Les Forces éternelles/Vous étiez rêveur…

Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 405).

VOUS ÉTIEZ RÊVEUR…


Vous étiez rêveur et tranquille,
Votre cœur ne désirait rien
Que le mol charme aérien
Des jours qui sont comme des îles…

Moi j’étais encore une enfant
Mais violente, sérieuse,
Et j’ai mis mon bras triomphant
Et mon âme contagieuse
Contre vous. — Ah ! s’il se défend,
Votre esprit solitaire et triste.
Que pourrait-il puisque j’existe,
Et qu’à vos songes j’ai mêlé
Mes jardins, mon ciel étoile,
Le miel de l’air, le sel de l’onde.
Le chant mystérieux des mondes
Emplissant l’immense horizon,
Et mon délire, et ma raison…