Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Te regardant assise
XVI
Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une Aurore, et toy comme un Soleil,
Je pensay voir deux fleurs d’un mesme teint pareil.
Croissantes en beauté l’une à l’autre voisine.
La chaste saincte belle et unique Angevine
Viste comme un esclair sur moy jetta son œil :
Toy comme paresseuse et pleine de sommeil,
D’un seul petit regard tu ne m’estimas digne.
Tu t’entretenois seule au visage abaissé,
Pensive toute à toy, n’aimant rien que toymesme,
Desdaignant un chacun d’un sourcil ramassé,
Comme une qui ne veut qu’on la cherche ou qu’on l’aime.
J’eu peur de ton silence, et m’en-allay tout blesme.
Craignant que mon salut n’eust ton œil offensé.