Leconte de Lisle : l’homme et l’œuvre/11
LECONTE DE LISLE ET LA POÉSIE FRANÇAISE
La vie de Leconte de Lisle fut, pendant sa plus longue période, dure et pénible. Du jour où il eut quitté, à dix-huit ans, son île natale, ce fut comme s’il avait fait vœu de pauvreté. Toute sa jeunesse se passa dans une situation obscure et précaire ; c’est à peine si, aux approches de l’âge mûr, il put se croire un peu plus sûr du lendemain. Il n’aurait tenu qu’à lui, sans doute, de faire de son talent un emploi plus lucratif. Mais avec la rigidité de principes qu’il professait en tout ce qui concernait l’art, il se refusa obstinément à suivre la mode, à écrire pour le vulgaire, à sacrifier quoi que ce soit de son idéal. Il pensait que le devoir de l’artiste est de ne pas se plier au goût du public, mais de lui imposer le sien. Il savait, à tenir une pareille conduite, ce qu’on risque. Il ne s’en effrayait pas. Il s’y était virilement préparé, stoïquement résigné. Quand Louis Ménard, en 1849, avec sa mobilité ordinaire, parlait d’abandonner la poésie, parce que le succès n’arrivait pas assez vite, il lui écrivait « …Personne n’a lu tes vers, si ce n’est moi. Voilà une magnifique raison ! Qui donc a lu les miens ? Toi et de Flotte. Au surplus, qu’est-ce que cela fait à tes vers et aux miens ? Tout est-il perdu, parce que trois ou quatre ans se sont écoulés sans qu’on ait fait attention à nous ? Tu sais bien que tout ceci rentre dans l’ordre commun. Se désespérer d’un fait aussi naturel, aussi normal, aussi universel, c’est se plaindre de ne pouvoir décrocher une étoile du ciel, se frapper la tête contre les murs pour l’unique plaisir de la chose ». Et prêchant d’exemple, avec un beau courage, il persévéra. Il s’opiniâtra contre la fortune et, à force de suite et de ténacité, il finit, ayant eu la chance de vivre assez longtemps, par prendre sur elle quelques revanches.
Une de ces revanches, ce fut l’avènement de la troisième République. Après 1848, Leconte de Lisle s’était retiré de la politique militante. Mais il avait gardé intacte sa foi républicaine. La journée du 4 septembre 1870 justifia cette foi. Son rêve se réalisait, mais au milieu de quel bouleversement et au prix de quel « effroyable désastre[1] » ! S’il qualifiait de « misérables » les hommes qui nous avaient conduits là, il n’avait qu’une médiocre confiance dans ceux qui les avaient remplacés au pouvoir. Ils ne lui semblaient pas « avoir l’énergie nécessaire pour les circonstances ». Aux angoisses patriotiques vinrent s’ajouter les tortures morales qui résultèrent pour lui de la publication des Papiers Impériaux. Son nom figurait sur la liste des pensions. Il eut la douleur de se voir vilipendé et traîné dans la boue comme ayant vendu sa plume au régime déchu. Il protesta dignement par une lettre adressée au journal Le Gaulois. « Permettez-moi de vous déclarer que je n’ai jamais aliéné la liberté de ma pensée, ni vendu ma plume à qui que ce soit. Depuis 1848, je n’ai jamais écrit une ligne qui touchât à un événement contemporain. Cette allocation de 300 francs [par mois] qui m’a été offerte, et qu’une inexorable nécessité m’a contraint d’accepter, m’a uniquement permis de vivre dans la retraite, en travaillant à mes traductions d’Homère, d’Hésiode, de Théocrite et d’Eschyle. » Mais tout en repoussant fièrement ces calomnies, il en était profondément affecté. Écrivant, sur ces entrefaites, à un ami de province, après avoir rappelé dans quelles conditions il avait accepté la subvention impériale — sa pension de Bourbon supprimée, sa mère, « qui manquait de tout », retombant à sa charge — il poursuivait : « Je me suis sacrifié, et m’en voici récompensé par les insultes des journaux. Je vous jure que si les Prussiens pouvaient me tuer, ils me rendraient un suprême service. Je suis si profondément malheureux que je me demande si je ne ferais pas mieux de me brûler la cervelle. Après avoir vécu pauvre, dans la retraite et dans le travail, voici que je n’en recueille que des outrages pour toute récompense. Tout cela est affreux et me jette dans le désespoir… Je suis de garde aux remparts, demain, au Point-du-Jour. C’est là qu’on attend l’assaut. Puissé-je y rester ! » Les événements publics se chargèrent de réduire son chagrin personnel à sa juste mesure ; d’autres préoccupations et d’autres souffrances, matérielles et morales, lui firent oublier celle-là. D’abord, dès les premiers jours d’octobre, la disette de vivres ; puis la menace perpétuelle de l’émeute, qui aurait eu pour résultat, jugeait-il, si elle avait réussi, de mettre à la tête du gouvernement « la lie et l’écume de Paris » ; la perspective, dès novembre, d’une guerre civile succédant à la guerre étrangère ; le bombardement, qui le força à chercher pour les siens un autre asile, les obus prussiens tombant sur sa maison après le siège, la Commune, et de nouvelles privations et de nouvelles angoisses. Leconte de Lisle crut par moments qu’il devenait fou. Le 29 mai, il envoyait au même ami cette lettre désolée :
Je vous écris en pleurant d’horreur et de désespoir. L’infâme bande de scélérats qui tyrannisait et pillait Paris depuis le 18 mars a consommé son œuvre en mettant le feu à presque tous nos monuments… Les bandits ont été vigoureusement culbutés de toutes leurs barricades et sont maintenant acculés à Belleville et à la Villette, où on les écrasera sans doute avant peu mais ils ont laissé derrière eux des bandes de femmes qui allument de nouveaux incendies à tout moment. Elles sont immédiatement fusillées, mais cent autres leur succèdent. Jamais de tels crimes n’avaient été prémédités et commis avec une telle rage de destruction : L’histoire ne rappelle rien de semblable. Il est à désespérer d’être homme et surtout français.
