Les 120 journées de Sodome/06

Numérisation : Jean Franval (p. 68-79).

(VI)

Deuxième journée

On se leva à l’heure ordinaire. L’évêque, entièrement remis de ses excès et qui dès quatre heures du matin s’était trouvé très scandalisé de ce qu’on l’eût laissé coucher seul, avait sonné pour que Julie et le fouteur qui lui était destiné vinssent occuper leur poste. Ils arrivèrent à l’instant, et le libertin se replongea dans leurs bras au sein de nouvelles impuretés. Quand le déjeuner fut fait, suivant l’usage, dans l’appartement des filles, Durcet visita, et de nouvelles délinquantes, malgré tout ce qu’on avait pu dire, s’offrirent encore à lui. Michette était coupable d’un genre de faute, et Augustine, à qui Curval avait fait dire de se tenir tout le jour dans un certain état, se trouvait dans l’état absolument contraire : elle ne s’en souvenait plus, elle en demandait bien excuse et promettait que ça n’arriverait plus ; mais le quatrumvirat fut inexorable, et toutes deux furent inscrites sur la liste des punitions du premier samedi. Singulièrement mécontents de la maladresse de toutes ces petites filles dans l’art de la masturbation, impatientés de ce qu’on avait éprouvé sur cela la veille, Durcet proposa d’établir une heure dans la matinée où on leur donnerait des leçons sur cet objet, et que tour à tour un d’eux se lèverait une heure plus matin, ce moment d’exercice étant établi depuis neuf jusqu’à dix, se lèverait, dis-je, à neuf heures pour aller se prêter à cet exercice. On décida que celui qui remplirait cette fonction s’assiérait tranquillement au milieu du sérail, dans un fauteuil, et que chaque petite fille, conduite et guidée par la Duclos, la meilleure branleuse que le château renfermât, viendrait s’essayer sur lui, que la Duclos dirigerait leur main, leur mouvement, qu’elle leur apprendrait le plus ou le moins de vitesse qu’il fallait donner à leurs secousses en raison de l’état du patient, qu’elle prescrirait leurs attitudes, leurs postures pendant l’opération, et qu’on établirait des punitions réglées pour celle qui, au bout de la première quinzaine, ne réussirait point parfaitement dans cet art sans avoir plus besoin de leçons. Il leur fut surtout très exactement recommandé, d’après les principes du récollet, de tenir toujours le gland à découvert pendant l’opération et que la seconde main qui n’agissait pas s’occupât sans cesse pendant ce temps-là à chatouiller les environs, suivant les différentes fantaisies de ceux à qui elles auraient affaire. Ce projet du financier plut universellement. La Duclos, mandée, accepta la commission et, dès le même jour, elle ajouta dans leur appartement un godemiché sur lequel elles pouvaient toujours exercer leur poignet pour l’entretenir dans la sorte d’agilité nécessaire. On chargea Hercule du même emploi chez les garçons, qui toujours bien plus adroits dans cet art-là que les filles, parce qu’il ne s’agit que de faire aux autres ce qu’ils se font à eux-mêmes, n’eurent besoin que d’une semaine pour devenir les plus délicieux branleurs qu’il fût possible de rencontrer. Parmi eux, ce matin-là, il ne se trouva personne en faute, et l’exemple de Narcisse la veille ayant fait refuser presque toutes les permissions, il ne se trouva à la chapelle que Duclos, deux fouteurs, Julie, Thérèse, Cupidon et Zelmire. Curval banda beaucoup ; il s’était étonnamment échauffé le matin avec Adonis, à la visite des garçons, et l’on crut qu’il allait perdre, en voyant opérer Thérèse et les deux fouteurs, mais il se contint. Le dîner fut à l’ordinaire, mais le cher président, ayant singulièrement bu et paillardé pendant le repas, se renflamma de nouveau au café, servi par Augustine et Michette, Zélamir et Cupidon, dirigés par la vieille Fanchon, à qui par singularité on avait commandé d’être nue comme les enfants. De ce contraste naquit la nouvelle fureur lubrique de Curval, et il se livra à quelques égarements de choix avec la vieille et Zélamir, qui lui valut enfin la perte de son foutre. Le duc, le vit en l’air, serrait Augustine de bien près ; il braillait, il jurait, il déraisonnait, et la pauvre petite, toute tremblante, se reculait toujours, comme la colombe devant l’oiseau de proie qui la guette et qui est près d’en faire sa capture. Il se contenta pourtant de quelques baisers libertins et de lui donner une première leçon, acompte de celle qu’elle devait commencer à prendre le lendemain. Et les deux autres, moins animés, ayant déjà commencé leurs méridiennes, nos deux champions les imitèrent, et on ne se réveilla qu’à six heures, pour passer au salon d’histoire. Tous les quadrilles de la veille étaient variés, tant pour les sujets que pour les habillements, et nos amis avaient pour compagnes sur les canapés, le duc : Aline, fille de l’évêque et par conséquent au moins nièce du duc, l’évêque : sa belle-sœur Constance, femme du duc et fille de Durcet ; Durcet : Julie, fille du duc et femme du président ; et Curval, pour se réveiller et se ranimer un peu : sa fille Adélaïde, femme de Durcet, l’une des créatures du monde qu’il avait le plus de plaisir à taquiner à cause de sa vertu et de sa dévotion. Il débuta avec elle par quelques mauvaises plaisanteries et, lui ayant ordonné de prendre pendant toute la séance une posture très analogue à ses goûts, mais très gênante pour cette pauvre petite femme, il la menaça de tous les effets de sa colère si elle s’en dérangeait un seul instant. Tout étant prêt, Duclos monta sur sa tribune et reprit ainsi le fil de sa narration :

