Les Amours (Ovide)/Traduction Séguier/06

Traduction par Ulysse de Séguier.
(p. 20-21).

ÉLÉGIE III

Déclaration


Prière juste : Ô toi qui sus hier me charmer
Aime-moi bien lorsque je t’aime.
Est-ce trop ? permets-moi seulement de t’aimer,
Et je louerai Vénus de même.
Accueille qui veut vivre à tes pieds enchaîné,
Accueille une flamme sincère.
Si d’illustres aïeux ton amant n’est point né,
Un chevalier étant son père ;

Si d’un riche domaine il n’a pas les douceurs
Et doit avec peu se suffire :
Qu’il ait pour répondants Phébus et les neuf Sœurs,
Bacchus et l’Amour qui l’inspire ;
Et ses mœurs sans reproche et sa fidélité,
Sa pudeur et son innocence.
Loin de lui mille amours ! toi seule, en vérité,
Seras l’objet de sa constance.
Oui, que la Parque file à tes côtés mes jours,
Mais les brise, à ta moindre plainte.
Laisse-moi te chanter, et mes œuvres toujours
Porteront ta divine empreinte.
Grâce aux vers on admire Io, que veille Argus,
Et Léda, qu’un cygne féconde ;
Par eux célèbre encore est la sœur de Cadmus,
Qu’un Dieu taureau ravit sur l’onde :
Belle, ainsi nos deux noms, tendrement confondus,
Vivront à jamais dans le monde !