Les Enfantines du bon pays de France/Texte entier


LES ENFANTINES




Le Calendrier des enfants au village.


NOËL.


Adieu Noël —
Il est passé !
Noël s’en va —
Il reviendra !

Sa femme à cheval,
Ses petits enfants
Qui s’en vont
En pleurant.


Le petit Colin
Qui porte le vin,
La petite Colinette
Qui porte la galette.

Adieu les rois —
Jusqu’à douze mois !
Douze mois passés —
Rois, revenez !

(Normandie[1].)


LE NOUVEL AN.
(La Guillonnée.)


Le bon Dieu vous baille tant de bœufs
Comme les poules auront d’œufs,
Gentil Seigneur,
Ah ! donnez-leur la guillonnée !

Le bon Dieu vous baille tant de poulets
Que les moissons ont de bouquets !
Gentil Seigneur,
Ah ! donnez-leur la guillonnée !

Le bon Dieu vous baille tant de garçons
Qu’il est de plis aux cotillons !
Gentil Seigneur,
Ah ! donnez-leur la guillonnée !

(Guyenne et Gascogne[2].)


LES ROIS.


Le roi boit, le roi boit[3] ;
La part à Dieu, s’il vous plaît.

SAINT PANÇARD.
(Mardi-Gras.)


Saint Pançard n’a pas soupé :
Vous plaît-il de lui donner
Une croûte de pâté ?
Taillez haut, taillez bas
Un bon morceau au milieu du plat.
Si vous n’avez pas de couteau,
Donnez-lui tout le morceau.


LA MORT DE MARDI-GRAS.


Mardi-Gras est mort,
Sa femme en hérite
D’une cuiller à pot,
D’une vieille marmite.
Chantons haut, chantons bas,
Mardi-Gras n’entendra pas.

(Chanté le Mercredi des Cendres dans
les villes de la Basse-Normandie[4])


LE CRI DES TÉNÈBRES.
(Samedi-Saint[5].)


Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
V’là le premier coup d’ténèbres !

Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
V’là le second coup d’ténèbres !

Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
Ah ! ténèbres !
V’là le troisième coup d’ténèbres !

Tarbé : Le Romancero de Champagne, Reims, 1803-1804.


LE JOLI PRINTEMPS.
(Pâques.)


Nous voici à Pâques,
Au joli printemps,
Au joli printemps,
Si joli, lie,
Au joli printemps
Si joliement.

Où la violette
Fleurit dans les champs,
Fleurit dans les champs,
Si joli, lie,
Fleurit dans les champs
Si joliement.


LE BROUILLONNEUR[6].
(Pâques.)


Je vous salue avec honneur,
N’oubliez pas le brouillonneur.
Un jour viendra,
Dieu vous le rendra.
Alléluia
Alléluia
Alléluia.


LES ŒUFS DE PAQUES[7].


Bonjour la société !
Donnez, donnez, donnez !
Je viens quérir mes roulés,
Donnez, donnez, donnez !


PAQUES.


Séchez les larmes de vos yeux,
Le roi de la Terre et des Cieux
Est ressuscité glorieux.
Alléluia !

Deux des disciples, au matin,
Étaient venus dans le jardin,
Voir le tombeau du roi divin.
Alléluia !

Un ange assis, plein de splendeur,
Leur dit : Consolez votre cœur,
En Galilée est le Seigneur.
Alléluia !


Réveillez-vous, cœurs endormis,
Pour prier le doux Jésus-Christ,
Qui pour nous la mort endura.
Alléluia !

En ce temps saint et glorieux,
Chantons des chants mélodieux
En bénissant le roi des Cieux.
Alléluia !

Rendons-lui grâces humblement
Et le prions dévotement,
Qu’il nous conduise au firmament.
Alléluia !

Bonne femme, tâtez au fond du nid,
N’nous donnez pas des œufs pourris,
Car ça nous ferait mâ à l’estomac.
Alléluia !


A Étiveaux (arrondissement de Caen), célèbre par la chanson du curé, les paysans vont par les communes, après minuit, chanter la résurrection. Les enfants parcourent de même les villages le samedi matin, veille de Pâques. L’usage est de récompenser les chanteurs par des dons en argent ou par des œufs.


PAQUES REVIENT.
(Pâques à Ëpinal.)


Pâques revient,
C’est un grand bien,
Les champs golot[8] (les champs coulent) ;
La lours relot (les veillées s’en vont) ;

Pâques revient,
C’est un grand bien,
Pour les chats et pour les chiens,
Et pour les gens tout aussi bien.


DIT DU HANNETON.


Hanneton, vole, vole !
Ton mari est à l’école.
Il a dit qu’si tu volais,
Tu aurais d’la soupe au lait
Il a dit qu’si tu n’volais pas,
Tu aurais la tête en bas[9].

(Reims.)


DIT DU COLIMAÇON.


Colimaçon[10] borgne !
Montre-moi tes cornes ;
Je te dirai où ta mère est morte,
Elle est morte à Paris, à Rouen,
Où l’on sonne les cloches.
Bi, bim, bom,
Bi, bim, bom,
Bi, bim, bom.