« Il y avait trois jours que ma mère n’avait paru à la maison, lorsque son mari, inquiet bien plutôt de ses effets et de son argent que de la créature, s’avisa d’entrer dans sa chambre, où ils avaient coutume de serrer ce qu’ils avaient de plus précieux. Mais quel fut son étonnement lorsqu’au lieu de ce qu’il cherchait, il ne trouva qu’un billet de ma mère qui lui disait de prendre son parti sur la perte qu’il faisait, parce qu’étant décidée à se séparer de lui pour jamais, et n’ayant point d’argent, il fallait bien qu’elle prît tout ce qu’elle emportait ; qu’au reste il ne devait s’en prendre qu’à lui et à ses mauvais traitements si elle le quittait, et qu’elle lui laissait deux filles qui valaient bien ce qu’elle emportait. Mais le bonhomme était bien loin de trouver que l’un valût l’autre, et le congé qu’il nous donna gracieusement, en nous priant de ne pas même coucher à la maison, fut la preuve certaine qu’il n’en comptait pas comme ma mère. Assez peu affligées d’un compliment qui nous donnait, à ma sœur et à moi, pleine liberté de nous livrer à l’aise au petit genre de vie qui commençait si bien à nous plaire, nous ne songeâmes qu’à emporter nos petits effets et à prendre aussi vite congé du cher beau-père qu’il lui avait plu de nous le donner. Nous nous retirâmes sur-le-champ dans une petite chambre aux environs, ma sœur et moi, en attendant que nous eussions pris notre parti sur notre destinée. Là, nos premiers raisonnements tombèrent sur le sort de notre mère. Nous ne doutâmes pas d’un moment qu’elle ne fût au couvent, décidée à vivre secrètement chez quelque Père, ou à s’en faire entretenir dans quelque coin des environs, et nous nous en tenions sans trop de souci à cette opinion, lorsqu’un Frère du couvent vint nous apporter un billet qui fit changer nos conjectures. Ce billet disait en substance que ce qu’on avait de mieux à nous conseiller était de venir, aussitôt qu’il ferait nuit, au couvent, chez le Père gardien même qui écrivait le billet ; qu’il nous attendrait dans l’église jusqu’à dix heures du soir et qu’il nous mènerait dans l’endroit où était notre mère, dont il nous ferait partager avec plaisir le bonheur actuel et la tranquillité. Il nous exhortait vivement à n’y pas manquer, et surtout à cacher nos démarches avec le plus grand soin, parce qu’il était essentiel que notre beau-père ne sût rien de tout ce qu’on faisait et pour ma mère et pour nous. Ma sœur, qui pour lors avait atteint sa quinzième année et qui, par conséquent, avait et plus d’esprit et plus de raison que moi qui n’en avais que neuf, après avoir congédié le porteur du billet et répondu qu’elle ferait ses réflexions là-dessus, ne put s’empêcher de s’étonner de toutes ces manœuvres. “Françon, me dit-elle, n’y allons pas. Il y a quelque chose là-dessous. Si cette proposition était franche, pourquoi ma mère, ou n’aurait-elle pas joint un billet à celui-ci, ou ne l’aurait-elle pas au moins signé ? Et avec qui serait-elle au couvent, ma mère ? Le Père Adrien, son meilleur ami, n’y est plus depuis trois ans à peu près. Depuis cette époque, elle n’y va plus qu’en passant et n’y a plus aucune intrigue réglée. Par quel hasard aurait-elle été choisir cette retraite ? Le Père gardien n’est, ni n’a jamais été, son amant. Je sais qu’elle l’a amusé deux ou trois fois, mais ce n’est pas un homme à se prendre pour une femme en raison de cela seul, car il n’en est pas de plus inconstant et même de plus brutal envers les femmes, une fois que son caprice est passé. Ainsi d’où vient aurait-il pris tant d’intérêt à notre mère ? Il y a quelque chose là-dessous, te dis-je. Je ne l’ai jamais aimé, ce vieux gardien : il est méchant, il est dur, il est brutal. Il m’a attirée une fois dans sa chambre, où il était avec trois autres, et d’après ce qui m’y est arrivé, j’ai bien juré depuis de n’y pas remettre les pieds. Si tu m’en crois, laissons là tous ces coquins de moines. Il n’est plus temps de te le cacher, Françon, j’ai une connaissance, et j’ose dire une bonne amie : on l’appelle Mme Guérin. Il y a deux ans que je la fréquente et elle n’a pas