Les Îles de la Madeleine et les Madelinots/24

Imprimerie Générale de Rimouski (p. 220-221).

APPENDICE I

MOORE’S POEM

Written on passing Deadman’s Island
in the Gulf of St-Lawrence, late
in the evening sept. 1804.

See you beneath yon cloud so dark,
Fast gliding along, a gloomy bark ?
Her sails are full, though the wind is till,
And there blows not a breath her sails to fill !

Oh ! what doth that vessel of darkness bear ?
The silent calm of the grave is there,
Save now and again a death-knell rung,
And the flap of the sails with night fog hung.

There lieth a wreck on the dismal shore
Of cold and pitiless Labrador ;
Where, under the moon, upon mounts of frost,
Full many a mariner’s bones are tost !

Yon shadowy bark hath been to that wreck,
And the dim blue fire, that lights her deck,
Doth play on as pale and livid a crew
As ever yet drank the churh-yard dew !

To Deadman’s Isle, in the eye of the blast,
To Deadman’s Isle, she speads her fast,
By skeleton shapes her sails are furléd,
And the hand that steers is not of this world !

Oh ! hurry thee on — oh ! hurry thee on,
Thou terrible bark ! ere the night be gone ;
Nor let morning look on so foul a sight
As would blanch for ever her rosy light !


ET VOICI UN AUTRE POÈME IMITÉ DE THOMAS MOORE PAR UN POÈTE CANADIEN, JAMES DONELLY.


Ami, vois-tu là-bas, sous ce nuage sombre,
Cet étrange vaisseau qui s’avance dans l’ombre,
Et qu’un souffle inconnu fait bondir sur les eaux ?
D’un vent mystérieux ses voiles semblent pleines !…
Et pourtant les zéphirs retiennent leurs haleines :
Dans un calme profond, au loin dorment les flots.

Qu’a-t-il donc à son bord ce vaisseau des ténèbres ?
Il porte du tombeau tous les signes funèbres ;
Un silence de mort sur les ondes le suit.
Seul un glas triste et lent parfois s’y fait entendre,
Avec un battement des voiles que fait pendre
L’humide pesanteur des brumes de la nuit.

Au milieu des rochers de la stérile plage
Gisent des os blanchis, jetés par le naufrage,
Sous les brouillards épais du sombre Labrador.
La lune, en éclairant ces lieux impitoyables,
Découvre avec horreur ces restes lamentables,
Que les flots irrités se disputent encor.

C’est là que cette barque en sa course nocturne
Va cueillir en passant la troupe taciturne
Qui semble maintenant à son bord se mouvoir.
Une flamme bleuâtre à demi les éclaire,
Et jamais la rosée, au morne cimetière
Ne tomba sur des fronts plus livides à voir.

C’est à l’Île-des-Morts qu’un vent fatal les guide,
C’est à l’Île-des-Morts que s’avance rapide
Cet ombre de vaisseau par des ombres conduit :
Des squelettes sont là déroulant à la brise
La sinistre voilure ; une forme indécise
Debout veille à la poupe, et la barque obéit !

Fuis, ô barque terrible ! ô barque de mystère !
Fuyez pendant que l’ombre enveloppe la terre.
Fantômes de la nuit, rentrez vite au cercueil,
De peur qu’à votre aspect la jeune et tendre aurore
Ne dépouille son front de l’éclat qui la dore,
Et se cache à jamais sous un voile de deuil.