Les Enfants du capitaine Grant/Partie 3/Chapitre XIX

Hetzel (p. 590-599).

CHAPITRE XIX


UNE TRANSACTION.

Dès que le quartier-maître se trouva en présence du lord, ses gardiens se retirèrent.

« Vous avez désiré me parler, Ayrton ? dit Glenarvan.

— Oui, mylord, répondit le quartier-maître.

— À moi seul ?

— Oui, mais je pense que si le major Mac Nabbs et Monsieur Paganel assistaient à l’entretien, cela vaudrait mieux.

— Pour qui ?

— Pour moi. »

Ayrton parlait avec calme. Glenarvan le regarda fixement ; puis il fit prévenir Mac Nabbs et Paganel, qui se rendirent aussitôt à son invitation.

« Nous vous écoutons, » dit Glenarvan, dès que ses deux amis eurent pris place à la table du carré.

Ayrton se recueillit pendant quelques instants et dit :

« Mylord, c’est l’habitude que des témoins figurent à tout contrat ou transaction intervenue entre deux parties. Voilà pourquoi j’ai réclamé la présence de Messieurs Paganel et Mac Nabbs. Car c’est, à proprement parler, une affaire que je viens vous proposer. »

Glenarvan, habitué aux manières d’Ayrton, ne sourcilla pas, bien qu’une affaire entre cet homme et lui semblât chose étrange.

« Quelle est cette affaire ? dit-il.

— La voici, répondit Ayrton. Vous désirez savoir de moi certains détails qui peuvent vous être utiles. Je désire obtenir de vous certains avantages qui me seront précieux. Donnant, donnant, mylord. Cela vous convient-il ou non ?

— Quels sont ces détails ? demanda Paganel.

— Non, reprit Glenarvan, quels sont ces avantages ? »

Ayrton, d’une inclination de tête, montra qu’il comprenait la nuance observée par Glenarvan.

« Voici, dit-il, les avantages que je réclame. Vous avez toujours, mylord, l’intention de me remettre entre les mains des autorités anglaises ?

— Oui, Ayrton, et ce n’est que justice.

— Je ne dis pas non, répondit tranquillement le quartier-maître. Ainsi, vous ne consentiriez point à me rendre la liberté ? »

Glenarvan hésita avant de répondre à une question si nettement posée. De ce qu’il allait dire dépendait peut-être le sort d’Harry Grant !

Cependant le sentiment du devoir envers la justice l’emporta, et il dit :

« Non, Ayrton, je ne puis vous rendre la liberté.

— Je ne la demande pas, répondit fièrement le quartier-maître.

— Alors, que voulez-vous ?

— Une situation moyenne, mylord, entre la potence qui m’attend et la liberté que vous ne pouvez pas m’accorder.

— Et c’est ?...

— De m’abandonner dans une des îles désertes du Pacifique, avec les objets de première nécessité. Je me tirerai d’affaire comme je pourrai, et je me repentirai, si j’ai le temps ! »

Glenarvan, peu préparé à cette ouverture, regarda ses deux amis, qui restaient silencieux. Après avoir réfléchi quelques instants, il répondit :

« Ayrton, si je vous accorde votre demande, vous m’apprendrez tout ce que j’ai intérêt à savoir ?

— Oui, mylord, c’est-à-dire tout ce que je sais sur le capitaine Grant et sur le Britannia.

— La vérité entière ?

— Entière.

— Mais qui me répondra ?...

— Oh ! je vois ce qui vous inquiète, mylord. Il faudra vous en rapporter à moi, à la parole d’un malfaiteur ! C’est vrai ! Mais que voulez-vous ? La situation est ainsi faite. C’est à prendre ou à laisser.

Ayrton se contenta de hausser les épaules. (Page 589.)


— Je me fierai à vous, Ayrton, dit simplement Glenarvan.

— Et vous aurez raison, mylord. D’ailleurs, si je vous trompe, vous aurez toujours le moyen de vous venger !