été, depuis ce temps-là, une semaine sans me faire faire une bonne partie, mais non pas des parties de douze sols, comme celles que nous faisons au couvent : il n’y en a pas eu une dont je n’aie rapporté trois écus. Tiens, en voilà la preuve, continua ma sœur en me montrant une bourse où il y avait plus de dix louis, tu vois que j’ai de quoi vivre. Eh bien, si tu veux suivre mon avis, fais comme moi. La Guérin te recevra, j’en suis sûre, elle t’a vue il y a huit jours en venant me chercher pour une partie ; et elle m’a chargée de t’en proposer aussi et que, quelque jeune que tu fusses, elle trouverait toujours à te placer. Fais comme moi, te dis-je, et nous serons bientôt au-dessus de nos affaires. Au reste, c’est tout ce que je peux te dire, car excepté cette nuit où je payerai ta dépense, ne compte plus sur moi, ma petite. Chacun pour soi dans ce monde. J’ai gagné cela avec mon corps et mes doigts ; fais-en autant. Et si la pudeur te tient, va-t’en au diable, et surtout ne viens pas me chercher ; car, après ce que je te dis là, je te verrais tirer la langue deux pieds de long que je ne te donnerais pas un verre d’eau. Quant à ma mère, bien loin d’être fâchée de son sort, quel qu’il puisse être, je te proteste que je m’en réjouis et que le seul vœu que je fais est que la putain soit si loin que je ne la revoie de ma vie. Je sais combien elle m’a gênée dans mon métier, et tous les beaux conseils qu’elle me donnait pendant que la garce en faisait trois fois pis. Ma mie, que le diable l’emporte et surtout ne la ramène pas ! Voilà tout ce que je lui souhaite.” N’ayant pas, à vous dire le vrai, ni le cœur plus tendre, ni l’âme beaucoup mieux placée que ma sœur, je partageai de bien bonne foi toutes les invectives dont elle accabla cette excellente mère et, remerciant ma sœur de la connaissance qu’elle me procurait, je lui promis et de la suivre chez cette femme et, une fois qu’elle m’aurait adoptée, de cesser de lui être à charge. À l’égard du refus d’aller au couvent, je l’adoptai comme elle. “Si effectivement elle est heureuse, tant mieux pour elle, dis-je ; en ce cas nous pouvons l’être de même de notre côté, sans avoir besoin d’aller partager son sort. Et si c’est un piège qu’on nous tend, il est très nécessaire de l’éviter“. Sur cela ma sœur m’embrassa. “Allons, dit-elle, je vois à présent que tu es une bonne fille. Va, va, sois sûre que nous ferons fortune. Je suis jolie, et toi aussi : nous gagnerons ce que nous voudrons, ma mie. Mais il ne faut pas s’attacher, souviens-t’en. Aujourd’hui l’un, demain l’autre, il faut être putain, mon enfant, putain dans l’âme et dans le cœur. Pour moi, continue-t-elle, je la suis tant, vois-tu, à présent, qu’il n’y a ni confession, ni prêtre, ni conseil, ni représentation qui pût me retirer du vice. J’irais, sacredieu ! montrer mon cul sur les bornes avec autant de tranquillité que je boirais un verre de vin. Imite-moi, Françon, on gagne tout sur les hommes avec de la complaisance ; le métier est un peu dur dans les commencements, mais on s’y fait. Autant d’hommes, autant de goûts ; d’abord, il faut t’y attendre. L’un veut une chose, l’autre en veut une autre, mais qu’importe, on est là pour obéir, on se soumet : c’est bientôt passé et l’argent reste”. J’étais confondue, je l’avoue, d’entendre des propos aussi déréglés dans la bouche d’une fille si jeune et qui m’avait toujours paru si décente. Mais comme mon cœur en partageait l’esprit, je lui laissai bientôt connaître que j’étais non seulement disposée à l’imiter dans tout, mais même à faire encore pis qu’elle si cela était nécessaire. Enchantée de moi, elle m’embrassa de nouveau, et comme il commençait à se faire tard, nous envoyâmes chercher une poularde et du bon vin ; nous soupâmes et couchâmes ensemble, décidées à aller dès le lendemain matin nous présenter chez la Guérin et la prier de nous recevoir au nombre de ses pensionnaires. Ce fut pendant ce souper que ma sœur m’apprit tout ce que j’ignorais encore du libertinage. Elle se fit voir à moi toute nue, et je puis assurer que c’était une des plus belles créatures qu’il y eût alors à Paris. La plus belle peau, l’embonpoint le plus agréable, et malgré cela la taille la plus leste et la plus intéressante, les plus jolis yeux bleus, et tout le reste à l’avenant. Aussi appris-je depuis combien la Guérin en faisait cas et avec quel plaisir elle la procurait à ses pratiques qui, jamais las d’elle, la redemandaient sans cesse. À peine fûmes-nous au lit que nous nous ressouvînmes que nous avions mal à propos oublié de faire une réponse au Père gardien qui, peut-être, s’irriterait de notre négligence et qu’il fallait au moins ménager tant que nous serions dans le quartier. Mais comment réparer cet oubli ? Il était onze heures passées, et nous résolûmes de laisser aller les