Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Doux desdains, douce amour
XLV
Doux desdains douce amour d’artifice cachée,
Doux courroux enfantin, qui ne garde son cœur,
Doux d’endurer passer un long temps en longueur,
Sans me voir, sans m’escrire, et faire la faschee :
Douce amitié souvent perdue et recherchée,
Doux de tenir d’entrée une douce rigueur,
Et sans me saluer me tenir en langueur,
Et feindre qu’autre part on est bien empeschee :
Doux entre le despit et entre l’amitié,
Dissimulant beaucoup, ne parler qu’à moitié.
Mais m’appeler volage et prompt de fantasie,
Blasmer ma conscience et douter de ma foy,
Injure plus mordante au cœur je ne reçoy :
Car douter de ma foy c’est crime d’heresie.