◄   III V   ►

Chapitre IV


Reine était arrivée à la portée du cabinet de travail de miss Sticker, où elle savait la trouver. Son cœur battait avec précipitation. Elle se payait un coup d’audace. Comment serait‑elle accueillie ? Elle jouait le tout pour le tout, décidée à employer ses séductions pour s’assurer la victoire qu’elle se sentait près de remporter sur la directrice : comme talisman, elle avait dans sa poche la page du livre accrochée à son traversin.

Elle frappa, et ayant reçu l’autorisation d’entrer, elle pénétra. Miss Sticker, installée dans un fauteuil, à côté d’une grande fenêtre, lisait une gazette.

— Qu’y a‑t‑il, miss Reine ? demanda‑t‑elle d’une voix plutôt sèche.

— Je vous apporte, miss Sticker, le rapport de ma sous‑maîtresse sur un incident qui vient de se passer dans notre étude ; j’ai été coupable d’un acte de vivacité ; j’allais recevoir le martinet, j’en ai même reçu un premier coup, lorsque j’ai supplié de remettre au lendemain. Miss Grégor y consentait à la condition que je fisse des excuses ; je les ai faites ; on les a exigées plus humiliantes, et j’ai demandé à ce qu’on vous en référât. Miss Grégor aurait prononcé, je me serais soumise ; l’exigence était le fait d’une compagne ; en sollicitant l’appel à votre autorité, je savais que je m’exposais à ce que vous m’infligiez une peine plus dure ; je m’y soumettrai avec déférence si vous jugez vraiment que j’ai eu tort. Je sacrifierai ainsi avec chagrin les espérances soulevées dans mon cœur.

Mis Sticker lisait le rapport qui mentionnait les gifles données à Alexandra et ce qui s’ensuivit. Elle écoutait ce que disait Reine sans l’interrompre, chose rare chez elle. Dès qu’elle s’arrêta, elle répondit :

— Les choses se sont bien passées ainsi. Vous vous êtes placée dans une bien vilaine situation, miss de Glady. Pourquoi ne pas avoir accepté la légère correction du martinet que certainement miss Grégor vous eût appliquée., avec bienveillance ?

— Pourquoi ?… À cause de ceci.

Elle tendit à miss Sticker la page du livre.

— Quel rapport y a‑t‑il ?

— Je ne voulais pas qu’on m’abîmât… ce soir.

— Ah !

Miss Sticker pliait la page et la refermait dans un calepin qu’elle portait dans sa poche ; elle regarda quelques secondes Reine debout près de son fauteuil, et reprit :

— Je suis obligée de sévir, miss Reine, mais puisque vous avez demandé à demain le renvoi de votre correction, je vous l’accorde. Demain, vous n’irez pas en classe, vous vous rendrez à la salle de méditation, que vous connaissez, et où vous avez été corrigée pour la première fois. Vous y recevrez le martinet de ma main. Quant à miss Grégor, qui n’a pas su prévoir cette algarade, comme l’autre fois aussi, elle recevra les verges de votre main. Je vais marquer cela, et je le transmettrai à votre sous-maîtresse.

Elle se leva et se dirigea vers son bureau, elle s’y installa et griffonna quelques mots, tandis que Reine, qui l’avait suivie, continuait à rester debout.

Quand elle eut achevé d’écrire, elle sortit d’un tiroir un dossier, l’ouvrit, et ayant parcouru une à deux pages, demanda :

— Vous êtes entrée dans ma maison en novembre 1890.

— Oui, miss.

— Nous sommes en février 1892, voilà donc quinze mois que je vous compte parmi mes élèves. Que de choses en si peu de temps ! Vous êtes née en mai 1877.

— Oui, miss.

— Vous aurez donc quinze ans dans trois mois.

— Parfaitement, miss.

— Asseyez‑vous sur cette chaise.

Reine se laissa tomber sur un siège, sis à côté du fauteuil de miss Sticker, cherchant à quoi tendait cet interrogatoire. La directrice feuilletait le dossier, considérant de temps en temps la fillette qui ne savait trop quelle contenance adopter, et allongeait les jambes dans un mouvement nerveux et irréfléchi.

Miss Sticker poussa un gros soupir, se tourna à moitié et dit :

— Quinze ans, un bel âge, mon enfant, où l’on cesse d’être une fillette. Oh, vous l’êtes encore, mais vous vous annoncez très, très précoce, non seulement pour les idées, mais aussi pour la croissance. De même que je le remarquais chez miss Alexandra, je le remarque chez vous : vos jupes sont trop courtes, et vous accusez un degré de formation où il ne faut plus ainsi montrer ses mollets, de beaux, de très beaux petits mollets, j’en conviens.