— Lequel ?

— En me venant reprendre dans l’île que je n’aurai pu fuir. »

Ayrton avait réponse à tout. Il allait au-devant des difficultés, il fournissait contre lui des arguments sans réplique. On le voit, il affectait de traiter son « affaire » avec une indiscutable bonne foi. Il était impossible de s’abandonner avec une plus parfaite confiance. Et cependant, il trouva le moyen d’aller plus loin encore dans cette voie du désintéressement.

« Je suis réellement Tom Ayrton. » (Page 592.)


« Mylord et Messieurs, ajouta-t-il, je veux que vous soyez convaincus de ce fait, c’est que je joue cartes sur table. Je ne cherche point à vous tromper, et vais vous donner une nouvelle preuve de ma sincérité dans cette affaire. J’agis franchement, parce que moi-même je compte sur votre loyauté.

— Parlez, Ayrton, répondit Glenarvan.

— Mylord, je n’ai point encore votre parole d’accéder à ma proposition, et cependant, je n’hésite pas à vous dire que je sais peu de chose sur le compte d’Harry Grant.

— Peu de chose ! s’écria Glenarvan.

— Oui, mylord, les détails que je suis en mesure de vous communiquer sont relatifs à moi ; ils me sont personnels, et ne contribueront guère à vous remettre sur les traces que vous avez perdues. »

Un vif désappointement se peignit sur les traits de Glenarvan et du major. Ils croyaient le quartier-maître possesseur d’un important secret, et celui-ci avouait que ses révélations seraient à peu près stériles. Quant à Paganel, il demeurait impassible.

Quoi qu’il en soit, cet aveu d’Ayrton, qui se livrait, pour ainsi dire, sans garantie, toucha singulièrement ses auditeurs, surtout lorsque le quartier-maître ajouta pour conclure :

« Ainsi, vous êtes prévenu, mylord ; l’affaire sera moins avantageuse pour vous que pour moi.

— Il n’importe, répondit Glenarvan. J’accepte votre proposition, Ayrton. Vous avez ma parole d’être débarqué dans une des îles de l’Océan Pacifique.

— Bien, mylord, » répondit le quartier-maître.

Cet homme étrange fut-il heureux de cette décision ? on aurait pu en douter, car sa physionomie impassible ne révéla aucune émotion. Il semblait qu’il traitât pour un autre que pour lui.

« Je suis prêt à répondre, dit-il.

— Nous n’avons pas de questions à vous faire, dit Glenarvan. Apprenez-nous ce que vous savez, Ayrton, en commençant par déclarer qui vous êtes.

— Messieurs, répondit Ayrton, je suis réellement Tom Ayrton, le quartier-maître du Britannia. J’ai quitté Glasgow sur le navire d’Harry Grant, le 12 mars 1861. Pendant quatorze mois, nous avons couru ensemble les mers du Pacifique, cherchant quelque position avantageuse pour y fonder une colonie écossaise. Harry Grant était un homme à faire de grandes choses, mais souvent de graves discussions s’élevaient entre nous. Son caractère ne m’allait pas. Je ne sais pas plier ; or, avec Harry Grant, quand sa résolution est prise, toute résistance est impossible, mylord. Cet homme-là est de fer pour lui et pour les autres. Néanmoins, j’osai me révolter. J’essayai d’entraîner l’équipage dans ma révolte, et de m’emparer du navire. Que j’aie eu tort ou non, peu importe. Quoi qu’il en soit, Harry Grant n’hésita pas, et, le 8 avril 1862, il me débarqua sur la côte ouest de l’Australie.

— De l’Australie, dit le major, interrompant le récit d’Ayrton, et par conséquent vous avez quitté le Britannia avant sa relâche au Callao, d’où sont datées ses dernières nouvelles ?

