Les Bons Enfants/Une mauvaise plaisanterie
lusieurs enfants jouaient dans le jardin de Mme Dupuis ; il faisait beau temps, presque trop chaud.
Jacques, Louis, Nicolas et Jules se reposaient sur un banc.
Jacques s’essuyait le front avec son mouchoir ; il avait bêché, arrosé, ratissé, et il se reposait en causant avec ses amis.
Quelle chaleur il fait aujourd’hui ! C’est presque comme en été.
Nous sommes bien près de l’été.
Non, puisque nous commençons le printemps.
Eh bien ! est-ce que le printemps ne touche pas à l’été ?
Oui, comme il touche à l’hiver.
Ce n’est pas la même chose ; l’hiver est en arrière, et l’été est en avant ; la preuve, c’est que c’est demain le 1er avril.
Le 1er avril demain ! je n’y pensais pas. C’est le jour des attrapes. Tâchons d’attraper quelqu’un.
Pas moi d’abord. Je n’aime pas à tromper.
Que tu es bête ! Ce n’est pas pour tout de bon ; c’est pour rire.
Je crois bien ! J’ai joué beaucoup de tours du 1er avril, très drôles et très innocents.
Quels tours as-tu faits ?
Jacques s’essuyait le front avec son mouchoir.
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Tu appelles cela un tour innocent ? C’est très méchant pour ce pauvre M. Poucque, qui n’a pas dîné, qui a été trempé et qui a passé une triste soirée.
Sans compter qu’il est pauvre et qu’il a dépensé de l’argent pour une voiture.
Bah ! bah !… On ne s’amuserait jamais si on regardait à tout.
C’est que je ne trouve aucun amusement à faire de la peine à quelqu’un.
Que tu es bête ! Ce n’est pas une grande peine d’être attrapé !
Non, mais c’est un ennui ; on est vexé de s’être laissé attraper.
Alors, tu ne veux pas m’aider à jouer un petit tour à la bonne de tes cousins Pierre et Henri ? Tu sais comme elle est ennuyeuse ! elle emmène toujours tes cousins au plus fort de nos jeux.
Ce n’est pas pour les tourmenter ; il faut qu’ils rentrent pour apprendre leurs leçons.
Voyons ! veux-tu ou ne veux-tu pas être des nôtres pour le 1er avril ?
Non, je ne veux pas.
Ni moi non plus.
Vous êtes deux nigauds ; nous allons nous amuser, Nicolas et moi, et vous serez bien fâchés d’avoir refusé.
Nous nous amuserons de notre côté, et bien plus que vous, car nous ferons du bien en tâchant de déjouer vos tours.
C’est ce que nous verrons, monsieur. Quand je m’y mets, il n’est pas facile de m’empêcher de faire ce que je veux.
Tant pis pour toi si tu veux le mal. »
En disant ces mots, Jacques se leva ainsi que Louis, et ils recommencèrent leurs travaux de jardinage.
Nicolas et Jules reprirent leurs vestes et s’en allèrent pour comploter le tour dont ils avaient parlé.