Les Complaintes (Mercure de France 1922)/Complainte de la fin des Journées

Les Complaintes (Mercure de France 1922)
Les ComplaintesMercure de FranceI. Poésies (p. 98-99).


COMPLAINTE
DE LA FIN DES JOURNÉES


Vous qui passez, oyez donc un pauvre être,
Chassé des Simples qu’on peut reconnaître
Soignant, las, quelque œillet à leur fenêtre !
Passants, hâtifs passants,
Oh ! qui veut visiter les palais de mes sens ?

Maints ciboires
De déboires
Un encor !

Ah ! l’enfant qui vit de ce nom, poète !
Il se rêvait, seul, pansant Philoctète
Aux nuits de Lemnos ; ou, loin, grêle ascète.
Et des vers aux moineaux,
Par le lycée en vacances, sous les préaux !


Offertoire,
En mémoire
D’un consort.

Mon Dieu, que tout fait signe de se taire !
Mon Dieu, qu’on est follement solitaire !
Où sont tes yeux, premier dieu de la Terre
Qui ravala ce cri :
« Têtue Éternité ! je m’en vais incompris… ? »

Pauvre histoire !
Transitoire
Passeport ?

J’ai dit : mon Dieu. La terre est orpheline
Aux ciels, parmi les séminaires des Routines.
Va, suis quelque robe de mousseline…
— Inconsciente Loi,
Faites que ce crachoir s’éloigne un peu de moi !

Vomitoire
De la Foire,
C’est la mort.