choses comme elles pourraient. Vraisemblablement l’aventure tenait fort au cœur du gardien, et de là il était facile d’augurer qu’il travaillait plus pour lui que pour le prétendu bonheur dont il nous parlait, car, à peine minuit fut-il sonné, qu’on frappa doucement à notre porte. C’était le Père gardien lui-même. Il nous attendait, disait-il, depuis deux heures ; nous aurions au moins dû lui faire réponse. Et s’étant assis auprès de notre lit, il nous dit que notre mère s’était déterminée à passer le reste de ses jours dans un petit appartement secret qu’ils avaient au couvent et dans lequel on lui faisait faire la meilleure chère du monde, assaisonnée de la société de tous les gros bonnets de la maison, qui venaient passer la moitié du jour avec elle et une autre jeune femme, compagne de ma mère ; qu’il ne tenait qu’à nous d’en venir augmenter le nombre, mais que, comme nous étions trop jeunes pour nous fixer, il ne nous engagerait que pour trois ans, au bout desquels il jurait de nous rendre notre liberté, et mille écus à chacune ; qu’il était chargé de la part de ma mère de nous assurer que nous lui ferions un vrai plaisir de venir partager sa solitude. “Mon Père, dit effrontément ma sœur, nous vous remercions de votre proposition. Mais, à l’âge que nous avons, nous n’avons pas envie de nous enfermer dans un cloître pour devenir des putains de prêtres ; nous ne l’avons que trop été.”

Le gardien renouvela ses instances ; il y mettait un feu, une action, qui prouvaient bien à quel point il désirait de faire réussir la chose. Voyant enfin qu’il ne pouvait réussir, il se jeta presque en fureur sur ma sœur. “Eh bien, petite putain ! lui dit-il, satisfais-moi donc au moins encore une fois, avant que je ne te quitte.” Et, déboutonnant sa culotte, il se mit à cheval sur elle, qui ne s’y opposa point, persuadée qu’en le laissant satisfaire sa passion elle s’en débarrasserait plus tôt. Et le paillard, la fixant sous lui de ses genoux, vint secouer un engin dur et assez gros à quatre lignes de la superficie du visage de ma sœur. “Le beau visage, s’écria-t-il, la jolie petite figure de putain ! Comme je vais l’inonder de foutre ! Ah sacredieu !” Et dans l’instant les écluses s’ouvrirent, le sperme éjacula, et toute la physionomie de ma sœur, et principalement le nez et la bouche, se trouvèrent couverts des preuves du libertinage de notre homme, dont la passion peut-être ne se fût pas satisfaite à si bon marché, si son projet avait réussi. Le religieux plus calme ne songea plus qu’à s’échapper. Et après nous avoir jeté un écu sur la table et rallumé sa lanterne : “Vous êtes de petites imbéciles, vous êtes de petites gueuses, nous dit-il, vous manquez votre fortune. Puisse le ciel vous en punir en vous faisant tomber dans la misère et puissé-je avoir le plaisir de vous y voir pour ma vengeance : voilà mes derniers vœux.” Ma sœur, qui s’essuyait le visage, lui rendit bientôt toutes ses sottises, et notre porte se refermant pour ne plus s’ouvrir qu’au jour, nous passâmes au moins le reste de la nuit tranquilles. “Ce que tu as vu, dit ma sœur, est une de ses passions favorites. Il aime à la folie à décharger sur le visage des filles. S’il s’en tenait là… bon ; mais le coquin a bien d’autres goûts et de si dangereux que je crains bien…” Mais ma sœur, que le sommeil gagnait, s’endormit sans finir sa phrase, et le lendemain ramenant d’autres aventures nous ne pensâmes plus à celle-là. Dès le matin nous nous levâmes et, nous ajustant de notre mieux, nous nous transportâmes chez Mme Guérin. Cette héroïne demeurait rue Soli, dans un appartement fort propre, au premier, qu’elle partageait avec six grandes demoiselles de seize à vingt-deux ans, toutes très fraîches et très jolies. Mais vous trouverez bon, s’il vous plaît, que je ne vous les dépeigne, messieurs, qu’à mesure que cela deviendra nécessaire. La Guérin, enchantée du projet qui amenait ma sœur chez elle, depuis le temps qu’elle la désirait, nous reçut et nous logea toutes deux avec le plus grand plaisir. “Toute jeune que vous voyiez cette enfant, lui dit ma sœur en me montrant, elle vous servira bien, je suis sa caution. Elle est douce, gentille, a un fort bon caractère et le putanisme le plus décidé dans l’âme. Vous avez beaucoup de paillards parmi vos connaissances qui veulent des enfants, en voilà une comme il leur faut… employez-la.” La Guérin, se tournant vers moi, me demanda alors si j’étais déterminée à tout. “Oui madame, lui répondis-je avec un petit air effronté qui lui fit plaisir, à tout, pour gagner de l’argent.” On nous présenta à nos nouvelles compagnes dont ma sœur était déjà très connue et qui, par amitié pour elle, lui promirent d’avoir soin de moi. Nous dînâmes toutes ensemble, et telle fut en un mot, messieurs, ma première installation au bordel.

