Les Bains de Loèche, Suisse, Canton du Valais/Promenades et ascensions

PROMENADES ET ASCENSIONS.


Le voisinage immédiat de Loèche offre de charmantes promenades qui sont la principale distraction du baigneur. L’endroit le plus agréable pour fuir la grande chaleur est attenant à l’hôtel des Alpes, le long de la Dala. On y parvient par la première terrasse et en passant sous la grotte.

La promenade la plus fréquentée est le chemin des Échelles, qui conduit à Albinen. Au sortir du village, c’est une promenade assez large, le boulevard de l’endroit, rendez-vous ordinaire de l’aimable société des baigneurs. Plus loin, le sentier traverse un enclos fermé par deux tourniquets, et continue à travers la forêt jusqu’aux célèbres Échelles, que chacun va voir, sans se hasarder trop à en faire l’ascension, vraiment vertigineuse. Les échelles sont appliquées contre une paroi à peu près à pic et retenues par de simples crochets de bois. On y voit néanmoins descendre et monter les gens d’Albinen, comme si de rien n’était, hommes et femmes souvent pesamment chargés, avec un mouton ou un veau sur les épaules. Après ce dangereux passage, on va presque à plat jusqu’à Albinen.

De ce sentier, et peu après les tourniquets, se détache à gauche un charmant chemin qui monte dans la forêt. Plus loin, un sentier prend à droite à côté d’un banc et descend au Bois de Cythère, dont les échos répètent souvent les joyeux devis, les rires et les chants des hôtes de Loèche. Le bois de Cythère est un des endroits de prédilection pour les déjeûners sur l’herbe qu’organisent fréquemment les baigneurs. On met la nappe sur les bords du torrent de la Dala qui accompagne de son mugissement la fanfare des bains. Ces fêtes champêtres ont le charme des impressions nouvelles, de la gaieté générale, des incidents imprévus et des jouissances que procure une nature majestueuse dans l’ensemble et pittoresque dans les détails.

Une course à la Cascade de la Dala est une charmante petite promenade d’une heure. Passant à côté du bain des Alpes, on n’a qu’à suivre tout droit, laissant à sa gauche un pont sur la Dala, pour arriver en face de la chute écumante, qui se précipite dans une fissure du rocher. Illuminée aux feux de Bengale, c’est un spectacle féérique que l’on revoit volontiers. À une lieue au-dessus de la cascade on arrive au Mayen, où l’on trouve de la crème, du lait, du beurre, etc. Du Mayen, la course peut se prolonger encore jusqu’aux chalets du pâturage de Fluh (2½ lieues des bains) celui-ci atteint le bas du glacier de la Dala. que l’on contemple dans toute son étendue. Cette course fatigante peut aussi se faire à mulet.

En revenant, le touriste pourra passer sur la rive droite du torrent, près des chalets de la montagne de Clavinen et jouir, chemin faisant, de plusieurs points de vue remarquables.

L’Alpe de Feuillerette est un des plus jolis buts d’excursion des environs de Loèche. Le chemin passe dans les prairies à l’est du village, traverse des bois et des clairières et conduit en une heure de montée aux chalets de Feuillerette, situés sur un riant plateau, en face de l’Altels et du Balmhorn.

Le Pas du Loup est la première étape sur le chemin du Torrenthorn et du Gukerhubel. Le sentier part de la place Saint-Laurent, longe la digue élevée contre les avalanches et arrive aux zigzags qui ont pris le nom de Pas du Loup. Ces animaux, disparus aujourd’hui, étaient autrefois assez fréquents dans le pays, comme le prouvent les trophées de chasse que l’on voit encore accrochés à la façade de quelques chalets. La forêt s’éclaircit au-dessus, fait place aux pâturages ; le chemin se bifurque vers les deux cimes. De là en une heure et demie seulement on atteint la sommité du Gukerhubel. On y jouit d’une vue plus restreinte que du Torrenthorn, quoique analogue, mais la course est moins fatigante. Par le Pas du Loup on peut aussi rejoindre Albinen.

Une ascension au Torrenthorn ou Mayinghorn, le Righi valaisan, est un joyeux événement. Généralement c’est une partie arrangée à l’improviste lorsque le temps promet d’être beau le lendemain ou que l’on peut compter sur la pleine lune pour diriger les voyageurs à la mi-nuit. Le spectacle nouveau d’un lever de soleil du haut des cimes vaut bien la peine d’un lever matinal. Les mulets, les guides, le repas, tout est rapidement commandé et la bruyante caravane se met en marche à l’heure fixée. Au-dessus du Pas du Loup, quittant la région des forêts pour celle des pâturages alpestres, le chemin tourne à gauche. Les mulets portent leurs cavaliers tout au haut, grâce au sentier primitif qui a été tracé jusqu’aux derniers sommets. Pour le piéton, la fatigue de cette ascension sans danger est bien compensée par le magique panorama que l’on découvre du sommet.