— Oui, répondit le quartier-maître, car le Britannia n’a jamais relâché au Callao pendant que j’étais à bord. Et si je vous ai parlé du Callao à la ferme de Paddy O’Moore, c’est que votre récit venait de m’apprendre ce détail.

— Continuez, Ayrton, dit Glenarvan.

— Je me trouvai donc abandonné sur une côte à peu près déserte, mais à vingt milles seulement des établissements pénitentiaires de Perth, la capitale de l’Australie occidentale. En errant sur les rivages, je rencontrai une bande de convicts qui venaient de s’échapper. Je me joignis à eux. Vous me dispenserez, mylord, de vous raconter ma vie pendant deux ans et demi. Sachez seulement que je devins le chef des évadés sous le nom de Ben Joyce. Au mois de septembre 1864, je me présentai à la ferme irlandaise. J’y fus admis comme domestique sous mon vrai nom d’Ayrton. J’attendais là que l’occasion se présentât de m’emparer d’un navire. C’était mon suprême but. Deux mois plus tard, le Duncan arriva. Pendant votre visite à la ferme, vous avez raconté, mylord, toute l’histoire du capitaine Grant. J’appris alors ce que j’ignorais, la relâche du Britannia au Callao, ses dernières nouvelles datées de juin 1862, deux mois après mon débarquement, l’affaire du document, la perte du navire sur un point du trente-septième parallèle, et enfin les raisons sérieuses que vous aviez de chercher Harry Grant à travers le continent australien. Je n’hésitai pas. Je résolus de m’approprier le Duncan, un merveilleux navire qui eût distancé les meilleurs marcheurs de la marine britannique. Mais il avait des avaries graves à réparer. Je le laissai donc partir pour Melbourne, et je me donnai à vous en ma vraie qualité de quartier-maître, offrant de vous guider vers le théâtre d’un naufrage placé fictivement par moi vers la côte est de l’Australie. Ce fut ainsi que, suivi à distance et tantôt précédé de ma bande de convicts, je dirigeai votre expédition à travers la province de Victoria. Mes gens commirent à Camden-bridge un crime inutile, puisque le Duncan, une fois rendu à la côte, ne pouvait m’échapper, et qu’avec ce yacht, j’étais le maître de l’Océan. Je vous conduisis ainsi et sans défiance jusqu’à la Snowy-River. Les chevaux et les bœufs tombèrent peu à peu empoisonnés par le gastrolobium. J’embourbai le chariot dans les marais de la Snowy. Sur mes instances… Mais vous savez le reste, mylord, et vous pouvez être certain que, sans la distraction de monsieur Paganel, je commanderais maintenant à bord du Duncan. Telle est mon histoire, Messieurs, mes révélations ne peuvent malheureusement pas vous remettre sur les traces d’Harry Grant, et vous voyez qu’en traitant avec moi, vous avez fait une mauvaise affaire. »

Le quartier-maître se tut, croisa ses bras suivant son habitude, et attendit. Glenarvan et ses amis gardaient le silence. Ils sentaient que la vérité tout entière venait d’être dite par cet étrange malfaiteur. La prise du Duncan n’avait manqué que par une cause indépendante de sa volonté. Ses complices étaient venus aux rivages de Twofold-bay, comme le prouvait cette vareuse de convict trouvée par Glenarvan. Là, fidèles aux ordres de leur chef, ils avaient guetté le yacht, et enfin, las de l’attendre, ils s’étaient sans doute remis à leur métier de pillards et d’incendiaires dans les campagnes de la Nouvelle-Galles du Sud.

Le major reprit le premier l’interrogatoire, afin de préciser les dates relatives au Britannia.

« Ainsi, demanda-t-il au quartier-maître, c’est bien le 8 avril 1862 que vous avez été débarqué sur la côte ouest de l’Australie ?

— Exactement, répondit Ayrton.

— Et savez-vous alors quels étaient les projets d’Harry Grant ?

— D’une manière vague.