Sous la plume du républicain de 1848, de l’ancien délégué à la propagande révolutionnaire et insurgé de juin, de telles appréciations peuvent surprendre. Mais Leconte de Lisle ne voyait rien de commun entre l’idéal de liberté et d’humanité pour lequel il avait lutté jadis et les odieux attentats dont il était le témoin.
Il ne s’agit plus ici de politique, continuait-il — il s’agit de vols publics et privés, de massacres dans les prisons, d’hospices incendiés avec les malades qui y étaient couchés, de maisons en flammes croulant avec les familles qui les habitaient, de monuments publics contenant des choses inestimables à jamais perdues. Ce sont là des crimes tellement monstrueux qu’aucun châtiment, si ce n’est la mort, ne peut être infligé à ceux qui les ont commis.
Au surplus, qu’il n’eût rien renié de ses convictions d’autrefois, nous en avons la preuve par les brochures de propagande qu’il composa en cette même année 1871. Outre l’Histoire populaire du Christianisme, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, il publia une Histoire populaire de la Révolution française et un Catéchisme populaire républicain. La Révolution y était présentée comme « la revendication des droits de l’humanité outragée », comme « le combat terrible et légitime de la justice contre l’iniquité », et la République définie « la nation elle-même, vivante et active, morale, intelligente et perfectible, se connaissant et se possédant, affirmant sa destinée et la réalisant par l’entier développement de ses forces, par le complet exercice de ses facultés et de ses droits, par l’accomplissement total de ses devoirs envers sa propre dignité qui consiste à ne jamais cesser de s’appartenir ». Les déclarations nettement rationalistes et antireligieuses contenues dans le Catéchisme émurent un des membres de l’Assemblée nationale, M. de Gavardie. Dans la séance du 6 janvier 1872, il crut devoir appeler l’attention du garde des sceaux « sur la nécessité de poursuivre, en vertu de la législation existante, des faits qui — selon lui — constituaient véritablement des délits prévus par nos lois pénales. » Dufaure répondit par quelques paroles évasives, et l’affaire en demeura là.
Les amis politiques de Leconte de Lisle avaient-ils eu, comme on l’affirme, la velléité de faire de lui, un député ou un sénateur ? N’en furent-ils détournés que par le fâcheux effet produit par la divulgation des Papiers Impériaux ? Et la France y perdit-elle, comme on l’a insinué, un grand ministre de l’Instruction publique ? Quoi qu’il en soit, le sort du poète se trouva assuré d’une manière moins brillante, mais plus conforme à ses goûts et plus avantageuse pour son repos. Le gouvernement républicain lui continua la pension accordée par l’Empereur, et le nomma en outre sous-bibliothécaire du Sénat. La fonction, où il eut pour collègues des littérateurs de genres divers et de talent inégal, Charles Edmond, Louis Ratisbonne, Auguste Lacaussade, Anatole France, était une sinécure. Il la prit très exactement comme telle.
Il s’était installé dans la grande bibliothèque où se trouve la coupole peinte par Delacroix, dans l’encoignure formée à gauche par la première grande fenêtre qui donne sur le jardin du Luxembourg. Là, assis à un petit bureau de bois noirci, il n’avait, sur le rayon qui le surmontait, que tes études bibliques de Ledrain, le Bhâgavata, le Ramayana et quelques livres de Louis Ménard. Il arrivait tous les jours vers une heure, fumait une ou deux cigarettes, rédigeait quelques lettres ou transcrivait des vers, d’une écriture lente et superbe. Il aimait surtout à causer, mais ne souffrait pas qu’un importun le troublât dans ses causeries ou dans sa quiétude[2].