« Je ne devais pas y être longtemps sans y trouver pratique. Dès le soir même, il nous arriva un vieux négociant, empaqueté dans un manteau, avec qui la Guérin me maria pour mon étrenne. “Oh ! pour le coup, dit-elle au vieux libertin en me présentant à lui, vous les voulez sans poil monsieur Duclos : je vous suis caution que celle-là n’en a pas. — Effectivement, dit le vieil original en me lorgnant, ça m’a l’air bien enfant. Quel âge avez-vous, ma petite ? — Neuf ans, monsieur. — Neuf ans… Bien, bien, madame Guérin, vous le savez, voilà comme je les aime. Plus jeunes encore, si vous en aviez : je les prendrais, morbleu, au sortir de nourrice.” Et la Guérin se retirant en riant du propos, on nous enferma tous les deux. Alors le vieux libertin, s’approchant de moi, me baisa deux ou trois fois sur la bouche. D’une de ses mains conduisant la mienne, il me fit sortir de sa braguette un engin qui n’était rien moins que bandant, et agissant toujours sans trop parler, il défit mes jupons, me coucha sur le canapé, ma chemise relevée sur ma poitrine, et s’établissant à cheval sur mes cuisses, qu’il avait placées dans le plus grand écartement possible, d’une de ses mains il entrouvrait mon petit con tant qu’il put, tandis que de l’autre il se manualisait dessus de toutes ses forces. “Le joli petit oiseau, disait-il en s’agitant et en soupirant de plaisir, comme je l’apprivoiserais si je pouvais encore ! mais je ne peux plus ; j’aurais beau faire, en quatre ans le bougre de vit ne roidirait pas. Ouvre, ouvre, ma petite, écarte bien.” Et, au bout d’un quart d’heure, à la fin, je vis mon homme soupirer avec plus de force. Quelques sacredieu vinrent prêter de l’énergie à ses expressions ; et je me sentis tous les bords du con inondés du sperme chaud et écumeux que le coquin, ne pouvant lancer au-dedans, s’efforçait au moins à faire pénétrer avec ses doigts. Il n’eut pas plus tôt fait qu’il partit comme un éclair, et j’étais encore occupée à m’essuyer que mon galant ouvrait déjà la porte de la rue. Telle est l’origine, messieurs, qui me valut le nom de Duclos : il était d’usage dans cette maison que chaque fille adoptait le nom du premier avec qui elle avait eu affaire, et je me soumis à leur mode. »

« Un instant, dit le duc. Je n’ai pas voulu interrompre que vous n’en fussiez à une pause, mais puisque vous y voilà, expliquez-moi un peu deux choses : la première si vous eûtes des nouvelles de votre mère et si vous avez jamais su ce qu’elle devint, et la seconde si les causes d’antipathie que vous aviez, votre sœur et vous, pour elle, étaient naturellement en vous ou si elles avaient une cause. Ceci tient à l’histoire du cœur humain, et c’est à cela particulièrement que nous travaillons. — Monseigneur, répondit Duclos, ni ma sœur ni moi n’avons jamais eu la moindre nouvelle de cette femme-là. — Bon, dit le duc, en ce cas-là c’est clair : n’est-ce pas Durcet ? — Incontestable, répondit le financier. Il n’y a pas à en douter d’un moment, et vous fûtes bien heureuses de ne pas donner dans le panneau, car vous n’en seriez jamais revenues, — il est inouï, dit Curval, comme cette manie — là se répand. — Ma foi, c’est qu’elle est bien délicieuse, dit l’évêque. — Et le second point ? dit le duc en s’adressant à l’historienne. — Le second point, monseigneur, c’est-à-dire le motif de notre antipathie, je serais, ma foi, bien en peine de vous en rendre compte ; mais il était si violent dans nos deux cœurs que nous nous avouâmes réciproquement que nous nous serions senties capables de l’empoisonner, si nous ne fussions pas parvenues à nous en débarrasser autrement. Notre aversion était au dernier degré, et comme elle n’y donnait aucun lieu, il est plus que vraisemblable que ce sentiment dans nous n’était que l’ouvrage de la nature. — Et qui en doute ? dit le duc. Il arrive tous les jours qu’elle nous inspire l’inclination la plus violente pour ce que les hommes appellent crime, et vous l’eussiez empoisonnée vingt fois que cette action dans vous n’eût jamais été que le résultat de ce penchant qu’elle vous aurait inspiré pour ce crime, penchant qu’elle vous dénotait en vous douant d’une si forte antipathie. Il est fou d’imaginer qu’on doive rien à sa mère. Et sur quoi donc serait fondée la reconnaissance ? Sur ce qu’elle a déchargé quand on la foutait ? Assurément, il y a de quoi ! Pour moi, je n’y vois que des motifs de haine et de mépris. Nous donne-t-elle le bonheur en nous donnant le jour ?