(Reims.)


HANNETON, VOLE !
(Avril-Mai en Alsace.)


Avril, tu t’en vas,
Car Mai vient là-bas,
Pour balayer ta figure
De pluie, aussi de froidure,

Hanneton, vole !
Hanneton, vole !

Au firmament bleu,
Ton nid est en feu,
Les Turcs avec leur épée
Viennent tuer ta couvée.

Hanneton, vole !
Hanneton, vole !

Champfleury et Werckerlin.


AVRIL ET MAI.


Le voilà venu le joli mois,
Laissez bourgeonner le bois,
C’est l’mois d’Avril, le joli mois ;
Le joli bois bourgeonne,
Il faut laisser bourgeonner le bois
Le bois du gentilhomme.

Berry. (Cité par Champfleury.)


POISSON D’AVRIL.


Mois d’avril
Qui fait courir
Les ânes gris
Jusqu’à Paris.

Blavignac (l’Empro genevois).


LE MOIS DE MARIE.


Un petit brin de vot’ farine !
Un petit œuf de vot’ géline !
C’n’est par pour bère (boire),
Ni pour manger (ère).
C’est pour avoir un joli cierge
Pour lumer[11] la Sainte-Vierge.

Les Trémouzettes de Salles (Marne).


Étrennez notre épousée,
Voici le mois, le joli mois de mai,
Étrennez notre épousée,
La bonne étrenne,
Voici le mois, le joli mois de mai
Qu’on vous amène.

A Lons-le-Saulnier et à Château-Châlon (Jura), le premier jour de mai, les jeunes filles portent en triomphe un enfant couronné de fleurs, « l’épousée », et chantent le couplet ci-dessus.

Champfleury et Weckerlin.


TRIMAZOS[12].
(Mai.)


Nous venons d’un cœur embrasé,
Madame, c’est pour vous demander
Ce qu’il vous plaira de nous donner
Pour Notre-Dame de Vernéville.
Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.

Nous avons passé parmi les champs,
Nous avons trouvé les blés si grands,
Les avoines sont en levant,
Les aubépines en fleurissant.

Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.

Si vous nous faites quelque présent,
Vous en recevrez doublement,
Vous en aurez pendant le temps,
Vous en aurez au firmament.
Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.

En vous remerciant, Madame,
De vos bienfaits et de vos dons ;
Vivez contente, vivez longtemps,
Vivez toujours joyeusement.
Dame de céans,
C’est le mai, mois de mai,
C’est le joli mois de mai.

Chansons populaires du pays messin, recueillies par le Cte de Puymaigre. Metz, Rousseau-Paliez, éditeur ; Paris, Didier.


LE BLÉ, LE RAISIN.


Au mois d’avril
Le blé est en épis ;
Au mois de mai
Il est en lait ;
A la Saint-Urbain (25 mai)
Il fait le grain ;
A la Saint-Claude,
Le froment ôte sa caule (son bonnet) ;
A la Saint-Jean
Verjus pendant[13].

Dr Pierron (Proverbes de la Franche-Comté).


LES OISEAUX DES CHAMPS.


Entre mai et avril
Tout oiseau fait son nid,
Hormis caille et perdrix.

Avril,
Quelques nids ;
Mai,
Ils sont tout faits ;
Juin,
Ils sont bien communs ;
Juillet,
Ils sont tout (ceuillet) cueillis.

A la Saint-Jean,
Tout oiseau perd son chant ;
A la Saint-Georges,
La caille dans l’orge ;
A la Saint-Remy,
Tous perdreaux sont perdrix.

Dr Pierron (Proverbes de la Franche-Comté).


LES SAINTS DE GLACE.
(Mai.)


Gelée t’as mangé mes choux,
Ma chicorée et mes artichauts,
Gelée ! tu n’en mang’ras pas
Une autre année,
Parc’ que j’n'en sèm’rai pas.

(Angoumois, Saintonge.)


JUIN.


Vive Juin !
Le pain, le vin
Il donne
En la saison
Où la moisson talonne
La fenaison.

Blavignac (l’Empro genevois, A. Virisoff, imprim.-édit. à Genève).


LA CAILLE ET LA PERDRIX.
(Juillet, Août.)


J’ai vu la caille
Dedans la paille,
Qui s’ p’lotonnait ;
La perdrix
Dans la prairie,
Qui se mottait.


LES POMMES.
(Septembre.)


Charge pommier,
Charge poirier,
A chaque petite branchette,.
Tout plein ma grande bougette[14].

Beaurepaire.


LES NOIX.
(Octobre.)


Un, deux, trois,
Mes noix.
Fait’, fait’ colleret’,
Fait’, fait’ collerette,
Jusqu’à vingt-trois.


LA TOUSSAINT.
(Les Niflettes de Provins[15].)


Voilà mes petites, voilà mes grosses,
Voilà mes niflettes toutes chaudes !

C’est mon maître qui les fabrique
Pour contenter ses pratiques.
Arrivez tous, petits et grands,
Voyez, c’est tout chaud, tout bouillant !

Voilà mes petites, voilà mes grosses,
Voilà mes niflettes toutes chaudes !