On pense bien que personne ne s’avisait jamais de réclamer un livre à ce bibliothécaire olympien. Un jour, un jurisconsulte, nouvellement élu au Sénat, eut la témérité de lui demander le Prompiuarium de Cujas, et, après avoir été tout d’abord éconduit, la mauvaise grâce d’insister. Leconte de Lisle, furieux, feignit d’emmener l’indiscret à la recherche du volume et se vengea de lui en le perdant dans les couloirs.
C’est dans cette paisible retraite, dont la tranquillité n’était troublée que par la guerre d’épigrammes qu’il menait contre son collègue et compatriote Lacaussade, que vint le chercher le suprême honneur réservé chez nous aux gens de lettres. En 1873, et de nouveau en 1877, il s’était présenté sans succès à l’Académie française. Victor Hugo, non content d’avoir voté ostensiblement pour lui, lui adressait, au lendemain de ce dernier échec, la lettre suivante « Mon éminent et cher confrère,… je vous ai donné trois fois ma voix, je vous l’eusse donnée dix fois. Continuez vos beaux travaux et publiez vos nobles œuvres qui font partie de la gloire de notre temps… En présence d’hommes tels que vous, une Académie, et particulièrement l’Académie française, devrait songer à ceci qu’elle leur est inutile et qu’ils lui sont nécessaires… » Ce billet valait une investiture. Leconte de Lisle se trouvait désigné par Hugo lui-même comme son successeur éventuel. C’est en effet comme tel, et d’un accord unanime, qu’il fut élu le 11 février 1886.
Quand Coppée accourut à la Bibliothèque du Sénat pour lui annoncer son triomphe « Pourvu, s’écria Leconte de Lisle, que celui qui me recevra ne cite pas Midi, roi des étés…[3] ! » Ce fut justement le premier de ses poèmes — et à peu près le seul — que cita in extenso, en lui répondant, Alexandre Dumas fils. L’auteur des Poèmes Antiques put croire que Némésis elle-même lui avait, pour le dialogue académique, choisi cet interlocuteur. Écrivain grave dans un genre réputé frivole, moraliste de théâtre et philosophe de l’actualité, visant à la profondeur et s’arrêtant souvent au paradoxe, aimant les idées moins pour elles-mêmes que pour le bruit qu’elles sont susceptibles de faire dans le monde, incapable de concevoir une autre société que la société de son temps et de s’imposer le moindre effort pour pénétrer dans une pensée différente de la sienne, esprit brillant ébloui de son propre éclat, avec cela prosateur-né, bien qu’en sa jeunesse il eût écrit des vers comme beaucoup d’autres, défenseur et prôneur de l’art utilitaire que dans une préface retentissante il avait opposé à l’art pour l’art, Alexandre Dumas n’avait rien de ce qu’il fallait pour sympathiser avec un poète tel que Leconte de Lisle. Avait-il lu, avant l’élection, les œuvres du récipiendaire ? Il est à peu près certain que non. Se donna-t-il, avant d’en parler, la peine de les regarder attentivement ? Il est permis d’en douter. En tout cas, il en parla à peu près comme s’il ne les connaissait pas. Il accusa formellement Leconte de Lisle de vouloir substituer « l’idolâtrie du Beau », abjurée par l’humanité depuis la prédication de l’Évangile, à « la religion du Bien », qui, depuis la Divine Comédie jusqu’au Faust de Gœthe, avait, selon lui, inspiré « la poésie spiritualiste », dont Lamartine, Hugo et Musset étaient chez nous les représentants
C’est cela, lui dit-il, que vous venez combattre ; c’est cela que vous voulez renverser. Tentative comme une autre. Tout est permis quand la sincérité fait le fond, d’autant plus que ce que vous avez conseillé aux poètes nouveaux de faire, vous l’avez commencé vous-même, résolument, patiemment. Vous avez immolé en vous l’émotion personnelle, vaincu la passion, anéanti la sensation, étouffé le sentiment. Vous avez voulu dans votre œuvra que tout ce qui est de l’humain vous restât étranger. Impassible, brillant et inaltérable comme l’antique miroir d’argent poli, vous avez vu passer et vous avez reflété tels quels les mondes, les forêts, les âges, les choses extérieures… Vous ne voulez pas que le poète nous entretienne des choses de l’âme, trop intimes et trop vulgaires. Plus d’émotion, plus d’idéal, plus de foi, plus de battements de cœur, plus de larmes…!
Il lui reprocha sa philosophie, qui n’offrait d’autre enseignement aux générations nouvelles que « le vide de l’être, l’apologie de la mort ».
