Les Amours (1553)/Poème 132


Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 153).

Hausse ton æle, & d’un voler plus ample,
Forçant des vens l’audace & le pouvoir,
Fai Denisot, tes plumes émouvoir,
Jusques au ciel ou les dieus ont leur temple.

Là, d’oeil d’Argus, leurs deités contemple,
Contemple aussi leur grace, & leur savoir
Et pour ma Dame au parfait concevoir,
Sur les plus beaus fantastique un exemple,

Moissonne apres le teint de mile fleurs,
Et les detrampe en l’argent de mes pleurs,
Que tiedement hors de mon chef je ruë:

Puis atachant ton esprit & tes yeus
Dans le patron derobé sur les dieus,
Pein, Denisot, la beauté qui me tuë.