Reine rougit sous le compliment et fit le geste de retirer ses jambes ; miss Sticker continua :

— Laissez, laissez donc, je ne m’effarouche pas de les voir.

Elle ressortit la page du livre enfermée dans son calepin, et le cœur de Reine éprouva sans qu’elle sût bien pourquoi, une violente émotion. Elle lut à haute voix :

« Les vierges doivent toujours être prêtes pour le jour où l’époux les rejoindra : ce jour n’est peut‑être pas proche, mais il est peut‑être aussi à la veille de luire ».

— La veille, c’était hier, miss Sticker.

— Vous espérez donc en la venue de l’époux ?

— Oui, de toute mon âme, dit Reine avec flamme.

— De jolis, de jolis petits mollets, murmura miss Sticker en se penchant et en palpant les jambes de Reine.

— Oh ! miss, miss, balbutia avec ivresse Reine, vous viendrez… cette nuit !

— Vous êtes bien jeune, mon enfant, pour penser à l’époux, dans le vrai sens du mot.

— L’époux m’a distinguée, je suis la vierge qui l’attend.

— Levez‑vous droite. Très bien. Dégrafez votre corsage. Bien. Penchez‑vous sur moi.

Reine avait déboutonné son corsage, elle se courba sur miss Sticker qui dénoua le col de sa chemise et glissa les mains sur ses seins.

— Petits, petits fruits qui mûriront, qui mûrissent !

La fillette se laissait faire, se rapprochait de plus en plus, elle répondit :

— J’ai entendu dire qu’à seize ans ma mère était une femme.

— Vous n’en avez pas encore quinze, mais vous êtes bien, bien en avance. Donnez vos tétés que j’en baise le bouton.

— Voyez, ils se tiennent ! Oh ! miss, que faites-vous ?

Miss Sticker avait embrassé les deux petits seins mignonnets, à peine sortis de leur cellule, et elle tombait à deux genoux devant Reine, l’enlaçait et murmurait :

— Tu consens donc, ma jolie chérie, à être l’épouse de l’époux ?

— Je consens à être tout ce que voudra l’époux, à l’aimer à la folie, et à lui donner les plaisirs qu’ils désirera. Ah ! miss, miss, quel effet extraordinaire vous me produisez, je fonds dès que vous me touchez, je sens que je vous aime, ah ! mon Dieu, mon Dieu, ne me chatouillez pas trop, je mourrais de bonheur !

À genou devant Reine, miss Sticker avait passé les mains sous ses jupes et, rencontrant les chairs nues, elle patouillait les fesses avec ferveur, les abandonnait pour dénicher le clitoris qu’elle branlait avec dévotion. Et Reine, jouissant de suite, sentait sa raison s’égarer sous une impression indéfinissable de joie et de langueur.

— Va pousser la targette, commanda miss Sticker.

Comme une femme ivre, Reine alla à la porte et obéit.

— Reviens vite.

Elle accourut, et miss Sticker s’étant assise sur la tapis, elle se laissa aller sur ses genoux, lui passa les bras autour du cou, lui chercha la bouche, la baisa et murmura :

— L’épouse, l’épouse, oui je suis l’épouse, je le pressens et je vous adore.

Les yeux de miss Sticker s’embrouillardaient de vapeurs, elle pressait dans ses bras la fillette, lui rendait ses baisers, s’agitait, ouvrait les lèvres comme pour parler, ne disait rien ; elle finit cependant par lui faire comprendre de se placer à quatre pattes et instantanément Reine s’y jeta, ramenant elle‑même ses jupes sur le dos, montrant son cul tout blanc et affriolant, elle dit :

— Battez‑moi, si vous le jugez utile, mais j’attends votre plaisir mon cher époux.

— Oui, ton époux, répondit miss Sticker, se retroussant cette fois et approchant son ventre tout nu des fesses de Reine.

— Oh ! murmura la fillette, qu’avez‑vous là, miss, oh ! un gros, gros doigt, vous voulez me l’enfoncer dans le derrière ! Oui, je veux bien, mais doucement, il est bien plus gros qu’un pouce, oh ! oh ! est‑ce possible, vous n’êtes pas une miss, vous êtes…

— Ton petit mari, toi seule le sais, et celle que tu remplaces, je suis aussi ton amant, tu peux m’appeler jean, quand nous serons ainsi en tête à tête.

— Jean, jean, oh ! le gentil nom, oh ! oui, doucement, bien doucement, autrement cela m’écorche, jean, mon amant, mon époux, ah, ah, tu entres dans mon derrière ; ah, quelle ivresse, jamais je n’éprouvai tel bonheur ! Ah, ah, ah, oui, poussez, poussez, adorée, chérie, pousse, mon Dieu, quelles délices, ça entre tout, tout, ah, ah, je vais jouir, mon jean, toi aussi, ah, tu jouis dedans, je deviens folle sous la félicité, je t’adore, encore, encore, dis.

