Traduction par Edmondo Fazio alias Edmond Fazy.
E. Sansot (p. 57-58).

35. — L’INSTRUMENT DE JOIE[1]

Il y avait une fois, dans le pays souabe, un comte puissant et renommé, qui était le plus gaillard compagnon du monde.

Un beau matin, partant seul pour la chasse, il rencontre une jeune paysanne, montée sur une jument poussive. La jolie fille chante gaiement. Le comte l’interpelle :

— « Bonjour, mignonne ! Tu es gaie comme une alouette. On dirait que tu sors de ta nuit de noces ! »

— « Ça égaye donc, de recevoir, pour la première fois, le bâton viril ? »

— « Oh, oui ! Et même si ce n’est pas la toute première fois. Si tu veux… »

Alors, la jeune paysanne, ignorant la qualité du personnage :

— « Non, mon brave ! Fourre plutôt ton braquemart entre les fesses de ma jument qui ne marche pas ! Ça la ravigotera, et elle me ramènera plus vite à la maison. »

— « Bien répliqué ! » s’écria le comte, et il laissa la jolie fille passer en paix son chemin.

  1. Livre II, 147. Faccia responsio cuiusdam mulieris.