Les Aventures de Til Ulespiègle/LXXXIV
CHAPITRE LXXXIV.
nu sur la cendre chaude.
es mauvais propos attirent des ennuis. Comme
Ulespiègle revenait de Rome, il arriva
dans un village où il y avait une grande auberge.
L’hôte était absent. Ulespiègle demanda à
l’hôtesse si elle connaissait Ulespiègle. L’hôtesse
répondit : « Non, je ne le connais pas, mais j’ai bien
entendu parler de lui, et dire qu’il est un fieffé mauvais
sujet. – Chère hôtesse, dit Ulespiègle, pourquoi
dites-vous qu’il est un mauvais sujet, puisque
vous ne le connaissez pas ? – Qu’est-ce que cela
fait, dit l’hôtesse, que je ne le connaisse pas ? Cela
importe peu. On dit que c’est un mauvais garnement.
— Chère dame, dit Ulespiègle, vous a-t-il
jamais fait de la peine ? Qu’il est un mauvais sujet,
vous le dites d’après des bavardages ; mais vous ne
savez rien de particulier contre lui. – Je dis, répliqua
la dame, ce que j’ai entendu dire par les
personnes qui viennent ici. » Ulespiègle ne dit rien.
Le lendemain, il se leva de bonne heure, écarta les
cendres chaudes, s’en alla près du lit, prit l’hôtesse, qui dormait, l’alla placer le dos tout nu sur les cendres
chaudes, qui la brûlèrent cruellement, et dit :
« Voyez, l’hôtesse ; maintenant vous pouvez bien dire
d’Ulespiègle qu’il est un malicieux ; vous le sentez
maintenant, et vous l’avez vu, maintenant vous
pourrez le reconnaître. » La femme se mit à crier à
l’aide ; cependant Ulespiègle sortit de la maison, et
dit : « C’est ainsi qu’on doit terminer le voyage de
Rome. »