Les Amours (Ovide)/Traduction Séguier/01

Traduction par Ulysse de Séguier.
(p. 5-6).


OVIDE


Le poète latin Ovide (Publius Ovidius Naso), né à Sulmone, dans le Samnium, quarante-trois ans avant Jésus-Christ, mourut exilé à Tomes, près les bouches du Danube, à l’âge de soixante ans. Sa vie est connue. On sait que, destiné d’abord au barreau, il fut entraîné vers la poésie par un penchant irrésistible et la grande facilité qu’il avait à faire des vers :

Quidquid tentabam scribere versus erat.

Le recueil d’élégies dont nous publions une traduction nouvelle fut probablement son œuvre de début. Il y célèbre ses amours avec une dame romaine que quelques-uns ont crue être la fille d’Auguste, la trop fameuse Julie. Rien n’est moins prouvé. Ce qui paraît plus certain, c’est que plusieurs de ces élégies s’adressent à une maîtresse différente et de condition inférieure.

Ovide a composé des ouvrages d’un genre plus relevé, les Métamorphoses, les Fastes, etc., mais nulle part il ne s’est peint lui-même avec autant d’abandon que dans ces trois livres des Amours. Dérobant l’effort de son art sous un naturel exquis, il s’y montre pour ainsi dire à nu, avec ses passions, ses ardeurs de jeunesse, et avec une franchise d’accent qui rendent son œuvre précieuse à tous égards.

Il existe, nous ne l’ignorons pas, des préventions trop souvent justifiées contre les traductions en vers. Si pourtant, malgré le discrédit où le genre est peu à peu tombé, nous n’avons pas hésité à imprimer celle-ci, c’est qu’elle se distingue de toutes les précédentes par une vigueur incomparable ainsi que par une adresse merveilleuse à mouler la pensée et le tour de l’original.