Les Enfantines du bon pays de France/Pil’ pommes d’or

Les Enfantines du bon pays de France
Les Enfantines du bon pays de FranceSandoz et Fischbacher (p. 66-67).


PIL’ POMMES D’OR[1].
(Qui le sera ?)


Pil’ pommes d’or
A la révérence !
Il y a trois roi[2]
Qui se battent en France,
Allons, mes amis,
La guerre est finie,
Pil’pommes d’or
Te voilà dehors.

  1. Ce couplet est encore chanté par les enfants de Reims lorsqu’il s’agit de désigner par la voie du sort celui qui, dans un jeu quelconque, doit remplir une corvée. En articulant chaque syllabe, on touche du doigt la poitrine d’un des joueurs, et celui sur lequel tombe la fin du mot dehors est libéré. On continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un joueur, qui devient corvéable.
    Cette chansonnette est une réminiscence de la guerre des trois Henri : Henri III, roi de France ; Henri de Bourbon, roi de Navarre, et Henri de Lorraine, duc de Guise, qui n’était pas roi, mais ne demandait qu’à le devenir. Les trois Henri périrent assassinés. Triple honte pour la France ! triple châtiment de nos guerres civiles !
    (Note de M. Tarbé.)
  2. Les trois rois cités dans cette formulette ne sont pas les mêmes que ceux dont parle le quatrain suivant, qui remonte cependant à la même époque :

    Par l’œil, l’oreille et par l’espaule,
    Dieu a tué trois rois de Gaule.
    Par l’oreille, l’espaule et par l’œil,
    Dieu a mis trois rois au cercueil.

    Ces trois rois sont :

    « Henri II, roy de France, blessé d’un éclat de lance dans l’œil, le 30 juin 1559, joûtant dans la rue Saint-Antoine, à Paris, contre Gabriel, comte de Montmorency, capitaine de la garde écossaise, dont il mourut au palais des Tournelles le 10 juillet suivant.
    « François II, roy de France, mort aux estats d’Orléans, le 5 décembre 1560, d’un apostume k l’oreille, âgé de 17 ans.
    « Antoine de Bourbon, roy de Navarre, blessé à la tranchée, au siège de Rouen, d’un coup de mousquet à l’épaule gauche dont il mourut à Landely, le 17 novembre 1562. »

    Manuscr. de Gaignères. Prov. franç.
    (cité par Leroux de Lincy).