TEMPS DE PLUIE.
(Automne.)


Mouille, mouille, Paradis,
Tout le monde est à l’abri ;
N’y a que mon petit frèré,
Qu’est sous la gouttière
A ramasser des p’tits poissons
Pour sa collation ;
La gouttière a défoncé,
Mon p’tit frère s’en est allé
Tout mouillé.


SAINT NICOLAS.
(Décembre.)


Voilà, voilà saint Nicolas,
Vous savez bien ce qu’il demande.
Voilà, voilà saint Nicolas,
Bons chrétiens, faites votre offrande.


Dans quelques cantons de Seine-et-Marne, les enfants chantaient ce couplet de porte en porte, le jour de la Saint-Nicolas, en quêtant à leur profit. A leur tête ils promenaient soit un petit enfant, soit un mannequin habillé en évêque.

(Note de M. Tarbé).

Saint Nicolas est aussi le patron de la Lorraine. La légende de saint Nicolas se chante dans le Beauvaisis et le Vermandois.


Le Calendrier des mamans.


LA FÊTE DE MA PETITE FILLETTE.


Ma p’tit’  fillett’, c’est d’main sa fête !
Je sais pour ell’  ce qui s’apprête :
Le boulanger fait un gâteau,
La couturière un p’tit manteau.

Tri reli reli relirette !
J’entends la petite alouette,
Qui va, qui vole, qui volète,
Qui voltige au ciel en chantant.

Chez les marchands grand’mère achète
Un’bell’  poupée et sa toilette,
Son p’tit ménage et sa couchette,
Et puis six beaux p’tits moutons blancs,
Leur p’tit berger les mène aux champs.

Cité par M. Ch. Marelle
(Bibliothèque universelle.)


LES CADEAUX DU JOUR DE L’AN.


Voici venir le jour de l’an,
Que donn’rai-je à mon cher enfant ?
Un p’tit tambour qui fait plan plan,
Un’ bell’ petit’ trompi trompette,
Qui fait trara déri dérette,
Trara, plan plan !

Voici venir le jour de l’an,
Que donn’rai-je à mon cher enfant ?
Deux p’tits lapins couri courant,
Un p’tit tambour qui fait plan plan,
Un’ bell’ petit’ trompi trompette,
Qui fait trara déri dérette,
Trara, plan plan !


Voici venir le jour de l’an,
Que donn’rai-je à mon cher enfant ?
Trois p’tits moutons bêli bêlant,
Deux p’tits lapins couri courant,
Etc., etc.

Quat’  p’tits moulins tourni tournant.
Trois p’tits moutons bêli bêlant,
Etc., etc.

Cinq p’tits chevaux trotti trottant,
Quat’  p’tits moulins tourni tournant,
Etc., etc.

Voici venir le jour de l’an,
Que donn’rai-je à mon cher enfant ?
Six p’tits soldats marchi marchant,
Cinq p’tits chevaux trotti trottant,
Quat’  p’tits moulins tourni tournant,
Trois p’tits moutons bêli bêlant,
Deux p’tits lapins couri courant,
Un p’tit tambour qui fait plan plan,
Un’  bell’  p’tit’  trompi trompette,
Qui fait trara deri dérette,
Trara, plan plan !


Les Heures, les Cloches.


LES CLOCHES.


Orléans, Boisgency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme ! Vendôme !


LES CLOCHES.


Quel chagrin, quel ennui
De compter toute la nuit
Les heures ! les heures !


Berceuses.


Dô Dô, l’enfant dô,
L’enfant dormira tantôt.


FAIS DODO.


Fais dodo,
Colin, mon p’tit frère,
Fais dodo,
T’auras du gâteau.
Papa en aura,
Maman en aura,
Et moi j’en aurai
Tout un plein panier.

(Poitou, Aunis, Angoumois, Saintonge.)


DORS, CHER PETIT.


Dors, cher petit, le plus beau de la terre,
Tu seras roi, tu seras capitaine,
Portant l’habit doré,
Et l’épée au côté ;
Et parfait en beauté,
Tu s’ras aimé des belles
Qui portent des dentelles,
Dans les salons cirés ;
Et puis à vingt-cinq ans
Mari de mademoiselle
La fille du Président.


PAPA L’A DIT.


Papa l’a dit : Fallait dormi’,
Maman l’a dit : Fallait dormi’,
Dodo, le petit,
Puisq’papa, maman l’ordonnent,
Dodo, petit,
Puisq’papa, maman l’ont dit.


BERCÉS PAR LA NUIT.


La maman berce ici son fils,
Au jardin l’air berce le lis.
L’arbre au bois chuchote et se penche,
En berçant l’oiseau sur sa branche.
Et puis l’arbre et l’air et le bruit,
Dorment tous, bercés par la nuit.

Ch. Marelle.


LA DORMETTE[16].


Passez, la dormette,
Passez par chez nous
Endormir gars, fillettes,
La nuit et le jou’.

Bugeaud.


LE COUVRE-FEU.


Rentrez, habitants de Paris,
Tenez-vous clos en vos logis ;
Que tout bruit meure,
Quittez ces lieux,
Car voici l’heure,
L’heure du couvre-feu.

