Les Amours de Tristan/Le Portier inexorable

Les Amours de TristanP. Billaine, A. Courbé (p. 210).


LE PORTIER INEXORABLE.

SONNET.



SI l’amour du bon vin qui ton viſage enflame
Adouciſt quelquefois ton courage irrité ;
Suiſſe rabats vn peu de ta ſeuerité,
Et permets ce matin que i’aille voir Madame.

Deux flacons d’vn muſcat qui touche iuſqu’à l’ame
Seront le prix certain de ta ciuilité ;
Mais il ferme la porte auec brutalité,
En vain ie le coniure, en vain ie le reclame.

Si ce lieu m’eſt touſiours de ſi faſcheux accez,
Ie ne puis esperer aucun heureux ſuccez,
Et que rien me conſole en ma peine cruelle.

Dieux ! pour eterniſer la rigueur de mes fers
Mettrez vous point Cerbere à garder cette Belle ;
Il ſuffit de ce Suiſſe à garder les Enfers ?