Heureusement, faut-il vous dire toute ma pensée ? Je ne crois pas au véritable désir de mourir chez ceux qui l’ayant exprimé, surtout dans d’aussi beaux vers…, continuent à vivre. Toute cette désespérance me semble purement littéraire. La mort a du bon, mais l’homme lui préférera toujours la vie, pour commencer… Et la preuve, c’est que nous vous voyons là, vivant, bien vivant, grâce à Dieu, et même immortel…
Enfin il exprima le regret que Leconte de Lisle n’eût pas jugé à propos, dans son discours, d’exposer avec quelques détails les procédés de l’école nouvelle dont, après Victor Hugo, il était le chef, de donner son opinion « sur ces questions de césures, de rejets, d’enjambements, de rimes riches ou pauvres, avec ou sans consonne d’appui, enfin sur toutes ces questions de technique et de prosodie qui faisaient tant de bruit sur le nouveau Parnasse ». Il se garda bien lui-même de les discuter, mais il les trancha avec assurance, en se déclarant partisan résolu de la forme classique.
J’aime les vers qui s’en vont deux à deux comme les bœufs ou les amoureux, et je m’imagine que les vers appelés à se fixer dans la mémoire des hommes sont ceux qui sont construits de cette sorte, et qui enferment une belle idée ou une belle image dans un vers dont Boileau eût approuvé la structure.
En écoutant, derrière son monocle, tomber des lèvres de son
illustre confrère ces magistrales bévues, ces réflexions prudhommesques, ces plaisanteries faciles et qui semblaient ramassées dans les petits journaux,
Leconte de Lisle eut quelque mérite à ne pas perdre son sang-froid. Il se contenta de bouillir en dedans et, sans
doute, de se venger, hors séance, par quelques-uns de ces mots
à l’emporte-pièce dont il avait le secret. Il sonda, ce jour-là, toute
la vanité des honneurs officiels, et il savoura l’ironie du sort qui
l’amenait en grande pompe sous la coupole de l’Institut, pour y
entendre, devant l’élite du monde lettré et de la société parisienne,
prononcer son éloge par l’homme de France qui l’avait le moins
compris.
Aussi bien cette gloire académique, qui lui arrivait à l’âge où il entrevoyait le terme d’une vie déjà longue, n’était-elle qu’une gloire de façade et de parade. Le véritable gloire, il l’avait connue beaucoup plus tôt, et personne ne pouvait la lui enlever. C’était le magistère que depuis vingt-cinq ans il exerçait sur les jeunes écrivains. Ses premiers recueils, les Poèmes Antiques, les Poèmes et Poésies, n’avaient point passé inaperçus. Ils avaient engagé de bons juges à en concevoir pour l’auteur les plus belles espérances. Le troisième, les Poésies Barbares de 1862, avait fait de lui un maître. « Quand je lis des vers nouveaux, écrivait Sainte-Beuve en 1865, je me dis presque aussitôt : Ah ! ceci est du Musset ou bien : C’est encore du Lamartine (ce qui est plus rare) ou bien : Ceci rappelle Victor Hugo, dernière manière ; ou : Ceci est du Gautier, du Banville, du Leconte de Lisle, ou même du Baudelaire. Ce sont les chefs de file d’aujourd’hui, et ils s’imposent aux nouveaux venus[4] ! » Des quatre, celui qui décidément, entre 1860 et 1870, prit la tête et dirigea le mouvement poétique, ce fut Leconte de Lisle. Théophile Gautier le constatait — sans jalousie, bien qu’il fût son aîné — dans son Rapport sur les progrès de la poésie française de 1830 à 1867 « Retiré dans sa fière indépendance du succès, ou plutôt de la popularité, Leconte de Lisle a réuni autour de lui une école, un cénacle, comme vous voudrez l’appeler, de jeunes poètes, qui l’admirent avec raison, car il a toutes les qualités d’un chef d’école ». Ces jeunes poètes, c’étaient ceux que l’on commençait dès lors à nommer les Parnassiens, parce que, l’année précédente, ils avaient publié en commun une sorte d’anthologie intitulée Le Parnasse Contemporain, recueil de vers nouveaux. Je ne prétends pas faire ici l’histoire de l’école parnassienne. Mais il est impossible de traiter de l’influence littéraire de Leconte de Lisle sans l’esquisser au moins à grands traits.
