Le venin des vipères françaises/Chapitre 7

Librarie J. B. Baillière et Fils (p. 101-116).

CHAPITRE VII

La sérothérapie antivenimeuse.


§ 1. — Historique.

Sewall, en 1887 (ind. bibl. 1), annonce qu’on peut faire supporter peu à peu aux pigeons, en commençant par de très petites doses, des quantités considérables de venin. Kaufmann (1889) (ind. bibl. 2), expérimentant sur des cobayes, voit « que les inoculations de venin communiquent aux animaux une résistance plus grande pour les doses fortes… » Après d’autres expériences faites sur une chienne griffonne il conclut que « des inoculations successives de petites quantités de venin peuvent communiquer une résistance plus grande au venin, mais qu’elles sont incapables de conférer une véritable immunité contre l’envenimation. Le venin, dit-il, impressionne toujours l’animal vacciné ; et je suis persuadé que des doses un peu fortes le feraient succomber (ind. bibl. 4).

Calmette, en 1892, expérimentant avec le venin de Naja tripudians, essaie de « produire chez des animaux l’immunité artificielle contre l’envenimation, soit en leur pratiquant des inoculations successives de venin chauffé, puis des doses croissantes de venin virulent, soit en leur injectant du venin virulent mélangé à du permanganate de potasse ou à du chlorure d’or, soit enfin en leur faisant ingérer pendant dix jours consécutifs des doses progressivement croissantes de venin virulent ». Il réussit seulement « à produire, par les inoculations successives de venin chauffé, un état de résistance à des doses mortelles pour les animaux non préparés ; ce n’est point là, dit-il, une immunité même partielle. Il s’agit plutôt d’une sorte de mithridatisme, d’accoutumance à des doses faibles de poison, comparable à celle qui s’acquiert par l'usage prolongé de poisons végétaux comme l'opium, ou minéraux comme l’arsenic ». (Calmette, ind. bibl. 3.)

Le 5 février 1894, dans une note communiquée à l’Académie des sciences, Phisalix et Bertrand (ind, bibl. 5) annoncent que le venin de vipère convenablement chauffé est doué de propriétés vaccinantes. Les conditions de l'expérience sont précisées dans les comptes rendus de la Société de biologie du 10 février (ind. bibl. 9). Ces expérimentateurs ont employé :

1o  Le venin extrait aseptiquement des glandes de la vipère par pression, recueilli sur des verres de montre, tarés et stérilisés, puis desséché dans le vide ;

2o  Une dissolution de ce venin à 4 pour 50,000, dans l’eau salée physiologique, enfermée dans un tube étroit et scellé et immergée pendant cinq minutes dans un bain-marie à température constante ;

3o  Des cobayes, dont ils ont estimé le poids suffisant, cela pour éviter l’action possible d’une trace de toxique, qui aurait pu résister à la destruction, sur des animaux aussi sensibles.

Dans ces conditions, le venin chauffé même un quart d’heure à 70° est encore toxique pour un cobaye adulte de 500 grammes. Par contre, il suffit de cinq minutes de chauffage à 75° pour le rendre à peu près inoffensif et comme il paraît évident que la destruction des substances toxiques augmente très rapidement avec la température, Phisalix et Bertrand concluent que, à 80° et à plus forte raison à 90°, il ne doit en rester dans le produit chauffé que des traces inappréciables.

Le 10 février 1894, Phisalix et Bertrand (ind. bibl. 6) montrent qu’il s’agit bien de propriétés vaccinantes : « Ces propriétés ne se manifestent pas chez l’animal vacciné, aussitôt après l’inoculation ; il faut un certain temps pour atteindre ce résultat. Sur une série de cobayes auxquels on a injecté la même dose d’échidnovaccin, on fait l’inoculation d’épreuve après vingt-quatre, trente-six et quarante-huit heures. Or, tandis que le premier cobaye meurt aussi rapidement qu’un cobaye témoin, le deuxième résiste trois jours et le troisième survit. L’immunisation n’est donc pas produite directement par la matière vaccinante, elle résulte d’une réaction de l’organisme…

