Les Climats/Cloches vénitiennes

Société du Livre Contemporain (p. 69).

  CLOCHES VÉNITIENNES



La pauvreté, la faim, le fardeau du soleil,
Le meurtrissant travail de cette enfant vieillie,
Qui respire, tressant l’osier jaune et vermeil,
L’odeur du basilic et de l’huile bouillie.

Les fétides langueurs des somnolents canaux,
La maison délabrée où pend une lessive,
Les fièvres et la soif, je les choisis plutôt
Que de ne pas tenir votre main chaude et vive

À l’heure où, s’exhalant comme un ardent soupir,
Les cloches de Venise épandent dans l’espace
Ce cri voluptueux d’alarme et de désir :
 « Jouir, jouir du temps qui passe ! »