Donc, vers 1860, il y avait à Paris un certain nombre de jeunes hommes qui prétendaient, chacun de son côté, relever et soutenir la grande tradition poétique, instaurée ou restaurée chez nous par le romantisme, et qui paraissait, depuis quelques années, avoir fléchi. Ces jeunes gens étaient d’origine très diverse. Les uns étaient parisiens ; les autres venaient de leur province. Les uns étaient pauvres, et les autres étaient riches. Les uns sortaient de familles bourgeoises, voire aristocratiques ; les autres avaient au moins un pied dans la bohème. Ils n’avaient de commun que l’ardeur de la jeunesse, l’amour de leur art, le respect des maîtres et la noble ambition de devenir des maîtres à leur tour. Mais cette communauté de goûts et d’aspirations fit qu’ils ne tardèrent pas à se joindre. Ils se rencontrèrent tout d’abord, sur la rive droite, dans les bureaux de la Revue Fantaisiste, que venait de fonder, avec la belle audace de ses dix-huit ans, Catulle Mendès, tout nouvellement arrivé de Bordeaux. Là fréquentèrent, ou tout au moins passèrent, Albert Glatigny, Léon Cladel, Villiers de l’Isle-Adam, Louis-Xavier de Ricard, Sully-Prudhomme, bien d’autres encore. Flaubert, Baudelaire, Banville s’intéressaient à ces débutants. Malgré de si glorieux patronages, la revue n’eut qu’une courte existence. Elle disparut en 1863, son fondateur et directeur ayant eu l’imprudence d’y insérer une comédie de sa composition, en un acte et en vers, que la magistrature du temps estima outrageante pour les bonnes mœurs, et qui valut à son auteur, sans parler de 500 francs d’amende, un mois de séjour à Sainte-Pélagie. Après cet exploit, on passa les ponts. On se retrouva, entre camarades, au quartier latin, dans ce fantasmagorique « hôtel du Dragon-Bleu », pseudonyme pittoresque d’un médiocre garni des environs de la rue Dauphine où Mendès apprit à Coppée à faire difficilement les vers. On se retrouva, entre gens du monde, chez la générale de Ricard, où « devant un public de soies et de dentelles, tout éclatant de diamants au corsage et de perles dans les chevelures », devant un public aussi d’écrivains et d’artistes, quelques-uns de ces jeunes gens osèrent jouer Marion de Lorme. On se retrouva enfin, entre poètes, dans le salon de Leconte de Lisle. L’auteur des Poèmes Barbares était marié depuis quelques années. C’était son délassement et son luxe de recevoir chaque semaine, dans son modeste intérieur, égayé par la présence et la grâce d’une jeune femme, les apprentis littérateurs qui venaient lui demander à l’envi des encouragements et des conseils.
Aucun de ceux — a dit Catulle Mendès — qui ont été admis dans le salon de Leconte de Lisle, ne perdra jamais le souvenir de ces nobles et doux soirs qui, pendant tant d’années, oui, pendant beaucoup d’années, furent nos plus belles heures. Avec quelle impatience, chaque semaine accrue, nous attendions le samedi, le précieux samedi où il nous était donné de nous retrouver, unis d’esprit et de cœur, autour de celui qui avait toute notre admiration et toute notre tendresse C’était dans ce petit salon, au cinquième étage d’une maison neuve, boulevard des Invalides, que nous venions dire nos projets, que nous apportions nos vers nouveaux, sollicitant le jugement de nos camarades et de notre grand ami[5].
À partir de la publication du premier Parnasse Contemporain, il y eut, pour « tous les jeunes porteurs de lyre », un rendez-vous quotidien, passage Choiseul, dans l’entresol de l’éditeur Lemerre. Là se réunissaient, sous l’invocation de Victor Hugo et de Leconte de Lisle, qui étaient comme les Pénates du lieu, Valade et Mérat, Dierx et d’Hervilly, Armand Renaud, Coppée, Sully-Prudhomme, Jean Lahor, Theuriet, Lafenestre, Armand Silvestre, Emmanuel des Essarts, José-Maria de Heredia, Verlaine, Mallarmé, Anatole France… Je ne saurais les nommer tous. Dispersé par la guerre, le groupe, une fois la paix revenue, se reforma. De nouvelles recrues le grossirent Charles de Pomairols, Auguste Dorchain, Paul Bourget, Frédéric Plessis, le vicomte de Guerne. On se rencontra aussi, vers 1875, rue de Châteaudun, dans les bureaux de La République des Lettres, fondée par l’infatigable Mendès. Mais le centre d’attraction demeura toujours le salon de Leconte de Lisle, transporté, après 1872, du boulevard des Invalides au boulevard Saint-Michel. Dans ce salon non seulement passèrent tous les disciples du maître, des générations entières de jeunes poètes, mais on peut dire que tous les écrivains, ou presque tous, qui, à la fin du dernier siècle et dans les premières années de celui-ci, se sont fait un nom dans la littérature française, y étaient venus chercher l’initiation artistique ou la consécration de leur talent.