— Parlez toujours, Ayrton, dit Glenarvan. Le moindre indice peut nous mettre sur la voie.

— Ce que je puis vous dire, le voici, mylord, répondit le quartier-maître. Le capitaine Grant avait l’intention de visiter la Nouvelle-Zélande. Or, cette partie de son programme n’a point été exécutée pendant mon séjour à bord. Il ne serait donc pas impossible que le Britannia, en quittant le Callao, ne fût venu prendre connaissance des terres de la Nouvelle-Zélande. Cela concorderait avec la date du 27 juin 1862, assignée par le document au naufrage du trois-mâts.

— Évidemment, dit Paganel.

— Mais, reprit Glenarvan, rien dans ces restes de mots conservés sur le document ne peut s’appliquer à la Nouvelle-Zélande.

— À cela, je ne puis répondre, dit le quartier-maître.

— Bien, Ayrton, dit Glenarvan. Vous avez tenu votre parole, je tiendrai la mienne. Nous allons décider dans quelle île de l’Océan Pacifique vous serez abandonné.

— Oh ! peu m’importe, mylord, répondit Ayrton.

— Retournez à votre cabine, dit Glenarvan, et attendez notre décision. »

Le quartier-maître se retira sous la garde de deux matelots.

« Ce scélérat aurait pu être un homme, dit le major.

— Oui, répondit Glenarvan. C’est une nature forte et intelligente ! Pourquoi faut-il que ses facultés se soient tournées vers le mal !

— Mais Harry Grant ?

— Je crains bien qu’il soit à jamais perdu ! Pauvres enfants, qui pourrait leur dire où est leur père ?

— Moi ! répondit Paganel. Oui ! moi. »

On a dû le remarquer, le géographe, si loquace, si impatient d’ordinaire, avait à peine parlé pendant l’interrogatoire d’Ayrton. Il écoutait sans desserrer les dents. Mais ce dernier mot qu’il prononça en valait bien d’autres, et il fit tout d’abord bondir Glenarvan.

« Vous ! s’écria-t-il, vous, Paganel, vous savez où est le capitaine Grant !

— Oui, autant qu’on peut le savoir, répondit le géographe.

— Et par qui le savez-vous ?

— Par cet éternel document.

— Ah ! fit le major du ton de la plus parfaite incrédulité.

— Écoutez d’abord, Mac Nabbs, dit Paganel, vous hausserez les épaules après. Je n’ai pas parlé plus tôt parce que vous ne m’auriez pas cru. Puis, c’était inutile. Mais si je me décide aujourd’hui, c’est que l’opinion d’Ayrton est précisément venue appuyer la mienne.

— Ainsi la Nouvelle-Zélande ?… demanda Glenarvan.

— Écoutez et jugez, répondit Paganel. Ce n’est pas sans raison, ou plutôt, ce n’est pas sans « une raison » que j’ai commis l’erreur qui nous a sauvés. Au moment où j’écrivais cette lettre sous la dictée de Glenarvan, le mot « Zélande » me travaillait le cerveau. Voici pourquoi. Vous vous rappelez que nous étions dans le chariot. Mac Nabbs venait d’apprendre à lady Helena l’histoire des convicts ; il lui avait remis le numéro de l’Australian and Zealand Gazette qui relatait la catastrophe de Camden-Bridge. Or, au moment où j’écrivais, le journal gisait à terre, et plié de telle façon que deux syllabes de son titre apparaissaient seulement. Ces deux syllabes étaient aland. Quelle illumination se fit dans mon esprit ! Aland était précisément un mot du document anglais, un mot que nous avions traduit jusqu’alors par à terre, et qui devait être la terminaison du nom propre Zealand.

— Hein ! fit Glenarvan.

— Oui, reprit Paganel avec une conviction profonde, cette interprétation m’avait échappé, et savez-vous pourquoi ? Parce que mes recherches s’exerçaient naturellement sur le document français, plus complet que les autres, et où manque ce mot important.