… Il s’en faut ; elle nous jette dans un monde rempli d’écueils, et c’est à nous à nous en tirer comme nous pourrons. Je me souviens que j’en ai eu une autrefois qui m’inspirait à peu près les mêmes sentiments que Duclos sentait pour la sienne : je l’abhorrais. Dès que je l’ai pu, je l’ai envoyée dans l’autre monde, et je n’ai de mes jours goûté une volupté si vive que celui où elle ferma les yeux pour ne les plus rouvrir. » En ce moment on entendit des sanglots affreux dans un des quadrilles ; c’était positivement à celui du duc. On examina, on vit la jeune Sophie qui fondait en larmes. Douée d’un autre cœur que celui de ces scélérats, leur conversation rappelait à son esprit le souvenir chéri de celle qui lui avait donné le jour, périssant pour la défendre lorsqu’elle fut enlevée, et ce n’était pas sans des flots de larmes que cette idée cruelle s’offrait à sa tendre imagination. « Ah ! parbleu, dit le duc, voilà une excellente chose. C’est votre maman que vous pleurez, ma petite morveuse, n’est-ce pas ? Approchez, approchez que je vous console. » Et le libertin échauffé, et des préliminaires et de ces propos, et de ce qu’ils opéraient, fit voir un vit foudroyant, qui paraissait vouloir une décharge. Cependant Marie amena l’enfant (c’était la duègne de ce quadrille). Ses larmes coulaient en abondance, son accoutrement de novice, qu’elle avait ce jour-là, semblait prêter encore plus de charme à cette douleur qui l’embellissait. Il était impossible d’être plus jolie. « Bougre de dieu, dit le duc en se levant comme un frénétique, quel joli morceau à croquer ! Je veux faire ce que Duclos vient de dire : je veux lui barbouiller le con de foutre… Qu’on la déshabille. » Et tout le monde en silence attendait l’issue de cette légère escarmouche. « Oh ! monsieur, monsieur, s’écria Sophie en se jetant aux pieds du duc, respectez au moins ma douleur ! Je gémis sur le sort d’une mère qui me fut bien chère, qui est morte en me défendant et que je ne reverrai jamais. Ayez pitié de mes larmes et accordez-moi au moins cette seule soirée de repos. — Ah ! foutre, dit le duc en maniant son vit qui menaçait le ciel, je n’aurais jamais cru que cette scène fût si voluptueuse. Déshabillez donc ; déshabillez donc ! disait-il à Marie, en fureur, elle devrait déjà être nue. » Et Aline, qui était sur le sofa du duc, pleurait à chaudes larmes, ainsi que la tendre Adélaïde, qu’on entendait gémir dans la niche de Curval qui, loin de partager la douleur de cette belle créature, la grondait violemment d’avoir quitté la posture où il l’avait mise et considérait d’ailleurs avec le plus vif intérêt l’issue de cette délicieuse scène. Cependant on déshabille Sophie sans le plus petit égard pour sa douleur ; on la place dans l’attitude que Duclos venait de dépeindre, et le duc annonce qu’il va décharger. Mais comment faire ? Ce que venait de raconter Duclos était exécuté par un homme qui ne bandait pas, et la décharge de son vit flasque pouvait se diriger où il voulait. Ce n’était plus de même ici : la tête menaçante de l’engin du duc ne voulait pas se détourner du ciel qu’elle avait l’air de menacer ; il aurait fallu pour ainsi dire placer l’enfant au-dessus. On ne savait comment s’y prendre, et cependant plus se trouvaient d’obstacles, plus le duc irrité sacrait et blasphémait. Enfin la Desgranges vint au secours. Rien de ce qui tenait au libertinage n’était inconnu à cette vieille sorcière. Elle saisit l’enfant et la plaça si adroitement sur ses genoux que, de quelque manière que se tînt le duc, le bout de son vit effleurait le vagin. Deux servantes viennent contenir les jambes de l’enfant, et, eût-elle dû être dépucelée, jamais elle ne l’eût présenté plus beau. Ce n’était pas tout encore : il fallait une main adroite pour faire déborder le torrent et le diriger juste à sa destination. Blangis ne voulait pas risquer la main d’un enfant maladroit pour une si importante opération. « Prends Julie, dit Durcet, tu en seras content ; elle commence à branler comme un ange. — Oh ! foutre, dit le duc, elle me manquera, la garce, je la connais ; il suffit que je sois son père, elle aura une peur affreuse. — Ma foi je te conseille un garçon, dit Curval, prend Hercule, son poignet est souple. — Je ne veux que la