À cette époque — vers 1880 — le Parnasse, le succès aidant, avait cessé depuis longtemps d’être un groupe. Il n’avait jamais été une école, si nous en croyons du moins le plus complet, jusqu’à présent, de ses historiens. Une école suppose des idées arrêtées, des principes communs, une doctrine positive ou négative, quelque chose qu’on veut détruire ou quelque chose qu’on veut instituer. Les Parnassiens n’étaient ni des iconoclastes, ni des révolutionnaires, ni même, de propos délibéré, des novateurs. Ils se seraient proclamés plutôt des continuateurs et des épigones. Ils se donnaient comme des « néo-romantiques », descendant de Victor Hugo, « le père à tous », par l’intermédiaire des quatre poètes que Sainte-Beuve, en 1865, signalait comme les conducteurs de la génération actuelle. À chacun de ces quatre « chefs de file » ils prirent quelque chose. Baudelaire est celui qui exerça sur eux l’influence la moins apparente. Il leur transmit le mal romantique dont il a été une des plus illustres victimes, le goût des impressions étranges, des sensations fortes et des états d’âme morbides, que son œuvre propagea avec quel succès, on le sait, dans la littérature du siècle à son déclin. Mais, en 1865, son heure n’était pas encore tout à fait venue. L’auteur des Cariatides, des Stalactites, des Odes Funambulesques, du Petit traité de poésie francaise leur suggéra les thèmes d’un lyrisme superficiel, brillant et factice il fut leur maître de prosodie ; il leur enseigna à assouplir leurs vers, à enrichir leurs rimes, à franchir en se jouant tous les obstacles que la syntaxe et la métrique opposent à l’inspiration poétique, à s’en créer au besoin de nouveaux pour les surmonter. De Théophile Gautier, du Gautier des Émaux et Camées, « le poète impeccable et parfait magicien ès lettres françaises », ils retinrent l’impassibilité que certains d’entre eux, pendant un temps, professèrent, l’indifférence sereine à tout ce qui n’est pas l’œuvre d’art, et la conviction que sans une lutte avec la matière, sans une difficulté vaincue, cette œuvre ne saurait atteindre à sa perfection
Oui, l’œuvre sort plus belle
D’une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !
À Leconte de Lisle, ils durent la curiosité de la nature exotique, des civilisations éteintes et des époques lointaines, et ce goût pour la forme épique qui a laissé sur l’œuvre de la plupart d’entre eux une trace plus ou moins fugitive, qui a donné naissance aux Contes épiques de Mendès, aux Récits épiques de Coppée, aux Siècles morts du vicomte de Guerne, qui s’est épanoui avec éclat dans Les Trophées de José-Maria de Heredia. Ils lui durent surtout cette haute conception de la poésie, cette religion de l’art à laquelle ils voyaient avec admiration qu’il avait voué sa vie. Il leur prêcha d’exemple le dédain des succès faciles, il fut « le bon conseiller des probités littéraires » ; il les soutint « dans les heures de doute » ; il devint « leur conscience poétique ». Il laissa d’ailleurs chacun d’eux suivre sa voie et développer librement le talent dont la nature l’avait doué. Il les aida même souvent à mieux se connaître. « Leconte de Lisle, a dit Gaston Paris, était un maître incomparable, parce qu’il n’essayait pas d’imposer sa manière à ceux qui venaient lui demander des avis. Il prenait chaque individualité poétique telle qu’elle était, et lui donnait les conseils qui devaient lui permettre de se dégager pleinement[6] ». Son témoignage est confirmé par celui de Heredia. « Il avait, dit-il du chef reconnu du Parnasse, la faculté si rare de se dédoubler, de se mettre, comme il disait en riant, dans la peau d’un autre, et toujours il vous donnait suivant votre nature le meilleur conseil. » Ainsi parlait en 1894, aux funérailles du maître, son disciple favori. Quelques années plus tard, Mendès, qui, lui aussi, avait vanté d’abord la largeur d’esprit et la tolérance littéraire de Leconte de Lisle, fit entendre un langage tout différent :
S’il fut dans le livre une souveraine intelligence, s’il fut dans les relations quotidiennes un maître clément et un ami serviable à tous ceux qui l’approchèrent, il a été, il faut bien le dire, un guide et un conseiller redoutable. En ma déférente amitié, en ma religieuse admiration, j’ai pensé autrement, jadis, j’ai cru sincèrement que nos esprits restaient libres sous sa loi ; je pense que je me trompais. Si ses conseils furent excellents en ce qui concerne la discipline de l’art et le respect de la beauté, si son intimité nous fut conseillère des beaux devoirs, il n’en faut pas moins reconnaître aujourd’hui que le joug de son génie (que certes il ne cherchait pas à nous imposer, mais que nous subissions en notre émerveillement juvénile de son verbe et de son esprit) nous fut assez dur et étroit. Il répugnait, hélas ! aux nouveautés, aux personnalités qui auraient pu contredire la sienne… On peut le dire, il faillit faire de nous des poètes étrangers à nous-mêmes ; on songe avec terreur à ce qu’aurait été la littérature contemporaine si elle avait obéi uniquement à son vouloir accepté comme suprême… Affirmateur par la beauté de son œuvre, il fut négateur quant à la beauté de beaucoup d’autres œuvres ; plusieurs d’entre nous ont dû se défaire de ses injustices. Mais tous ses disciples, avec l’admiration toujours grandie de son vaste et parfait talent, garderont fièrement sa noble discipline technique[7]