Au couchant, c’est le Buet la Dent-du-Midi, le Muveran, les Diablerets, l’Oldenhorn, le Sanetsch, le Wildhorn, le Rawyl ; plus près le glacier de Lœmmern, qui alimente le Daubensee : plus près encore la chaîne qui domine au nord le vallon des Bains, le Plattenhorn, le Rinderhorn, le Balmhorn. Au levant on aperçoit la vallée de Lœtschen et le vaste glacier qui la termine, le Bietschhorn, l’Aletschhorn ; dans le lointain la Jungfrau, le Schreckhorn ; un peu à droite la chaîne du Simplon, le Monte-Leone, le Fletschhorn, le Monte-Moro, le Dôme, puis le majestueux Mont-Rose ; le Weisshorn, les vallées de Saas et de Saint-Nicolas, le Cervin, la Dent-Blanche. Ici les vallées de Tourlemagne, d’Anniviers et d’Hérens ; au fond de cette dernière la pointe du grand Glacier ; ensuite le val de Bagnes, le Combin, le Velan, et toute la grande vallée du Rhône, de Sierre à Martigny, le col de Balme, enfin le Mont-Géant, le Mont-Blanc, les Aiguilles vertes et beaucoup d’autres pointes dont les noms sont restés dans l’obscurité.

De là aussi le géologue débrouille d’un coup d’œil le mode de soulèvement des couches de toute la contrée. Le botaniste fait sa moisson de fleurs tout le long du chemin. La descente a lieu trop rapidement. On regrette de quitter ces hauts sommets et les jouissances pures qu’ils nous font éprouver. C’est à sa position isolée entre les Alpes bernoises et les Alpes valaisannes, que le Torrenthorn doit le privilège d’une vue aussi remarquable, et quoique moins connu, le Righi valaisan soutient la comparaison avec son homonyme du lac de Lucerne.

Prenons maintenant le chemin de la Gemmi dont l’ascension rivalise avec celle du Torrenthorn dans les ambitions des hôtes de Loèche. Beaucoup quittent la station thermale par cette route. En attendant, on va se promener jusqu’au pied de la paroi perpendiculaire de rochers sur laquelle le chemin s’élève en zigzags, profitant des moindres replats et entaillant le roc là où il ne peut faire autrement. Avant d’atteindre le pied des rochers, on peut prendre à gauche un sentier qui redescend de l’autre côté de la vallée en face du village et d’où l’on jouit d’une belle vue d’ensemble sur le glacier de la Dala et le Balmhorn. Ce sentier rejoint la grande route d’Inden.

Plus loin, sur la route de la Gemmi, après un parc à moutons, un autre sentier se détache encore à gauche et courant sur le flanc de la montagne, mène le promeneur aux grottes de neige. La neige s’accumule pendant l’hiver dans un couloir de rochers ; l’eau en s’écoulant au-dessous, favorise la fonte, tandis que la superficie résiste et finit par former une belle arche de glace.

À droite, l’on peut aller à la vallée de Tempe, qui partage avec le bois de Cythère le privilège des repas champêtres. C’est une des plus jolies courses des environs.

Mais s’il a entrepris l’ascension de la Gemmi, le touriste s’élève peu à peu jusqu’au haut de la paroi à pic. Il voit alors, immédiatement au-dessous de lui, à une différence de niveau de 400 mètres, Loèche et sa vallée, — plus loin le Rhône dominé par les Alpes valaisannes, avec leur immense couronne de sommets neigeux. La hardiesse du chemin, le spectacle grandiose dont on jouit au haut du col le récompensent amplement de ses peines. Si la montée a aiguisé son appétit, il trouve à se réconforter dans le gentil hôtel que l’on a construit au sommet. L’amateur de glaciers peut visiter, à gauche du col, le Lœmmerngletscher, qui sert fréquemment de but à l’excursion. Si l’on pousse jusqu’à Schwarenbach, où il y a aussi une auberge, on suit la rive droite du lac de Dauben, entouré d’éboulis de rocs, solitaire et froid.

Inden est encore un but de promenade ; on suit la route des bains en la descendant. La vieille route s’en détache un peu après le pont de la Dala. C’est un ancien chemin de montagne qui passe au milieu de prairies et de granges-chalets, dits « racarts » dans le pays. En hiver on mène de l’un à l’autre le bétail pour manger sur place le foin recueilli pendant l’été. À droite un sentier conduit à la cascade qui anime le paysage en face des Bains.

L’ascensionniste qui aspire à des jouissances plus élevées, trouve de quoi satisfaire son ambition au Balmhorn et à l’Altels. C’est de Schwarenbach que l’on fait le plus souvent ces ascensions. Avec de bons yeux ou en s’aidant d’une lunette, on peut voir les grimpeurs de Loèche et les suivre comme autant de petits points noirs sur les dernières pentes du sommet.

Le passage dans la vallée de Lœtschen, par le glacier de la Dala et la Regizi-Furche (2681m), l’ascension du Wildstrubel, de la Bella-Tola, etc., se font quelquefois de Loèche, qui est un centre d’excursions intéressantes et même peu connues. On dit le Lœtschenthal des plus remarquables, et c’est presque une découverte en comparaison des vallées et passages voisins si connus déjà et si fréquentés.