(Les Huguenots.) Scribe et Meyerbeer.


LE GUET.


Guet ! bon guet !
Il a frappé douze heures ;
Guet ! bon guet !
Dormez dans vos demeures.

(Neufchâtel) Blavignac
(l’Empro genevois).


LE CLOCHETEUR[17].

(Le couplet du clocheteur s’est-il jamais adressé aux enfants ? Il peut du moins figurer ici à titre de réminiscence, bien qu’il contraste étrangement avec l’idée gracieuse de la dormette.)

Réveillez-vous, gens qui dormez,
Priez Dieu pour les Trépassés.


LE MATIN.


Voici l’aurore,
La nuit s’enfuit ;
Le ciel se dore,
Le soleil luit.


LE RÉVEIL.


J’ai bien dormi !
J’étais parti
Loin, loin d’ici !
Me revoici, —
Maman aussi, —
Mon Dieu, merci !

Ch. Marelle.


QUAND N’ONT ASSEZ FAIT DODO.


Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets,
Ils portent sous leurs bonnets
Visage plein de bobo.

C’est pitié s’ils font jojo
Trop matin, les doulcinets,
Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets.

Mieux aimeraient à gogo
Gésir sur mols coussinets ;
Car ils sont tant poupinets,

Hélas ! que guoguo, guoguo,
Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets.

Ch. d’Orléans.


Risettes, Joies de la Mère.


RISETTE.


Clair œillon de rat,
Ris, doux scélérat.
Frais néchon de chat,
Ris, beau camusat.
Babinette nette,
Ris, dans ta barbette.
Bouchette rosette,
Montre la languette.
Ha ! ha ! la voilà !
La risette est là.

Charles Marelle. (Le Petit Monde. Hetzel, éditeur.)


COUCOU.


Coucou ? le voilà !
Où donc est papa ?
Il est dans les bois
Qui fait un fagot,
Et pour chauffer quoi ?
A mon cher pétiot
Son p’tit ventrelot,
Tro, lo, lo, lolo !




Chauffons ! chauffons !
Ma commère Jeanneton,
Prête-moi ton faucillon
Pour couper une épinette
Pour chauffer ma p’tite fillette.

(Normandie.) Communiqué par Alb. Laroche,
élève du collège Chaptal.


VENTRE DE SON.


Ventre de son,
Estomac de grue,
Falle[18] de pigeon,
Menton fourchu,
Bec d’argent,
Nez cancan[19],
Joue bouillie,
Joue rôtie,
P’tit oeil,
Gros oeil,
Soucillon,
Soucillette,
Cogne, cogne, cogne,
Cogne la mailloche.

E. Gagnon (Chansons populaires du Canada.
Québec, Desbaratz, édit. 1865.)


GRAND FRONT.


Grand front,
Petits yeux,
Gros yeux,
Nez croquant,
Bouche d’argent,
Menton fleuri,
Croquons l’ami.

Blavignac (L’Empro genevois).


Œillet, œillot,
Nez de cancan,
Boucotte d’argent.
Menton rond,

(Ce vers échappe aux souvenirs de
la personne qui nous dicte ce morceau.)

Tope maillot.

(Franche-Comté.)


NEZ CANCAN.


Nez cancan,
Bouche d’argent,
Menton d’or,
Joue rôtie,
Joue brûlée,
P’tit œillet,
Grand œillet,
Toc toc, maillet.

(Recueilli à Paris.)


MENTON D’OR.


Menton d’or,
Bouche d’argent,
Nez kinkin,
Joue brûlée,
Joue grillée,
Petite entente,
Grande entente,
Petit œillet,
Grand œillet,
Toc, toc,
Maillet.

(Joigny [Yonne],) 
La Mélusine. Communiqué par M. Rolland.


LES DOIGTS.


Celui-là (le pouce) a été à la chasse,
Celui-là (l’index) l’a tué,
Celui-là (le majeur) l’a plumé,
Celui-là (l’annulaire) l’a fait cuire,
Et celui-là (l’auriculaire) l’a tout mangé,
tout mangé, tout mangé.

M. Gagnon (Chansons populaires du Canada.
Québec, Desbaratz, édit. 1865.)




C’est le petit glin glin[20] !
Qui fait le tour du moulin,
Qui lave les écuelles
Et casse les plus belles.
Et qui fait miau, miaou !
Miau ! miaou ! miaou !

(Franche-Comté).


LES DOIGTS.


C’est lui qui va à la chasse,
C’est lui qui a tué le lièvre,
C’est lui qui l’a fait cuire,
C’est lui qui l’a mangé.
Et le petit glin glin,
Qui était derrière le moulin,
Disait : Moi, j’en veux, j’en veux,
J’en veux ! j’en veux ! j’en veux !

(Franche-Comté et Genève.)




Ainsi font, font,
Les petites marionnettes.
Ainsi font, font,
Trois petits tours.
Et puis s’en vont.

(Franche-Comté et Genève.)


MON POUPON CHÉRI.


Vous voulez me prendre
Mon joli poupon ;
Non pas, non, non !
Il faut me le rendre.

