Les Amours de Tristan/Les Délires

Les Amours de TristanP. Billaine, A. Courbé (p. 36).


LES DELIRES.

SONNET.



IE ſuis preſt à mourir, voicy mon dernier iour ;
Ie ne voy plus Philis, & le Ciel que i’implore
Pour comble de mal-heurs veut adiouſter encore
La chaleur de la fieure à celle de l’Amour.

Alors que le Soleil prepare ſon retour,
Et que les prez ſont pleins des larmes de l’Aurore,
Quelque fois en dormant ie me trouue au ſejour
Où vient de s’en aller la Beauté que i’adore.

Surpris en la voyant par ceste douce erreur,
Moy qui n’apperçois plus que des obiects d’horreur,
Et dont les triſtes yeux ne s’ouurent plus qu’aux larmes.

Ie croy que du treſpas i’ay reſſenty l’effort,
Et que tant de beautez, de graces, & de charmes
Sont les felicitez qu’on trouue apres la mort.