« L’échidnovaccin provoque la formation dans le sang d’une substance antitoxique. Nous le démontrons de la manière suivante : des cobayes vaccinés sont sacrifiés quarante-huit heures après l’injection. Le sang défibriné ou le sérum, mélangé avec du venin, est inoculé à des cobayes neufs dans la cavité péritonéale. Dans ces conditions, ces cobayes résistent parfaitement. »

Le 27 mars 1904, Calmette (ind. bibl. 11) écrit : « On peut immuniser les animaux contre le venin des serpents, soit au moyen d’injections répétées de doses d’abord faibles, puis progressives de venin, soit au moyen d’injections successives de venin mélangé à des substances chimiques parmi lesquelles je citerai le chlorure d’or ou les hypochlorites de soude ou de chaux…

« Le sérum des animaux ainsi traités est à la fois préventif, antitoxique et thérapeutique exactement comme celui des animaux immunisés contre la diphtérie et le tétanos. Il possède ces propriétés non seulement à l’égard du venin qui a servi à immuniser l’animal dont on l’a retiré, mais même à l’égard de venins d’autres origines. Le sérum de lapin immunisé contre le venin de cobra, par exemple, est antitoxique à l’égard des venins de France, d’Hoplocephalus et de Pseudechis d’Australie.

« Le pouvoir antitoxique à vitro est naturellement très variable suivant la dose de venin contre laquelle l’animal est immunisé. 00 cc. 5 de celui que j’emploie actuellement pour mes essais de thérapeutique est capable de détruire 1 mgr. de venin de cobra, dose mortelle en moins de 12 heures pour 4 kilogr. de lapin. »

Dans un travail publié dans les Annales de l’institut Pasteur (1894) (ind. bibl. 11), Calmette expose 4 procédés d’immunisation des animaux contre l’envenimation.

1o  Vaccination par accoutumance. — Ce procédé consiste à injecter à l’animal des doses progressivement croissantes de venin. Cette méthode « réussit à donner une immunité très solide contre des doses considérables de poison, mais elle est lente et d’une application qui demande à être très surveillée. Si on injecte aux animaux des doses croissantes trop rapprochées, ils ne tardent pas à maigrir et succombent ». Par cette méthode, Calmette est arrivé à faire supporter en deux mois à un lapin la dose de 6 milligrammes de venin injectée d’un seul coup, dose capable de tuer 24 kilogrammes de lapin. Calmette a immunisé ainsi des lapins à l’aide d'un artifice à lui indiqué par M. Roux et qui consiste à insérer à demeure sous la peau petit bâton de craie imprégné de 4 ou 5 milligrammes de venin et entouré de collodion, constituant « dans l'organisme de l'animal une sorte de glande artificielle, d’où le venin diffuse lentement, et d’une manière continue, à travers la couche de collodion formant membrane dialysante ». Ce procédé permet à l’animal de supporter au bout de 1 mois, sans malaise, l’inoculation d’épreuve d’une dose mortelle.

2o  Vaccination à l'aide du venin modifié par la chaleur. — « La méthode d’immunisation par le venin modifié par la chaleur, écrit M. Calmette, est beaucoup plus rapide puisqu'elle permet, en 48 heures, de rendre un cobaye réfractaire à une dose mortelle, mais elle ne permet de vacciner ces animaux que contre une quantité de poison voisine de la dose minima mortelle. »

« En inoculant à des cobayes tous les trois jours, des doses croissantes de venin de vipère chauffé pendant dix minutes à 80°, je n’ai pas obtenu de tolérance au-delà de O mgr 6 pour ce venin chauffé. Chez le lapin, la limite de la tolérance, dans les mêmes conditions, s'élève à 10 milligrammes ; lorsqu'on dépasse cette dose, l'animal maigrit brusquement et meurt en deux ou trois jours.

« L’accoutumance à la toxicité pourtant affaiblie du venin chauffé ne se produit donc pas lorsqu'on renouvelle les injections à des intervalles si rapprochés.

