Le Cri du néantAlphonse Lemerre (p. 61-62).



Ô nocturnes rôdeurs aux courses vagabondes,
Dont l’aube pâle fait clignoter les yeux roux,
Et qui dormez le jour, dans l’ombre de vos trous,
Quand les soleils font flamboyer les plaines blondes,

Lorsque vos dents claquaient pour vos festins immondes,
Quand la faim hérissait vos poils comme des clous,
Ô chacals, déterreurs sinistres, dites-nous
Si rien n’a remué dans les fosses profondes.


L’âme sombre des morts revient-elle parfois
Hanter l’accablement de vos rêves stupides ?
Non, les morts sont bien morts, et sur les tombes vides,

Quand montent vers les cieux immenses vos abois,
Le spectacle confus de nos humbles désastres
Ne trouble pas la paix éternelle des astres.