Les Amours (Ovide)/Traduction Séguier/21

Traduction par Ulysse de Séguier.
(p. 68-69).

ÉLÉGIE III

Au même


Fâcheux gardien que toi, qui n’es homme ni femme
Et pour Vénus vis sans ressort !
Celui dont le rasoir te mutila, l’infâme,
Eût mérité le même sort.
À mes vœux suppliants tu serais plus docile
Si quelque amour te pénétrait.
Pour lutter, galoper, toi, ton corps est débile ;
Un glaive lourd t’accablerait.

Ce sont actes virils ; renonce à leur vaillance.
Sous d’autres drapeaux résigné,
Complais à ta maîtresse, obtiens sa bienveillance.
Que ferais-tu, d’elle éloigné ?
Tout invite au plaisir, ses attraits, sa jeunesse ;
La tenir dans l’ombre est honteux.
Elle aurait pu tromper ton œil ouvert sans cesse :
Complot d’amour triomphe à deux.
Mais te prier vaut mieux ; or donc, ma voix te presse,
Sers-nous, tandis que tu le peux.