HYLARION GARBI GUÉRIT UNE FEMME POSSÉDÉE DU DÉMON

Tableau de Jean-Baptiste Garbi (1608). Église San-Salvadore, à Vajano

Nous devons la connaissance de ce tableau au Dr Tommaso-Tommasi, de Florence. Des photographies, imparfaites à cause de l’obscurité de l’église où il se trouve, ne nous ont pas permis de l’apprécier dans ses détails. Il est d’ailleurs d’ordre secondaire, et son auteur est peu connu. Néanmoins nous ne saurions le passer sous silence, et nous en donnerons ici la description qu’a bien voulu nous communiquer notre obligeant correspondant

Ce tableau peint sur toile est de grande dimension (5 mètres sur 6). Il se trouve au milieu du chœur de l’église San-Salvadore, à Vajano. Cette église appartint aux moines de Vallombrosa de 1073 jusqu’en 1808.

Le miracle, c’est-à-dire la guérison de la possédée, eut lieu, dit-on, dans la chapelle de Saint-Jean Gualberto qui se trouve au milieu du bois de Vallombrosa.

Une femme nommée Taddea, dame de Prato, possédée du démon, fut conduite par son père, qui se voit à genoux dans la partie inférieure du tableau, à la dite chapelle du bois de Vallombrosa. Elle-même occupe le milieu de la toile, elle est soutenue par deux ouvriers du bois qui la maintiennent avec peine. Au-dessus d’elle un moine, Hylarion Garbi, élève la main gauche pendant que, de la main droite abaissée vers la possédée, il tient la croix dont avait fait usage saint Jean Gualberto lui-même.

Une figure allégorique nue symbolise l’été.

Ce miracle est rapporté tout au long dans la « Vie du glorieux père saint Jean Gualberto, fondateur de V ordre de Vallombrosa, etc., etc., par P. D. Eudosio Loccatelli de Sainte-Sophie, Florence, MDLXXXI, chez Georges Marescolti. » Il paraît que la guérison n’eut pas lieu du premier coup. Lorsque la possédée, une fois guérie, retournait à l’hôtellerie, hors du couvent et loin de la chapelle, le diable revenait de plus belle prendre possession de la victime, « ce qu’on reconnaissait, dit le narrateur, à des signes non douteux. » Ce manège recommença plusieurs fois. Enfin le prêtre prit le parti d’accompagner l’exorcisée avec la croix de Saint-Jean jusqu’à l’endroit où le diable avait l’habitude d’en reprendre possession ; cette fois le diable partit, et malgré des menaces qu’il proféra en quittant la place, il parait qu’il ne reparut plus. C’était un diable plaisant et naïf qui, par la bouche de la fille, expliquait au milieu d’éclats de rires et de bouffonneries comment il savait céder à la force pour revenir à sa proie une fois le danger passé.