux accueil du maître,

J’étais sans-doute heureux : qui n’aurait pensé l’être ?

Le mari chaque jour, au-dehors arrêté,
Laissait à son épouse une ample liberté ;

La Servante coquette, et pourtant bonne-femme,

Eût aveuglé Monsieur, pour obliger Madame.

Tout flattait notre amour, tout servait nos desirs ;

La crainte seulement dérangeait nos plaisirs.
Un jour que sur son lit mon aimable déesse
Recevait le tribut de ma vive tendresse,

Dieux ! nous allions toucher au suprême bonheur ;

Un retour imprévu nous glaça de frayeur :
Le chien nous avertit qu’on ouvrait sur la rue.
Finis, mon dieu, finis, dit ma belle éperdue :

Le chien s’appaise ; ô ciel ! on vient, c’est mon Epoux.

Je m’élance du lit, je me jette dessous ;
Ma Déesse à l’instant se détrousse et s’arrange,
Vole vers son mari pour lui donner le change.

D’où viens-tu, mon cher cœur, qu’as-tu fait aujourd’hui ?

Je suis toujours ici seule à mourir d’ennui.
Le benêt cajolé par sa trompeuse idole,

La presse sur son sein, l’embrasse et la console,

Tandis que sous le lit, où je me suis caché,
Le corps tout accroupi, mon habit tout taché,
Je maudis mille fois la femme et l’adultère,
Et voue à mon patron le plus beau luminaire,

Si, me tirant de-là, sans perdre mon paquet,
Il me permet ailleurs de planter le piquet.
Le Saint, une heure après, mérita sa chandelle ;
Je la lui dois encore ; mais il l’aura plus belle.
Quant au reste du veu, je suis quitte avec lui,
Je me passe aisément de la femme d’autrui.

Il est des lieux secrets, où des beautés à gages,

Reçoivent des Ribauds les assidus hommages ;
Là, je fouts librement, sans craindre les cocus
Et pour un que je perds, je retrouve cent culs,
Grace aux soins vigilans d’une police honnête,
Je goûte en sûreté les faveurs que j’achète.
Le bordel n’a d’affreux que certains petits dons

Que l’on nomme poireaux, chancres, poulains, bubons,

Chaude-pisse, vérole, impurs fruits de la joie,
De qui les putassiers sont l’ordinaire proie ;
Mais pour dédommager ces fidèles amis,
A leur lubricité Vénus a tout permis ;

Sur les moindres offres, ces putains découvertes,

Offrent à leurs regards, des mottes entrouvertes.

Tout soupçon disparaît à ce flatteur aspect,

Un con bien voilé n’est plus un con suspect.

Quand le foutre irrité bouillonne dans les veines,

On oublie aisément les douleurs et les peines ;
Le vit haut et fier, bandant avec effort,
Enconne, presse, fout, et jamais ne ressort

Qu’au moment où l’ardeur de sa flamme amortie,

Laisse choir mollement sa tête appésantie :
Les garces aussi-tôt, par d’impudiques jeux,
De leurs couillons lassés ressuscitent les feux ;

A leurs tendres discours, à leurs douces amorces,

Leurs vits lèvent la tête, et retombent sans forces.

O faiblesse agréable ! ô sort cent fois plus doux

Que celui d’un fouteur, châtié par un époux !
Sur le sale nombril d’une femme infidelle,

Oui, j’aime mieux gagner de quelque maquerelle

La vérole, et pourrir en généreux paillard,
Que de perdre le vit, comme fit Abailard,
Je me fouts du trépas et de ma fin dernière,
Pourvu qu’une putain me ferme la paupière,

Que je tienne, en mourant, un con sale et baveux,

Infecté de boutons couronnés et galeux.
Un fouteur a rempli de longues destinées,
S’il abrège ses ans par de belles journées :
Un siècle ne vaut pas le moindre coup de cul ;
L’on juge par le fait, du tems qu’on a vécu.

Viens, cher ami, suis-moi, mon vit te sert de guide ;

Viens, prouver au bordel ton ardeur intrépide ;
Du jus de tes couillons inonde les putains,
Et brave les réchauds, le mercure et les bains.
Mais… que vois-je ! ton vit que je provoque,
Plus mol qu’un limaçon, se retire en sa coque ?
Lâche ! est-ce là le fruit de mon instruction ?