— Oh ! oh ! dit le major, c’est trop d’imagination, Paganel, et vous oubliez un peu facilement vos déductions précédentes.

— Allez, major, je suis prêt à vous répondre.

— Alors, reprit Mac Nabbs, que devient votre mot austra ?

— Ce qu’il était d’abord. Il désigne seulement les contrées « australes. »

— Bien. Et cette syllabe indi, qui a été une première fois le radical d’indiens, et une seconde fois le radical d’indigènes ?

— Eh bien, la troisième et dernière fois, répondit Paganel, elle sera la première syllabe du mot indigence !

— Et contin ! s’écria Mac Nabbs, signifie-t-il encore continent ?

— Non ! puisque la Nouvelle-Zélande n’est qu’une île.

— Alors ?… demanda Glenarvan.

— Mon cher lord, répondit Paganel, je vais vous traduire le document suivant ma troisième interprétation, et vous jugerez. Je ne vous fais que deux observations : 1o Oubliez autant que possible les interprétations précédentes, et dégagez votre esprit de toute préoccupation antérieure ; 2o certains passages vous paraîtront « forcés, » et il est possible que je les traduise mal, mais ils n’ont aucune importance, entre autres le mot agonie qui me choque, mais que je ne puis expliquer autrement. D’ailleurs, c’est le document français qui sert de base à mon interprétation, et n’oubliez pas qu’il a été écrit par un Anglais, auquel les idiotismes de la langue française pouvaient ne pas être familiers. Ceci posé, je commence. »

Et Paganel, articulant chaque syllabe avec lenteur, récita les phrases suivantes :

« Le 27 juin 1862, le trois-mâts Britannia, de Glasgow, a sombré après une longue agonie dans les mers australes sur les côtes de la Nouvelle-Zélande, — en anglais Zealand.Deux matelots et le capitaine Grant ont pu y aborder. Là, continuellement en proie à une cruelle indigence, ils ont jeté ce document par de longitude et 37° 11′ de latitude. Venez à leur secours, ou ils sont perdus. »

Paganel s’arrêta. Son interprétation était admissible. Mais précisément parce qu’elle paraissait aussi vraisemblable que les précédentes, elle pouvait être aussi fausse. Glenarvan et le major ne cherchèrent donc pas à la discuter. Cependant, puisque les traces du Britannia ne s’étaient rencontrées ni sur les côtes de la Patagonie, ni sur les côtes de l’Australie, au point où ces deux contrées sont coupées par le trente-septième parallèle, les chances étaient en faveur de la Nouvelle-Zélande.

Cette remarque, faite par Paganel, frappa surtout ses amis.

« Maintenant, Paganel, dit Glenarvan, me direz-vous pourquoi, depuis deux mois environ, vous avez tenu cette interprétation secrète ?

— Parce que je ne voulais pas vous donner encore de vaines espérances. D’ailleurs, nous allions à Auckland, précisément au point indiqué par la latitude du document.

— Mais depuis lors, quand nous avons été entraînés hors de cette route, pourquoi n’avoir pas parlé ?

— C’est que, si juste que soit cette interprétation, elle ne peut contribuer au salut du capitaine.

— Pour quelle raison, Paganel ?

— Parce que l’hypothèse étant admise que le capitaine Harry Grant s’est échoué à la Nouvelle-Zélande, du moment que deux ans se sont passés sans qu’il ait reparu, c’est qu’il a été victime du naufrage ou des Zélandais.

— Ainsi, votre opinion est ?… demanda Glenarvan.

— Que l’on pourrait peut-être retrouver quelques vestiges du naufrage, mais que les naufragés du Britannia sont irrévocablement perdus !

— Silence sur tout ceci, mes amis, dit Glenarvan, et laissez-moi choisir le moment où j’apprendrai cette triste nouvelle aux enfants du capitaine Grant ! »