Mon poupon chéri,
Moi je l’ai pétri
Des meilleures choses,
De lis et de roses,
De sucre et de lait :
On le croquerait.

Vous voulez me prendre
Mon joli poupon ;
Non pas, non, non !
Il faut me le rendre.


J’ai pris pour ses yeux
Deux myosotis bleus ;
J’ai fait sa bouchette
D’un bec de fauvette.
Et pour qui, pourquoi ?
Pour rien que pour moi.

Ch. Marelle. (Le Petit Monde.
Hetzel, éditeur.)




PETIT PIED ROSE.


Petit pied, petit pied rose
De mon bien-aimé qui dort,
Toi qui vacilles encor
Quand par terre je te pose ;
Alors que tu marcheras,
Petit pied, petit pied rose,
Alors que tu marcheras,
Qui sait où tu passeras !

Jacques Normand.


LA MÈRE.


Un enfant reposait dans les bras de sa mère,
Sa bouche s’agitait et s’ouvrait à demi,
Il riait à son ange ; elle, oubliant la terre,
Souriait en silence à son fils endormi.

Mais — des jeux maternels, ô sourire éphémère ! —
Elle voila bientôt son visage attendri ;
Des pleurs mystérieux emplirent sa paupière, —
Quelle mère ne pleure après avoir souri ?

Coulez, célestes pleurs que l’amour fait répandre !
L’enfant, s’il vous voyait, ne vous pourrait comprendre
Mais Dieu vous voit, vous compte et connaît votre prix

Baignez l’enfant qui dort, larmes saintes et pures !
Qui sait que de douleurs, de fautes, de souillures,
Les larmes d’une mère épargnent à son fils !

A. de Ségur.


Les Contes de la Nourrice.
randonnées.


LA CHANSON DE LA POULE GRISE.


’L était un’ p’tit’ poule grise
Qu’allait pondre dans l’église,
Pondait un p’tit coco
Que l’enfant mangeait tout chaud.

’L était un’ p’tit’ poule blanche
Qu’allait pondre dans la grange,
Pondait un p’tit coco
Pour l’enfant qui fait dodo.

’L était un’ p’tit’ poule jaune
Qu’allait pondre sous la geôle,
Pondait un p’tit coco
Que l’enfant mangeait tout chaud.


LA CHANSON DE LA POULE GRISE
(telle qu’elle se chante encore aujourd’hui au Canada).


C’est la poulette grise
Qui pond dans l’église.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco
Pour son p’tit qui va fair’ dodiche ;
Ell’ va pondre un beau p’tit coco
Pour son p’tit qui va fair’ dodo,
Dodiche, dodo.

C’est la poulette blanche
Qui pond dans les branches.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco, etc.

C’est la poulette noire
Qui pond dans l’armoire.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco, etc.


C’est la poulette verte
Qui pond dans les couvertes.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco, etc.

C’est la poulette brune
Qui pond dans la lune.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco, etc.

C’est la poulette jaune
Qui pond dans les aulnes.
Ell’ va pondre un beau p’tit coco
Pour son p’tit qui va fair’ dodiche ;
Ell’ va pondre un beau p’tit coco
Pour son p’tit qui va fair’ dodo,
Dodiche, dodo.

E. Gagnon (Chansons populaires du Canada.
Québec, Desbaratz, éditeur, 1865.)


EN RENTRANT DANS LA CHAMBRE VERTE.
Randonnée.


En rentrant dans la petite chambre verte,
J’ai trouvé Minette
Qui avait ma houlette.
Je lui ai dit : Minette,
Rends-moi ma houlette ?
— Je te rendrai pas ta houlette,
Avant d’avoir du lait.
— J’ m’en vais à ma vache :
Vach’ donne-moi du lait ?
— Je te donnerai pas du lait,
Avant que tu m’aies donné de l’herbe.
— Je m’en vais à ma faux :
Faux, donne-moi de l’herbe ?
— Je te donnerai pas de l’herbe,
Avant que tu m’aies donné du lard ?
— J’ men vais à mon cochon :
Cochon donne-moi du lard ?

— Je te donnerai pas du lard,
Avant que tu m’aies donné des glands.
— Je m’en vais au chêne :
Chên’, donne-moi des glands ?
— Je te donnerai pas de glands,
Que tu m’aies donné du vent.
— Je m’en vais au temps :
Temps, donne-moi du vent ?
Le temps a tant venté,
A tant venté mon chêne,
Le chên’ m’a-t-englandé,
J’ai englandé mon cochon,
Mon cochon m’a-t-enlardé,
J’ai enlardé ma faux,
Ma faux m’a-t-enherbé,
J’ai-t-enherbé ma vache,
Ma vach’ m’a-t-allaité,
J’ai allaité Minette,
A m’a rendu ma houlette.

(Poitou.)
Jér. Bujeaud. (Chansons populaires
des Provinces de l’Ouest. Niort,
Clouzot ; Paris, Aug. Aubry, édit.)


AH ! TU SORTIRAS BIQUETTE.
Randonnée.