N’ai-je fait qu’un viédase, un jean-foutre, un couillon ?

Tu cherches le plaisir en mitonnant ta pique :
Jadis on t’eût chassé de l’école cinique ;

Mais moins sévère et moins dur qu’Enthitêne le fut,

Je veux tout employer, pour te remettre en rut.
Tu crains la volupté corrompue en sa source ?

Eh bien ! contre les maux cherchons une ressource.

Attends, il en est une en ton propre foyer ;
Ta Servante te l’offre, et tu dois l’employer ;
Qu’importe, que le con soit de basse naissance ?
D’un con avec un con, quelle eſt la différence ?
Compare à la Chailly, la fille de Marceau,
La femme du Conseil l’aura-t-elle plus beau ?
Sur des habits pompeux, sa richesse étalée,
Lui donne-t-elle au lit la cuisse potelée,
Les tettons arrondis, le ventre poli,
La croupe dégagée, et le con mieux fourni ?
Non, elle peut même, sans cette parure,
Cacher à tous les yeux des défauts de nature.
N’aimes-tu pas bien mieux autre beauté qui plaît

Sans ces ruſes, sans fard et par un simple attrait ?

Son mouchoir négligé, sa gorge demi-nue,
Décèlent deux beaux seins à ta persante vue.
Parcours-en à loisir le tour et la façon ;
Porte de-là les yeux sur son léger jupon ;
A travers le tissu d’une claire futaine,
Mille rares beautés se découvrent sans peine.
Si ce joli tendron paraît te convenir,
N’hésite point au prix, hâte-toi de finir ;
Tu la verras d’abord et revêche et farouche,
Epuiser contre toi tous les flux de la bouche ;

C’est un protée adroit qui saura t’échapper,
Si, par ce dur accueil, tu te laisses tromper :

Mais pour peu que ton doigt, au ventre la chatouille,

Ce monstre furieux succombe et s’agenouille,
L’image des plaisirs affaiblit sa vertu :

Lorsqu’on ne veut pas vaincre, l’on est bientôt vaincu.

Voilà l’avis d’un ami vrai, et sage,
Goûte-le bien, et fais-en bon usage ;
Sur tout ce qu’il te dit, garde bien le secret,
Car tu ne l’aurais pas, si tu n’étais discret.





CHANSON JOYEUSE


Sur l’escampativos des Evêques,
Curés, &c. qui ont fait les sots
bougres, en refusant de prêter le
serment civique.



AH ! l’heureux jour, que celui-là !
Ces bougres en sont venus là :

Que chanter en ce plaisir là ?
Alléluia !

Ils sont foutus, ces bons Prélats,
Ils auront beau crier, hélas !
Nous répondrons à tout cela :
Alléluia !

Vous, déserteurs des saints autels,
Vous n’irez plus aux vils bordels ;
Quel malheur pour vous, celui-là !
Alléluia !

A-présent on vous prédira,
Que votre gloire finira ;
Que chacun de vous crevera.
Alléluia !

Juigné, sans âme, sans vertu,
Tout comme un autre est bien foutu
Il mérite ce bonheur-là.
Alléluia !

Nos Défenseurs chantent bravo !
Sur ces baudets ils crient bravo ;
Nous disons comme eux en cela ;
Alléluia !


Barnave, notre cher soutien,
Refout tous ces hommes de bien :
Chantons à ce bon bougre-là :
Alléluia !

La calotte est au désarroi,
Elle est écrasée sous la loi ;
Chantera-t-elle en ce jour-là,
Alléluia ?

O méprisables Calotins,
Que ferez-vous de vos Putains ?
De cœur diront-elles à cela,
Alléluia ?

Allez, canaille, suppôts d’enfer.
Vils excrémens de l’univers,
Votre bonheur en reste-là.
Alléluia !

Le bon Jésus nous rend heureux ;
Il s’est foutu de tous vos veux ;
Dans le ciel il chante cela.
Alléluia !


FIN

.


Notes de Wikisource

modifier
  1. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 161.
  2. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 489.
  3. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 355.
  4. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 836.
  5. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 423.
  6. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 728.
  7. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 553.
  8. ndWs. Cf. recueil La clé du caveau, 42.