On peut la réaliser, au contraire, exactement comme pour le venin non chauffé, en prenant soin de les espacer davantage, et on arrive alors facilement, en 25 jours, à faire tolérer au lapin 14 milligrammes de venin chauffé puis 0 mgr 6 de venin entier. Dans ces conditions on retombe dans le procédé d'immunisation lente par l'accoutumance et on arrive toujours à constater que les animaux ne supportent jamais d'emblée une dose de venin entier égale à la dose de venin chauffé qu’ils ont reçue trois jours auparavant. »

3o  Vaccination à l'aide du venin mélangé à une substance destructrice du venin. — Ce procédé consiste à inoculer 2 milligrammes de venin (cobra) mélangé à une solution étendue (1/60) d'hypochlorite de soude ou de chaux en quantité décroissante, tous les cinq jours. « On obtient sûrement, au bout d’un mois, l'immunisation contre cette dose de 2 milligrammes de venin pur. On peut ensuite, sans aucun danger pour l'animal, renforcer son immunité par des injections progressives de venin répétées tous les 8 ou 10 jours, en augmentant chaque fois de 1 où même de 2 milligrammes la quantité de venin injectée. »

4o  Vaccination par inoculation à l'animal de venin suivie d'injection thérapeutique d'une solution de chlorure de chaux. — Calmette a pu vacciner aussi le lapin en lui injectant une dose mortelle de venin de cobra (2 milligr.) et en le traitant après 20 minutes par des injections thérapeutiques de chlorure de chaux dilué à 1/60 autour de l'inoculation venimeuse et en divers points du corps. « Pour que l’immunisation soit réalisée par cette méthode, il est tout à fait nécessaire que l'animal ait subi, entre l'inoculation venimeuse et le traitement un commencement de malaise. Si le traitement suit de trop près l’introduction du venin, il n’y a pas d’immunité produite. »

§ 2. — Sérothérapie antivenimeuse.

Non seulement on peut vacciner l’animal contre l’envenimation, mais le sérum de l’animal vacciné jouit de propriétés particulières.

1o  Le sérum des lapins ainsi traités est antitoxique in vitro contre le venin. — « Si l’on mélange, in vitro, 1 milligr. de venin de cobra ou 4 milligrammes de venin de vipère à une petite quantité de sérum immunisé, et qu’on inocule ce mélange à un lapin neuf, celui-ci ne présente, dans la suite, aucun malaise. Il n’est pas nécessaire que le sérum provienne d’un animal vacciné contre un venin de même origine que celui qu’on introduit dans le mélange : le sérum d’un lapin immunisé contre le venin de cobra ou de vipère agit indifféremment sur tous les venins que j’ai expérimentés (Calmette, ind. bibl. 12).

2o  Ce même sérum est préventif contre l’action d’une dose de venin mortelle. — « Injectons dans le péritoine ou sous la peau d’un lapin neuf 3 ou 4 centimètres cubes de sérum d’un lapin immunisé contre une dose vingt fois mortelle de venin, et aussitôt après inoculons dans les muscles de la patte une dose deux fois mortelle de venin pur. L’animal ne sera même pas malade ; et si, après l’injection de sérum préventif, nous attendons vingt-quatre ou quarante-huit heures avant d’introduire le venin, nous constatons encore que celui-ci ne produit aucun effet toxique. Notre lapin est donc immunisé d’emblée par le sérum qu’il a reçu. »

3o  Le même sérum est curatif. — « D'autre part, inoculons à un second lapin la même dose deux fois mortelle de venin pur, qui tuera un témoin à peu près en trois heures. Une heure ou même une heure et demie après, alors que les symptômes de l’envenimation commenceront à se manifester (régurgitations, accélération du cœur, dyspnée, légère parésie des membres), injectons dans le péritoine et sous la peau en divers points du corps 6 ou 8 cc. de notre sérum immunisant. L'animal reste pendant plus ou moins longtemps dans un état de malaise alarmant, caractérisé d’abord par un peu d'hypothermie, puis par une fièvre véritable. Sa température s'élève de 1°5 ou 2° pendant quarante-huit heures puis redescend graduellement à la normale. Tout accident est, dès lors, écarté, et si nous prélevons du sérum à ce lapin, nous constatons qu'il possède des propriétés préventives et antitoxiques..……. » (Calmette, ind. bibl. 12).

Après avoir immunisé des lapins, M. Calmette immunise deux ânes qui reçoivent, l’un 220 milligrammes de venin de naja du 25 septembre au 31 décembre 1894, l'autre 160 milligrammes du 15 octobre au 31 décembre.