La fillette, enculée par celle qu’on appelait miss Sticker, jouissait et déchargeait, comme la soi‑disant miss, en réalité Jean Sticker, éjaculait et déchargeait dans les fesses de cette pucelle déjà bien dégourdie.

Miss Sticker, que nous continuerons à désigner ainsi, tenait Reine sous sa possession ; elle reconnaissait la valeur de ce merveilleux tempérament d’élève que le ciel envoya dans sa maison, et elle se promettait d’en user. La jouissance s’était produite ; le doigt, le fameux doigt, ou plutôt la queue, s’échappant du cul de Reine, rapetissait, rapetissait, à disparaître presque complètement. Quel cas étrange était‑ce ? Des couilles, de moyenne grosseur, soutenaient un appendice mâle, raccourci au point de ne pas être plus gros que celui d’un enfant de douze ans, d’un enfant même encore peu doué. Miss Sticker se redressait, elle se réinstallait sur son fauteuil, et y attirait Reine sur ses genoux ; elle la pressait dans ses bras, à demi pâmée sous la sensation qu’elle venait d’éprouver. Elle lui baisait les cheveux, le front, et murmurait :

— Mon petit amour, tu sauras garder ce secret.

— Oh ! oui, mon cher époux.

— Tu excuseras ma sévérité, lorsque je te gronderai en public ?

— J’excuserai tout ce que vous me ferez.

— Tu as vraiment été heureuse, en sentant… la chose que je te poussais dans le derrière ?

— Je voudrais toujours rester comme nous étions.

— Je te verserai dans les veines d’autres ivresses, plus douces et plus violentes en même temps.

— Oh ! bientôt, dites.

— Il faut maintenant reprendre nos esprits ; j’ai succombé à la tentation, et j’ai eu tort. J’irai à ton étude dans une demi‑heure, après que tu auras accompli ce que je vais te dire. Tu ne peux rester dans la chambre que tu occupes, je te mets dans celle de Mauricette, qui couchera à l’infirmerie pour les quelques jours qu’elle a à passer ici. J’écris à Rosine pour qu’elle t’aide dans ce changement. Tu la trouveras à la lingerie.

— Je ne serai pas trop éloignée de vous ?

— Non, ma petite chérie. Tu me promets d’être bien sage, de ne plus courir après des jupons ?

— Je ferai tout ce que je pourrai, mais, mon cher époux, je n’ose trop m’engager. Une épouse n’a pas de secrets pour son époux, je vous confesserai mes fautes, miss.

— Jean.

— Oh ! oui, jean, mon jean chéri ! C’est plus fort que moi ; j’adore de fourrer le nez sous les jupes, et il me semble que si toutes les femmes le demandaient, je ne refuserais pas. Oh ! je ne jouis pas comme j’ai joui avec vous, mais ça me chatouille dans l’estomac, dans le dos, dans la tête, et je jouis en idée à ne pas pouvoir refuser le plaisir, lorsqu’il se présente.

— Voilà une jolie profession de foi ! Il nous appartient de chercher à t’enlever ce goût ; en attendant, je t’en conjure, si tu commets des sottises, à tes risques et périls, car je serai obligée d’imposer le respect des règlements de la maison, jure‑moi de ne t’adresser qu’à des grandes, et jamais à des petites.

Ainsi la farouche et austère miss Sticker pactisait avec le vice, et livrait une partie du troupeau au loup ! Après tout, n’écoutait‑elle pas la sagesse, et elle‑même coupable, ne cherchait‑elle pas de la sorte à endiguer le mal, en constituant la part du feu !

— Je te le jure, répondit Reine, les miochettes ne m’inspirent pas.

Miss Sticker ayant achevé un ordre de service pour Rosine, le remit à Reine.

— Allez, miss de Glady, dit‑elle alors en reprenant son rôle de directrice, retirez‑vous et rappelez-vous que vous devez rester une bonne élève.

— Je m’y appliquerai, miss Sticker.

Les jambes de Reine lui tremblaient encore d’émotion, lorsqu’elle se rendit à la lingerie ; la secousse imprévue qu’elle venait d’éprouver laissait dans son âme une profonde impression d’extase, et elle pensait avec ivresse au rendez‑vous du soir. Elle trouva Rosine en train d’empiler des draps. C’était une belle et forte fille de vingt‑cinq ans, une Française brune, chargée d’une partie du service des chambres et du soin de la lingerie. Elle lut l’ordre de miss Sticker, et examinant Reine, elle lui dit :

— On vous change de chambre, miss de Glady, on vous rapproche de la haute surveillance, oh, oh ! Bon, bon, on va transporter votre balluchon, et j’arrangerai votre installation.