Ah ! tu sortiras, biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras de ces choux-là.

Il faut aller chercher le loup,
Le loup n’ veut pas manger biquette,
Biquett’ n’ veut pas sortir des choux.

Ah ! tu sortiras, biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras de ces choux-là.

Il faut aller chercher le chien.
Le chien n’ veut pas mordre le loup,
Le loup n’ veut pas manger biquette,
Biquett’ n’ veut pas sortir des choux.

Ah ! tu sortiras, biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras de ces choux-là.


Il faut aller chercher l’ bâton,
L’ bâton ne veut pas battre le chien,
Le chien n’ veut pas mordre le loup,
Le loup n’ veut pas manger biquette,
Biquett’ n’ veut pas sortir des choux.

Ah ! tu sortiras, biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras de ces choux-là.

Il faut aller chercher l’ fermier (bis),
L’ fermier veut bien prend’ le bâton,
L’ bâton veut bien battre le chien,
Le chien veut bien mordre le loup,
Le loup veut bien manger biquette,
Biquett’ veut bien sortir des choux.

Ah ! tu sortiras, biquette, biquette,
Ah ! tu sortiras de ces choux-là.


IL SORTAIT UN RAT DE SA RATTERIE.


Il sortait un rat de sa ratterie,
Qui fit rentrer la mouch’ dans sa moucherie,
Rat à mouche,
Belle, belle mouche,
Jamais je n’ai vu si belle mouche :

Il sortit un chat de sa chatterie,
Qui fit rentrer le rai dans sa ratterie.
Chat à rat,
Rat à mouche,
Belle, belle mouche,
Jamais je n’ai vu si belle mouche.

Il sortit un chien de sa chiennerie,
Qui fit rentrer le chat dans sa chatterie.
Chien à chat,
Chat à rat,
Rat à mouche, etc.


Il sortit un loup de sa louperie,
Qui fit rentrer le chien dans sa chiennerie.
Loup à chien,
Chien à chat,
Chat, etc.

Il sortit un ours de son ourserie,
Qui fit rentrer le loup dans sa louperie.
Ours à loup,
Loup à chien,
Chien, etc.

Il sortit un lion de sa lionnerie,
Qui fit rentrer l’ours dans son ourserie.
Lion à ours,
Ours à loup,
Loup, etc.

Il sortit un homme de son hommerie,
Qui fit rentrer le lion dans sa lionnerie.
Homme à lion,
Lion à ours,
Ours à loup,

Loup à chien,
Chien à chat,
Chat à rat,
Rat à mouche,
Mouche, belle mouche,
Jamais je n’ai vu si belle mouche.


LE BAL DES SOURIS.


Dans un salon, tout près d’ici,
’L y a-t-un’ société de souris.
Gentil coquiqui,
Coco des moustaches, mirbo joli,
Gentil coquiqui.

’L y a-t-un’ société de souris,
Qui vont au bal toute la nuit.
Gentil coquiqui, etc.

Qui vont au bal toute la nuit,
Au bal et à la comédie.
Gentil coquiqui, etc.


Au bal et à la comédie,
Le chat saute sur les souris.
Gentil coquiqui, etc.

Le chat saute sur les souris,
Il les croqua toute la nuit.
Gentil coquiqui, etc.

Il les croqua toute la nuit (bis) ;
Le lendemain tout fut fini.
Gentil coquiqui,
Coco des moustaches, mirbo joli,
Gentil coquiqui.

(Bas-Poitou.)


LA CHANSON DU CHAT QUI SE FAIT BEAU.


Le chat à Jeannette
Est une jolie bête ;
Quand i’ veut se faire beau,
I’ se lèche le museau,
Avèque sa salive
Ile fait la lessive.


DANS LE BOIS DE NOTRE-DAME.


Dans le bois de Notre-Dame
Notre-Dame est accouchée
D’un petit enfant, doré.
Qui est-ce qui sera le parrain ?
Ce sera un brin de foin.
Qui est-ce qui sera la marraine ?
Ce sera un brin d’avouène.
Qui est-ce qui sera le curé ?
Ce sera un vieux panier.
Qui est-ce qui sera l’enfant d’chœur ?
Ce sera un petit pot d’beurre.
Qui est-ce qui sera le maître d’école ?
Ce sera une poire molle.
Qui est-ce qui sera le bedeau ?
Ce sera un vieux tonneau.

(Seine-et-Marne.)
La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


LES JOURS.


Bonjour Lundi,
Comment va Mardi ?
Très-bien, Mercredi ;
Je viens de la part de Jeudi,
Dire à Vendredi,
Qu’il s’apprête Samedi,
Pour aller à la messe Dimanche.

(Sens [Yonne].)
La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


(Le couplet suivant se dit à la fin de tous les contes faits aux enfants.)

J’ai passé par la porte Saint-Denis,
J’ai marché sur la queue d’une souris,
La souris a fait cri cri,
Et mon petit conte est fini.

(Recueilli à Paris.)


Formulettes. — Jeux.


LE BOUTE-SELLE.


A cheval, à cheval,
Sur la queue d’un orignal[21]

A Rouen, à Rouen,
Sur la queue d’un p’tit cheval blanc.