« Le sérum du premier a actuellement (avril 1895) un pouvoir antitoxique tel qu’à la dose de 1/2 cc. il détruit la toxicité de 1 milligramme de venin n° { (venin dont la dose mortelle en 3-4 heures pour le lapin pesant 1 kil. 600 à 1 kilog. — 0 mgr 5, et pour le cobaye pesant 450-500 g = 0 mgr 05). » (Calmette, ind. bibl. 13).

Depuis, M. Calmette a immunisé des chevaux fournissant un sérum extrêmement actif contre l’envenimation (1897). Le venin qui sert à immuniser les chevaux producteurs de sérum est un mélange des venins secrétés par les serpents les plus dangereux, tels que Naja tripudians, Bungarus cœruleus, Trimeresurus, Cerastes, Bothrops lanceolatus et crotales de diverses origines.

Le venin recueilli dans des verres de montre qu’on place entre les mâchoires des serpents, en même temps qu’on comprime les glandes venimeuses de chaque côté est desséché dans le vide à basse température. Il présente alors l'aspect de petites écailles jaunes qu'on peut mettre en flacons et conserver longtemps à l’état pulvérulent sans qu’il perde son activité, pourvu qu’il soit maintenu à l'abri de Pair.

« Lorsqu'on veut utiliser ce venin pour vacciner des chevaux en vue de l'obtention du sérum antivenimeux, on commence par préparer des solutions titrées de venin sec et par déterminer exactement la toxicité de ces solutions par kilogramme de lapin par exemple […]

« La solution est généralement titrée à 1 gr de venin sec pour 100 gr. d’eau distillée où d’eau salée physiologique. Quand le venin est bien dissous, à froid, on chauffe la solution au bain marie pendant une demi-heure à 70° centigr. pour séparer l’albumine qui se coagule à cette température et pour détruire les impuretés microbiennes que le venin peut renfermer. On filtre ensuite sur un papier stérilisé, et la solution est prète pour l’usage. On commence par en injecter aux chevaux de très petites doses, correspondant à 1 ou 2 milligr. de venin sec. On attend deux ou trois jours, et on répète l'injection à la même dose. Après quelques jours d'attente et si les animaux ne sont pas trop malades, on injecte une dose un peu plus forte, et ainsi de suite en augmentant chaque fois la quantité de venin injectée.

Il faut surveiller attentivement les animaux et ne pas répéter trop souvent les injections lorsqu'ils réagissent beaucoup.

« L’immunisation contre le venin est lente. Pour faire supporter aux chevaux 2 grammes de venin sec en une seule injection, c'est-à-dire une dose cent fois mortelle (20 milligrammes tuent un cheval neuf en moins de 48 heures), il faut répéter et espacer les injections de venin à doses progressivement croissantes pendant un an et demi, On ne doit pas compter obtenir un sérum suffisamment actif avant ce délai.

« Il arrive fréquemment que des chevaux ne résistent pas et succombent pendant le traitement, ou que les injections de venin amènent la formation d'abcès aseptiques très longs à guérir. »

« Lorsque les chevaux sont immunisés, il faut continuer à leur injecter de grandes doses de venin de temps en temps. On peut les saigner tous les quinze jours, en les laissant reposer un mois sur trois.

« À chaque saignée, on prélève six ou huit litres de sang. Le sérum, séparé du caillot, est réparti avec des précautions d’asepsie parfaite, dans des flacons stérilisés de 10 cc. que l’on bouche et capuchonne au caoutchouc. Puis on chauffe les flacons au bain-marie, pendant une heure par jour, à la température de 58° centigrades, pour assurer la conservation indéfinie du sérum qu’ils contiennent.

« Chaque flacon de 10 cc. représente une dose de sérum prêt à être employé pour le traitement des morsures venimeuses (ind. bibl. 19).

§ 3. — Mesure du pouvoir antitoxique du Sérum antivenimeux.

