Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/109

Slatkine reprints (p. 132).


LE BAIN


Enfant, garde bien la porte et ne laisse pas entrer les passants, car moi et six filles aux beaux bras nous nous baignons secrètement dans les eaux tièdes du bassin.


Nous ne voulons que rire et nager. Laisse les amants dans la rue. Nous tremperons nos jambes dans l’eau et, assises sur le bord du marbre, nous jouerons aux osselets.


Nous jouerons aussi à la balle. Ne laisse pas entrer les amants ; nos chevelures sont trop mouillées ; nos gorges ont la chair de poule et le bout de nos doigts se ride.


D’ailleurs, il s’en repentirait, celui qui nous surprendrait nues ! Bilitis n’est pas Athêna, mais elle ne se montre qu’à ses heures et châtie les yeux trop ardents.