— Vous êtes Française, Rosine ?

— Pardine. Il y a vous et moi dans la maison ; ce qui m’ennuie, c’est que j’ai entendu jabotter sur votre compte.

— Sur moi ?

— Oui, oui, de drôles de choses.

Elles avaient pénétré dans la chambre de Reine, et celle‑ci ramassait ses bibelots de toilette, son linge, tandis que Rosine grimpait sur une chaise pour décrocher le portrait de Mme de Glady, pendu assez haut. Debout sur la chaise, elle se retourna, regarda la fillette, et demanda :

— Miss, est‑ce vrai ce qu’on raconte ?

— Quoi donc, Rosine ?

— Que vous asticotez les jupes de vos camarades ?

— Oh ! qui conte ça ?

— Vous ne vous figurez pas qu’on ne voit pas vos manières, vos coups d’yeux, votre manège ? Puis on vous a surprises à sortir deux des cabinets. On ne rapporte pas dans le service, on clabaude entre soi. Oh, vous êtes bien drôlichette avec vos cheveux à la diable, dites donc, miss Reine, vous savez, si vous aimez godailler sous les jupes, regardez‑moi ça sous les miennes, est‑ce confectionné, il y a de quoi se régaler. Ça me trottine depuis longtemps dans la cervelle, et je serais bien bête de ne pas profiter de cette occasion, eh ?

Rosine, sur la chaise, retroussait toutes ses jupes, étalait sous les yeux stupéfaits de Reine une monumentale paire de fesses, une splendide carnation à grosses joues, à large raie, semée de poils vers le bas, une chute de reins merveilleuse, telle qu’elle n’en avait pas encore vue ni chez miss Grégor, ni chez Mme Clary, avec des hanches rebondies et puissantes ; elle en fut fascinée, malgré les félicités dont elle sortait, et s’écria en portant les mains sur les belles mappemondes, en fourrageant la fente d’un doigt inquisiteur, et en déposant un baiser sur chaque fesse :

— Rosine, oh Rosine !

— Vous marchez, tant mieux ! Inspectez‑moi de l’autre côté, s’il ne vaut pas celui‑là.

Elle se retourna, présenta ses cuisses épaisses, et rondes, son ventre bombé et satiné, sur lequel s’élançaient les poils très noirs et très fournis du minet, avec les lèvres secrètes bien gonflées et bien accentuées, un con franchement provocateur par sa courbe infléchie vers les fesses, le bouton se montrant comme un petit point sous la touffe noire, véritable gazon de Vénus, bien fait pour attirer les jeux de l’amour.

— Que de chairs, que de poils, murmura Reine arrachée à la pensée de miss Sticker.

— Ça vous plaît, ma petite, et bien fourrez-vous‑en, vous vous amuserez mieux qu’avec vos camarades, et au moins vous ferez jouir une Française. Venez par ici que je m’étende sur votre lit, vous serez à l’aise pour me gamahucher.

— Oh, le temps qui s’enfuit !

— On jouira vite, va !

Rosine, descendue de la chaise, s’assit sur le bord du lit, flanqua entre ses genoux Reine qui ne demandait pas mieux et qui déjà impatiente la retroussait. Elle se renversa en arrière, releva les pieds en l’air, et la fillette s’excita de nouveau à la vue de ces masses sexuelles, qui la fascinaient non seulement par leur réelle beauté, mais aussi par leur arôme bien féminin. Sur l’envergure formée par le ventre, les cuisses, le dessous des fesses, sa tête se fondait, noyée dans les poils ; elle enfonça tout le nez dans le vagin qui semblait l’aspirer, elle fessota le cul, Rosine lui répondit par des coups de clitoris sur le visage ; elle le prit dans sa bouche, c’était un vrai bouton de fleur, aussi gros qu’un pois ; Rosine se démena sous les suçons, elle ne tarda pas à décharger son foutre !

— Quelle sacrée petite garce, murmura‑t‑elle, et ce que vous en ferez jouir ! Vite, vite, occupons-nous maintenant du travail ! Venez, que je vous débarbouille la figure, ça vous a giclé en plein !

— Je me la débarbouillerai bien toute seule !

Habituée à se nettoyer et à se ranger, Reine procédait avec agilité, et Rosine, qui empaquetait ses affaires pour aller plus vite, admirait sincèrement cette prime jeunesse, si maîtresse de ses allures dans le plaisir et dans le reste. La voyant harmoniser ses cheveux, elle proposa de lui confectionner une coiffure encore plus tapageuse, et Reine y consentit avec joie. Sans doute d’ailleurs, Rosine pratiqua le métier de coiffeuse ; en un tour de main, elle massa sur le front un flot de cheveux en partie embrouillés, qui donna à la physionomie une expression si capiteuse que, se considérant dans un petit miroir, Reine exultant s’écria :

— Oh, que je suis bien, et comme on va me reluquer ! Quel dommage que je ne puisse pas m’adorer moi‑même ! Je crois bien que je me le ferais ! Dis, ma petite Reine, pourquoi n’es‑tu pas une chienne, tu te lécherais !