Calmette remarque (ind. bibl. 14) que ni la méthode de Behring, qui consiste à mesurer la quantité de sérum nécessaire pour détruire in vitro la toxicité d’une dose dix fois mortelle de toxine, ni la méthode de Roux qui repose sur là détermination de la quantité de sérum nécessaire pour immuniser un gramme d'animal vivant contre une dose sûrement mortelle de poison ne sauraient s'appliquer à la détermination du pouvoir antitoxique du sérum antivenimeux parce que :

« 1° La sensibilité des divers animaux à l'égard d’un même venin est très variable ;

« 2° La toxicité du venin change avec l’espèce du serpent qui l’a fourni et, pour un même serpent, avec le moment où il a été recueilli ;

« 3° La quantité de sérum antivenimeux à injecter aux animaux pour les immuniser est en raison inverse de leur résistance. »

Pour ces raisons, Calmette propose au mois de juillet 1896, à la commission du « Royal Collège of physicians (L.) and surgeons (E.) », la méthode suivante :

1° Détermination pour un venin quelconque pesé à l’état sec et redissous dans l’eau stérile de la dose sûrement mortelle en 15 à 20 minutes pour le lapin par injections dans la veine marginale de l'oreille (dose très variable suivant l'origine du venin et oscillant entre 0 mgr 5 [Bungarus coeruleus] et 6 milligrammes [vipère de France]).

2o  Injection préventive à une série de 3 lapins, a, b, c, toujours par voie intraveineuse de quantités croissantes de sérum antivenimeux ½, 1, 2, 3. cc. par exemple.

Le sérum devant conférer instantanément l'immunité à ces animaux, on peut leur inoculer un quart d'heure après dans la veine marginale de l’autre oreille la dose de venin calculée pour tuer en 15-20 minutes les lapins témoins.

Si 1 cc. de sérum suffit à préserver un lapin de 2 kilogrammes contre l'unité toxique de venin, le sérum remferme 2,000 unités antivenimeuses par centimètre cube soit 20,000 pour 10 cc.

Après avoir montré que le sérum antivenimeux jouit in vitro de propriétés antihémolytiques (ind. bib. 20) et constaté « qu’il existe un parallélisme étroit entre l'action hémolytique et l’action neurotoxique des différents venins » (ind. bibl. 21), Calmette donne en 1904 une autre méthode qui permet de mesurer le pouvoir antitoxique d’un sérum antivenimeux ind. bibl. 21). Il écrit :

« Pour déterminer pratiquement le pouvoir antihémolytique d’un sérum antivenimeux et, par conséquent, son pouvoir antitoxique, il suffira de faire agir des doses varia- bles de sérum sur une même quantité de sang de cheval ou de rat défibriné, additionnée ensuite d’une dose constante de venin. J’emploie à cet effet, une dilution à 5 pour 100 de sang de cheval défibriné que je répartis à la dose de 1 cm3. »

« J'introduis ensuite dans tous les tubes 1 milligramme de venin dissous dans 0 cm3 1 de sérum physiologique. À la température de 16° environ, l'hémolyse commence à se manifester dans le tube témoin en 15 à 20 minutes. Elle se produit dans les autres tubes avec un retard d’autant plus grand que la dose de sérum ajouté est plus considéable. On note les tubes dans lesquels elle ne se produit pas après deux heures.

L’expérience montre qu’on doit considérer comme bons pour l’usage thérapeutique les sérums qui, à la dose de 0.5 cm3 empêchent complètement l’hémolyse par 1 milliamme de venin de cobra, de Bothrops ou de Bungare et ceux qui, à la dose de 0.3 cm3, empêchent l’hémolyse par 1 milligramme de venin de Lachesis ou de vipère peliade. »

« On peut, par une méthode calquée sur la précédente, mesurer l’activité antihémorragique d’un sérum antivenimeux, car le parallélisme qui existe entre l’action neurotoxique et l’action antihémolytique des sérums se retrouve ainsi que j’ai pu le constater, entre l’action antibémorragique et l’action antiprotéolytique de ces mêmes sérums.

« Or l’action antiprotéolytique se mesure aisément au moyen d’une série de tubes à essai dans lesquels on verse une même quantité de bouillon gélatiné à 20 pour 100 rendu imputrescible par un peu de thymol.