Les deux opinions ont quelque chance d’être vraies toutes les deux, puisque, à quinze ans d’intervalle, Catulle Mendès les a soutenues l’une après l’autre avec une égale sincérité. Elles ne sont nullement inconciliables. Leconte de Lisle, nous le savons assez, n’était pas l’homme des concessions, des compromis et des demi-mesures. Avec quelque désintéressement qu’il donnât ses conseils, quelque effort qu’il fit pour « se mettre dans la peau » des jeunes gens qui les lui demandaient, une personnalité aussi puissante que la sienne ne pouvait manquer d’exercer, même sans le vouloir, une influence irrésistible et une domination tyrannique sur les tempéraments moins originaux et les caractères moins fortement trempés. Sa discipline, comme toutes les disciplines un peu rudes, broyait les faibles et réussissait aux forts. Mais les premiers eux-mêmes eurent-ils tellement à s’en plaindre ? et ne leur fut-elle point salutaire jusque dans sa rigueur ? Catulle Mendès, vers la fin de sa carrière, regretta d’avoir marché trop docilement dans l’ombre du grand homme. Mais cet esprit facile, ondoyant et superficiel, qui a gaspillé beaucoup de talent et de labeur dans une foule d’œuvres de tout genre dont aucune probablement ne restera, s’il avait quelque mea culpa à faire, c’était plutôt de n’avoir pas mieux suivi les préceptes et les exemples que Leconte de Lisle lui avait donnés, et on est porté à croire qu’il ne se fût pas élevé très haut dans l’estime des lettrés, s’il n’avait pas eu la bonne fortune de rencontrer sur son chemin, tout au début de sa carrière, le maître que sur le tard il s’avisa de renier. Ce qui est positif, c’est que si on prend les uns après les autres les jeunes gens qui ont composé les deux générations de l’école parnassienne, celle d’avant 1870, et celle d’après, parmi ces poètes dont plusieurs au demeurant sont devenus de remarquables prosateurs, on n’en trouve guère que trois ou quatre qui aient été, au sens étroit du mot, des disciples, et dont l’œuvre apparaisse comme une ramification ou un prolongement de celle de Leconte de Lisle. Sans lui peut-être, Léon Dierx n’aurait pas exprimé en vers graves et purs cette tristesse hautaine, cette adoration de la beauté, ce sentiment profond de la nature qui sont les inspirations essentielles de sa poésie. Sans lui peut-être, Jean Lahor n’aurait pas tourné sa curiosité vers les littératures orientales, ni chanté « l’Illusion », ni célébré « la gloire du néant », ni développé ce panthéisme naturaliste et ce « pessimisme héroïque » auxquels s’est complu sa pensée. Sans lui enfin, celui qui s’est proclamé lui-même son « élève bien-aimé » n’aurait pas conçu le dessein, qu’il a brillamment réalisé, de faire tenir en une centaine de sonnets une vision magnifique de l’histoire et du monde. Mais quelle que soit la dépendance qu’il y ait de la poésie de Heredia à la poésie de Leconte de Lisle, on ne saurait confondre les fresques grandioses de l’un avec les ciselures d’un merveilleux fini ou les émaux d’un coloris incomparable que l’autre a exécutés avec lenteur et avec amour, et on ne retrouve pas l’amère philosophie ni la passion contenue des Poèmes Barbares dans ces Trophées, beaux avant tout, comme le titre l’annonce, d’une beauté décorative et plastique, et qui ne laissent dans l’âme, avec l’éblouissement et la volupté d’éclatantes ou de gracieuses images, que la mélancolie dont s’accompagne inévitablement l’évocation du passé.
Mais ces quelques noms mis à part, qui sont ceux des poètes qu’une particulière amnité de nature a fait entrer plus avant dans la pensée du maître, les autres disciples de Leconte de Lisle ne lui ressemblent guère. C’est la meilleure preuve que la discipline à laquelle ils se sont rangés n’a gêné en rien le libre développement de leur originalité. Et de leurs rangs mêmes sont sortis les novateurs qui, vers 1880, ont suscité une réaction contre l’art parnassien et montré aux jeunes générations des routes ignorées. Verlaine — il suffit pour s’en apercevoir d’ouvrir les Poèmes Saturniens — s’était nourri, en son temps, des Poèmes Antiques. Dans le prologue de son premier recueil, il émettait avec conviction, sur le rôle du poète dans les sociétés primitives et dans la civilisation moderne, des idées qui rappellent trop sensiblement pour ne pas en être directement inspirées celles que Leconte de Lisle avait énoncées dans ses préfaces de 1852 et de 1855. Et dans l’épilogue, il exposait une conception de l’art que l’auteur des articles de 1864 n’aurait pas désavouée, puisque c’était à peu près exactement la sienne
Ce qu’il nous faut à nous, les suprêmes poètes
Qui vénérons les Dieux et qui n’y croyons pas,
À nous dont nul rayon n’auréola les têtes,
Dont nulle Béatrix n’a dirigé les pas,
À nous qui ciselons les mots comme des coupes
Et qui faisons des vers émus très froidement,
À nous qu’on ne voit point les soirs aller par groupes
Harmonieux au bord des lacs et nous pâmant,
Ce qu’il nous faut à nous, c’est, aux lueurs des lampes,
La science conquise et le sommeil dompté,
C’est le front dans les mains du vieux Faust des estampes,
C’est l’obstination et c’est la volonté !…
Ce qu’il nous faut à nous, c’est l’étude sans trêve,
C’est l’effort inouï, le combat non pareil,
C’est la nuit, l’âpre nuit de travail, d’où se lève
Lentement, lentement, l’Œuvre, ainsi qu’un soleil !