A Paris, à Paris,
Sur la queue d’un’ p’tite souris.

A Versailles, à Versailles,
Sur la queue d’un’ grand’ vach’ caille[22].

E. Gagnon. (Chansons populaires du Canada.
Québec, Desbaratz, édit, 1865.)


LE BOUTE-SELLE DES BOURGUIGNONS.
(1435-1477.)


A cheval, gendarmes !
A pied, Bourguignons !
Patapon !
Allons en Champagne !
Les avoines y sont,
Y courons !

Ce couplet, que j’ai recueilli à Reims, se chante en faisant danser un enfant à cheval sur les genoux. Il date probablement des guerres des ducs de Bourgogne contre les rois de France, auxquels la Champagne appartenait. Cette province les séparait des villes de la Somme que Charles VII avait remises à Philippe le Bon, en 1485.

(Note de M. Tarbé.)


PIL’ POMMES D’OR[23].
(Qui le sera ?)


Pil’ pommes d’or
A la révérence !
Il y a trois roi[24]
Qui se battent en France,
Allons, mes amis,
La guerre est finie,
Pil’ pommes d’or
Te voilà dehors.


BATAILLE.


Qu’est c’qu’il y a là ?
— Un trésor.
— Qui l’a mis ?
— Jean d’Paris.
— Qui l’ôt’ra ?
— Jean d’Jarnac.
La bataille, la bataille.

Bugeaud.


BOURGUIGNON SALÉ.
(Qui le sera ?)


Bourguignon salé,
L’épée au côté,
La barbe au menton,
Saute, Bourguignon.


UNE POULE SUR UN MUR.
(Qui le sera ?)


Une poule sur un mur,
Qui pigoce du pain dur,
Pigoci,
Pigoça,
P’tit enfant, ôt’-toi de là.

(Poitou.)


QUI LE SERA ?
(Jeu de Cligne-Musette.


Une, midus,-mitrès,-miquatre,
Ja-cobin-voulait-se battre,
Il s’est-battu, il s’est-rossé,
Il s’est-jeté-dans un-fossé,
Les-grenouil-les l’ont-mangé,
Les-crapauds-l’ont a-chevé.
Entrez !
Sortez !


Deux enfants se tiennent l’un l’autre au menton et chantent :

Je te tiens,
Tu me tieus,
Par la margoulette[25].
Le premier
Qui rira
Aura la claquette.

Communiqué par M. Rolland.


CATCANI.


Une, deux, et trois et quatre
Catcani[26] m’a voulu battre,
Je l’ai voulu battre aussi !
Catcani s’est enfui.


Un, demi-deux, demi-trois, demi-quatre,
Coup d’canif m’a voulu battre,
Je l’ai voulu battre aussi,
Coup d’canif s’en est enfui
Par la porte Saint-Denis.

(Entendu chaussée Clignancourt, à Paris).
A Paris, Catcani est devenu : Coup de canif ! — K.


QUI LE SERA ?


Un pot
Cassé,
Racco-
modé,
Ne vaut
Plus rien
Pour boire.

(Picardie.)


A l’ dans’ des mulots, Martin, mulettes,
Qu’est-ce qui pass’ par les baguettes.
A mu !

« Ce chant, que nous avons retrouvé à Bruxelles en 1844, et qui est connu aussi à Valenciennes, est encore une espèce de jeu. Se tenant par la main, les chanteurs tournent en rond « sur un mouvement modéré ; arrivés au mot a mu ! ils s’abaissent tous brusquement et d’un commun mouvement, comme s’ils voulaient s’asseoir sur leurs talons, et se relèvent aussitôt pour recommencer le chaut ; ce qui peut avoir lieu un nombre de fois indéfini. »

(Cambrai.) Durieux et Bruyelles.


COMPTER.


Un, deux, trois,
J’irai dans le bois,
Quatre, cinq, six,
Cueillir des cerises,
Sept, huit, neuf,
Dans mon panier neuf,
Dix, onze, douze,
Elles seront toutes rouges.

(Franche-Comté, Genève.)


Moi,
Toi
Et le Roi
Nous faisons Trois.

(Franche-Comté, Genève.)


COMPTER.


Un, deux, trois,
La culotte en bas ;
Quatre, cinq, six,
Levez la chemise ;
Sept, huit, neuf,
Tapez sur le bœuf ;
Dix, onze, douze,
Il a les fesses toutes rouges.

(Yonne, Seine-et-Oise.)
La Mélusine. Communiqué par M. E. Rolland.


Quoi ?
Coi — coi
Les corbeaux sont au bois.