Rosine, ahurie devant cette jeunesse si délurée, s’exclama :

— Vous savez, mademoiselle Reine, nous sommes Françaises toutes les deux, et au monde il n’y a rien comme les Françaises.

Ces cheveux embrouillés sur le front enchantaient Reine ; elle ne se lassait pas de se contempler, s’amusant à étudier des grimaces pour bien exprimer ce qu’elle désirait qu’on comprenne sans explications. Les paquets étaient terminés, Rosine donna le signal du départ pour la nouvelle chambre, se chargeant naturellement de la plus grosse partie du déménagement.

Pour être petite et simple, la pièce qui allait devenir le séjour définitif de Reine n’en présentait pas moins un degré de luxe, par rapport à celle qu’elle quittait. D’abord elle était garnie d’un tapis dans son entier, et ensuite elle possédait une armoire à glace et un fauteuil. La toilette se compliquait d’étagères et d’ustensiles indispensables à une coquette élégante. La fillette ne put s’empêcher de sourire et de manifester sa joie. Rosine la rappela à la raison en lui disant qu’il fallait retourner à l’étude pour ne pas s’exposer à être grondée, et qu’elle arrangerait ses affaires, achèverait le déménagement de celles de Mauricette.

Reine se hâta de descendre, en calculant son entrée pour épater ses compagnes, éblouir et fasciner cette vilaine miss Grégor qui lui faisait des infidélités, écraser cette vermine d’Alexandra, son odieuse rivale. Elle marchait avec assurance, exhalant un certain contentement d’elle‑même ; elle ne se considérait plus comme une petite fille, elle se jugeait femme puisque son cul avait reçu la semence mâle ; de plus elle connaissait les sexualités de Rosine, dont le foutre lui mouilla le visage ; elle sentait son sang en mouvement et, plus elle s’amusait, plus elle mourait d’envie de recommencer. Oh ! avec quelle ivresse elle pensait que le soir elle recevrait son amant, et quel amant !

Elle entra crânement dans l’étude, le sourire aux lèvres, l’œil fripon souligné par ses cheveux en révolte, affectant une parfaite tranquillité d’esprit à la suite de sa visite à miss Sticker. Ah, miss Grégor serait épatée ! Elle en fut pour cet espoir ; la sous-maîtresse venait d’être mandée chez la directrice ; l’étude était occupée par les seules élèves.

Alors elle esquissa une petite moue, répondit à des œillades qui saluaient sa nouvelle coiffure, donna la main à Eva qui lui tendait la sienne, et comme Alexandra se trouvait derrière Eva, elle voulut la regarder avec bravade. Ses yeux se fixèrent tenaces sur ceux de cette ancienne amoureuse ; Alexandra les soutint, mais, chose extraordinaire, les siens n’exprimaient nulle méchanceté, et à mesure qu’ils fixaient avec plus de volonté, ils s’adoucissaient, s’adoucissaient, comme si l’amitié reprenait possession de la mémoire, et s’adoucissant, ils redevenaient tendres, passionnés.

Reine, à qui Eva baisait la main en signe d’admiration, s’apercevait de ce changement d’expression ; elle dégagea la main des lèvres d’Eva, et apostropha Alexandra :

— Eh bien quoi, tu ne voudrais peut‑être pas me le faire, à moi qui suis gougnotte par profession, n’est‑ce pas Eva, n’est‑ce pas Lisbeth ?

— Si tu le veux, Reine, dit Alexandra, je serai la tienne, et ça vaudra mieux que de nous nuire.

— Bravo, fit Eva, laisse‑toi faire par Alexandra, Reine, ce sera du nouveau.

— Qu’elle me lèche le cul pour débuter, on verra après, répondit Reine tournant le dos à Alexandra et se retroussant bien au‑dessus des reins.

Alexandra se précipita sur les genoux, saisit à pleines mains les fesses de Reine, les dévora de baisers, enfonçant la langue et le nez dans la fente.

— Une idée, s’écria Eva, nous sommes nos maîtresses pour un bon moment, j’en suis sûre ; Reine, monte sur ton pupitre, et montre‑toi à nous toutes ; personne ne t’a jamais vue, et tu es si, si gentille, que nous jouirons dans notre chemise rien qu’en t’admirant. Laisse‑la, Alexandra.