« La gélatine étant maintenue liquide à l’étuve, on verse dans chaque tube une quantité croissante de sérum. On ajoute ensuite partout la même dose de venin, soit 1 milligramme. Les tubes sont portés à l’étuve à 38° pendant 6 heures. On les retire ensuite et on les immerge dans un bain d’eau froide. On note ceux dans lesquels la gélatine se solidifie et l’on détermine ainsi la dose de sérum antivenimeux qui empêche la protéolyse de cette substance.

« Cette double méthode de contrôle permet de mesurer très exactement l’activité des sérums antivenimeux sans avoir recours à l’expérimentation sur les animaux. »

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE


1. Sewall – Journ. of physiology, t. VIII, p. 203, 1887.

2. Kaufmann. – Du venin de la vipère. (Mémoires de l’Académie de médecine. Paris, 1889 ; tome 36.)

3. {{sc|Calmette (A.). – Étude expérimentale du venin de naja tripudians ou cobra capel, et exposé d’une méthode de neutralisation de venin dans l’organisme. (Annales de l’Institut Pasteur, février 1892.)

4. Kaufmann. – Les vipères de France. Morsures. Traitement. (Paris, Asselin et Houzeau, 1893.)

5. Phisalix (G.) et Bertrand (G.). – Atténuation du venin de vipère par la chaleur et vaccination du cobaye contre ce venin. (Comptes rendus Académie des sciences. Paris, 1894, 5 février ; p. 288-291.)

6. Phisalix (G.) et Bertrand (G.). – Sur la propriété antitoxique du sang des animaux vaccinés contre le venin de vipère. (Comptes rendus Société de biologie. Paris, 1894, 10 février ; p. 111-113, et C.R. Académie des sciences. Paris, 1894, 12 février ; p. 356-358.)

7. Kaufmann. – Sur le venin de la vipère, ses principes actifs. La vaccination contre l'envenimation. (C.R. Société de biologie. Paris, 1894, 10 février ; p. 113-115.)

8. Calmette (A.). – L’immunisation artificielle des animaux contre le venin des serpents et la thérapeutique expérimentale des morsures venimeuses. (C.R. Société de biologie. Paris, 1894, 10 février ; p. 120-123.)

9. Phisalix (C.) et {{sc|Bertrand (G.). – Réponse à M. Calmette. (C.R. Société de biologie. Paris, 1894, 10 février.)

10. Calmette (A.). – Au sujet de l’atténuation des venins par le chauffage et de l’immunisation des animaux contre l’envenimation. (C.R. Société de biologie. Paris, 1894, 3 mars.)

11. Calmette (A.) – Propriétés du sérum des animaux immunisés contre le venin des serpents. Thérapeutique de l’envenimation. (C.R. Académie des sciences. Paris, 1894, 27 mars.)

12. Calmette (A.). – Contribution à l’étude du venin des serpents. Immunisation des animaux et traitement de l’envenimation. (Travail du laboratoire de M. Roux.) (Annales de l’Institut Pasteur, mai 1894.)

13. Calmette (A.). – Contribution à l’étude des toxines et des sérums antitoxiques. Annales de l’Institut Pasteur, avril 1895.

14. Calmette (A.). – Sur le venin des serpents et sur l’emploi du sérum antivenimeux dans la thérapeutique des morsures venimeuses chez l’homme et les animaux. (Annales de l’Institut Pasteur, mars 1897)

15. Guérin (C.). – Ou traitement des morsures de vipères chez les animaux domestiques par le sérum antivenimeux. (Recueil de médecine vétérinaire. Paris, 1897 ; p. 299-308.)

16. Héricourt (J.). – La sérothérapie. Historique. État actuel. Bibliographie. (Paris, Ruell, 1899.)

17. Grimbert (L). – Les sérums thérapeutiques. (Paris, Doin, 1899.)

18. Landouzy. – Les sérothérapies. (Paris, 1898.)

19. Notice sur le sérum antivenimeux et sur le traitement des morsures de serpents. (Danel, édit., Lille, 1901, 45 p.)

20. Calmette (A.). – Sur l’action hémolytique du venin de cobra. (C.R. Acad. des sciences. Paris, 1902, 16 juin.)

21. Calmette (A.). – Les sérums antivenimeux polyvalents. Mesure de leur activité. (C.R. Acad. des sciences. Paris, 1904, 2 mai.)