Les Éblouissements/Le soleil abaissé du soir
Calmann-Lévy, éditeurs, (p. 273-274).
LE SOLEIL ABAISSE DU SOIR
Le soleil abaissé du soir,
Jaune et luisante renoncule,
Semble glisser, au crépuscule,
De quelque pomme d’arrosoir.
Il semble se mêler au sable,
Aux stores de paille, au gazon,
Au vitrage de la maison
Dans une ardeur inextricable.
L’air est fumant, sourd, fructueux ;
L’affolement joyeux des mouches
Enflamme les suaves bouches
Des narcisses voluptueux.
Le frelon noir, plein de lumière
De cils, de soie et de velours,
Tombe d’un balancement lourd
Au cœur de la rose trémière.
Et la guêpe semble vouloir
Faire une couture dorée
A la molle étoffe azurée
Du chaud, du clair, du tendre soir…