Les Fautes, Sérénités/Chapelle

CHAPELLE




Sur le mont s’élève une humble chapelle,
Où les pèlerins s’en vont tous les ans
Aux pieds du Seigneur porter leurs présents.

Lorsqu’au ciel sourit l’aurore nouvelle,
Quelque jeune fille au front grave et doux
Vient garnir l’autel de branches de houx.

Puis, comme un essaim d’oiseaux dans les branches,
Nonnes à genoux, le missel en main,
Se pressent ; et c’est un tableau divin

Que ce chœur d’enfants et de vierges blanches,
Baigné des clartés vermeilles du jour,
Et chantant au Christ un hymne d’amour.

Jamais les accords des orgues sacrées
N’ont accompagné l’essor de ces voix,
Fraîches comme l’aube odorante aux bois,

Et jamais, l’hiver aux longues soirées,
Les cloches d’airain n’ont en s’endormant
Sonné l’Angelus plus discrètement.

Étroite est la nef ; la muraille nue !
Aucune œuvre d’art n’encombre le chœur :
Pourtant cette église est chère à mon cœur.

Car, dans l’ombre, un soir, j’y vis, inconnue,
Prier une femme au regard si beau,
Que j’en veux rêver jusques au tombeau.