Duclos, dit le duc, c’est la meilleure de toutes nos branleuses, permettez-lui de quitter un instant son poste et qu’elle vienne. » Duclos s’avance, toute fière d’une préférence aussi marquée. Elle retrousse son bras jusqu’au coude et, empoignant l’énorme instrument de monseigneur, elle se met à le secouer, la tête toujours découverte, à le remuer avec tant d’art, à l’agiter par des secousses si rapides et en même temps si proportionnées à l’état dans lequel elle voyait son patient, qu’enfin la bombe éclate sur le trou même qu’elle doit couvrir. Il s’en inonde ; le duc crie, jure, tempête. Duclos ne se démonte pas ; ses mouvements se déterminent en raison du degré de plaisir qu’ils procurent. Antinoüs, placé à dessein, fait pénétrer délicatement le sperme dans le vagin, à mesure qu’il s’écoule, et le duc, vaincu par les sensations les plus délicieuses, voit, en expirant de volupté, mollir peu à peu dans les doigts de sa branleuse le fougueux membre dont l’ardeur venait de l’enflammer si puissamment lui-même. Il se rejette sur son sofa, la Duclos reprend sa place, l’enfant s’essuie, se console et reprend son quadrille, et le récit se continue, en laissant les spectateurs persuadés d’une vérité dont ils étaient, je crois, pénétrés depuis bien longtemps : que l’idée du crime sut toujours enflammer les sens et nous conduire à la lubricité.

« Je fus très étonnée, dit Duclos en reprenant le fil de son discours, de voir toutes mes compagnes rire en me retrouvant et me demander si je m’étais essuyée, et mille autres propos qui prouvaient qu’elles savaient très bien ce que je venais de faire. On ne me laissa pas longtemps dans l’inquiétude, et ma sœur, me menant dans une chambre voisine de celle où se faisaient communément les parties et dans laquelle je venais d’être enfermée, m’y fit voir un trou qui répondait à plomb sur le canapé et duquel on voyait facilement tout ce qui s’y passait. Elle me dit que ces demoiselles se divertissaient entre elles à aller voir par là ce que les hommes faisaient à leurs compagnes et que j’étais bien la maîtresse d’y venir moi-même quand je voudrais, pourvu qu’il ne fût pas occupé, car il arrivait souvent, disait-elle, que ce respectable trou servait à des mystères dont on m’instruirait en temps et lieux. Je ne fus pas huit jours sans profiter de ce plaisir, et, un matin qu’on était venu demander une nommée Rosalie, une des plus belles blondes qu’il fût possible de voir, je fus curieuse d’observer ce qu’on allait lui faire. Je me cachai, et voici la scène dont je fus témoin. L’homme à qui elle avait affaire n’avait pas plus de vingt-six ou trente ans. Dès qu’elle entra, il la fit asseoir sur un tabouret très élevé et destiné à cette cérémonie. Aussitôt qu’elle y fut, il détacha toutes les épingles qui tenaient sa chevelure et fit flotter jusqu’à terre une forêt de cheveux blonds superbes dont la tête de cette belle fille était ornée. Il prit un peigne dans sa poche, les peigna, les démêla, les mania, les baisa, en entremêlant chaque action d’un éloge sur la beauté de cette chevelure qui l’occupait si uniquement. Il sortit enfin de sa culotte un petit vit sec et très roide qu’il enveloppa promptement des cheveux de sa dulcinée et, se manualisant dans le chignon, il déchargea en passant son autre main autour du col de Rosalie, et fixant sa bouche à ses baisers, il redéveloppa son engin mort. Je vis les cheveux de ma compagne tout gluants de foutre ; elle les essuya, les rattacha, et nos amants se séparèrent.

« Un mois après, on vint chercher ma sœur pour un personnage que nos demoiselles me dirent d’aller regarder, parce qu’il avait aussi une fantaisie assez baroque. C’était un homme d’environ cinquante ans. À peine fut-il entré que, sans préliminaire, sans caresse, il fit voir son derrière à ma sœur qui, au fait de la cérémonie, le fait pencher sur un lit, s’empare de ce vieux cul mou et ridé, enfonce ses cinq doigts dans l’orifice et se met à le secouer d’une si furieuse force que le lit en craquait. Cependant notre homme, sans jamais montrer autre chose, s’agite, se secoue, suit les mouvements qu’on lui donne, s’y prête avec lubricité et s’écrie qu’il décharge et qu’il jouit du plus grand des plaisirs. L’agitation avait été violente à la vérité, car ma sœur en était en nage. Mais quels minces épisodes et quelle stérilité d’imagination !