Reine jugea‑t‑elle que la proposition contenait un défi ; elle s’échappa des mains d’Alexandra, courut à sa chaise, gara son encrier, grimpa sur le pupitre, d’où elle dominait toute l’étude, aperçut les yeux des fillettes attachés à sa personne, envoya un baiser dans toutes les directions et, attrapant ses jupes, elle les ramena jusque sous ses seins, étalant ses cuisses très modelées pour l’âge, son conin et ses poils, son nombril, ses mollets sous les bas blancs que retenaient des jarretières roses.

— Ce qu’elle est jolie ! murmura Lisbeth.

— Elle mériterait qu’on la fasse jouir tout le temps, dit May qui, debout, lui pelotait les fesses.

— Embrasse‑lui le minet devant nous toutes, dit Eva à Alexandra.

Celle‑ci, qui avait son pupitre juste devant celui de Reine, se leva, passa un bras autour de sa taille, appuya la tête contre un de ses flancs, lança un de ses regards de colombe à toutes ces fillettes que la peur seule empêchait d’acclamer le tableau.

C’était coquet, c’était mignon : Reine, debout sur le pupitre, tenant avec ses mains ses jupes bien en l’air, abaissant des yeux polissons sur Alexandra, qui appuyait sa joue sur l’une de ses hanches. Et Alexandra, approchant lentement les lèvres sur le ventre, les posa brusquement sur le conin en un long, long baiser, qui donna la fièvre de luxure à tout ce monde de fillettes. Eva prenait la direction ; quittant sa place, elle murmura :

— À Alexandra de se montrer ; Reine lui rendra bien sa politesse !

— Oh ! oui, répondit‑elle en repoussant la tête d’Alexandra qui lui décochait des languettes sur le clitoris. La paix est conclue, au moins pour l’instant, je veux que vous soyez toutes heureuses, Alexandra grimpe sur ton pupitre.

— Et si on vient ? Puis, moi j’ai mon pantalon.

— Lève‑le, et moque‑toi des punitions, comme je le fais. Notre amitié refaite vaut bien qu’on risque quelque chose.

Entraînée par la luxure qui s’emparait peu à peu de tous les cerveaux, Eva s’installait au pupitre de Reine, prenait la main de May, et disait :

— Touche‑moi partout là‑dessous.

— Tu m’ennuies, toi ! Tu sais bien que je ne veux pas de ça.

Reine aidait Alexandra à retirer son pantalon, qu’elle enfermait dans son bureau ; elle dit à May :

— Pourquoi ne la toucherais‑tu pas ? Elle ne te brûlera pas les doigts.

— Eva voudrait ensuite davantage, et moi je n’entends pas marcher pour faire ; vous êtes assez bien de deux petites cochonnes, il ne me plaît pas de l’être.

— En d’autres mots, tu acceptes bien qu’on te fasse jouir, et tu refuses de faire jouir une camarade.

— Tu l’as dit.

— Si j’étais à la place d’Eva, je t’empêcherai de regarder Alexandra.

— Par exemple, de quel droit ?

— Parce que c’est tout aussi cochon de regarder que de toucher.

— Je ne pense pas ainsi. Si Eva veut me le faire, je m’y prêterai ; mais à toi‑même, que j’aime cependant beaucoup, je ne le ferais pas.

— Tu as du sang de navet, dit Eva en lui attirant de force la main dans son pantalon, où elle la laissa.

— Tu constates bien que ça ne mord pas, sotte de May.

Alexandra avait grimpé sur son pupitre ; Reine vint se porter près d’elle pour la servir de la même caresse qu’elle en reçut. Agissant avec une chasteté lascive, s’il est permis de s’exprimer ainsi, Alexandra relevait ses jupes tout aussi haut, baissait les yeux avec une candeur parfaite, un sourire béat et angélique sur les lèvres, on la voyait toute depuis le creux des reins avec le beau rebondissement des fesses, les cuisses rondes et grassouillettes, avec le conin, les poils, le nombril, les mollets moins forts que ceux de Reine, sous les bas blancs d’uniforme, et les jarretières violettes. Reine l’enlaçait, appuyait la tête contre la chair des fesses et du ventre, d’où elle la mignardait, et différant avec elle, approchant la bouche du conin, elle ardait la langue en pointe, sous les yeux des fillettes debout et haletant ; elle agitait la langue de légers frétillements et la posait sur le clitoris, comme une abeille se pose sur une fleur. Un frisson parcourut l’épine dorsale d’Alexandra, Reine glissait le visage sous les fesses, expédiait la langue sur toute la fente, et disait :

— Elle a baisé mon cul, je baise le sien.

