Les Œuvres de Mesdames Des Roches/Madeleine des Roches/Ode 6

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Ode 6.


POVR tenter ma patience
Vous me dictes quelquefois
Qu’il vous ſemble que ie vois
A la ſource de iouence.

Quand i’aurois en mon courage
La ſeuere majeſté,
Dont la graue antiquité
Se feit heureuſement ſage.

Quand d’vne Tigre felonne
D’un Panthere ou Leopard
Ore ie ſerois le part
D’vne Ourſe ou d’vne Lyonne.

Quand vn cruel Roy de Cere
Regiroit mes quatre humeurs,
Quand i’aprouueroy les mœurs
D’vn Alexandre de Phere.

Quand le tourment domeſtique
Qui bleſſe dans la maiſon,

Auroit pillé ma raiſon
Comme le repos publique.

Si auray-ie l’ame atteinte
D’une extreme marriſſon
Oyant le tragique ſon
D’vne ſi iuſte complainte.

L’obiect triſte & lamentable
Deuant noz yeux preſenté
Faict la meſme cruauté
De noz mal-heurs pitoyable.

Voyant ces nouueaux Ephores,
Ces contrerooles des Rois
Violer les ſainctes loix,
Et la Deité encores.

Meurdrir le pere & le frere
Comme Oedipe ou Thyeſtes,
Comme nouueaux Oreſtes
Tuer l’innocente mere.

Deſſous le tiltre honorable
De vaine religion
Semer la contagion
Dont la France eſt incurable.

De main ſacrilege & forte
Ce malin peuple de fer

Tirer du fond de l’enfer
Sa renaiſſante Cohorte.

Abolir le ſainct office
De l’Eueſque ſouuerain,
Tirer l’Anglois & Germain
A ſon ſanglant ſacrifice.

Deſſous ce pretexte meſme
D’vne ſerue liberté
Nous offrir la cruauté,
Le menſonge & le blaſpheme.

Rauir la vierge Veſtale,
Violer ſon chaſte vœu,
Vomir l’impudique feu
D’vne affection brutale.

Vous voyez ceſte inclemence
Que ie plains en triſte voix :
Deuinez donc ſi ie vois
A la ſource de iouence.