Les amours de Béranger/Les Adieux à la Mansarde

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Les Adieux à la Mansarde.

Air du Nez culotté.
Reçois mes adieux, — Modeste mansarde,

Je quitte ces lieux — Que le vent lézarde ;
Bonsoir, mon voisin, — Demain,
Je pars pour Pantin.

Maudit le jour qui me fit prolétaire,
Sauf le métier,
Mieux vaut être portier ;
On a du moins chez le propriétaire
Gratuitement
Son petit logement,
Et pour son loyer,
Plus heureux que le locataire,
Jamais le portier

Chez lui ne voit entrer l’huissier. Reçois.
Je porte envie au sort de Diogène,

Ah ! comme lui,
Que ne suis-je aujourd’hui !
Ce philosophe, à l’abri de ma gêne,
En plein soleil
Goûtait un doux sommeil.
Sans un lourd fardeau
En censeur de l’espèce humaine,
Jusqu’à son tombeau
Il roula gaîment son tonneau. Reçois, etc.

On n’a jamais vu, de mémoire d’homme,
Le logement
Aussi cher qu’à présent ;
Pour un trimestre, il faut tripler la somme,
Soit au premier,
Au second, au grenier.
Mes sens sont aigris,
Vraiment, bientôt je ne sais comme
Les rats, les souris
Pourront se loger à Paris ! Reçois, etc.

C’est pourtant là que du sein de ma mère,
Fruit de l’amour,
Je vis mon premier jour ;
C’est encor là que mourut mon vieux père,
Laissant mon cœur
En proie à la douleur ;
Je croyais ici
Comme eux terminer ma carrière,
Mais pour mon souci

Le sort ne le veut pas ainsi. Reçois, etc.
Parat.