Les Chansons joyeuses/À Germain Nouveau

Les Chansons joyeuses
(p. 274-276).
À GERMAIN NOUVEAU
POËTE



Parmi les poëtes nouveaux,
Mon Germain Nouveau, tu te lèves,
Et la religion des rêves
Te compte parmi ses dévots.

Car tu crois encore aux féeries
Du clair de lune et des forêts,
Et tu vois danser dans l’air frais
Cent mille fantasmagories.


Jamais ton cœur ne renia
Les divinités de Shakspeare,
Et tu mourrais pour un sourire
De la blonde Titania.

Tu comprends, et ton nom le prouve,
Tout le fantasque renouveau ;
Les vers éclos dans ton cerveau,
L’aile d’or d’un rêve les couve.

Le ciel de ton lit est un dais
D’arbres où perce la lumière,
Et n’es-tu pas, Germain, mon frère,
Cousin germain des farfadets ?

Tu t’es fait comme un sanctuaire
Pour y reposer ton ennui,
Et tu vois les Belles-de-nuit
Chaque soir s’ouvrir pour te plaire.
 
Le clair de lune est ton ami,
Et sa fine poussière blanche
Vient parfois saupoudrer la branche
Où perche ton rêve endormi.


Les sonnets, les strophes exquises,
Pleines de parfums précieux,
À ton gré croissent en tous lieux
Pour embaumer les folles brises ;
 
Et parmi ces poëmes verts
Où le clair de lune frissonne,
Harmonieusement résonne
Ton nom fleuri comme tes vers !