« Si celui qui me fut présenté peu après n’y mit guère plus de détails, au moins paraissait-il plus voluptueux, et sa manie avait-elle, selon moi, plus le coloris du libertinage. C’était un gros homme d’environ quarante-cinq ans, petit, trapu, mais frais et gaillard. N’ayant point encore vu d’homme de son goût, mon premier mouvement, dès que je fus avec lui, fut de me trousser jusqu’au nombril. Un chien auquel on présente un bâton ne fait pas une mine plus allongée : “Eh ! ventrebleu, ma mie, laissons-là le con, je vous en prie.” Et en même temps il rabaisse mes jupes avec plus d’empressement que je ne les avais levées. “Ces petites putains-là, continua-t-il avec humeur, n’ont jamais que des cons à vous faire voir ! Vous êtes cause que je ne déchargerai peut-être pas de la soirée… avant que je me sois ôté ce foutu con de la tête.” Et, en disant cela ; il me retourna et leva méthodiquement mes cotillons par-derrière. En cette posture, me conduisant lui-même et tenant toujours mes jupes levées ; pour voir les mouvements de mon cul en marchant, il me fit approcher du lit, sur lequel il me coucha à plat ventre. Alors il examina mon derrière avec la plus scrupuleuse attention, se garantissant toujours avec une main de la perspective du con qu’il me paraissait craindre plus que le feu. Enfin m’ayant avertie de dissimuler tant que je pourrais cette indigne partie (je me sers de son expression), de ses deux mains il mania longtemps et avec lubricité mon derrière. Il l’écartait, il le resserrait, quelquefois il y portait sa bouche, et je la sentis même, une fois ou deux, directement appuyée sur le trou ; mais il ne se touchait point encore, rien ne paraissait. Se sentant pourtant pressé apparemment il se disposa au dénouement de son opération. “Couchez-vous tout à fait à terre, me dit-il, en y jetant quelques carreaux, là, oui, ainsi… les jambes bien écartées, le cul un peu relevé et le trou le plus entrouvert qu’il vous sera possible. Au mieux”, continua-t-il en voyant ma docilité. Et alors, prenant un tabouret, il le plaça entre mes jambes et vint s’asseoir dessus, de manière à ce que son vit, qu’il sortit enfin de sa culotte et qu’il secoua, fût pour ainsi dire à la hauteur juste du trou qu’il encensait. Alors ses mouvements devinrent plus rapides. D’une main il se branlait, de l’autre il écartait mes fesses, et quelques louanges assaisonnées de beaucoup de jurements composaient ses discours : “Ah ! sacredieu ; le beau cul, s’écriait-il, le joli trou, et comme je vais l’inonder !” Il tint parole. Je m’y sentis toute mouillée ; le libertin parut anéanti de son extase. Tant il est vrai que l’hommage rendu à ce temple a toujours plus d’ardeur que celui qui brûle sur l’autre. Et il se retira après m’avoir promis de me revenir voir, puisque je satisfaisais si bien ses désirs. Il revint effectivement dès le lendemain, mais son inconstance lui fit préférer ma sœur. Je fus les observer et je vis qu’il employait absolument les mêmes procédés, et que ma sœur s’y prêtait avec la même complaisance. »

« Avait-elle un beau cul, ta sœur ? dit Durcet. — Un seul trait vous en fera juger, monseigneur, dit Duclos. Un fameux peintre, chargé de faire une Vénus aux belles fesses, la demanda l’année d’après pour modèle, ayant, disait-il, cherché chez toutes les maquerelles de Paris sans rien trouver qui la valût. — Mais enfin, puisqu’elle avait quinze ans et que voilà ici des filles de cet âge, compare-nous son derrière, continua le financier, à quelqu’un des culs que tu as ici sous tes yeux. » Duclos jeta les yeux sur Zelmire et dit qu’il lui était impossible de rien trouver qui, non seulement pour le cul, mais même pour la figure, ressemblât mieux de tous points à sa sœur. « Allons, Zelmire, dit le financier, venez donc me présenter vos fesses. » Elle était justement de son quadrille. La charmante fille approche en tremblant. On la place au pied du canapé, couchée sur le ventre ; on relève sa croupe avec des carreaux ; le petit trou paraît en plein. Le paillard, qui bandaillait, baise et manie ce qu’on lui présente. Il ordonne à Julie de le branler ; on exécute. Ses mains s’égarent sur d’autres objets, la lubricité l’enivre, son petit instrument, sous les secousses voluptueuses de Julie, a l’air de se roidir un moment, le paillard jure, le foutre coule, et le souper sonne. Comme la même profusion régnait à tous les repas, en avoir peint un, c’est les avoir tous peints. Mais comme presque tout le monde avait déchargé, à celui-ci on eut besoin de reprendre des forces et, en conséquence, on but beaucoup. Zelmire, qu’on appelait la sœur de Duclos, fut extrêmement fêtée aux orgies et tout le monde voulut lui baiser le cul. L’évêque y laissa du foutre, les trois autres y rebandèrent, et on fut se coucher comme la veille, c’est-à-dire chacun avec les femmes qu’ils avaient eues sur les canapés et quatre fouteurs qui n’avaient point paru depuis le dîner.