Les Cartes du dépôt de la guerre/02
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LES CARTES DU DÉPÔT DE LA GUERRE
CARTE DU NIVELLEMENT GÉNÉRAL DE LA FRANCE.
Cette carte, depuis longtemps attendue, vient d’être mise en vente. À l’échelle de , elle est un extrait obtenu à l’aide de la photographie et du dessin, de la carte topographique de la France au . Le terrain est représenté par des courbes de niveau équidistantes, au lieu de l’être par des hachures comme dans la carte au .
De ces courbes, les unes dites principales, sont quant aux altitudes, espacées de 400 en 400 mètres et figurées par un trait assez fort. Les courbes intermédiaires au nombre de trois sont d’un tracé très-mince. Les altitudes entre les courbes successives de l’une ou de l’autre sorte varient donc de 100 en 100 mètres. Cependant, dans quelques parties, aux inclinaisons très-brusques, la petitesse de l’échelle n’a pas permis de tracer entre les courbes principales les 3 courbes intermédiaires. On a dû n’en tracer qu’une, de sorte que les différences d’altitude sont en ces points de 200 mètres, au lieu de 100, comme presque partout.
Les lignes de nivellement sont en noir et celles de l’hydrographie (rivières, fleuves, lacs et mers) en bleu.
De cette différence de teintes, il suit que l’impression a dû nécessiter deux tirages successifs, ce qui créait une assez grande difficulté si l’on voulait obtenir une concordance parfaitement exacte entre les lignes des deux teintes. Ces difficultés résultent, on le sait, des déformations du papier aussi bien que de la manœuvre de l’impression. Le résultat, à ce point de vue paraît, hâtons-nous de le dire, très-satisfaisant. D’ailleurs, quelques légers défauts de concordance n’eussent été d’aucune conséquence, car il faut remarquer qu’ici, le relief du terrain est la chose importante et que quand bien même, ce qui n’est pas, les déplacements des lignes de l’hydrographie, eussent été de un demi-millimètre, il n’y aurait pas lieu de s’y arrêter.
L’impression à un seul tirage donnait bien, il est vrai, le moyen d’obtenir une exactitude rigoureuse. Mais dans le cas du travail qui nous occupe, on comprend quelle importance il y avait à présenter très-nettement le relief du terrain, ce qui eût été de toute impossibilité, si les lignes du nivellement eussent été de même couleur que celle de l’hydrographie. La confusion eût été inévitable en une multitude de points.
Ce travail comble une lacune considérable dans les moyens de description de notre sol et que l’industrie particulière eût été absolument incapable de remplir. Il suffit, en effet, pour s’assurer de l’existence de cette lacune, de comparer entre elles des cartes à grande échelle dues à des auteurs d’un mérite incontesté. On remarquera que des reliefs, même très-saillants, ont sur presque toutes ces cartes des physionomies assez différentes et souvent contradictoires. On n’en sera pas étonné, si l’on songe à la rareté et à l’incohérence des documents précis que pouvaient posséder les auteurs de ces cartes. Qu’on réfléchisse ensuite à l’immense quantité de points dont il est nécessaire de connaître l’altitude et la position en plan pour déterminer la forme du massif le moins compliqué et l’on conviendra qu’un service aussi largement doté que celui de la carte de France au Dépôt de la guerre, était seul capable de mener à bien une aussi grosse entreprise.
Après cette publication, on ne sera plus excusable de produire des cartes de France, représentant le sol d’une manière aussi fantaisiste que nous en avons pu voir jusqu’à ce jour. Les grands massifs, les plateaux, les collines importantes peuvent être aujourd’hui dessinées et décrits avec une rigueur presque mathématique et qui ne laisse dans l’esprit ni confusion ni incertitude. Cette fiction de chaînes de montagnes ininterrompues, enceignant comme de murailles ou de parapets les bassins de nos fleuves, et que les écoles et les traités de géographie ont admises si complaisamment presque jusqu’à ce jour, a désormais fait son temps et devra disparaître devant la réalité si clairement manifestée.
Ce produit de tant de travaux est-il à l’abri de toute critique et n’est-il susceptible d’aucuns perfectionnements ? Cela n’est pas probable, mais c’est par l’usage seulement qu’il sera possible de juger sûrement ses imperfections. Tel qu’il est cependant, nous voyons qu’il constitue un document imposant et dont l’emploi doit être dans une multitude de circonstances, un instrument de puissance considérable. On ne peut malheureusement, tout en reconnaissant ce beau résultat acquis, se défendre de cette réflexion : Pour quelles raisons a-t-on tardé jusqu’à ce jour, à faire jouir le pays de documents accumulés au Dépôt de la guerre depuis près d’un demi-siècle, sachant que ces documents, même incomplets, eussent été d’une utilité si considérable, aussi bien dans l’étude des questions industrielles que dans celles relatives à la défense du territoire ?