Le premier livre des Sonnets pour Hélène/De vostre belle vive
XXXII
De vostre belle vive angelique lumière,
Le beau logis d’Amour de douceur de rigueur,
S’eslance un doux regard, qui me navrant le cœur
Desrobe loin de moy mon ame prisonnière.
Je ne sçay ny moyen remède ny manière
De sortir de vos rets, où je vis en langueur :
Et, si extrême ennuy traine plus en longueur,
Vous aurez de mon corps la despouille dernière.
Yeux qui m’avez blessé, yeux mon mal et mon bien,
Guarissez vostre playe : Achille le peut bien.
Vous estes tout-divins, il n’estoit que pur homme.
Voyez, parlant à vous, comme le cœur me faut !
Helas ! je ne me deuls du mal qui me consomme :
Le mal dont je me deuls, c’est qu’il ne vous en chaut.