— Ah ! murmura Eva tressaillant sous un doigt de May la branlant avec vigueur, elles ont fait la paix, de beaux jours luiront ; ah, ma petite May, tu devrais leur demander des leçons.

— Oh ! non, le ciel m’en garde ! On ne nous met pas en pension chez miss Sticker pour ne penser qu’à la saleté.

— La saleté, vilaine bête, dit Reine qui avait quitté Alexandra pour regagner sa place, tandis que celle‑ci se réinstallait à la sienne, tu ne parles pas ainsi quand je te lèche le cul !

— Encore une idée, fit Eva qui de son côté se dirigeait vers son pupitre, nous avons vu Reine et Alexandra séparément, elles devraient se montrer toutes les deux ensemble, les jupes relevées pour qu’on compare leurs gentillesses.

— Tu es folle, répliqua Reine, je n’ai peur de rien, mais il ne faut pas dépasser les limites.

— Et moi j’y consens, dit Alexandra, tant pis, on nous chassera si on nous surprend, viens, Reine, viens ici près de moi, elles pourront bien nous voir, et rien ne nous brouillera plus.

Bien vite toutes les deux en face l’une de l’autre, sur un des côtés de l’étude, non loin de la table-bureau de la sous‑maîtresse, elles se troussèrent d’une façon encore plus accentuée, à risquer de détacher jupes et robes, se firent les yeux doux, Alexandra avec une tendre nuance, Reine avec une canaillerie polissonne, et un long, long soupir de désir se répercuta chez toutes les élèves ; on vit Alexandra tendre le ventre en avant avec un balancement des fesses, on vit Reine approcher le sien, on vit les deux ventres se joindre, et les deux fillettes étant à peu près de même taille, on ferma les yeux lorsque leurs lèvres se réunirent pour se pigeonner, tout en se pelotant avec passion.

— Assez, assez, cria Lisbeth, j’entends un pas.

Les jupes retombèrent, les fillettes s’embarrassèrent pour se précipiter à leurs places, miss Grégor qui entrait les surprit encore ensemble.

— Qu’est‑ce, que signifie ! s’écria‑t‑elle.

— Miss, répondit Reine, la plus hardie, je me réconciliais avec Alexandra.

— Vous auriez bien dû commencer plus tôt. Vous connaissez la décision de miss Sticker. Vous êtes réconciliées, c’est bien ; tâchez de ne plus fâcher, et surtout que je ne vous trouve plus hors de vos places, sans quoi je me montrerai aussi sévère et aussi dure que miss Sticker.

— Oh ! miss, dirent en même temps Reine et Alexandra en joignant les mains, vous ne nous feriez pas de mal, nous vous aimons trop.

Les yeux de miss Grégor s’illuminèrent ; elle s’aperçut seulement alors de la nouvelle coiffure de Reine, la considéra quelques secondes, puis dit :

— On ne vous tolérera pas vos cheveux arrangés de la sorte, Reine, croyez‑moi, contentez-vous de votre ancienne manière.

— Je puis bien les garder ainsi pour un jour.

Miss Grégor aspirait‑elle l’air de luxure qui régnait dans son étude ? elle éprouvait des afflux de sang à la tête ; elle se réinstalla à sa table, les bras ballants, le corps gourd. Depuis que Reine la gougnottait, elle perdait toute notion de ses devoirs, et elle cessait de dominer ses sens. Ceux‑ci, surexcités par le saphisme, ne se contentaient plus de duos plus ou moins longs, ils réclamaient la débauche, la grande débauche, où l’on se meurt sous les saturnales de la chair en délire.

Reine, en traitement à l’infirmerie, après sa correction par le chevalet, elle souffrit de la privation de ses luxures ; sa mauvaise humeur pesa sur son jeune troupeau, et elle commit sa première faute réelle, en adjoignant à Reine, comme seconde gougnotte, Alexandra.

Un matin, pendant une récréation, le désir la travaillant, elle s’était enfermée dans son étude, et y avait trouvé Alexandra, encore à la place voisine de Reine, achevant d’étudier ses leçons.

— Vous ne vous amusez pas avec vos compagnes, miss Alexandra ? demanda‑t‑elle.

— J’apprends ma grammaire, miss Grégor, et j’ai mal à la tête.

— Tiens, moi aussi !

Elle s’assit sans arrière‑pensée à la place de Reine, et laissa errer ses regards sur Alexandra. Tout à coup, il lui sembla que ses yeux la fouillaient, et ses nerfs vibrèrent instantanément. Elle eut l’intuition qu’elle pouvait marcher, et elle marcha brutalement.

Elle pirouetta sur sa chaise, posa les jambes sur le pupitre de Reine, et tira ses jupes à elle, démasquant ses cuisses écartées. Sans un mot, Alexandra s’accroupit entre ses jambes, lui fit minettes, et elle avait tellement envie, qu’elle déchargea de suite.