Ces théories, qui convenaient admirablement à une nature volontaire et tenace, elles ne s’accordaient guère avec le tempérament capricieux et fantasque du « Pauvre Lelian », tout en impressions, en sautes d’humeur, en incartades, tel qu’il apparaissait déjà dans certaines pièces du livre, tel qu’il devait se révéler de plus en plus clairement dans les Fêtes galantes et dans les Romances sans paroles. Et quinze ans plus tard, l’auteur de Jadis et Naguère livrait aux méditations de ses contemporains un Art Poétique qui ne devait plus rien aux leçons de Leconte de Lisle. « De la musique avant toute chose », une certaine affectation dans le langage d’imprécision et d’impropriété, la recherche de la nuance — « Pas la couleur, rien que la nuance » — et un profond mépris pour la rime, tels en étaient les principaux préceptes :
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym…
Et tout le reste est littérature.
Et si, par son inspiration initiale, il se rattachait étroitement à
Baudelaire, il avait passé jadis par le Parnasse et par le salon du
boulevard des Invalides, ce Stéphane Mallarmé qui, quelques
années plus tard, dans ses Divagations, proclamait l’abolition
des règles traditionnelles, l’anarchie métrique, la liberté acquise à
chaque poète de façonner à son gré l’instrument dont il prétendait
se servir qui préconisait le vers faux et le vers polymorphe, confondait la poésie avec la musique, et bannissait de l’art nouveau
l’expression claire de la pensée et la représentation directe des
choses, « pour ne garder de rien que la suggestion ».
Lorsque Leconte de Lisle mourut dans sa soixante-seizième année, le 17 juillet 1894, l’école symboliste triomphait. Mais la gloire du vieux poète n’en fut nullement offusquée ; il était déjà, comme ce Victor Hugo dont il avait recueilli l’héritage académique, « entré vivant dans l’immortalité ». Sa renommée ne s’est pas beaucoup étendue au delà des limites de son pays. Cette poésie plastique et, d’apparence tout au moins, impersonnelle n’a pas été goûtée en Allemagne. En Angleterre, elle ne paraît pas avoir été appréciée non plus à sa juste valeur, en dépit des témoignages d’admiration qui lui ont été accordés par des hommes comme Edmond Gosse et Charles Algernon Swinburne, et de l’influence qu’elle a exercée sur quelques écrivains de langue anglaise, notamment sur une poétesse hindoue, Toru Dutt[8]. En Italie, elle n’est connue, nous affirme un livre récent[9], que des initiés. Il est vrai que l’un d’entre eux la compare aux figures de Michel-Ange. En France même, elle ne sera jamais populaire (ceci d’ailleurs n’aurait pas été pour déplaire à son auteur) mais il est permis de croire qu’elle occupera un haut rang dans l’estime des esprits cultivés et lettrés, de tous ceux qui unissent au sentiment de la grande poésie le goût et le culte de l’art. Et dans cette œuvre fortement conçue, longuement mûrie, soigneusement exécutée, capable de survivre aux variations des modes littéraires et de résister aux efforts du temps, il y a des pages auxquelles ils reviendront toujours, comme à ce qu’il y a de plus profond et de plus parfait à la fois dans la poésie française.
- ↑ Les citations qui suivent sont extraites des Lettres de Leconte de Lisle écrites pendant le siège et la Commune, publiées par St.-M. Sabitey dans la Renaissance Latine du 15 avril 1904.
- ↑ Henri Welschinger, Leconte de Lisle bibliothécaire, dans le Journal des Débats du 16 août 1910.
- ↑ Welschinger, art. cité.
- ↑ De la poésie en 1865 (Nouveaux Lundis, 1868, tome X, p. 122).
- ↑ La Légende du Parnasse Contemporain, Bruxelles, 1884, p. 224.
- ↑ Penseurs et Poètes, Paris, 1890, p. 266.
- ↑ Rapport sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900, Paris, 1903, p. 101.
- ↑ Sur cette question, voir J. H. Whiteley, Étude sur la langue et le style de Leconte de Lisle, Oxford, 1910, p. 183 et 188.
- ↑ F.-E. Avalle, Leconte de Lisle, studio letterario, Cremona, 1920, p. XI et 180.