Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CCXXI

CHAPITRE CCXXI.


Comment le roi de Mayogres, qui faisoit l’arrière-garde, passa les détroits, et quels seigneurs il y avoit en sa compagnie.


Le mercredi passèrent : le roi James de Mayogres, le comte d’Armignac, le sire de Labreth, son neveu messire Bernard de Labreth sire de Gironde, le comte de Pierregord, le vicomte de Carmaing, le comte de Comminges, le captal de Buch, le sire de Clisson, les trois frères de Pommiers, messire Jean, messire Helye et messire Aymemon, le sire de Chaumont, le sire de Mucident, messire Robert Canolle, le sire de l’Esparre, le sire de Rosem, le sire de Condon, le soudich de l’Estrade, messire Petiton de Courton, messire Aymery de Tarse, le sire de Labarde, messire Bertrand de Tande, le sire de Pincornet, messire Thomas de Wettefale, messire Perducas de Labreth, le bourc de Breteuil, le bourc Camus, Naudon de Bagerant, Bernard de la Sale, Hortingo, Lamit, et tout le remenant des Compagnies. Si étoient bien dix mille chevaux ; et eurent un peu plus courtois passage ce mercredi que n’eurent ceux qui passèrent le mardi ; et se logèrent toutes ces gens d’armes, premiers, moyens et seconds, en la comble de Pampelune, en attendant l’un l’autre et en rafraîchissant eux et leurs chevaux ; et se tinrent là environ Pampelune, pourtant qu’ils y trouvèrent largement à vivre, pain, chair, vin, et toutes autres pourvéances pour eux et pour leurs chevaux, jusques au dimanche ensuivant. Si vous dis que ces compagnons ne payoient mie tout ce qu’on leur demandoit et ne se pouvoient abstenir de piller et de prendre là où ils se tenoient ce que ils trouvoient, et firent environ Pampelune, et aussi sur le chemin, moult de détourbiers, de quoi le roi de Navarre étoit moult courroucé, mais amender ne le pouvoit ; et se repentit par trop de fois de ce qu’il avoit au prince et à ses gens ouvert ni administré le passage, car plus y avoit de dommages que de profit.