Pas un mot ne s’échangea avant l’acte, pas un ne s’échangea après. La jouissance éprouvée, miss Grégor se leva, quitta la salle d’études, sans même remercier la fillette. Elle réfléchirait seule à la chose. De son côté, Alexandra, heureuse de sa réussite, se promettait de ne pas en rester là. Elle se souvenait comment cela se développa chez Reine, croyant qu’elle n’avait commencé que depuis les vacances ; elle se jurait de suivre ses traces.

De l’entrée de Reine dans l’institution de miss Sticker, où elle fut accueillie si froidement, à ce jour, Alexandra devint son amie la plus intime, celle qui se lia la première avec la Française, sympathisa avec elle, lui consacrant les instants libres où l’on s’autorisait quelques conversations entre camarades. Jamais il n’y eut allusion entre elles à la moindre perversité ; aussi éprouva‑t‑elle un très vif étonnement quand, un après‑midi où elles se trouvaient Lisbeth, Reine et elle dans une allée du parc, Reine assise sur un talus, elle vit celle‑ci, alors que Lisbeth posait le pied sur son genou pour qu’elle lui boutonnât sa bottine, elle vit Reine lui glisser la main sous les jupes, et entendit Lisbeth toute rouge demander :

— Que fais‑tu là, Reine ?

— Ne sois pas niaise, et laisse‑moi agir. May, Alexandra, surveillez si on vient.

Lisbeth ne tenait pas du tout à être une niaise ; elle céda à la pression de Reine l’attirant pardessus elle, pour lui ouvrir le pantalon et l’embrasser sur les cuisses, sur le conin. Elle ne protesta pas, la chose lui plaisait.

— Personne ne vient, May ?

— Non, Lisbeth. Pourquoi Reine est‑elle sous tes jupes ?

— Chut, regarde.

Lisbeth se retroussa, May, ainsi qu’Alexandra, aperçurent Reine le visage entre ses cuisses, la léchant et la suçant.

— Oh ! que c’est agréable, murmurait la caressée.

— Oui, je le sais, dit May, quand j’étais petite, un de mes frères me léchait le derrière, et ce que ça m’amusait ! Tu me le lécheras, Reine.

— Je le veux bien, à ton tour, viens vite.

Lisbeth abandonna avec regret sa place, et May présenta ses jeunes fesses, mignonnes et joliettes, que Reine lécha très consciencieusement, à son très grand contentement ; le plaisir demeura si vif que maintes fois, les deux fillettes, dans la suite réclamèrent ses bons offices.

Alexandra, l’amie intime, fut la seule exclue de cette petite fête. On ne pouvait pas s’attarder, elle n’osa pas solliciter, et Reine, par une singulière pudeur, ne lui proposa pas.

Les relations s’établirent ainsi avec Lisbeth et May, puis avec Eva et une autre ; Alexandra, elle, l’amie de Reine, demeurait à l’écart des heureuses qu’elle conviait à son gamahuchage, alors qu’il devenait évident que la Française cherchait à en gougnotter le plus possible. Elle n’y tint plus, elle lui écrivit timidement, Reine lui répondit de vive voix :

— Je ne te l’ai pas proposé, ma chérie, parce que j’ai dans l’idée que si je l’avais fait, nous aurions cessé d’être de bonnes amies. Attends encore, je tiens à ce qu’il soit bien entendu entre nous que c’est toi qui l’auras voulu ; tu me comprendras.

Elle écrivit des lettres empreintes d’une passion ardente, et Reine lui dit enfin :

— Je le désire autant que toi ; écoute, quand je reviendrai de ma leçon d’équitation, marque-moi que tu le veux toujours ; sois sans pantalon, et je te ferai jouir, parce que je t’aimerai encore plus que les autres.

Cela s’était exécuté, et leur amitié, reléguée au second plan, il semblait qu’elle prenait rang parmi les coureuses accaparant Reine, rien que pour sa cochonnerie. Celle‑ci laissa surprendre sa lettre, la division se jeta entre elles deux. Ayant goûté à la douceur de ces caresses, les ayant rendues à Reine la nuit où elle la rejoignit dans sa chambre, elle se réveilla gougnotte comme son amie, et visa de suite à obtenir l’attention de miss Grégor. Elle avait réussi. Cette première rencontre fut bientôt accompagnée de quelques autres, et c’est sur les conseils de la sous‑maîtresse qu’elle adopta le genre de coiffure opposé à celui choisi par Reine.

Miss Grégor la changea de place, ne voulant pas avoir ses deux petites amies à côté l’une de l’autre. Fit‑elle bien, fit‑elle mal ? Le sait‑on jamais !