Les Îles de la Madeleine et les Madelinots/28

Imprimerie Générale de Rimouski (p. 231-232).

APPENDICE IVa

ARCHIVES PUBLIQUES DU CANADA. REGISTRES DES COLONIES. CAP-BRETON.
Séries M. Vol. 429, p. 43-44.

Au Très Honorable Henry Dundas, principal Secrétaire
d’État de Sa Majesté pour le Ministère
de l’Intérieur, &c., &c., &c.

Sydney, Cap-Breton, 31 mai 1793.
Monsieur,

J’ai l’honneur de vous dire qu’il y a quelques jours, quatre hommes, venant des Îles de la Madeleine dans un petit vaisseau, arrivèrent dans ce hâvre et affirmèrent qu’ils avaient habité l’Île de Miquelon ; qu’ils descendaient des anciens Acadiens, étant proches parents d’un grand nombre des habitants de cette île ; que depuis deux ans et au-delà, ils avaient essayé d’émigrer dans les colonies de Sa Majesté Britannique, dans l’Amérique du Nord ; et ils me prièrent en leur nom, au nom de leurs familles et des autres émigrants, au nombre de deux cent cinquante, de leur permettre de devenir sujets britaniques et habitants de cette île de la manière qui me semblerait la plus avantageuse.

J’ai cru bon de consulter le Conseil de Sa Majesté et de lui soumettre la pétition de ces gens. Aux réponses qu’ils firent devant la Chambre, il appert que l’intention et le désir de la grande majorité de ces émigrants étaient de s’établir en différents endroits aussi bien sous ce gouvernement que sous celui de Québec, &c. Voyant cela, le Conseil de Sa Majesté suggéra que tous ceux qui viendraient ici avec la détermination d’être colons et de prendre le serment d’allégeance recevraient de moi l’assurance de pouvoir rester jusqu’à ce que le bon plaisir du Roi fut connu. Ma bienveillance ne me permettait pas d’augmenter la détresse d’un si grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, en les repoussant après leur arrivée dans des chaloupes ouvertes, tous déclarant qu’ils n’avaient jamais prêté serment à la République Française dont ils parlaient avec horreur. En conséquence, j’ai acquiescé à la suggestion du Conseil de Sa Majesté, mais en même temps, afin de prévenir, autant que possible, tout méfait provenant de l’admission d’un si grand nombre d’émigrants français à résider ici, j’ai cru que mon devoir envers Sa Majesté, de même que la sûreté de ce gouvernement, m’obligeaient à agir avec la plus grande précaution en les acceptant, et cela seulement jusqu’à ce que le bon plaisir de Sa Majesté soit connu. Il m’a paru que la méthode qui répondrait le mieux à ce projet serait de les garder groupés dans ce hâvre où leur conduite et leurs manières pourraient être surveillées de très près ; et ne pas leur permettre de se disperser dans les différents hâvres, ou de venir simplement avec l’idée de prêter le serment d’allégeance et ainsi avoir un prétexte pour errer d’une province à l’autre, et même de passer dans les États d’Amérique, à la faveur du gouvernement britannique.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et la plus grande soumission, Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Wm. Macarmick,
Lt-Gouv. du Cap-Breton.