Au Vatican, par ordre exprès du Saint-Pontife, l’an dernier du regne de la papauté [1797] (p. 42-43).

ÉPÎTRE À L’AUTEUR
DU
SAINT PÈRE À TOUS LES DIABLES

Ta langue que le fiel distille,
Te fera trouver tôt ou tard,
Un vengeur muni d’un poignard
Plus tranchant que celui d’Achille ;
Pauvre mais insolent esprit,
Que la médisance nourrit,
Sache qu’à quelque excès que ta fureur s’échappe,
Le pape sera toujours pape,
Et que tu n’es qu’un franc pied-plat.
Ingrat et traître envers son maître,
Subsistant aux dépens du plat,
Du sot qui peut te méconnoître.
Un pied dans le bordel, l’autre dans l’hôpital,
De tous les grands tu dis du mal.
Crains à la fin que ceux que ta fureur attaque,
Ne te fasse jeter dans un sale cloaque.
Coquin, la crainte du bâton,
Comme un chien te fait fuir, mais si rien ne t’arrête,
La foudre sur ton dos s’apprête,
Qui te fera changer de ton.

Si médire t’es nécessaire,
Tu peux parler de ces coquines,
Qui de leur amour mercenaire,
Font payer leurs faveurs libertines,
Fonde ton espoir sur leur bourse,
Ce sera desormais ton unique ressource,
Haï des hommes et de dieu,
Détesté par le diable même,
Ta bouche, mère du blasphême,
Te fait chasser de quelque lieu,
Nous te verrons dans peu sur le haut d’une échelle,
De valets de taverne et de crocs entourés,
Danser au bout d’une ficelle
Au doux branle de leur salve.
Or, va poursuis ta triste chance,
Mais sois assuré qu’un cordeau,
Ou le bâton, ou le couteau,
Feront taire ta médisance.