  1. Chansons populaires des provinces de France, par Champfleury et Weckerlin, Paris, Bourdilliat, édit. 1860.
  2. 1 Dans la Gascogne et l’Agenois, la veille du jour de l’An, on célébre la Guillonnée, corruption du fameux cri : Au Gui l’an neuf ! Les enfants vont demander leurs étrennes en chantant aux portes les vers ci-dessus.
  3. On prononçait bait.
  4. La Poésie populaire en Normandie, par E. de Beaurepaire. — Paris, Dumoulin.
  5. Le Samedi-Saint à l’heure des ténèbres, dans les villages de la montagne de Reims, les enfants parcourent les rues en faisant jouer des crécelles et en poussant le cri ci-dessus. (Note de M. Tarbé.)
  6. On appelle ainsi dans la Champagne les petits villageois qui font tourner la crécelle aux fêtes de Pâques, et qui viennent aux portes des maisons demander une petite aumône. (Note de M. Tarbé.)
  7. Seine-et-Marne. Les enfants de la Brie avaient l’habitude d’aller demander ainsi les œufs de Pâques. Les « roulés » sont des œufs roulés et teints dans une liqueur rouge. (Note de M. Tarbé.)
  8. A Épinal, aux fêtes de Pâques, les enfants portent de petits bateaux sur le ruisseau de la Grand’rue, et les suivent en chantant les vers ci-dessus.
  9. Ce couplet remplace un texte plus ancien :

    Arnould, prends, prends,
    La clef des champs.

    Arnould est encore le nom donné par les enfants de Reims au hanneton ; ils appellent pain d’Arnould le fruit de l’orme. Il a des antennes semblables à des cornes. (Tarbé.)

  10. Variante ; Escargot couvert.
  11. Bère, boire ; manger se prononçait mangère ; lumer, allumer, brûler un cierge en l’bonneur de la Sainte-Vierge.
  12. On appelle Trimazos les jeunes filles et les garçons qui vont quêter on chantant le mois de mai.
  13. Tant que le raisin est en fleurs, il se lève comme un épi ; il tombe en grappe quand la fécondation est faite, c’est du verjus.
  14. Ma petite poche. De là vient le mot budget.
  15. A Provins, depuis un temps immémorial, ce couplet est chanté, le jour de la Toussaint, par de jeunes marchands de niflettes. On nomme ainsi des pâtisseries chaudes et pleines de crème. Niflet est un surnom donné aux gourmets. Nifler, renifler, c’est flairer avec affectation.
    Se régaler le 1er novembre, est-ce une réminiscence des repas funéraires des anciens ? est-ce célébrer joyeusement la fête de tous les Saints ? (Note de M. Tarbé.)
  16. La dormette est cette bonne vieille femme qui verse, la nuit tombante, le sable et le sommeil dans les yeux des enfants.
  17. Le clocheteur parcourait les rues une lanterne à la main. Il criait les heures en psalmodiant le couplet ci-dessus, et en ajoutant ces mots lugubres : Pensez à la mort !
  18. Jabot.
  19. Les enfants dans leurs jeux font porter sur le nez, par manière de punition, à celui qui a fait une faute, une pince de bois. Le camarade, ainsi puni, ne peut plus parler que d’un ton nasillard, il a le nez cancan (?).
  20. Le petit doigt (de l’allemand klein).
  21. L’orignal est l’élan, le renne du Canada.
  22. La vache caille, de couleur diverse.
  23. Ce couplet est encore chanté par les enfants de Reims lorsqu’il s’agit de désigner par la voie du sort celui qui, dans un jeu quelconque, doit remplir une corvée. En articulant chaque syllabe, on touche du doigt la poitrine d’un des joueurs, et celui sur lequel tombe la fin du mot dehors est libéré. On continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un joueur, qui devient corvéable.
    Cette chansonnette est une réminiscence de la guerre des trois Henri : Henri III, roi de France ; Henri de Bourbon, roi de Navarre, et Henri de Lorraine, duc de Guise, qui n’était pas roi, mais ne demandait qu’à le devenir. Les trois Henri périrent assassinés. Triple honte pour la France ! triple châtiment de nos guerres civiles !
    (Note de M. Tarbé.)
  24. Les trois rois cités dans cette formulette ne sont pas les mêmes que ceux dont parle le quatrain suivant, qui remonte cependant à la même époque :

    Par l’oeil, l’oreille et par l’espaule,
    Dieu a tué trois rois de Gaule.
    Par l’oreille, l’espaule et par l’oeil,
    Dieu a mis trois rois au cercueil.

    Ces trois rois sont :

    « Henri II, roy de France, blessé d’un éclat de lance dans l’oeil, le 30 juin 1559, joûtant dans la rue Saint-Antoine, à Paris, contre Gabriel, comte de Montmorency, capitaine de la garde écossaise, dont il mourut au palais des Tournelles le 10 juillet suivant.
    « François II, roy de France, mort aux estats d’Orléans, le 5 décembre 1560, d’un apostume k l’oreille, âgé do 17 ans. Antoine de Bourbon, roy de Navarre, blessé à la tranchée, au siège de Rouen, d’un coup de mousquet à l’épaule gauche dont il mourut à Landely, le 17 novembre 1562. »

    Manuscr. de Gaignères. Prov. franç.
    (cité par Leroux de Lincy).
  25. La margoulette, le mot vient de mar- et goulette, « gueulette » : la mauvaise petite gueulette.
  26. Serait-ce une corruption de cat d’seuris, nom patois de la chauve-souris ?
    Chansons du Cambrésis. — Durieux et Bruyelles.