Les Forces éternelles/Chant de Daphnis

Comtesse de Noailles ()
Arthème Fayard & Cie, éditeurs (p. 309).

CHANT DE DAPHNIS


Ne reste pas distraite ainsi. Le plaisir veut
Que lentement l’esprit l’observe et le conçoive,
Et que le pied soyeux, l’épaule et les cheveux
Autant que le regard et les lèvres le boivent.

C’est un dieu susceptible et fier que le désir.
Sa suprême bonté de feu ne se hasarde
Que vers l’esprit soumis qui se laisse envahir,
Et dans son miel cuisant languissamment s’attarde.

— Pauvres humains, fuyez les faibles vanités,
N’engagez pas vos jours dans de vaines parades,
Que resto-t-il aux morts, sinon d’avoir été
Un moment de la vie et de l’éternité,
Quand le corps attentif et l’âme par saccades
Atteignent à la volupté ?