Les Enfantines du bon pays de France/Berceuses

Les Enfantines du bon pays de France
Les Enfantines du bon pays de FranceSandoz et Fischbacher (p. 33-39).


Berceuses.


Dô Dô, l’enfant dô,
L’enfant dormira tantôt.


FAIS DODO.


Fais dodo,
Colin, mon p’tit frère,
Fais dodo,
T’auras du gâteau.
Papa en aura,
Maman en aura,
Et moi j’en aurai
Tout un plein panier.

(Poitou, Aunis, Angoumois, Saintonge.)


DORS, CHER PETIT.


Dors, cher petit, le plus beau de la terre,
Tu seras roi, tu seras capitaine,
Portant l’habit doré,
Et l’épée au côté ;
Et parfait en beauté,
Tu s’ras aimé des belles
Qui portent des dentelles,
Dans les salons cirés ;
Et puis à vingt-cinq ans
Mari de mademoiselle
La fille du Président.


PAPA L’A DIT.


Papa l’a dit : Fallait dormi’,
Maman l’a dit : Fallait dormi’,
Dodo, le petit,
Puisq’papa, maman l’ordonnent,
Dodo, petit,
Puisq’papa, maman l’ont dit.


BERCÉS PAR LA NUIT.


La maman berce ici son fils,
Au jardin l’air berce le lis.
L’arbre au bois chuchote et se penche,
En berçant l’oiseau sur sa branche.
Et puis l’arbre et l’air et le bruit,
Dorment tous, bercés par la nuit.

Ch. Marelle.


LA DORMETTE[1].


Passez, la dormette,
Passez par chez nous
Endormir gars, fillettes,
La nuit et le jou’.

Bugeaud.


LE COUVRE-FEU.


Rentrez, habitants de Paris,
Tenez-vous clos en vos logis ;
Que tout bruit meure,
Quittez ces lieux,
Car voici l’heure,
L’heure du couvre-feu.

(Les Huguenots.) Scribe et Meyerbeer.


LE GUET.


Guet ! bon guet !
Il a frappé douze heures ;
Guet ! bon guet !
Dormez dans vos demeures.

(Neufchâtel) Blavignac
(l’Empro genevois).


LE CLOCHETEUR[2].

(Le couplet du clocheteur s’est-il jamais adressé aux enfants ? Il peut du moins figurer ici à titre de réminiscence, bien qu’il contraste étrangement avec l’idée gracieuse de la dormette.)

Réveillez-vous, gens qui dormez,
Priez Dieu pour les Trépassés.


LE MATIN.


Voici l’aurore,
La nuit s’enfuit ;
Le ciel se dore,
Le soleil luit.


LE RÉVEIL.


J’ai bien dormi !
J’étais parti
Loin, loin d’ici !
Me revoici, —
Maman aussi, —
Mon Dieu, merci !

Ch. Marelle.


QUAND N’ONT ASSEZ FAIT DODO.


Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets,
Ils portent sous leurs bonnets
Visage plein de bobo.

C’est pitié s’ils font jojo
Trop matin, les doulcinets,
Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets.

Mieux aimeraient à gogo
Gésir sur mols coussinets ;
Car ils sont tant poupinets,

Hélas ! que guoguo, guoguo,
Quand n’ont assez fait dodo
Ces petits enfançonnets.

Ch. d’Orléans.
  1. La dormette est cette bonne vieille femme qui verse, la nuit tombante, le sable et le sommeil dans les yeux des enfants.
  2. Le clocheteur parcourait les rues une lanterne à la main. Il criait les heures en psalmodiant le couplet ci-dessus, et en ajoutant ces mots lugubres : Pensez à la mort !